La conversion euro/dollar ne sera-t-elle bientôt plus un casse-tête ? Ce mercredi, un euro valait un peu plus de 1,02 dollar, quand il en valait encore 1,07 dollar il y a un mois… et même 1,18 dollar il y a à peine un an ! A ce rythme, il se pourrait bien, sous l’effet de la chute de l’euro, qu’un dollar et un euro valent en effet sous peu la même chose. Ce serait alors du jamais-vu depuis 2002.
Il suffit de regarder la courbe de prix d’un euro en dollar pour voir que les cours sont loin d’être favorables pour la monnaie européenne. En un mois, par rapport au dollar américain, l’euro perd 4 % (- 5,9 % sur trois mois et – 13,2 % sur un an). En dix ans, l’euro a perdu face au dollar 16,5 % ! Elles sont loin les années 2008 durant lesquelles, face à des États-Unis plongés dans la crise des subprimes, un euro valait autour de 1,6 dollar.
Comment donc expliquer cette chute de l’euro face au dollar ? Par la guerre en Ukraine, d’abord. Ce n’est pas le seul facteur – puisque la baisse des cours a commencé bien avant – mais elle a pu l’accélérer. L’euro coûtait autour de 1,14 dollar avant le début de l’invasion russe, après quoi il a nettement chuté. « La crise énergétique, la guerre en Ukraine, qui aggrave cette crise avec les sanctions sur la Russie, les séquelles de la reprise après la pandémie avec des problèmes logistiques… Tout ça mis ensemble, ça donne cette situation », explique au Parisien Rémi Bourgeot, chercheur à l’Iris, spécialiste de l’économie.
Cette baisse de l’euro s’explique aussi par les faiblesses de l’Allemagne, le leader de l’union monétaire, mise en lumière par la guerre en Ukraine, explique Véronique Riches-Flores, économiste indépendante. « Ça a révélé les faiblesses industrielles du pays, son hyperdépendance au gaz russe, sa dépendance militaire aux États-Unis… » explique-t-elle. Et avec un commerce extérieur en déficit pour la première fois depuis 1991, l’Allemagne n’est finalement pas aussi solide que ce que l’on pensait… entraînant avec elle l’euro.
Dans un monde globalisé comme le nôtre, la chute d’une monnaie par rapport au dollar ne peut être que mauvaise. Et pour cause : la plupart des échanges internationaux – si ce n’est tous – passent par une conversion en dollar. Alors, quand on achète en dollars, et que notre propre monnaie baisse, on paye… plus cher. Exemple : si vous achetez un téléphone à 549 dollars, il coûtait 465 euros il y a un an (avec un dollar à 1,18 euro) quand il en coûterait maintenant 538 euros (un dollar à 1,02 euro). Constat : des Français qui iraient en vacances aux États-Unis aujourd’hui paieraient tout plus cher que par le passé du seul fait de la baisse de l’euro (auquel il faut ajouter l’inflation).
Mais imaginez la même chose avec des transactions de plusieurs millions d’euros… Ce sont dans ce cas des surcoûts bien plus élevés ! C’est le cas par exemple des matières premières. « Cela signifie que l’on va payer plus cher le pétrole et le gaz, puisque leurs prix sont fixés en dollars », explique Rémi Bourgeot. Le cours du baril de pétrole de Brent pointe ainsi ce mercredi à 104 dollars. Avec un euro à 1,02 dollar, le baril coûte 101,96 euros alors qu’il aurait coûté 88,14 euros avec un euro à 1,18 dollar. Il faut à cela ajouter l’explosion des cours (il a pris 39 % en un an) pour arriver à une situation critique.
La baisse de l’euro face au dollar – sans qu’on puisse parler de « crise de l’euro » étant donné que d’autres monnaies à travers le monde sont dans cette situation – pourrait donc « amplifier l’inflation », explique Rémi Bourgeot. Et c’est d’autant plus vrai quand les entreprises internationales regardent leurs recettes en dollars : sans augmentation des prix sur le marché en euros, alors ce sont les recettes en dollars qui baissent… Mais le chercheur de l’Ifri relève : « Dans certains pays émergents, une monnaie peut avoir des mouvements brutaux et perdre 20 % en une seule journée, ce n’est pas ce que nous avons là. »
Faut-il donc s’attendre à tout payer plus cher dans les prochains mois, au-delà même de l’inflation « naturelle » due à la loi de l’offre et de la demande ? C’est à surveiller. « Pour les services, comme Netflix par exemple, en augmentant les prix, on peut perdre des consommateurs », explique Rémi Bourgeot. Mais c’est moins vrai pour les produits, qui dépendent des chaînes de production où tout se négocie, s’achète et se vend en dollars. Et le chercheur de pointer : « On peut imaginer que les prix des MacBook et des iPhones soient revus à la hausse pour compenser la baisse de l’euro. » Véronique Riches-Flores voit une autre conséquence possible : « La Banque centrale européenne pourrait décider de relever les taux d’intérêt et au final pour couvrir le risque d’affaiblissement de l’euro. » Avec pour conséquence de faire monter encore un peu plus les taux des crédits, notamment immobiliers.
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