Dubaï, une nouvelle porte pour le commerce de et vers l’Afrique
Sans conteste, Dubaï est devenu au fil des années un carrefour économique stratégique pour de nombreux acteurs internationaux. Depuis peu, cette ville parvient aussi à s’imposer comme un véritable tremplin pour le échanges commerciaux de et vers l’Afrique. Comment ces derniers ont-ils évolué et quelle est l’importance de la relation entre le continent et la ville émiratie aujourd’hui ? Eléments de réponses dans cet entretien exclusif avec le Président de la Chambre de Commerce de Dubaï, son Excellence Hamad Buamim.
 Propos recueillis par Szymon Jagiello, correspondant aux affaires européennes de Financial Afrik
Au cours des deux dernières décennies, Dubaï s’est transformé en un hub majeur dans les échanges commerciaux au niveau international, lesquels se sont élevés en 2017 à 1302 milliards de dirham émirati (304 milliards d’euros approximativement). Quelle place occupe l’Afrique dans ces opérations?
 
H.B. : l’Afrique occupe assurément une place grandissante tant pour les Emirats Arabes Unis que pour de nombreux partenaires du Golfe. Comme en attestent les chiffres issus de nombreuses recherches, le volume des investissements directs issus des pays de cette région vers l’Afrique subsaharienne ont tourné autour de 9.3 milliards de dollars entre 2014 et 2015. À cela s’ajoutent 2,7 milliards dollars pour la première moitié de 2015. Une somme jamais atteinte auparavant en une telle courte période de temps.
Sur quelle région d’Afrique se concentre le plus ces investissements et dans quels secteurs en particulier ?
 H.B. : Tout dépend de quels acteurs nous parlons. Si nous évoquons les pays eux-mêmes, les financements des Etats du Golfe, lesquels sont 10 fois plus élevés que pour le reste du continent, se concentrent majoritairement sur l’Afrique du Nord. Quant aux investissements issus du privé, ils se sont focalisés pour l’instant plus sur l’Afrique de l’Est et dans les secteurs clés, comme le tourisme, les banques commerciales, la grande distribution et l’automobile. Ainsi, ils ont investi dans le domaine manufacturier en Ethiopie voire des loisirs au Mozambique et au Kenya.
 
Qu’en est-il des échanges des produits non-pétroliers?
H.B.: Ceux-ci ont connu un développement formidable. Pour preuve, les échanges entre Dubaï et l’Afrique dans les produits non-pétrolifères ont tellement augmenté pour atteindre plus de 191 milliards de dollars durant les cinq dernières années.
 
Combien d’entreprises africaines opèrent actuellement à Dubaï?
H.B. : Dans le cas de notre organisation, le nombre d’entreprises issues de ce continent qui s’enregistrent auprès de notre chambre de commerce ne cesse d’augmenter et connaissent un essor particulier depuis peu. Par exemple, rien qu’entre janvier et octobre 2015, plus de 2844 compagnies africaines sur un total de 13 434 sociétés se sont affiliées auprès de notre institution. En d’autres termes, cela veut dire qu’une compagnie sur cinq venait d’Afrique. De manière plus large même, plus de 10.000 firmes africaines ont décidé de s’installer ici et 17.000 d’entre elles opèrent aujourd’hui.
Ces chiffres reflètent à mon sens l’apparition d’une confiance croissante de la part des hommes d’affaires africains à l’égard de Dubaï, comme plateforme pour atteindre de nouveaux marchés. C’est une dynamique que nous voulons maintenir et nous investissons actuellement à cet effet 27 millions de dollars pour faire mieux connaitre auprès des investisseurs les formidables opportunités qui découlent du commerce avec l’Afrique.
 
Au vu des chiffres évoqués, peut-on estimer que Dubaï va devenir le hub du commerce entre l’Afrique et le reste du monde ?
H.B. : Il me semblerait présomptueux d’affirmer que nous deviendrons la plateforme principale du commerce mondiale avec l’Afrique. Toutefois, le potentiel existe pour que Dubaï devienne un des carrefours majeurs. Dans un contexte international qui voit apparaitre le tracé d’une nouvelle Route de la Soie*, la position géographique de la ville lui confère certainement un avantage stratégique pour lier une Afrique riche en ressources avec des régions riches en capitaux tels que l’Asie et le Moyen-Orient.
Enfin, il semble que les investissements des pays du Golfe ont fortement augmenté ces dernières années. Néanmoins, beaucoup d’investisseurs voient encore l’Afrique comme un marché risqué. Pourquoi ?
 
H.B. : Bien que les infrastructures et les réseaux de télécommunications se développent, le manque d’une main d’œuvre qualifiée impact les investissements. Un autre défi se situe au niveau de l’absence de législations appropriées voire les ambigüités qui en découlent aux yeux des investisseurs du golfe. On peut aussi citer les risques d’un point de vue opérationnel, le non-respect des clauses d’un contrat, la volatilité de certaines monnaies voire les changements de gouvernements et de politiques, surtout liés aux projets à long terme. Autant de points mentionnés par les membres de notre organisation portant sur les risques liés au marché africain.
 
 
Notes
*D’une ampleur sans précédent historique, le projet de la nouvelle Route de la Soie prévoit des investissements d’un montant record de 1.000 milliards de dollars – soit huit fois le volume financier du plan Marshall. Il couvre 68 pays qui représentent près des deux tiers de la population mondiale et un tiers du PIB mondial. Connue sous l’acronyme anglais d’OBOR (pour One Belt, One Road ou « Une ceinture, une route » en français), l’initiative a été qualifiée de « projet du siècle » par le président chinois Xi Jinping. Elle vise à construire une ceinture économique terrestre, reliant la Chine à l’Europe via l’Asie centrale, et une route maritime, reliant l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et l’Afrique. Source : Le Centre national de coopération au développement, ou CNCD-11.11.11. Note écrite par Arnaud Zacharie et intitulée « La nouvelle Route de la Soie : le Plan Marshall chinois – https://www.cncd.be/La-nouvelle-Route-de-la-Soie-le
 
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