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La comédienne Cristiana Reali est en tournée à partir du mercredi 2 mars dans notre région avec l’autobiographie Une vie, qu’elle a coadaptée pour la scène. Un portrait vivant et vibrant de cette grande figure féminine.
Incarner Simone Veil sur scène… Le projet aurait pu être casse binette. Sans donner dans la caricature ou le pastiche, l’actrice Cristiana Reali a imaginé autour de ses mémoires – Une vie – parues chez Stock en 2007, un spectacle vivant, détaché de tout didactisme.
Simone Veil – Les combats d’une effrontée offre un portrait vibrant de cette grande figure féminine, ne passant sous silence aucun de ses drames et de ses engagements. De son enfance heureuse à Nice brisée par la guerre à son combat pour la libéralisation de l’avortement.
Pour éviter l’exercice de nostalgie, l’actrice a imaginé un dialogue virtuel posthume avec une jeune thésarde invitée à parler de Simone Veil (que l’actrice campe) à la radio, lors de son entrée au Panthéon avec son mari Antoine, en juillet 2018. Une façon de poser d’emblée l’importance de la transmission.
Pourquoi avoir voulu adapter ses mémoires à la scène?
J’ai lu Une vie à la mort de Simone Veil, et j’ai trouvé qu’il y avait une dramaturgie à créer autour de ce texte. J’avais d’abord une admiration pour cette grande dame et je trouvais qu’il y avait quelque chose de théâtralement différent de ce que j’avais déjà fait et qui portait une parole de nos jours assez importante.
Il fallait chercher les fêlures chez celle qui apparaissait toujours forte… En avait-elle vraiment?
Elle était duelle, complexe. à la fois très forte et très fragile. Elle se protégeait beaucoup. Dans son regard, on lisait la générosité, la douleur et l’autorité. Sa vie a été dramatique, elle est la résilience, la reconstruction, le courage. Le contraste entre la vie d’amour harmonieuse et la perte de ses proches dans les camps, l’éclatement de la famille. Des éléments que je trouvais très dramatiques, à porter à la scène.
Interpréter Simone Veil, est-ce un risque?
Je m’y suis lancée avec beaucoup d’inconscience. Je n’ai pensé qu’à mon admiration pour elle. Le risque était effectivement de ne pas être crédible. Je me suis dit que si je n’étais pas crédible dans le rôle, sa parole serait transmise néanmoins. Donc ça ne pouvait pas être complètement mauvais…
Qu’y a-t-il de Veil en vous?
Curieusement, je m’identifie beaucoup à elle sans rien avoir en commun! Je crois que l’envie de vivre et d’aimer la vie la portait, comme moi. Mais nous ne l’exprimons pas de la même façon. Je suis quelqu’un qui bouge beaucoup, qui parle fort avec les mains, qui aime manger, danser. Je crois que Simone Veil avait cela à l’intérieur d’elle. Pour pouvoir s’exprimer, s’engager au point où elle l’a fait, il fallait qu’elle aime profondément la vie.
Après Marie Tudor, Amanda dans La Ménagerie de verre… Simone Veil est un rôle sage: comment l’avez-vous travaillé?
Je me suis beaucoup documentée. Dans les interviews, on sent qu’elle pensait, qu’elle réagissait tout le temps alors qu’elle ne bougeait jamais. Je fais ça sur scène, mais comme je bous à l’intérieur, des choses ressortent! Physiquement, c’est assez peu de travail: on a une familiarité en étant brune aux yeux bleus déjà. Et j’ai un âge, j’ai pris du poids pendant la Covid. Avec le costume et le chignon, pas de grande transformation.
Sur scène, vous dialoguez avec une autre comédienne qui campe une étudiante qui a travaillé sur Simone Veil…
Le livre contient 300 pages, il fallait que j’en garde 60… Avec Antoine Mory, adaptateur du livre avec moi, on a choisi l’angle de la transmission. Je ne voulais pas faire un monologue. On a imaginé cette mise en scène où une jeune thésarde vient parler dans une émission de radio. On a ainsi quelque chose de moderne sans moderniser les mots de Simone Veil. Je voulais garder son langage parfois presque désuet que j’aime beaucoup. La jeune femme peut, elle, s’exprimer de façon contemporaine et donner son avis aussi. Parfois drôle, ou qui interroge. Au sujet de la loi Veil, elle dit par exemple qu’il n’y a jamais le mot “liberté” ou “droit des femmes”. Ce sont des remarques que j’ai entendues de mes filles, qui ont conscience que le féminisme d’aujourd’hui est différent de celui d’hier.
Le féminisme de Veil était peut-être plus nuancé…
Je défends tous les féminismes. Nous sommes quatre filles à la maison, donc nous parlons régulièrement de sujets féministes: de harcèlement, de violences, d’égalité… Mais ma mère, qui était femme au foyer avec quatre enfants et s’occupait pourtant beaucoup de son mari [le journaliste Elpídio Reali, ndlr], avait aussi un certain féminisme. Veil parle d’elle. Veil n’est pas militante, mais très engagée et active. Je défends aussi les jeunes féministes contemporaines que l’on peut croire plus agressives. Tout est proportionnel. À l’époque de Simone Veil, c’était agressif de parler d’avortement. Ce qu’elle a pris dans la gueule était d’une violence inouïe. Ne l’oublions pas!
> Mercredi 2 mars à 20h, au théâtre de l’Hélice à Contes (28/30 euros). https://helice-contes.fr
> Jeudi 3 mars à 20h30, au théâtre Princesse Grace à Monaco (24/35 euros). ​www.tpgmonaco.mc
> Vendredi 4 mars à 20h30 au Forum de Fréjus (23/35 euros). www.theatreleforum.fr
> Samedi 5 mars à 16 et 20h au Théâtre de Grasse (19/38 euros). www.theatredegrasse.com
> Dimanche 6 mars à 18h au Jules-Verne de Bandol (22/25 euros). https://billetterie.bandol.fr
> Samedi 2 avril à 20h30 au Carré à Sainte-Maxime (15/28 euros). www.carre-sainte-maxime.fr
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