Virage à 180 degrés pour Elon Musk et son entreprise de véhicules électriques, Tesla. Mercredi soir, le fantasque milliardaire a décidé que sa société n’accepterait plus le bitcoin comme moyen de paiement, par souci de préservation de l’environnement. Quelques semaines plus tôt, il annonçait précisément l’inverse : « Vous pouvez maintenant acheter une Tesla en bitcoin », tweetait-il fin mars. Retour sur les raisons de cette volte-face.
Le constructeur avait indiqué début février qu’il prévoyait d’accepter la devise virtuelle comme moyen de paiement pour ses voitures, sans toutefois dévoiler une date précise. Tesla avait aussi annoncé à l’époque avoir investi 1,5 milliard de dollars de son ample trésorerie en bitcoins. Cette décision inattendue avait provoqué une flambée du cours de la cryptomonnaie.
Le 24 mars, Elon Musk a dévoilé sur Twitter la nouvelle option de paiement. Il était depuis possible, sur le site américain, de commander une voiture Tesla, ou l’un de ses accessoires, et de régler en bitcoins.
You can now buy a Tesla with Bitcoin
Etant donné sa volatilité extrême, la plupart des entreprises qui acceptent d’être payées avec la devise virtuelle convertissent immédiatement le montant reçu en dollars. Pas Elon Musk, qui a affirmé que Tesla ne revendrait pas tout de suite les bitcoins acquis de cette manière : « Le bitcoin payé à Tesla sera conservé en tant que bitcoin, non converti en monnaie fiduciaire. » A la fin du premier trimestre, le portefeuille du constructeur dans la cryptomonnaie valait 2,48 milliards de dollars, d’après un document boursier publié fin avril.
Tesla, qui vante l’impact positif sur l’environnement de ses véhicules 100 % électriques, accepte le bitcoin ? La nouvelle avait de quoi étonner, tant cette monnaie virtuelle dépend d’un système très énergivore. Dès le mois de février, quand le constructeur a annoncé avoir investi plus d’un milliard de dollars dans la cryptomonnaie, de nombreuses critiques avaient afflué sur les réseaux sociaux ou dans les médias.
Sur Twitter, le fondateur du fabricant de robots personnels Roambotics, Scott Menor, avait noté qu’une seule transaction de bitcoins « gaspille près de 741 kWh d’énergie », tandis qu’une « voiture électrique Tesla Model 3 Long Range utilise 16 kWh pour parcourir 100 km avant de devoir être rechargée ». « Achetez-en une avec du bitcoin et vous avez immédiatement perdu près de 5000 km de conduite, rien que sur la transaction », faisait-il remarquer.
A single Bitcoin transaction wastes about 741kWh of energy.

A @Tesla Model 3 Long Range gets about 100km from 16kWh

Buy one with Bitcoin and you’ve immediately wasted almost 5,000 km (more than 3,000 miles) worth of driving just on the transaction alone.

Genius @elonmusk.
Mi-mars, les analystes de la Bank of America avaient également fait part de leur incompréhension. « Bien que le bitcoin puisse avoir une valeur sociale indéterminée, il est difficile de soutenir qu’il offre une plus grande valeur à la société que la vie de millions de personnes », avaient-ils sèchement déclaré dans une note d’investisseurs, selon Fortune.
Malgré les avertissements des experts, le patron de Twitter, Jack Dorsey, avait de son côté souligné que l’empreinte carbone liée au bitcoin pouvait changer si les personnes qui les créent travaillaient main dans la main avec les entreprises d’énergie renouvelable. Ce à quoi Elon Musk avait sobrement répondu : « Vrai ».
True
Dans la soirée du 13 mai, le milliardaire fait finalement volte-face. Il publie sur Twitter un communiqué expliquant son revirement : « Tesla a suspendu les achats de voitures avec des bitcoins. Nous sommes inquiets du recours de plus en plus important aux combustibles riches en carbone pour miner des bitcoins, surtout le charbon, qui a les pires émissions (de gaz à effet de serre) de tous les combustibles. La cryptomonnaie est une bonne idée à plein de niveaux et nous pensons qu’elle a un avenir prometteur, mais cela ne doit pas compromettre l’environnement. »
Tesla & Bitcoin pic.twitter.com/YSswJmVZhP
Comme le rappelle Reuters, certains investisseurs de Tesla, ainsi que des écologistes, se sont montrés de plus en plus critiques à l’égard de la façon dont le bitcoin est « miné » en utilisant de grandes quantités d’électricité générées par des combustibles fossiles. « L’impact environnemental de l’extraction de bitcoins était l’un des plus grands risques pour l’ensemble du marché de la cryptographie », rappelle Edward Moya, analyste principal du marché de la société de négociation de devises Oanda, cité par le Guardian.
Le bitcoin repose sur la technologie de la blockchain, sorte de base de données décentralisée et partagée entre plusieurs utilisateurs qui forment un réseau. Les personnes qui constituent ces réseaux, appelées « les mineurs », doivent fournir « une preuve de travail » en résolvant des calculs complexes, afin d’obtenir en contrepartie des bitcoins. C’est là où le bât blesse : ces sites pleins d’ordinateurs qui effectuent les calculs consomment d’énormes quantités d’électricité, tirée en partie de centrales au charbon.
La revue scientifique Nature a publié en avril une étude montrant que les mines de bitcoins chinoises, qui alimentent près de 80 % du commerce mondial de cryptomonnaies, risquent de compromettre les objectifs climatiques du pays. Selon cette étude, si rien n’est fait, les mines informatiques chinoises produiront 130,50 millions de tonnes métriques d’émissions de dioxyde de carbone d’ici 2024, soit près du total des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l’Italie ou de l’Arabie saoudite.
« Ce n’est plus à la portée des internautes isolés. Cela s’adresse désormais à des entrepreneurs installés dans des endroits où l’électricité est peu chère et où l’attitude des autorités est favorable », alertait dans Le Parisien Michel Berne, enseignant-chercheur à Télécom Ecole de management de l’Institut Mines Télécom, dès 2017. « Tant que ces monnaies reposeront sur la technologie blockchain, le problème ne sera pas réglé. »
La décision surprise d’Elon Musk constitue un revers pour la cryptomonnaie. Depuis le début de l’année, l’adoption du bitcoin par Tesla, Mastercard et d’autres grandes entreprises, a porté la devise à des niveaux sans précédent en 2021. Le bitcoin s’échangeait autour de 52 500 dollars mercredi soir, mais il a récemment dépassé les 60 000 dollars. L’annonce du milliardaire a néanmoins fait chuter le cours du bitcoin : vers midi, ce jeudi, la devise s’échangeait à 49 373,13 dollars, accusant une baisse de 9,40 %. Il est tombé brièvement au cours de la nuit à 46 045,10 dollars, un plancher depuis le 1er mars.
Elon Musk a de son côté précisé que Tesla ne vendrait pas ses bitcoins. « Nous l’utiliserons pour des transactions dès que les mines seront alimentées par des énergies plus durables », a-t-il expliqué, ajoutant que l’entreprise s’intéressait « aussi à d’autres cryptomonnaies qui ne représentent que moins d’1 % des émissions carbone du bitcoin en termes de transactions ».
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