Un rapport de J.P. Morgan et Oliver Wyman plaide en faveur d’un réseau de monnaies numériques de banques centrales. Il permettrait aux entreprises d’économiser 100 milliards de dollars par an en frais de transactions transfrontalières.

Alors que les banques tentent de rattraper leur retard par rapport aux cryptomonnaies, elles pourraient voir dans les monnaies numériques des banques centrales (MNBC) une opportunité pour se positionner dans l’écosystème des échanges numériques, et ce dans un cadre réglementé qui jouerait en leur faveur. C’est l’un des points que l’on peut retenir de la publication, mercredi 3 novembre 2021, d’un rapport par J.P. Morgan et le cabinet Oliver Wyman. Le document plaide pour la mise en place d’un réseau international de monnaies numériques multiples de banques centrales qui permettrait aux entreprises dans le monde d’économiser près de 100 milliards de dollars par an en frais de transactions liés aux paiements transfrontaliers.
On peut supposer qu’un tel argument a pour but de convaincre les entreprises de rester dans le giron d’un réseau dans lequel les banques de dépôt qui opèrent ces échanges conserveront une place centrale. Et cela au détriment des échanges en cryptomonnaies, largement moins réglementés, qui profitent surtout à des plateformes telles que Coinbase ou aux réseaux DeFi (finance décentralisée) qui peuvent potentiellement aspirer la clientèle des banques avec des frais de transaction moins élevés, voire inexistants.
Mais le rapport, qui s’appuie notamment sur des données de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et du Fonds monétaire international (FMI), relève des points pertinents. Il estime que sur les 23 500 milliards de dollars de paiements de gros qui traversent les frontières chaque année (soit environ 25 % du PIB mondial), les entreprises perdent près de 120 milliards de dollars en frais de transaction. Le coût moyen d’une transaction transfrontalière serait de 27 $. Sans compter des frais additionnels qui peuvent résulter des frais de conversion, des trappes à liquidité et des règlements différés en raison de processus souvent lents (deux à trois jours en moyenne) et qui peuvent manquer de transparence.
Une monnaie numérique ne remplacerait pas les espèces, en tout cas pas encore. Elle viendrait se placer en complément d’une monnaie fiduciaire physique. Concrètement, il s’agirait de l’équivalent d’une pièce ou d’un billet de banque stocké dans une application ou sur une carte. Le concept différerait notamment de l’utilisation d’applications de paiement ou de cartes bancaires dans le sens où l’argent stocké ne serait pas lié au compte en banque du particulier ou de l’entreprise utilisatrice. Une monnaie numérique, comme les espèces, pourrait être utilisée pour les paiements et échanges d’argent avec des coûts de transaction réduits.
Pour les auteurs du rapport, un réseau de monnaies numériques multiples de banques centrales fournirait une base capable de “s’attaquer simultanément à un grand nombre de ces problèmes, faisant ainsi des paiements 24/7 et en temps réel, transfrontaliers, interdevises une vraie possibilité”.
Ils notent également que des acteurs du secteur privé comme le groupe CLS (Continuous Linked Settlement System) ou le réseau interbancaire Swift, ainsi que des banques centrales, ont déjà lancé des projets destinés à améliorer ces contraintes. Mais “nous n’avons pas encore vu de solution fluide et à grande échelle capable de fonctionner à travers plusieurs pays, monnaies et systèmes de paiement”, ajoutent-ils.
Des projets de MNBC sont effectivement en gestation dans de nombreux pays. La Chine, en avance sur la question, teste actuellement un yuan numérique qu’elle aimerait voir concurrencer à terme le dollar dans les échanges internationaux. En réponse, la Réserve fédérale des États-Unis a aussi commencé à plancher cet été sur la création d’un dollar numérique. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a déjà mené une consultation sur la création d’un euro numérique. Cet été, elle prévoyait un lancement autour de 2026. Le Royaume-Uni a aussi commencé à travailler sur une livre sterling numérique, tout comme le Canada sur un dollar canadien numérique et le Japon sur un yen numérique. Face à tous ces projets, le G7 a récemment posé les bases d’une réglementation mondiale.
Réseau mondial opéré par les banques centrales ou système de désintermédiation qui passe par les échanges en cryptomonnaies, le choix reviendra aux entreprises. En toute logique, il s’agira de choisir le processus le plus optimisé en termes de coûts, de temps et de transparence.
Source :  Oliver Wyman
Journaliste BtoB franco-britannique, Patrick se réserve le droit de parler le franglais en toute crédibilité.
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