Publié le 03/11/2021 à 06h01
Benjamin Gardel
Dans le Cher, si les legs de château comme celui de Culan sont rares, les bienfaiteurs des collectivités sont monnaie assez courante. Ce n’est pas le maire de Châteauneuf-sur-Cher qui dira le contraire et s’en plaindra. Au contraire du conseil départemental du Cher, qui réfléchit à un partenariat avec un acteur privé avant d’accepter ce legs derrière lequel se cache un gros enjeu financier et d’attractivité du territoire, le maire William Pelletier n’a pas hésité une seconde.
Ces dix dernières années, la commune a été désignée légataire à trois reprises. « Cela démontre quelque part le fort attachement des gens à Châteauneuf », estime le maire, élu depuis 1995. Sa commune a hérité d’une maison à Colombiers et d’une seconde, à Venesmes. Des biens dont la revente a permis d’injecter 85.000 euros dans la trésorerie municipale.
Il avait décidé d’aider notre village, sans contrepartie. On ne le remerciera jamais assez, car nous avons pu financer de nombreuses opérations
Mais le legs qui a le plus marqué l’histoire d’une commune qui, au milieu des années 90, en proie à de grandes difficultés financières, a frôlé la mise sous tutelle, reste celui de Pierre-Louis Gilbert. En 2013, après avoir fait une donation de son vivant, en 1996, de 150.000 francs, Pierre-Louis Gilbert, dont la mère a vécu à Châteauneuf-sur-Cher, a légué 320.000 euros à la collectivité. Contesté par des cousins du défunt, le testament a fait l’objet, durant trois ans, d’une bataille juridique. Jusqu’à ce que le tribunal de grande instance de Bourges ordonne le versement du legs à Châteauneuf-sur-Cher.
Legs du château de Culan : le conseil départemental du Cher en discussions avancées avec un investisseur privé
« Veuf et sans enfant, il avait décidé d’aider notre village, sans contrepartie. On ne le remerciera jamais assez, car nous avons pu financer de nombreuses opérations, reprend l’élu. On a réalisé un skatepark, un forage pour l’arrosage du stade, aménagé un jardin du souvenir, remis aux normes électriques la basilique, installé la climatisation dans une salle de réunion et financé une partie du gymnase. »
Alors que « la totalité du legs n’a pas été utilisée », l’infrastructure sportive pourrait, à l’avenir, porter le nom de Pierre-Louis Gilbert. « Cela me paraîtrait être un juste retour des choses pour saluer ce geste magnifique et désintéressé. Nous devrions aborder le sujet en conseil municipal », glisse l’élu.
En 2019, Saint-Éloy-de-Gy, au nord de Bourges a, aussi, hérité d’un « joli petit pactole » comme le qualifie son maire Gilles Benoît, après que la commune a été désignée légataire universel par une ancienne habitante de la commune, installée à Carcassonne, dans l’Aude.
« Il y avait dans ce legs de l’argent, une maison à Carcassonne et une autre située à Vasselay, deux biens que la municipalité a revendus. Au final, le legs représentait 1,2 million d’euros. Pour une commune comme la nôtre, c’est énorme. Cela représente l’équivalent d’une année de budget de fonctionnement. »
Plutôt que d’« avoir la folie des grandeurs et de se lancer dans un projet dispendieux », les élus ont, là encore, décidé « d’améliorer le quotidien au fur et à mesure des besoins ». Une partie du legs a permis de boucler le financement de la requalification de la route de la mairie. Une autre devrait servir, en 2023, pour la réalisation d’un espace dédié à la garderie jusque-là couplé avec la cantine.
« Logiquement », la municipalité qui, en contrepartie du legs, s’est engagée à entretenir les sépultures de la donatrice et de sa famille situées à Saint-Éloy-de-Gy, devrait donner son nom à ce futur espace. « C’est la moindre des choses au vu du cadeau tombé du ciel qu’elle a fait. »
« On a décidé de réaménager un square pour enfants et de donner le nom de Mireille à ce lieu de vie »
Anne Peronnet Maire de Santranges
À l’autre bout du Cher, à Santranges, près de Belleville-sur-Loire, une plaque a déjà été apposée en hommage à une autre bienfaitrice. Sur son testament, Mireille Lafeuille, décédée en 2019, n’avait pas oublié le petit village de 400 âmes où, enfant, elle passait ses vacances.
Santranges a reçu en héritage d’environ 100.000 euros. Et, comme souvent, une seule volonté a été exprimée par la défunte qui vivait en région parisienne : « Il nous revient d’entretenir sa tombe et celle de sa mère. À côté de son geste, c’est peu, explique Anne Peronnet, la maire. Elle n’avait rien stipulé concernant l’usage à faire de cet argent. On a décidé de réaménager un square pour enfants et de donner son nom à ce lieu de vie. Avec ce souffle financier, on a aussi pu refaire de la voirie qui, pour une commune rurale, est un très gros morceau. »
Benjamin Gardel
benjamin.gardel@centrefrance.com
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