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La Banque centrale de Russie prépare le terrain. Elle a publié hier un rapport proposant d’interdire dans le pays les investissements et les paiements en cryptomonnaies mais aussi d’interdire le « minage » qui est la méthode de fabrication de ces monnaies. Le minage consiste à faire tourner des centaines d’ordinateurs surpuissants pour réaliser des calculs ultra complexes. Une méthode qui sécurise toute la chaîne des transactions en bitcoins et qui est rémunérée par la création très rare de nouveaux bitcoins. Selon l’agence Bloomberg, derrière la Banque centrale de Russie ce sont en fait les services secrets qui poussent cette interdiction. Il faut dire que les cryptomonnaies sont un outil bien pratique pour l’opposition politique et toutes les organisations jugées « indésirables ». Ce statut d’indésirable concerne de plus en plus de monde dans la société civile russe. Pour la Chine, c’était le 24 septembre que la Banque centrale avait déclaré que toutes les transactions financières impliquant des cryptomonnaies étaient désormais illégales. Elle dénonçait en vrac « un ordre économique perturbé, du blanchiment d’argent, des collectes de fonds illégales, de la fraude, des systèmes pyramidaux et d’autres activités criminelles ». L’annonce avait fait plonger les cours de ces monnaies. En quelques heures 150 milliards de dollars de capitalisation s’étaient envolés.
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Les cryptomonnaies représentent bien un certain risque. On ne le rappellera jamais assez, le terme-même pose problème : elles sont bien « crypto » mais elles ne sont pas du tout « monnaie ». Ce ne sont rien que des placements financiers ultra spéculatifs. Elles ne sont adossées ni à la valeur d’une entreprise, ni à la santé de l’économie, ni à la politique d’une banque centrale. La seule chose qui continue de les faire exister c’est la croyance que cela va continuer à monter et qu’il est donc encore temps d’acheter. C’est ce qui s’appelle croire que les arbres montent jusqu’au ciel. Pour autant, personne n’est naïf. Le fait que les deux pays soient deux régimes forts, n’est pas un hasard. Ils sont obsédés par le contrôle maximum de leur population et ils ont les moyens de le faire. Les cryptomonnaies sont un poil à gratter pour elles car c’est un espace de liberté. À la fois quand il s’agit de financer l’opposition, mais aussi d’un point de vue presque idéologique.
On ne sait pas grand-chose du créateur du bitcoin (Satoshi Nakamoto est un pseudonyme) sinon qu’il avait voulu rebattre les cartes du système après la crise financière de 2008. Beaucoup croient encore à cette utopie d’une monnaie libérée des turpitudes de la finance traditionnelle. Après avoir profité il faut le dire, du Far West des cryptos et hébergé des « mines » de cryptomonnaies, la Chine et la Russie se souviennent que cela renvoie aux Etats-Unis et à leur insolent libéralisme. Chez nous en France, cela fait des années que le bitcoin est regardé d’un mauvais œil que ce soit par Bercy, la Banque de France ou l’Autorité des marchés financiers.
 
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Les sujets sont lourds : financement du terrorisme, protection des épargnants, impact écologique. Mais on n’a aucune idée de la façon de réguler cette espèce de programme informatique géant qu’est le bitcoin, totalement autonome et incontrôlable, comme une machine folle. On en est réduits à faire de la pédagogie auprès des jeunes. Beaucoup espèrent gagner un peu d’argent de poche avec les cryptos ou faire fortune. Pas plus tard que lundi, l’économiste Nathalie Janson, invitée de Radio Classique, nous décrivait ses étudiants d’école de commerce apparemment captivés davantage par le cours du dogecoin que par les théories d’Adam Smith, David Ricardo ou John Maynard Keynes.
François Geffrier
Ecoutez les explications de François Geffrier à 5’30 : 

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