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RIYAD : Le 9 mars, la banque centrale de Russie a ordonné de nouveaux contrôles des capitaux, limitant les retraits en devises étrangères
La Banque de Russie ou la Banque centrale de la Fédération de Russie (BCR) a déclaré qu’elle limiterait les retraits en espèces des citoyens détenant des comptes en devises étrangères à 10 000 dollars jusqu’au 9 septembre.
Cette décision est intervenue dans le contexte d’un avertissement de Fitch Ratings concernant un défaut imminent du gouvernement russe sur sa dette extérieure. Fin février, la banque centrale russe avait déjà introduit certains contrôles de capitaux et doublé son taux directeur à 20 % par an. Cette mesure visait à empêcher la chute libre du rouble depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février, et les sanctions imposées par les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Japon.
Mais cette guerre est-elle viable à long terme?
« Il existe deux grands ensembles de réserves dont beaucoup pensaient qu’elles permettraient à la Russie de financer sa guerre et de résister aux sanctions. Le premier est constitué par les réserves étrangères détenues par la BCR, d’une valeur d’environ 640 milliards de dollars. Les sanctions contre la BCR signifient qu’elle ne peut pas accéder à ces réserves détenues à l’étranger, et qu’elle ne peut pas non plus échanger facilement ses réserves nationales sur les marchés internationaux », a déclaré Robert Person, professeur de relations internationales à l’Académie militaire américaine (West Point), s’exprimant à titre personnel pour Arab News.
Cette situation limite essentiellement la capacité de la Russie à soutenir le rouble, à utiliser ses fonds pour rembourser une partie de sa dette ou à payer ses importations. Beaucoup ont fait allusion à la hausse des réserves de la Russie à partir de 2015 comme preuve de l’augmentation du trésor de guerre de la Russie. Mais cet argent n’est bon que si la Russie y a accès, or à l’heure actuelle, elle ne peut avoir accès à une grande partie de ces fonds, a expliqué Person.
Fonds de richesse nationale
Le deuxième ensemble de réserves est le Fonds de richesse nationale de la Russie. « C’est là que sont déposés les excédents de recettes provenant des ventes d’énergie lorsque les prix du pétrole sont élevés. Là encore, de nombreuses personnes ont mentionné ce fonds comme preuve de la capacité de Poutine à financer une guerre à long terme ou à résister indéfiniment aux sanctions », a souligné Person.
Toutefois, selon le spécialiste, cette hypothèse présente deux problèmes majeurs. Lors des crises financières de 2009 et 2014 en Russie, Moscou a dû puiser massivement dans ce fonds pour soutenir l’économie. « Ce n’est pas une tirelire sans fond », a-t-il ajouté.
Évalué à 189 milliards de dollars en juin 2021, le Fonds de richesse nationale de la Russie est nettement inférieur au Fonds d’investissement public de l’Arabie saoudite, évalué à environ 430 milliards de dollars, a remarqué Person.
La valeur du FRN se situait à 174,9 milliards de dollars au 1er février 2022, selon les données les plus récentes du ministère russe des Finances.
Sanctions bancaires
Un autre problème auquel le gouvernement russe est confronté est celui des sanctions bancaires, qui bloquent la capacité des Russes à convertir leurs fonds en devises étrangères, limitant ainsi leur utilisation, selon Person. « La récession que la Russie risque de connaître à partir de 2022 sera bien plus grave que celle qu’elle a connue en 2009, 2014 ou 2020. Quels que soient les sommes que la Russie pourra dépenser en puisant du Fonds de richesse nationale, il est peu probable qu’elles permettent d’assurer une stabilité macroéconomique à long terme », a déclaré Person.
Selon les analystes interrogés par la BCR, l’économie russe devrait se contracter de 8 % en 2022. Toutefois, cette enquête a été réalisée avant l’annonce de la hausse des taux d’intérêt de 20 % par la BCR.
En outre, Bloomberg Economics prévoit que l’inflation atteindra un pic annuel de 19 % vers juillet, contre 9,2 % le mois dernier, et terminera l’année à environ 16 %.
Le Fonds de richesse nationale de la Russie a été gravement réduit par les crises de 2008 et 2010. Un conflit de faible intensité en Ukraine entre les séparatistes russes et le gouvernement ukrainien en 2014 a amoindri davantage les fonds de la Russie. « La Russie a dû dépenser massivement en puisant du FRN pour couvrir les déficits du budget fédéral et financer des mesures de relance hors budget », a déclaré le professeur.
Les données historiques montrent que la valeur du Fonds de richesse nationale est tombée à quelque 60 milliards de dollars fin juin 2019, contre 88,6 milliards fin 2013, pour ensuite bondir à 125,6 milliards fin 2019 et continuer à augmenter pour atteindre 197,8 milliards fin octobre 2021.
Dépenses militaires
Aujourd’hui, la question la plus intrigante est de savoir combien la Russie dépense pour ses efforts de guerre depuis le début des tensions en 2014. Selon Person, il est difficile de l’estimer, d’autant que la Russie a nié toute implication dans le conflit du Donbas depuis 2014 jusqu’à son invasion actuelle.
« Cependant, les dépenses militaires russes dans leur ensemble ont augmenté régulièrement tout au long du règne du président russe Vladimir Poutine, atteignant un pic d’un peu plus de 200 milliards de dollars en 2016 », a-t-il ajouté.
D’autres défis auxquels la Russie est confrontée découlent de l’annonce faite le 9 mars par le président américain Joe Biden d’imposer une interdiction immédiate des importations de pétrole et d’autres produits énergétiques russes en représailles à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Royaume-Uni a déclaré qu’il éliminerait progressivement ses importations de pétrole russe d’ici à fin 2022. Si d’autres pays suivent le mouvement, cela pourrait s’avérer désastreux pour Moscou. La Russie compte sur les prix élevés du pétrole pour accroître ses revenus.
« D’un autre côté, on peut s’attendre à ce que la Russie utilise tous les fonds qu’elle peut dépenser pour éviter l’effondrement de l’économie russe. Je m’attendrais à ce que la valeur du Fonds de richesse nationale chute brutalement alors que Moscou tente de faire face à une grave récession », a déclaré Person. L’un des avantages dont elle bénéficie encore est que l’économie russe n’est pas lourdement endettée.
« Avant la COVID-19, la croissance annuelle de 2016 à 2019 était en moyenne de 1,7 %. Elle a affiché une baisse de 2,95 % du PIB en 2020, tandis qu’elle a enregistré une reprise de 4,3 % en 2021. Mais de nombreuses caractéristiques structurelles profondes du système économique russe ont fortement limité son potentiel de croissance à long terme, même avant le début des sanctions », a expliqué Person.
Force économique
La force économique de la Russie réside dans le fait qu’elle est l’un des pays les moins endettés au monde, sa dette nationale représentant 17,88 % de son PIB, selon Person.
Les déficits budgétaires sont souvent en territoire positif. En 2019, le déficit budgétaire russe était un excédent de 1,8 %, suivi d’un déficit de 3,8 % en 2020 et d’un excédent de 0,4 % en 2021.
Pourtant, le ministère russe des Finances a déclaré qu’il se préparait à servir une partie de sa dette en devises étrangères en roubles si les sanctions empêchaient les banques de payer leurs dettes dans la monnaie dans laquelle elles ont été émises, selon Reuters.
Person a ajouté qu’il était encore trop tôt pour estimer l’impact des sanctions sur les principaux indicateurs macroéconomiques tels que le PIB, l’inflation et le chômage. « Mais nous en constatons déjà les effets avec la ruée bancaire et l’effondrement de la valeur du rouble », a-t-il ajouté.
La monnaie russe s’échangeait à 121,85 à la mi-journée le 14 mars, en baisse par rapport à la clôture précédente de 132,9, ce qui représente une chute extraordinaire par rapport aux 75 roubles au dollar, avant la crise.
« La Banque de Russie n’étant pas en mesure d’utiliser ses réserves pour défendre le rouble, les troubles intérieurs risquent de s’amplifier en Russie à mesure que le pouvoir d’achat des citoyens s’évapore », a-t-il estimé.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
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PARIS: Face à la pénurie de candidats et à la nécessité de renforcer leurs compétences, le gouvernement entend développer la formation dans les métiers où les bras manquent, qu’il s’agisse de reconversions ou d’enseignement professionnel.
La formation était déjà l’un des principaux leviers du premier quinquennat Macron pour lutter contre le chômage et les emplois non pourvus avec la plateforme ‘1jeune1solution’, la promotion des comptes personnels de formation (CPF) ou encore des incitations financières pour développer l’apprentissage.
Le gouvernement d’Elisabeth Borne promet de maintenir le cap comme la Première ministre l’a rappelé devant le patronat fin août. “Nous allons continuer à adapter la formation aux nouveaux emplois et aux besoins du marché du travail”, a-t-elle souligné.
Pour ce faire, Elisabeth Borne s’est engagée à “simplifier et favoriser le recours à la formation professionnelle” mais aussi à renforcer “la reconversion vers les filières de demain ou qui ont le plus de besoins”.
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MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mercredi que les exportations de céréales ukrainiennes allaient majoritairement vers les pays européens et non pas vers les pays pauvres, ce qui créé selon lui un risque de “catastrophe humanitaire”.
Des affirmations pas totalement confirmées par les chiffres fournis par le centre de coordination en Turquie, selon lesquels 36% seulement des céréales ukrainiennes sont allées à des pays de l’Union européenne.
“Presque toutes les céréales exportées d’Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l’Union européenne”, a affirmé M. Poutine au cours d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe).
“Ce que nous observons est une tromperie (…), une attitude grossière et imprudente envers ces partenaires pour qui tout cela était censé être fait”, a-t-il enchaîné devant de nombreux responsables économiques et politiques asiatiques.
Le président russe a dénoncé une attitude “colonialiste” de la part des pays occidentaux, notamment de l’UE, qui pensent d’abord à leurs “propres intérêts”. “Ils s’en fichent !”, a-t-il lâché.
“Regardez le compte : 80 navires, et deux seulement vers les pays en développement”, soit “3% uniquement”, a affirmé M. Poutine dans son discours.
“Cela pourrait mener à une catastrophe humanitaire sans précédent”, a-t-il alerté dans un discours de plus d’une demi-heure. “Peut-être devrions-nous réfléchir à la façon de limiter les exportations de céréales et d’autres produits alimentaires par cette voie ?”.
“Je vais consulter le président turc (Recep Tayyip) Erdogan”, qui a parrainé un accord à Istanbul permettant l’exportation des céréales ukrainiennes, a-t-il ajouté.
«Mensonges des Russes»
L’Ukraine a réfuté mercredi ces accusations, rétorquant que les deux tiers des livraisons partaient vers des pays d’Afrique et d’Asie.
“Les deux tiers des navires envoyés sont dirigés vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient”, a assuré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, insistant sur le fait que ces exportations de Kiev avaient “eu un effet positif sur la réduction des prix” alimentaires.
“Les mensonges des Russes sur l’envoi des céréales ukrainiennes uniquement en Europe ne correspondent tout simplement pas à la réalité”, a-t-il affirmé.
Il a cité la Chine, l’Egypte, l’Iran, l’Inde ou encore la Somalie et la Libye parmi les pays ayant, selon lui, reçu des cargaisons de céréales ukrainiennes.
“La seule raison de l’aggravation de la crise alimentaire mondiale cette année était et reste la guerre brutale déclenchée par la Russie, qui a bloqué les ports maritimes ukrainiens et détruit délibérément les infrastructures et la logistique agricoles”, a ajouté le ministre.
Selon les données communiquées mercredi par le Centre de coordination conjointe (CCC) d’Istanbul, chargé de superviser cet accord, 100 navires ont quitté depuis début août les ports ukrainiens d’Odessa, de Tchornomorsk et de Pivdenny, transportant à leur bord 2.334.310 tonnes de céréales et autres produits agricoles.
Les principaux pays destinataires de ces livraisons ont été la Turquie (20%), l’Espagne (15%), l’Egypte (10%), la Chine (7%) et l’Italie (7%). Les pays européens représentent 36% du total et les pays africains 17%.
“30% des cargos sont allés vers des pays à faibles revenus ou à revenus intermédiaires inférieurs”, assure le CCC.
Une partie importante des céréales livrées à la Turquie est toutefois réexportée, notamment vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, soulignent des analystes.
Une responsable du gouvernement américain a qualifié sous couvert d’anonymat les affirmations du président Poutine de fausses et précisé que certaines céréales étaient transportées en Europe pour y être transformées avant d’être envoyées vers des nations pauvres.
Les déclarations de Vladimir Poutine interviennent à un moment où les inquiétudes persistent sur la sécurité alimentaire mondiale qui a été impactée par les retombées du conflit en Ukraine.
L’accord d’Istanbul a permis la reprise des exportations de céréales ukrainiennes, mais la Russie se plaint depuis plusieurs semaines d’entraves à ses propres exportations alimentaires à cause des sanctions occidentales.
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LONDRES: Deux jours après avoir reçu les clés de Downing Street, Liz Truss va dévoiler jeudi un paquet d’aides massif pour les ménages et les entreprises face à la flambée de l’inflation et des prix de l’énergie.
Liz Truss devrait annoncer vers 10H00 GMT au Parlement un gel des factures d’énergie en Grande-Bretagne et des mesures qui devraient au total coûter autour de 100 milliards de livres selon la presse britannique. Des montants astronomiques qui rivalisent avec l’ampleur des mesures adoptées pendant la pandémie.
La nouvelle Première ministre, conservatrice tendance thatchérienne, devrait en parallèle confirmer des baisses d’impôts pour stimuler une économie promise à la récession à la fin de l’année.
Elle se refuse aussi à étendre une taxe sur les énormes bénéfices des géants pétroliers, afin selon elle d’encourager l’investissement et l’extraction en mer du Nord.
Une levée du moratoire sur le “fracking” (fracturation hydraulique, pour extraire pétrole et gaz de schiste) serait peut-être aussi à l’ordre du jour, selon certains médias britanniques, même si son prédécesseur Boris Johnson était dubitatif sur l’intérêt d’une telle mesure.
“Je vais prendre des mesures immédiates pour aider les gens face à leurs factures d’énergie, mais je veux aussi que nous assurions notre approvisionnement énergétique”, a-t-elle fait valoir mercredi lors de sa première séance de questions du Parlement.
Le plafond des factures énergétiques pour les particuliers doit en théorie augmenter de 80% au 1er octobre. Il a doublé sur un an et, si rien n’est fait, doit encore grimper l’an prochain à quelque 5.000 livres par an pour un foyer moyen, d’après les estimations, alimentant une inflation à deux chiffres qui s’emballe.
Prix du gaz
Le Royaume-Uni est très dépendant des prix du gaz, qui ont été multipliés par sept sur un an, notamment à cause des tensions sur l’approvisionnement depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les prix de gros de l’électricité et du gaz étaient jusqu’alors répercutés entièrement sur les entreprises et ménages, malgré des aides accordées par le gouvernement précédent qui se sont rapidement révélées très insuffisantes.
Economistes, ONG, syndicats et mêmes énergéticiens n’ont eu de cesse d’avertir qu’une majorité de ménages britanniques risque de tomber dans la grande précarité cet hiver.
Liz Truss serait ainsi sur le point de geler à 2.500 livres annuels les factures pour un foyer moyen, ce qui représente, d’après plusieurs médias dont le Times, une dépense colossale de 150 milliards de livres, qui serait financée par de la dette.
C’est plus que les 70 milliards de livres dépensées pour payer les salaires des employés en chômage technique pendant toute la durée de la pandémie.
C’est aussi un virage drastique par rapport à la campagne menée par Liz Truss, qui décrivait les aides directes comme des “pansements” qui ne résoudraient pas les problèmes de fond.
Qui va payer?
Le cocktail des aides directes massives et des baisses d’impôts effraie les marchés qui craignent un nouveau grave dérapage des finances publiques après celui de la pandémie.
Signe de la défiance des investisseurs, les bons du Trésor britanniques à 10 ans ont bondi mardi à plus de 3%, au plus haut depuis une décennie.
Mais le nouveau chancelier de l’Echiquier Kwasi Kwarteng a assuré mercredi que si une hausse de l’emprunt public était “nécessaire à court terme”, le nouveau gouvernement visait “la stabilité monétaire et la discipline budgétaire à moyen terme” grâce à une croissance de l’économie qui serait plus rapide que celle de la dette publique.
Selon Neil Schearing, économiste de Capital Economics, un gel sur les prix du gaz et de l’électricité pour les consommateurs pourrait calmer l’inflation qui culminerait à seulement 11% en octobre selon lui.
L’économie entrerait toujours en récession mais celle-ci se limiterait à une contraction de seulement 0,5%, ajoute-t-il.
À Westminster mercredi, Mme Truss a prudemment évité de répondre à la question assenée par l’opposition: qui va payer?
Le leader travailliste Keir Starmer accuse Mme Truss de “protéger les profits (des géants) du pétrole et du gaz et forcer les gens à payer la facture”.
Sans hausses d’impôts ciblées, ce paquet d’aides massif va aider les contribuables à passer l’hiver mais ils devront le payer ensuite pendant des années, ont martelé les travaillistes.
Responsables des infrastructures, énergéticiens et défenseurs de l’environnement dénoncent par ailleurs l’absence apparente de toute mesure d’économies d’énergie par Liz Truss.
Ils demandent d’urgence des politiques d’isolation des bâtiments britanniques, pour beaucoup de véritables passoires thermiques.