Il faut moins de 2 minutes pour transformer du papier blanc ne valant (quasiment) rien en un sésame coloré qui, dans trois mois, vous rendra peut-être millionnaire! Bienvenue en Amérique, à 50 km de Détroit, dans l’imprimerie Pollard aussi vaste que la pelouse du Stade de France. C’est ici qu’ont été fabriqués, la semaine dernière, les 12 millions de tickets à gratter « Mission patrimoine » de la Française des jeux (FDJ).
Ceux-là seront dévoilés ce jeudi après-midi à l’Élysée en présence d’Emmanuel Macron qui réunit « des personnalités engagées pour le patrimoine ». Pour la première fois dans notre pays, ces jeux ainsi qu’un Loto dédié vont financer la restauration de monuments en péril sous l’impulsion de Stéphane Bern missionné par le président de la République.
On retrouve l’animateur télé et radio dans le Michigan, au bout de la presse dernier cri à 20 millions de dollars et longue de 109 m : la trombine de l’expert en têtes couronnées apparaît, en effet, en petit, au dos de chacun des tickets. « C’est la première fois que je vois une personnalité sur un ticket », sourit Murielle Fontaine, vice-présidente de la société canadienne Pollard.
C’est cette même entreprise qui fournit aussi nos traditionnels Astro, Banco, Goal et autres Jackpot. Autre première : l’ouverture de son Fort Knox à un journal français. « Ici, on produit du rêve, on imprime des petits et grands bonheurs », vante son collègue Rob Young, en charge des opérations.
En deux jours non-stop, 75 bobines de 2,5 tonnes chacune et contenant chacune 160 000 « Mission patrimoine » ont été libérées par ces rotatives. Si on les déroule toutes, on obtient un interminable tapis cartonné d’une longueur de 670 km, soit la distance entre Paris et Avignon !
Cyril Fontaine, responsable de production à la FDJ, peut décompresser à l’issue de sa nuit blanche. Tout roule. C’est lui qui a signé le BAT, le bon à tirer. « On avait cette pression de la réussite vis-à-vis de l’Élysée », confie-t-il. Mettre au monde un ticket infalsifiable est aussi complexe que façonner un billet de banque.
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Chaque mini-rectangle a droit à 18 couches d’encre (cyan, magenta…) et de vernis. Celles-ci servent à le colorer ou le rendre inviolable en y intégrant des « données variables » (des chiffres par exemple) dissimulées sous une couleur, à l’image du « nul si découvert ». La zone de grattage qui aimante nos ongles et nos pièces de monnaie est produite, elle, à partir d’une combinaison d’encres dites « grattables ».
La vitesse d’impression est impressionnante, jusqu’à 18 km/h. Le papier circule à toute blinde, monte au sommet de la presse, à six mètres de haut, puis redescend à un rythme de montagnes russes avant de souffler sous le séchoir.
Dans le labo métamorphosé en salle de torture pour tickets à gratter, des échantillons subissent une cinquantaine de tests. Ils défient la lampe ultra-violet, le fer à repasser ou la flaque d’eau pour s’assurer qu’ils soient aptes à rejoindre les présentoirs des buralistes.
Dans une pièce à l’abri du vacarme et des odeurs d’encre, de puissants ordinateurs abreuvés de données par une équipe de programmateurs assurent la répartition des gains en respectant un tableau de lots. « Aucun employé ne peut savoir où se trouvent physiquement les tickets gagnants », martèle Rob Young.
Le personnel, dont le casier judiciaire est forcément vierge, est sous haute surveillance. Pour éviter la prise de photos et donc l’espionnage industriel, les téléphones portables sont bannis. Les 163 employés maison doivent les déposer dans les casiers avant de pénétrer à l’intérieur de l’imprimerie équipée de 48 caméras.
« Les armes à feu sont également interdites », rappelle Murielle Fontaine. Tout vol serait condamné à l’échec puisque ici les tickets ne valent pas un cent ! Pour rapporter potentiellement de l’argent, ils doivent être « activés » dans l’Hexagone par les détaillants FDJ qui scannent un code.
Avant d’en arriver là, les rouleaux de « Mission Patrimoine » sont tranchés aux USA en livrets de quinze puis placés dans quatre conteneurs scellés. En route vers Montréal, au Canada, à bord d’un puissant « truck » puis embarquement sur un cargo remontant le fleuve Saint-Laurent et traversant l’Atlantique jusqu’au port d’Anvers en Belgique.
Un camion banalisé prendra le relais pour acheminer les mini-diamants de la FDJ dans un entrepôt de 10 000 m2 dans le Val-d’Oise. Arrivée prévue mi-juillet pour une mise en vente, en septembre, au prix de 15 euros.
Dans les coulisses du ticket à gratter «Mission patrimoine» aux États-Unis
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