L’entrée de troupes dans le Donbass n’est qu’un nouvel épisode militaire mené par Moscou pour étendre la sphère d’influence russe. Depuis la chute du régime communiste et avec l’avènement de l’ère Poutine, la Russie a multiplié les interventions, souvent armées, sur le territoire de l’ex-URSS.
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Comment la Russie lorgne les anciens territoires de l’URSS
Depuis près de 20 ans, Vladimir Poutine ne cache pas son ambition de réintégrer certains territoires dans la Fédération de Russie, à l’image de la reconnaissance des séparatistes ukrainiens lundi 21 février.
MARCO LONGARI/AFP
Les communistes ont « brisé la Russie historique ». Lors de son allocution télévisée prononcée lundi 21 février, le maître du Kremlin a dépeint un récit historique pour le moins accusateur vis-à-vis de ses prédécesseurs. Un discours menaçant et nostalgique d’une grandeur passée, qui confirme que l’ex-URSS (et plus particulièrement l’Ukraine) reste l’obsession de Vladimir Poutine, qui considère ces territoires comme de légitimes possessions de la Fédération de Russie.
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Depuis la fin des années 2000, celui qui règne sans partage sur le plus grand pays du monde se donne les moyens d’y agréger les territoires « perdus », n’hésitant pas pour cela à utiliser la force militaire, comme aujourd’hui au Donbass.
C’est sans doute le conflit qui ressemble le plus au scénario ukrainien. Après avoir fait sécession de la Géorgie en 1992, les deux républiques autoproclamées d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie se heurtent à leur frontière avec Tbilissi en août 2008, provoquant la mort d’une dizaine de soldats.
Ayant conféré aux populations de ces enclaves séparatistes des passeports russes dès 2002, la Russie se sert de ce prétexte pour soutenir militairement les provinces indépendantes. Le 7 août, les soldats russes pénètrent en Ossétie et en Abkhazie.
Après quatre jours de progression et de bombardements, le président russe d’alors, Dmitri Medvedev, annonce que les soldats russes resteront définitivement sur place. Le 26 août, il reconnaît officiellement l’indépendance de l’Ossétie du Sud et celle de l’Abkhazie,et se dit prêt « à assurer la sécurité de ces deux États ». La Géorgie dénonce depuis une annexion et un coup de force destiné à « redessiner les cartes ».
Premier épisode du dépeçage du territoire ukrainien, la Crimée hisse le pavillon russe en février 2014. À la suite des manifestations de Maïdan et de la chute du président ukrainien soutenu par Moscou, Viktor Ianoukovytch, des troupes armées prorusses pénètrent dans la péninsule.
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Le 28 février, l’armée régulière de la Russie s’installe en Crimée et annonce la tenue d’un référendum pour le rattachement de cette région russophone. Le 26 mars, 96,77 % des votants de Crimée et Sébastopol se prononcent pour la réunification à l’issue du référendum, dont le résultat n’est toujours pas reconnu par la majorité des États.
Longtemps méfiante à l’égard du grand frère russe, la Biélorussie a renoué des relations plus étroites avec la Russie depuis plusieurs années. Contesté par l’opinion publique depuis les élections de 2020, le président Alexandre Loukachenko a été contraint de chercher l’appui de Moscou.
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En conséquence, un dossier vieux de vingt ans est sorti du placard : la création d’un « État d’union » entre les deux nations. En échange d’un soutien au président biélorusse, cet accord prévoit une plus grande intégration douanière, financière et militaire de son pays dans la Russie. Vladimir Poutine a notamment pour projet d’ouvrir des bases en Biélorussie. Des exercices conjoints sont actuellement menés près de la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine, renforçant la crainte d’une invasion.
Les Occidentaux craignent également que des armes nucléaires soient installées en Biélorussie. Alexandre Loukachenko ne s’est d’ailleurs pas privé de brandir cette menace : « Si nécessaire (…), nous déploierons non seulement des armes nucléaires, mais aussi des armes supernucléaires, des armes prometteuses, afin de défendre notre territoire », déclarait-il le 17 février.
Décidée à maintenir son influence dans l’ensemble de l’ancien territoire soviétique, la Russie s’est posée en médiateur du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie durant le conflit du Haut-Karabakh.
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C’est sous l’égide de Moscou qu’a été signé un accord tripartite le 9 novembre 2020, mettant fin aux hostilités. La Russie a également profité de ce conflit pour contrebalancer le poids de la Turquie dans cette région et déployer près de 2 000 soldats en Azerbaïdjan, une première depuis l’indépendance de ce pays en 1991.
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