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La preuve par l’humour avec Sven ’t Jolle. « Je pense que la question la plus importante n’est pas celle qui consiste à se demander si l’art peut ou doit être politique, mais plutôt de reconnaître que l’art peut toujours être utilisé à des fins politiques. Peut-être en particulier quand il n’a pas l’air politique… » A la vue d’un Oncle Picsou tout noir perché à califourchon sur une poutrelle d’acier, d’un balai posé à côté d’un bonhomme de neige à moitié fondu ou encore d’un singe assis sur un tonneau face à une toile et un chevalet en bois, tout le monde ne ferait pas forcément le lien avec la critique mordante du capitalisme, et les dysfonctionnements qu’il génère dans la société contemporaine, qui anime toute l’œuvre de Sven ’t Jolle. Né en Belgique en 1966, installé en Australie, l’artiste aime proposer différentes grilles de lecture via des sculptures et des installations qui font la part belle à l’humour, la métaphore et la contradiction. Un art du décalage qui invite à prendre du recul, à considérer les images, les paroles, le politique et le système qui le sous-tend sous de nouveaux angles. Parmi les pièces récentes présentées jusqu’au 21 décembre au Portique, au Havre, dans le cadre de l’exposition A Touch of Class, Antagonism (Une touche de classe, Antagonisme), Out of Touch évoque les boîtes aux lettres customisées, prenant souvent l’allure de bonhommes de ferraille, qui parsèment la campagne australienne. Une façon de rappeler que le monde rural est lui aussi traversé par la notion de classe, habité par une population dont une partie se bat pour survivre. « Ces boîtes m’ont toujours fasciné, explique Sven ’t Jolle. Elles évoquent des sculptures et sont aussi des réceptacles à histoires. Ce travail célèbre le potentiel artistique que chacun porte en lui. Je l’ai commencé alors qu’émergeait le mouvement des Gilets jaunes en France, qui a nourri le contexte de création. Je ne voulais pas, en effet, utiliser ces boîtes aux lettres juste parce que je les avais aimées à un moment donné. Quand je fais l’effort de faire des sculptures (et parfois c’est beaucoup de travail), je veux pouvoir les connecter à quelque chose qui se passe aujourd’hui, à un message politique. » Dans le cadre des Ateliers Marmelade, destinés aux 6-12 ans, Le Portique propose une visite de l’exposition suivie d’un moment de création ludique ; prochain rendez-vous en lien avec le travail de Sven ’t Jolle, samedi 7 décembre de 14 h 30 à 16 h 30 (réservation conseillée sur Airtable.com). Les Ateliers Famille s’adressent pour leur part à tous, à partir de trois ans. Samedi 14 décembre (de 14 h 30 à 16 h 30), une visite adaptée de l’exposition sera suivie d’un atelier artistique sur le thème de la sculpture ; un portrait de famille en bande dessinée inspiré d’une œuvre de l’artiste y sera réalisé (réservation sur Airtable.com)
(Re)plonger en enfance auprès d’Olivia Paroldi. La gravure est le mode d’expression privilégié adopté par Olivia Paroldi il y a une quinzaine d’années. S’inscrivant dans une démarche à laquelle Ernest Pignon-Ernest a ouvert la voie, la jeune femme n’aime rien tant qu’investir les murs extérieurs et la rue, revendiquant ainsi de donner à ses estampes éphémères « une dimension accessible et populaire » et « d’œuvrer pour une forme d’art libre et offert ». « Mes estampes se composent de trois éléments fondamentaux : l’estampe, la rue et le temps, écrit-elle. Je dis régulièrement que la plus importante de mes matières premières est ma sensibilité d’artiste, de femme et de mère. C’est certainement la raison pour laquelle les émotions humaines liées au passage du temps sont très présentes dans mon travail. » A Aubagne, l’artiste s’approprie les murs de la chapelle abritant le Centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs pour y travailler ses thèmes de prédilection que sont l’enfance et la construction de soi. « L’enfant est le symbole de la contradiction humaine, il représente à la fois la fragilité, l’innocence mais également l’espoir pur, la force de croire que tout est possible. D’un point de vue graphique, les plus jeunes n’ont pas encore le visage modelé par les conventions, leurs émotions sont lisibles sur leur peau et dans leur regard, c’est pourquoi ils sont une source infinie d’inspiration pour moi. » Estampes urbaines est une exposition expérimentale – la Ville d’Aubagne a autorisé, de manière inédite, l’artiste à s’exprimer sur l’un des murs extérieurs de la chapelle. Les visiteurs sont invités à laisser un mot via un mur de boîtes à lettres, qui sert de source d’inspiration à l’artiste pour créer une fresque évolutive. A découvrir en entrée libre jusqu’au 19 avril 2020. Des visites commentées sont proposées (sans réservation) tous les samedis.

A la rencontre de l’Homme bleu à Nantes. Né en 1999 à Bâle, de l’imagination de l’architecte suisse André Kuenzy, l’Homme bleu est un étrange personnage revêtu d’une combinaison dissimulant son visage et munie d’une caméra filmant les gens rencontrés au fil de ses pérégrinations. « L’Homme bleu ne parle pas, précise son créateur, il est imprégné de la richesse de cette approche muette qui permet un contact sans a priori, sans message à transmettre. Très vite, il a compris que sa condition lui permettait d’entrer en relation avec des personnes de genres, d’âges, de cultures et d’horizons différents. Sa présence révèle l’autre, qui lui offre une histoire de rencontre. Il se sent rapidement comme une sorte d’ambassadeur libre, dont la mission est simplement de relier les gens entre eux. Conscient du côté dérisoire de son entreprise, il a néanmoins le sentiment de créer du lien, de rassembler les humains. » Depuis la Suisse jusqu’au Japon, en passant par différents états européens, l’Amérique du nord, le Mexique, l’Inde, les pays de l’ex-URSS, la Thaïlande ou encore le Sénégal, l’Homme bleu a visité une vingtaine de pays depuis 1999 et suscité des milliers d’échanges documentés à travers des textes, des photographies, des dessins et des vidéos. Pour marquer les vingt ans de l’aventure, une exposition itinérante a été conçue sous forme d’un dispositif expérimental composé d’une tente en forme d’Homme bleu géant, dans laquelle le public est invité à partager ses expériences. Blueman on Tour est actuellement à l’affiche du Lieu Unique, à Nantes, et accessible en entrée libre jusqu’au 5 janvier 2020. Une visite commentée tout public est programmée le samedi 7 décembre à 15 h 30 et le mercredi 11 décembre à 16 h 30 (plein tarif : 4 euros ; gratuit pour les moins de 14 ans). Plus d’infos sur www.lelieuunique.com.
L’hymne au temps de Nino Laisné à Besançon. L’exposition L’air des infortunés, présentée jusqu’au 12 janvier 2020, est le fruit d’un travail mené par Nino Laisné lors d’une résidence au Frac Franche-Comté. Né en 1985, le plasticien français explore depuis une dizaine d’années un univers photographique et cinématographique dans lequel la musique, qu’il pratique, et le spectacle vivant viennent régulièrement s’immiscer. Deux œuvres, un mécanisme horloger et un film, sont nées de son séjour à Besançon ; elles viendront enrichir la collection du Frac, qui s’articule depuis 2006 autour des thèmes du temps et de la musique. « Proposant des œuvres empreintes d’une certaine étrangeté, l’artiste se détache d’une narration linéaire et cherche des points de correspondance entre musique traditionnelle et langage cinématographique, analyse Sylvie Zavatta, directrice de l’institution. L’histoire de la musique s’intègre dans ses œuvres, notamment dans les rapports ambigus qu’elle entretient avec la fiction. Cette intrusion progressive d’éléments musicaux est aussi le reflet d’un goût prononcé pour la pluridisciplinarité, le métissage entre les arts et les formes hybrides qui peuvent en résulter. » Pour chaque exposition, le Frac met à disposition du public un ensemble de livrets. Parmi eux, le Livret facile à lire et à comprendre (FALC), version allégée et illustrée d’un ouvrage contenant des entretiens avec les artistes, des focus thématiques ou encore des biographies, permet une lecture en famille, tandis que le Livret-jeux offre aux enfants de s’approprier les œuvres et les grands thèmes abordés à travers elles en s’amusant. Enfin, la FracBox est une petite valise qu’il est proposé d’emprunter à l’accueil pour découvrir l’exposition tout en s’adonnant à des activités ludiques, tels le dessin, le collage, le puzzle et autres jeux-découverte. A noter la gratuité de l’entrée, ainsi que l’organisation d’une visite commentée des expositions tous les dimanches à 15 h (inscription à l’accueil le jour-même). Plus d’informations sur www.frac-franche-comte.fr.
Kiki Smith toute en générosité à la Monnaie de Paris. Sculpture, dessin, tapisserie, gravure, installation sont autant de médiums tour à tour choisis par Kiki Smith pour explorer les thèmes récurrents dans son œuvre que sont le corps humain, les figures féminines – celles de la Bible, des contes ou comptant parmi ses proches – et la symbiose avec le monde animal et, plus largement, la nature. Une exposition d’envergure inédite en France – elle réunit une centaine d’œuvres réalisées des années 1980 à nos jours – est actuellement consacrée à l’artiste américaine à la Monnaie de Paris. « Le travail de Smith est une réconciliation des contraires, écrit Camille Morineau, directrice des expositions et des collections à la Monnaie de Paris, dans le catalogue de l’exposition qui se tient jusqu’au 9 février 2020. De même qu’inspiration et expiration se complètent dans la respiration, spirituel et corporel, masculin et féminin, homme et animal, enfance et monde adulte, artistique et décoratif, intérieur et extérieur du corps, vertical et horizontal, petit et grand s’y entendent. Le ciel et la terre, le corps et l’esprit, le liquide et le solide, matérialité et religiosité, poétique et tragique, banal et spirituel, art médiéval et art contemporain y sont invités à travailler ensemble. Au lieu d’opposer, son travail hybride. Au lieu de s’imposer, ses sculptures nous accueillent : ce sont des mises en cohérence. (…) J’ai été accueillie chez Kiki Smith comme son œuvre m’avait accueillie avant que je ne la rencontre, et comme je voudrais que l’exposition accueille le visiteur : avec un mélange unique de bienveillance et de générosité. La maison est l’atelier ; la personne est l’artiste ; le travail est le monde. » Dans son œuvre, l’artiste explore par ailleurs une grande diversité de matériaux : le bronze, le plâtre, le verre, la porcelaine, le fil ou encore le papier, qu’elle utilise en sculpture comme en dessin. Dans le cadre d’un atelier intitulé « Façon Kiki », ouvert aux enfants à partir de 6 ans, le public est convié à venir expérimenter en famille la force et la délicatesse du papier au côté de l’artiste Jean-Guillaume Gallais, dont l’intérêt pour les souvenirs d’enfance, les contes et l’imaginaire merveilleux font écho à l’univers de Kiki Smith. Prochains rendez-vous les dimanche 1er décembre, 26 janvier et 2 février (de 14 h 30 à 16 h 30) ; les enfants doivent être accompagnés d’un adulte, au minimum. Renseignements et réservation sur Billetterie.monnaiedeparis.fr ou sur place.
Chacun sa cabane à la Cité des sciences. Présentée jusqu’au 5 janvier 2020 à la Cité des sciences et de l’industrie dans un espace dédié au jeune public, l’exposition Cabanes invite les enfants de 2 à 10 ans à explorer, via des expériences multi sensorielles, une vingtaine de cahutes insolites créées à leur échelle par des artistes et des artisans, dont Betty Bone, Marion Barraud, Julien Barthélémy, Vincent Floreder, Pedro Marzorati ou encore Benoît Sicat. Ce dernier présente deux cabanes Origami – une grand format pour plusieurs enfants et une plus petite pour un seul utilisateur –, qui se plient et se déplient à l’envi et selon l’imagination de chacun. L’Argentin Pedro Marzorati a lui aussi fait deux propositions : la Cabane renversée, suspendue au-dessus de la tête des visiteurs, et Les Bonbonnes, constituée de matériaux jouant avec la transparence, en l’occurrence des bonbonnes d’eau et des rideaux en plastique, et manipulables par les enfants. La mystérieuse Cabane cartons de Julien Barthélemy est à découvrir lampe de poche dynamo en main, afin de révéler ici et là des personnages et des animaux dessinés ou sculptés par l’artiste. L’illustratrice Betty Bone signe quant à elle la Cabane invisible : délimitée par une simple ligne tracée sur le sol, elle « abrite » une image – celle d’un atelier d’artiste – dessinée par ses soins, projetée dans le vide et se révélant à même un support cartonné lorsqu’il est correctement orienté par le visiteur. L’un des plaisirs de la cabane résidant dans sa construction, les organisateurs ont aménagé un espace pourvu d’une multitude de matériaux issus du quotidien – tissus, bout de bois, frites de piscine, coussins, etc. –, dont les enfants sont invités à s’emparer pour laisser libre cours à leur imagination.
Ouvrir grand les yeux au CDA d’Enghien. Le samedi 7 décembre, le Centre des arts d’Enghien-les-Bains accueille la douzième édition du Festival Plein les mirettes. Conçu pour les enfants de 3 à 12 ans et placé cette année sous le thème de la lumière, il offre notamment de découvrir une dizaine d’ateliers et installations interactives. Parmi elles, citons Starfield, de Cyril Diagne, balançoire immergée dans une véritable galaxie d’étoiles mouvantes, Mixigloo, de Mixage Fou, vaste igloo gonflable, baigné d’une ambiance sonore et lumineuse nordique et habité par une étrange peluche y jouant les guides, ou encore Pictolum, de Joël Bonnet, où le public se fait tout à tour peintre et modèle de light painting. Le programme complet de la journée est à retrouver sur le site du CDA. Il serait dommage de ne pas profiter de l’occasion pour faire un détour par l’exposition consacrée à Julio Le Parc, précurseur de l’art cinétique et optique, membre fondateur du G.R.A.V. (Groupe de Recherche d’Art Visuel) au début des années 1960. Marquée par une insatiable curiosité, l’œuvre de l’artiste argentin né en 1928 est le fruit d’une expérimentation permanente de la lumière, de la couleur et de l’espace à laquelle le spectateur et son mouvement, qu’il soit physique ou intellectuel, sont toujours étroitement associés. « D’une manière générale, par mes expériences, j’ai cherché à provoquer un comportement différent du spectateur, explique Julio Le Parc, à combattre la passivité, la dépendance ou le conditionnement idéologique, en développant les capacités de réflexion, de comparaison, d’analyse, de création, d’action. » L’exposition Réels et Virtuels, 1958-2019 est à découvrir jusqu’au 27 décembre.
Tous au Mac Val ! Il existe au moins quatre bonnes raisons de se rendre au Mac Val. La première réside dans le fait que le musée de Vitry-sur-Seine est connu pour l’attention particulière qu’il porte au jeune public et le riche programme d’activités développé dans ce cadre, la deuxième parce qu’il n’est jamais trop tôt pour prendre conscience de la richesse de la différence et du drame de l’injustice qu’il convient de combattre – et l’exposition consacrée à Nil Yalter en constitue une belle opportunité –, la troisième et la quatrième sont les cartes blanches respectivement données à l’Argentin Hugo Aveta et à la Turque Gözde Ilkin, tous deux invités en résidence dans le cadre du troisième volet du projet Persona Grata, accrochage de la collection consacré au thème de l’hospitalité à découvrir jusqu’au 5 février 2020. Outre une vidéo et un diptyque photographique, Hugo Aveta présente une installation monumentale conçue in situ, La fascination de la faille, qui prend la forme d’un pont supporté par un entrelacement de poutres en bois brûlé semblant sur le point de s’écrouler. « Ce pont parle de la fragilité humaine ; il est impossible de le traverser, sous peine de provoquer son écroulement, explique l’artiste né en 1965 à Cordoba, en Argentine, et ayant vécu la dictature militaire (1976-1983) alors qu’il était adolescent. Il s’agit aussi d’une métaphore de l’indifférence, du silence du monde face aux problèmes qui mènent à la tragédie. » Gözde Ilkin a réalisé pour sa part une vaste installation textile (Comme les racines parlent, les fissures se creusent) qui s’inscrit dans un travail de longue date mené autour de la notion de jardin. « Au gré de mes voyages, je rapporte des échantillons de tissus et des spécimens de plantes, raconte l’artiste. J’y découvre des images et des histoires ayant trait aux relations sociales et aux modes de vie collective. Ici, j’ai été très influencé par le jardin du Mac Val, une ancienne pépinière dans laquelle j’ai collecté des plantes, et à partir duquel j’ai poursuivi ma réflexion sur la collectivité. » A l’intérieur du musée, elle suspend dans l’espace une quinzaine de panneaux dont chaque face déroule un fil narratif singulier, comme autant de portraits des personnes, notamment les jardiniers et autres membres de l’équipe de l’institution, auxquelles elle s’est intéressée lors de son séjour.
Un parcours forestier hors normes à Rouen. Refuge à oiseaux monumental, table pour géants, serpent-dragon et « instruments » divers destinés à entrer en communication avec la nature sont quelques-unes des propositions réunies pour « La Forêt Monumentale », une biennale d’art durable née à l’initiative de la Métropole Rouen Normandie et bâtie en étroite collaboration avec l’Office national des forêts. Suite à un appel à projet, qui s’est déroulé d’avril à juin 2018 et a reçu pas moins de 400 réponses de plasticiens, designers et architectes originaires de 28 pays, treize œuvres ont été installées en plein air, au cœur de la forêt Verte. Elles sont signées de créateurs venus de France, d’Argentine, de Grande-Bretagne, de Norvège et de Suisse. Le parcours, qui s’étend sur près de cinq kilomètres, est ouvert, en libre accès, jusqu’en septembre 2021. L’idée étant d’inviter les promeneurs à (re)découvrir le riche patrimoine forestier de la métropole, qui couvre un tiers de son territoire, à travers un prisme à la fois artistique et ludique. Décidée à s’engager dans la lutte contre le réchauffement climatique, la Métropole Rouen Normandie a lancé il y a quelques temps une COP 21 locale pour mobiliser l’ensemble des acteurs du territoire, qui a abouti à la signature, en novembre 2018, de l’Accord de Rouen pour le climat. « Cette exposition qui valorise la qualité de vie, le retour aux sources et la mise en lumière du patrimoine naturel du territoire, s’inscrit pleinement dans cette démarche », affirment ses organisateurs. Des visites guidées sont régulièrement organisées par l’office de Tourisme de la Métropole Rouen Normandie. Plus d’informations sur www.rouentourisme.com et au 02 32 08 32 40.
Le composte, facteur de biodiversité et de rencontre ! Récompensée en octobre dernier par l’International Award for Public Art 2019 (région Eurasie), prix qui récompense des projets d’art public mettant l’accent sur l’urbanisme artistique, l’aménagement du territoire, la construction communautaire et la pratique sociale, La Tour de la Biodiversité est une œuvre née dans le cadre du programme des Nouveaux commanditaires de la Fondation de France, qui permet à tout un chacun – citoyen français ou d’un pays européen – de prendre l’initiative d’une commande à un artiste contemporain dans le but d’enrichir le patrimoine public. En l’occurrence, ce sont les maîtres compostiers de Willebroek, commune située au sud d’Anvers en Belgique, qui ont sollicité l’intervention du plasticien et biologiste Angelo Vermeulen. Conçue en collaboration avec l’architecte Kris Mys, La Tour de la Biodiversité prend comme point de départ le concept d’un hôtel pour insectes et ses matériaux caractéristiques, tels que le bambou et le bois. La structure, haute de plusieurs mètres et dans laquelle ont été insérés différentes espèces de plantes et un système d’irrigation au goutte-à-goutte alimenté par l’énergie éolienne, agit comme une « machine à biodiversité » autonome. Depuis la partie inférieure, le compost actif diffuse de la chaleur dans toute la tour et génère ainsi une diversité de micro-environnements animal et végétal en constante évolution. Depuis son inauguration en 2015, l’œuvre est devenue le nouveau point de repère et de rencontre du quartier multiculturel qui l’abrite.
Double anniversaire au ZKM. L’artiste, curateur et théoricien autrichien Peter Weibel célèbre cette année son 75e anniversaire, ainsi que 20 années passées à la tête du ZKM, centre d’art et de technologie des médias créé en 1989 à Karlsruhe. L’occasion pour l’institution allemande de programmer une vaste exposition, à la fois rétrospective de son travail et s’articulant autour des grands thèmes explorés sous sa houlette au ZKM depuis 1999, tels les mécanismes de la perception et de la pensée, les dispositifs techniques en tant que monde à part entière, la crise de la représentation et du système d’exploitation de l’art ou encore les relations entre art, politique et économie. Programmée jusqu’au 8 mars 2020, elle réunit les pièces clés de son parcours, dont nombre d’installations vidéo et dispositifs numériques participatifs et interactifs, pour certain(e)s datant des années 1960 et témoignant du caractère visionnaire de Peter Weibel dans le domaine des arts médiatiques. Intitulée Respektiv Peter Weibel (Respectivement Peter Weibel), cette exposition d’envergure inédite permet d’appréhender l’évolution de la créativité de l’artiste, s’appuyant tour à tour sur un positionnement critique vis-à-vis de la perception, du langage, des médias et, plus largement, du réel. Tout au long de l’année, le ZKM propose un large programme d’activités, visitées guidées et autres temps de rencontre en lien avec les expositions temporaires et les arts numériques à destination des enfants, des ados et des familles. Plus d’informations d’un clic.
Une expérience multiple signée Anri Sala au Mudam. Depuis plus de 20 ans, Anri Sala explore la porosité des liens entre image et son, ainsi que leur relation à l’espace, à l’histoire et au temps. L’exposition Le Temps coudé, dont le titre fait référence à la notion de distorsion, visuelle, sonore, spatiale et/ou temporelle, centrale dans son travail, rassemble jusqu’au 5 janvier 2020 au Mudam Luxembourg plusieurs installations d’envergure, des films et des dessins, tous créés au cours des cinq dernières années. Parmi les pièces présentées, Take Over (2017) est une installation vidéo confrontant deux hymnes célèbres que sont L’Internationale (1871/1888) et La Marseillaise (1792), dont l’histoire culturelle et politique s’entremêlent ; The Present Moment (2014) offre une expérience immersive basée sur des notes et de motifs musicaux empruntés à La Nuit transfigurée (1899) d’Arnold Schönberg. « Pour entrer en communication avec les visiteurs, je passe d’abord par le son, et ensuite la musique, précise l’artiste d’origine albanaise. Ce sont d’autres moyens de communication, de partage, que le langage. Là où ce dernier peut être explicite, la musique est plus implicite. Elle donne une place plus large à l’autre, à sa subjectivité. Les notions de passé, de présent et de futur sont par ailleurs beaucoup plus fortes dans le langage, tout comme dans le cinéma, alors que dans la musique, l’on est beaucoup plus dans le moment présent. Le moment du déroulement de l’expo, d’une pièce à l’autre, ne fait plus alors qu’un avec le parcours du visiteur dans l’espace. » L’attention portée à l’expérience par Anri Sala se retrouve dans la manière spécifique dont il conçoit ses expositions, toutes prenant en compte la présence physique du public. « C’est très important pour moi de laisser une place au visiteur, que l’œuvre ou l’exposition soit accomplie aussi par sa présence. Je mise beaucoup sur l’expérience de chaque pièce, que ce soit à travers le son ou son lien avec l’architecture, par exemple. Au-delà de cela, j’espère qu’une part de subjectivité du visiteur va déclencher sa propre expérience de l’exposition. » Aux plus jeunes, le Mudam offre d’expérimenter encore autrement le travail d’Anri Sala dans le cadre du dispositif Mudam Go !, un ensemble d’activités et de jeux d’observation à mener sur place et en famille, gratuitement, tous les week-end et durant les vacances scolaires.
Chapeau bas à la Tate. Impossible de se lasser de l’inventivité et de la qualité du site spécialement conçu pour les enfants par les équipes de la Tate. Outre des jeux et ateliers en ligne permettant de se familiariser avec diverses techniques et périodes artistiques, le site offre de nombreux éclairages thématiques et conceptuels, ainsi que des focus sur de grands noms de l’histoire de l’art comme sur des artistes contemporains aux démarches parmi les plus pointues. Parmi eux, l’Américain Theaster Gates, « un artiste qui construit des maisons et des balançoires et pour lequel la notion de communauté est essentielle ». Le site Tate Kids est en anglais, mais vraiment très facile d’accès. Sans hésitation, cliquez donc !
Image d’ouverture : Pièce signée Fredrik Raddum et présentée dans le cadre de « La Forêt Monumentale », à Rouen © Fredrik Raddum, Photo Alan Aubry – (Casse toi alors) Pauvre Canard © Sven ’t Jolle – © Olivia Paroldi – L’Homme bleu © André Kuenzy – L’air des infortunés © Nino Laisné – Vue de l’exposition de Kiki Smith à la Monnaie de Paris © Kiki Smith, photo S. Deman – Comme les racines parlent, les fissures se creusent © Gözde Ilkin, photo S. Deman – Les bonbonnes © Pedro Marzorati, photo M. Challe / EPPDCSI – Starfield © Cyril Diagne, Lab212 – © Roland Cros – La Tour de la Biodiversité © Angelo Vermeulen – Video Lumina © Peter Weibel, photo Felix Grünschloss / ZKM – Le Temps coudé © Anri Sala, photo Rémi Villaggi  / Mudam Luxembourg – © Tate
Lieu d’art
30, rue Gabriel Péri
76600 Le Havre France

Maison de la culture
2, rue de la biscuiterie
BP 21304 (entrée : quai Ferdinand Favre) 44013 Nantes cedex 1 France

Centre d’art
Les aires St-Michel
13400 Aubagne France

FRAC
Cité des arts
2, passage des arts 25000 Besançon France

Centre d’art
12-16, rue de la libération
95880 Enghien-les-Bains France

Musée
Place de la Libération
94400 Vitry France

Lieu d’art
11, quai de Conti
75006 Paris France

Lieu d’art
30, av. Corentin-Cariou
75019 Paris France

Centre d’art
Lorenzstraße 19
76135 Karlsruhe Allemagne

Musée
Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean
3, Park Dräi Eechelen L-1499 Luxembourg Luxembourg

16 décembre 2022
14 décembre 2022
9 décembre 2022
1 décembre 2022
28 novembre 2022
23 novembre 2022
21 novembre 2022
17 novembre 2022
08 décembre 202223 janvier 2023
Entre ce que l’on voit et son évocation, entre le mirage et la réalité, entre la lumière et l’ombre, les tableaux de la série The Crossing sont une recherche plastique puissante et une recherche poétique de ce qui lie Bao Vuong à son pays perdu. Les monochromes noirs de l’artiste sont au départ la projection du traumatisme de l’exil de sa famille, des nuits en haute mer vécues par d’innombrables boat people, la même vision que connaissent des milliers de migrants à travers les siècles et chaque jour encore. S’inspirant des terreurs et des tristesses qu’accompagnent l’exil, Bao Vuong utilise de grandes masses de peinture noire qu’il sculpte, dessine minutieusement chaque vague comme une litanie, un mantra. En nous déplaçant face aux toiles du peintre, nous vivons une expérience visuelle et introspective. Les reflets sur ces reliefs noirs nous rappellent à notre lumière intérieure, celle même qui nous guide dans les moments les plus sombres de nos vies et nous pousse à avancer. Pour cette nouvelle exposition « Horizons », il a rajouté la matière d’encens. Dans ses tableaux sous forme de cendre, l’encens figurent les nuages qui parfois cachent la lumière des astres. Dans le rituel des ancêtres – tradition encore bien présente dans tous les foyers vietnamiens – la fumée des encens est le véhicule entre les vivants et les défunts, un lien entre les hommes et l’au-delà. Sur les tableaux, la cendre d’encens est le reste palpable de cet acte sacré, la trace de nombreuses prières, la trace du souhait d’un lendemain meilleur ; mais elle est aussi la trace de ceux qui sont partis pour toujours et ne reviendront plus. Visuel > Bao Vuong, The crossing 115, 2022.
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09 novembre 202225 février 2023
 Arno Rafael Minkkinen (né le 4 juin 1945 à Helsinki en Finlande) est un photographe finlando-américain. Son œuvre, reconnue partout dans le monde, est entièrement consacrée à l’autoportrait, sur fond d’engagement militant en faveur d’une meilleure place de l’homme dans la nature. Celle qu’il s’assigne à lui-même se veut souvent discrète, fondue, évocatrice de cet Eden perdu dans lequel l’humanité commença son aventure ontologique. Habitant le monde, son monde, en poète, l’artiste considère son intervention dans le paysage comme un prolongement naturel de son corps, faisant ainsi citation de la partie par rapport au tout. Cette tautologie amène à découvrir comment ce corps humain, le sien, s’intègre parfaitement dans la nature dont il est partie prenante, mais aussi tributaire. Il n’hésite pas, en effet, à se mettre même en danger, à repousser les limites du possible et du tolérable par une forte contrainte corporelle liée à des pratiques de respiration, de contorsion, de résistance au froid et à la chaleur, cette posture ascétique, proche de celle du fakir, allant même parfois jusqu’à la disparition. C’est toujours seul que l’artiste se photographie au moyen d’un déclencheur, sans retouche ultérieure, ni intervention extérieure. Visuel > Arno Rafael Minkkinen, Stranda, 2007, Norway, photographie, 147 x 194 cm.
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26 novembre 202215 janvier 2023
Anthony D Green présente huit nouvelles œuvres, entre peintures et bas-reliefs, qui témoignent de sa fascination pour la représentation, en même temps qu’elle la dépasse. La photographie commerciale a longtemps été considérée comme l’instrument de séduction et de coercition du capitalisme, manipulant nos désirs manifestes et subliminaux et les réifiant en images de masse. En réalité, cette critique a été si répandue qu’elle a fini par être absorbée dans la culture de consommation ; la subversion, l’ironie et la perturbation sont toutes devenues partie intégrante de la boîte à outils du commerçant avisé. Ainsi, la représentation des entreprises et nos moyens de résister à son attrait ont fusionné – et le détournement est devenu un autre visage de la production esthétique chimérique. Aujourd’hui, alors que l’industrie est passée d’un modèle issu de cadres créatifs et de vastes campagnes à une publicité ciblée par algorithme et à des consommateurs atomisés, il semble que le besoin d’images contraignantes ait diminué, et que le besoin de contraindre de manière imaginative soit tout à fait superflu. Pourquoi manipuler quand il suffit d’un coup de pouce bien placé pour vous faire rentrer dans un cycle de consommation déjà tracé ? Détourés avec la clarté aliénante d’une infographie, les assemblages d’Anthony D Green présentent un tableau familier : des images sans prétention guidées par les principes médiatiques de neutralité du marché, des marques si génériques qu’elles en deviennent presque élémentaires, et les ouvertures élégamment encastrées, les losanges grossiers et les courbes souples du design des produits de base ; une norme esthétique qui a commencé avec les smartphones et les ordinateurs portables et qui a maintenant été appliquée à tout, des humidificateurs d’air aux cuiseurs de riz. Comme dans le monde des logos d’entreprise, la géométrie est réchauffée et arrondie en forme de pilule – un motif saillant, hermétique et profilé pour la consommation. Visuel > Anthony D Green, Coffee Machine, 2022. MDF, peinture en aérosol, peinture acrylique, papier imprimé. Courtesy the artist and Art : Concept, Paris. Photo : Romain Darnaud.
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02 décembre 202226 février 2023
Déployée sur trois lieux (Mucem, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et la chapelle de la Vieille Charité), l’exposition « Ghada Amer » est la première rétrospective de l’artiste franco-américano-égyptienne en France. Elle réunit ses différents modes d’expression plastique depuis ses débuts jusqu’à ses créations les plus récentes. La broderie, la peinture, la céramique, le bronze et la création de jardins sont au cœur de son art. Entre Orient et Occident, l’artiste interroge d’une culture à l’autre les représentations, les rapports de domination, les processus d’assimilation, d’opposition ou de traduction. Elle est aujourd’hui une voix majeure des enjeux post-coloniaux et féministes de la création contemporaine. Deployé sur les 280m2 du premier plateau, le parcours présenté au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur met en lumière l’engagement résolument féministe de Ghada Amer. Pour elle, la question de la femme transcende celle de l’appartenance culturelle ou religieuse. Elle s’est emparée du médium traditionnellement féminin, la broderie. Entre hommage et revendication, ses toiles entrent en dialogue avec les « maîtres » d’une histoire de l’art trop longtemps dominée par les hommes. Elles se développent sous le signe d’une puissance créatrice jubilatoire et d’un intérêt nouveau pour le portrait. Visuel > Ghada Amer, Portrait Of The Revolutionary Woman [portrait de la femme révolutionnaire], 2017 Grès cérame avec incrustations de porcelaine et barbotine de porcelaine Collection privée, Munich (Allemagne) © Ghada Amer, photo : Christopher Burke Studios.
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01 décembre 202204 février 2023
Par son travail d’estampes brodées «Les Âmes animales», Lara Blanchard souhaite célébrer le «Vivant» et tout ce qui le compose. Elle explore les liens immuables entre l’Homme et l’Animal à travers la création de thérianthropes, créatures humaine/ animale auxquelles elle ajoute des éléments naturalistes. En complément, avec Ad Lucem, création de masques, parures et animaux oniriques mêlant céramique, feutrage, assemblage, elle laisse place à ce qu’elle nomme «le magique universel». Inspirée du monde naturel, organique et animal, elle s’inscrit en « passeur », laissant ce qui se sait pour ce qui se ressent. Un état primaire en ce sens qu’il était au commencement, peut-être un ressenti plus animal ? Un lien immuable à la nature et au vivant. Selon l’artiste, « Nous sommes les ancêtres d’un monde à venir… ». Visuel > Affiche de l’exposition.
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10 décembre 202212 février 2023
Peintre, graveur et poète, Gérard Titus-Carmel mêle depuis cinquante ans la peinture, le dessin, la poésie et la pensée. Pour lui, en effet, “peindre, c’est joindre le geste à la parole” . L’exposition “Forestières & autres arpents” propose un cheminement au sein des vingt dernières années d’une création foisonnante, depuis la série des “Forêts” jusqu’aux “Plans de coupe” , en passant par les massifs de livres ornés. Gérard Titus-Carmel offre au regard les variations du végétal comme une rencontre “brutale et lumineuse” , celle d’une force vivante, qui interroge la conscience de notre présence au monde. Gérard Titus-Carmel se dit peindre non pas ce qu’il voit mais ce qu’il rêve. Une exposition où se mêlent peinture et poésie… Visuel > ©Gérard Titus-Carmel.
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CPPAP 0324 W 91303
ISSN 2777 – 4961
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