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Varsovie estimait vendredi qu’il y avait entre 15 000 et 20 000 ressortissants du Moyen-Orient au Bélarus. Questions et réponses sur cette crise des réfugiés.
Des enfants dans un camp de migrants à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, le vendredi 12 novembre.
Photo : AFP / LEONID SHCHEGLOV
La crise des migrants à la frontière entre le Bélarus et la Pologne s’aggrave. Début novembre, la Pologne a déclaré avoir massé plus de 15 000 soldats et agents de sécurité pour bloquer sa frontière. Elle accuse le Bélarus d’avoir délibérément causé cette crise en faisant venir des migrants du Moyen-Orient, qui sont ensuite poussés à sa frontière ouest pour tenter de la franchir illégalement.
L’Union européenne (UE) soutient Varsovie et dénonce une guerre hybride contre l’Europe. Le Conseil de sécurité a été saisi le 11 novembre, sans adopter de résolution… en raison de l’opposition de puissances comme la Russie et la Chine contre tout blâme qui serait adressé au Bélarus et à son président Alexandre Loukachenko.
Ce même 11 novembre, Loukachenko a menacé explicitement les Européens de couper les fournitures de gaz russe transitant par son pays. Mais dès le lendemain, un porte-parole du Kremlin assurait que la Russie est et restera un pays qui remplit toutes ses obligations de livraison de gaz aux consommateurs européens.
Questions et réponses sur cette crise des réfugiés d’un genre inédit, et sur un front nouveau.
Ça y ressemble furieusement. Sinon, comment expliquer la présence de tous ces ressortissants du Moyen-Orient (Yémen, nord de la Syrie, nord de l’Irak, beaucoup de Kurdes aussi), rassemblés en peu de temps dans un petit secteur frontalier à l’ouest du Bélarus et au nord-est de la Pologne?
Comment, sans que Minsk n’ait été au courant, seraient-ils arrivés soudain au Bélarus dans des avions qui par exemple – fin octobre et début novembre – ont atterri quotidiennement en provenance de Damas, la capitale syrienne située à 2500 km de distance?
Il est improbable, voire invraisemblable, que tout à coup, des milliers de Syriens et d’Irakiens aient eu l’envie – et les moyens – d’aller faire du tourisme au Bélarus, plat pays où ces jours-ci il fait sous zéro!
Il est vrai que ces réfugiés, il y en avait déjà un petit nombre (peut-être quelques centaines) dès la fin de l’été. Mais le mouvement s’est accentué durant la dernière semaine d’octobre et la première de novembre.
Au point où Varsovie estimait, au 12 novembre, qu’il y avait au Bélarus entre 15 000 et 20 000 ressortissants du Moyen-Orient (Syrie, Irak, et même Afghanistan), dont 3000 ou 4000 probablement transportés par groupes, dans la zone frontalière.
D’abord, il y a un contexte qui peut expliquer les motivations. Le Bélarus est soumis depuis des mois à des sanctions de l’UE à la suite des élections (très probablement volées) du 9 août 2020 par le régime Loukachenko.
Il y a eu d’importantes manifestations de protestation à partir de la mi-août et pendant une bonne partie de l’automne 2020. Manifestations durement réprimées, avec selon Human Rights Watch quelque 25 000 arrestations… suivies de sanctions européennes en 2021.
La motivation du régime Loukachenko serait donc : représailles et contre-attaque, face à une Europe qui critique sa légitimité après une réélection frauduleuse.
Même s’il nie tout aujourd’hui, Loukachenko lui-même y était allé au printemps – donc avant cette crise des réfugiés – de menaces voilées, ou d’allusions, du genre on n’a pas laissé passer la drogue et les trafiquants… mais on pourrait bien le faire.
En plus, début novembre 2021, s’ajoutent des éléments factuels assez accablants.
On rapporte à l’aéroport de Damas de très longues queues pour prendre des avions à destination du Bélarus. Les services de renseignement occidentaux évoquent une hausse en flèche, depuis la dernière semaine d’octobre, des liaisons aériennes à destination de Minsk.
Minsk où, avec la COVID-19 et le boycottage européen, plus personne ou presque n’allait. Et soudain, une quarantaine d’atterrissages par semaine, d’avions venus du monde arabe, dont un vol quotidien de Damas… qui n’existait pas auparavant! Ça commence à faire beaucoup.
Parce qu’elle comporte une forte dimension de crise provoquée et instrumentalisée politiquement. Nouveauté aussi sur le plan géographique. Après les grandes arrivées par la Méditerranée, mais aussi par la mer Égée et la route des Balkans (années 2010), on se retrouve aujourd’hui beaucoup plus au nord… et à l’extrême est, aux confins de l’Europe.
(Mais par rapport à ces vagues antérieures, les chiffres restent pour l’instant modestes.)
Cette crise met en scène des candidats à l’émigration à qui des passeurs ont raconté que l’Europe leur était accessible moyennant quelques milliers de dollars, en faisant le détour par un pays nommé Bélarus. Le Bélarus qu’on atteint par avion, et à partir duquel le voyage vers la Pologne – État frontalier et membre de l’Union européenne – devient possible.
La Pologne est en effet critiquée depuis quelques années pour sa dérive antidémocratique, avec l’embrigadement des médias et des nominations (aux plus hauts tribunaux du pays) d’amis du régime politique à Varsovie.
La Pologne a aussi refusé tout partage des migrants, comme demandé par l’Allemagne et l’Italie depuis 2015.
Malgré cet antagonisme, qui a valu à Varsovie la rétention de transferts d’argent de l’Union européenne, on a entendu, début novembre, des déclarations de solidarité venues de Bruxelles et d’autres capitales européennes envers la Pologne…
Même la présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, qui a déjà eu des mots très durs pour le gouvernement de Varsovie, a repris l’expression utilisée par les dirigeants polonais. Elle a parlé d’attaque hybride contre la frontière polonaise… qui est aussi, dans ce cas, la frontière communautaire de l’UE.
Selon des estimations de Varsovie, il y avait entre 15 000 et 20 000 ressortissants du Moyen-Orient présents au Bélarus ce vendredi. Ce chiffre n’a pas été contesté.
Photo : AFP / LEONID SHCHEGLOV
Guerre hybride, car l’arme ici, ce seraient des êtres humains à qui on a fait miroiter l’émigration en Europe, pour quelques milliers de dollars. Des êtres humains – y compris des enfants – utilisés dans une sorte de guérilla pour faire pression sur l’Union européenne. Car on sait très bien, à Minsk (comme d’ailleurs à Moscou), que la question des migrants est explosive sur le Vieux Continent.
Au-delà de la Pologne, c’est donc toute l’Europe qui serait visée.
Au demeurant, la Pologne, même si elle campe très bien – et sans doute de façon justifiée – le rôle de la victime dans l’épisode actuel, n’est pas blanche comme neige.
Le parlement de Varsovie (la Diète polonaise) a adopté le 14 octobre une loi qui – à l’encontre des conventions internationales sur l’accueil aux réfugiés – autorise les renvois des illégaux de l’autre côté de la frontière (y compris dans une forêt sauvage et par dix degrés sous zéro!).
Depuis le début de cette crise, les ONG humanitaires ont parlé d’une dizaine de décès.
On a des images vidéo, plus les déclarations des deux pays… On a des informations vérifiées sur les mouvements aériens vers l’aéroport de Minsk.
Les images proviennent de la région de Grodno, au Bélarus, à la frontière polonaise. Sur ces images, on voit quelques centaines de personnes avec des tentes et des braseros, par une température voisine du point de congélation.
On voit aussi certains migrants s’attaquer aux barbelés avec de grosses cisailles (qui leur a donné ces cisailles? demandent les Polonais suspicieux…), proche du point de passage de Kuznica, village frontalier proche de Grodno. Les quelques interviews sur place font entendre notamment des Kurdes du nord syrien.
Quant au nombre de migrants impliqués… le chiffre de 15 000 à 20 000, lancé par Varsovie, n’a pas été contesté.
Oui. Poutine et Loukachenko sont globalement des alliés face aux Occidentaux, même si Moscou et Minsk ont aussi leurs désaccords occasionnels. Loukachenko est un électron libre pas toujours facile à contrôler… un peu comme le Nord-Coréen Kim Jong-un avec ses commanditaires chinois!
Mais tous ces avions qui décollent régulièrement de Damas dans cette direction… avec la forte présence russe en Syrie, on peut imaginer qu’il y ait pu y avoir une facilitation du processus, provenant de Moscou dans cette affaire.
En tout cas, ce sont des soupçons qu’en entend à Varsovie, mais aussi à Bruxelles où beaucoup sont convaincus que l’alliance Poutine-Loukachenko est bel et bien à l’œuvre dans cette affaire.
Les déclarations en provenance de Moscou ont montré un ferme soutien au Bélarus et à Loukachenko, doublé d’une dénonciation – rituelle et répétitive il est vrai – des pressions et sanctions de l’Europe et des Occidentaux contre Minsk.
Dernière en date de ces pressions : la déclaration, faite en marge de la réunion (sans résultats) du Conseil de sécurité le 11 novembre. La Grande-Bretagne, l'Estonie, la France, l'Irlande, la Norvège et les États-Unis y condamnent ce qu'ils ont appelé l'instrumentalisation orchestrée d'êtres humains dont la vie et le bien-être ont été mis en danger à des fins politiques par le Bélarus.
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