En tout et pour tout, les Jeux de Mikaela Shiffrin sur la neige ont jusqu’ici duré une trentaine de secondes. Le temps de sortir dès le haut du tracé dans la première manche du géant, lundi, puis d’enfourcher après cinq petites portes en slalom, ce mercredi. Métronome du ski alpin, du haut de ses 73 victoires en Coupe du monde, l’Américaine n’a jamais habitué à autant de sorties de piste. Sous l’œil des caméras américaines, en permanence braquées sur elle durant ces jeux, elle a craqué, la tête entre les mains, dans la zone d’arrivée.
C’est fini pour Mikaela Shiffrin !! 😨 Grosse surprise sur le slalom : l’Américaine, grande favorite, est éliminée dès la première manche ! #Beijing2022 #HomeOfOlympics pic.twitter.com/Z6AWwSsTJM
« J’avais vraiment envie de partir à fond… Ça me fait remettre en question ces 15 dernières années, tout ce que je pensais savoir sur mon ski, mon slalom, ma mentalité de coureuse », expliquait-elle, fataliste. Pour retrouver la trace d’un zéro pointé de Shiffrin sur deux épreuves techniques de rang, il faut remonter à décembre 2011. La native du Colorado n’avait alors que 16 ans et pas la moindre victoire avec les professionnels.
Déjà affectée après son raté sur géant lundi, elle avait alors reconnu ne pas avoir « surmonté » sa préparation, compliquée par une blessure au dos et le Covid. « Je ne vais pas me mettre à pleurer parce que je vais gaspiller de l’énergie, avait-elle. Ma meilleure chance pour les prochaines courses est de me reconcentrer, d’aller de l’avant. » Cette fois, après son échec sur sa discipline de prédilection, elle a ouvert les vannes.
La sensibilité affichée de Shiffrin n’étonne plus. Le décès prématuré de son père Jeff dans un accident, en février 2020, l’avait amené à s’ouvrir et à prendre un break de plusieurs semaines alors qu’elle dominait la saison. « Tu ne te remets pas de ça en un an ou un an et demi, confiait avant les Jeux Mike Day, l’un de ses coachs. Je pense qu’elle est loin d’en avoir terminé avec son deuil et son rétablissement. »
À l’arrivée du slalom, le sujet est inévitablement revenu sur le tapis. « J’aimerais pouvoir appeler mon père alors ça ne rend pas les choses plus faciles, confiait d’elle-même la championne. Il me dirait probablement de passer à autre chose, mais il n’est pas là pour le dire, alors je suis pas mal en colère contre lui (rires). »
L’Américaine n’hésite plus à évoquer sa santé mentale et à soutenir tous les sportifs partageant leur mal-être. L’été passé, elle avait pris la défense de Simone Biles lorsque la gymnaste avait déclaré forfait à plusieurs épreuves olympiques et ouvertement parlé de ses « démons » à la presse. Plus récemment, elle a reconnu que son moral était aussi affecté « par la pandémie de Covid-19 et la frustration de voir des gens ne pas comprendre sa gravité. »
Machine à gagner depuis son plus jeune âge, celle qui a été médaillée onze fois aux Mondiaux a peut-être eu les yeux plus gros que le ventre à Pékin, où elle comptait s’aligner sur chaque épreuve individuelle, avec un espoir de médaille dans toutes les disciplines. Désormais, ses deux principales opportunités de podium se sont envolées.
« Mon ski a été très solide tout au long de ma carrière, et j’ai toujours eu confiance en mes possibilités d’être performante, s’est-elle justifiée un peu plus tard dans la matinée. D’ordinaire, finir mes courses n’a jamais été un problème, je suis dans une situation que je n’ai jamais vraiment connue. Là ça fait mal, je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, mais dans 24 heures, tout le monde sera passé à autre chose. »
« Les JO ne sont pas finis, mais c’est vrai que le slalom et le géant étaient mes deux meilleures chances, admettait-elle avec lucidité. Donc ça fait beaucoup de travail pour rien. Je ne dois pas être trop dure avec moi-même, mais au final ça fait cinq portes en géant, et cinq en slalom. » Lors de sa prochaine épreuve, le super-G, vendredi, elle voudra faire mieux et pourrait largement jouer une médaille, si elle retrouve son ski… et le sourire.
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