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Au fil de cette série, la première du Moyen-Orient à se tailler une part d’audience internationale, c’est le quotidien d’un cercle de gens riches à Dubaï qui est desquamé, entre fric, frime et drama. Si « Dubai Bling » a au moins le mérite d’avoir, du bout des lèvres, évoqué des sujets jusqu’alors tabous dans la région, la série finit par donner une mauvaise perception de la première ville des Émirats arabes unis, un Dubaï en 2D. Anatomie d’un phénomène.
OLJ / Par Gilles Khoury, le 24 novembre 2022 à 00h01
« Dubai Bling » a cartonné sur Netflix dès sa sortie. Photo DR
Cela fait plusieurs années que l’on voit fleurir un nombre de séries de télé-réalité dont le pitch ne se résume à rien d’autre qu’à suivre la vie quotidienne d’un microcosme constitué de gens… riches. D’abord avec The Real Housewives, lancé en 2010 sur Bravo, et qui, comme son titre l’indique, détaillait les déboires d’un groupe de femmes au foyer, délurées et bourrées d’argent, à Beverly Hills ou New York. A suivi Bling Empire, sur Netflix depuis 2021, qui se concentrait sur la vie on ne peut plus bling-bling d’Asiatiques et d’Américains d’origine asiatique à Los Angeles. De toute évidence, on s’attendait donc à ce que le Moyen-Orient, terre des pétrodollars et plus récemment du entertainment, ne soit pas en reste de cette tendance mondiale.
La Libanaise Loujain Adada, qui avoue avoir fait fortune après avoir épousé un milliardaire. Photo DR
Voilà que le format The Real Housewives s’est vu décliné à la sauce dubaïote en 2022, avec un résultat qui n’a pourtant pas fait mousse auprès d’une large audience. Plus tard cette même année, c’est Netflix Moyen-Orient qui, voulant s’emparer d’une part d’audimat généralement dominé par le géant Shahid (appartenant au groupe MBC), lançait Dubai Bling. En très peu de temps, la série a non seulement été la première du Moyen-Orient à se tailler une part d’audience internationale (troisième show le plus regardé la semaine de son lancement), mais elle a surtout caracolé en tête des shows les plus controversés du moment, s’attirant à la fois un audimat assez phénoménal et une levée de boucliers de la part d’une masse de détracteurs.
Zeina Khoury, une Libanaise à la tête d’une société immobilière. Photo DR
Sermonnés par des riches
C’est donc dans la première ville des Émirats arabes unis que se joue la série Dubai Bling. On dit joue et non pas se passe tant chacun des gestes, chacune des interventions, chacune des disputes, des larmes ou des manifestations d’euphorie des protagonistes nous semble scriptée au millimètre, enveloppée dans le drame sirupeux de ces soaps des années 80 à la Dallas ou Dynasty. Sur papier, le pitch promet aux spectateurs une immersion dans un « cercle de haut vol à Dubaï, où jets privés, fêtes somptueuses, lignes d’horizon époustouflantes et tenues étourdissantes sont monnaie courante ». Et il faut admettre que tant dans la forme que sur le fond, c’est un peu cela que la série déroule sur les 8 épisodes qui forment la première saison. Dans ce cercle de haut vol, il y a Zeina Khoury, une Libanaise à la tête d’une société immobilière qui dit à souhait « je suis la société » et qui déjà, d’entrée de jeu, donnait le ton de la série avec cette réplique devenue quasi légendaire : « Je suis millionnaire après être arrivée à Dubaï avec 300$ en poche. »

Interrogée par L’Orient-Le Jour à propos de cette insistance à revenir sur le matériel, la valeur monétaire des choses, comme on le voit systématiquement tout le long de la série à mesure que les prix des mariages sont mis en compétition, le prix des colliers Cartier balancé du bout des lèvres, le prix d’un appartement à plusieurs millions jugé trop bas, Zeina Khoury rétorque : « Je suis aussi une personne très ouverte dans la vraie vie, et je suis à l’aise pour discuter de mes hauts et de mes bas, et c’est ainsi que je suis restée pour le spectacle. Dire que je suis millionnaire, c’est simplement énoncer un fait, mais la façon dont je suis devenue millionnaire est l’essence de mon histoire dans la série. J’espérais inspirer les jeunes femmes et hommes à poursuivre leurs rêves. » S’il est vrai que ce narratif est largement ressassé au fil des épisodes, soulignant, et à raison, l’aspect terre des opportunités que représente Dubaï sans conteste, on finit par se retrouver face à ce cercle de haut vol qui sermonne tout un chacun en leur expliquant, implicitement, que l’argent pousse sur les arbres dans cette ville et que c’est à eux de se débrouiller pour en trouver. « Ce que je voudrais que les téléspectateurs retiennent de ma participation, c’est qu’ils sont maîtres de leur destin, confirme Zeina Khoury. Ils n’ont pas à accepter la réalité dans laquelle ils sont nés. Le travail acharné vous fera gagner des places dans la vie, alors n’hésitez pas à prendre des risques calculés et à faire les efforts nécessaires, si d’autres peuvent le faire, pourquoi pas vous ? »
Le DJ émirati Bliss. Photo DR
Amour, gloire et bêtise
Dans ce melting-pot, puisque l’un des mérites de ce show est d’avoir fait cohabiter des personnages aux cultures et aux dialectes différents, figure également Lojain Omran, une animatrice de télé saoudienne à la garde-robe pléthorique qu’elle se plaît à feuilleter avec un rien d’ennui ; Loujain Adada, une socialite libanaise qui avoue avoir fait fortune après avoir épousé un milliardaire, et concède, sans la moindre once d’ironie : « Je ne joue pas à la difficile. Je suis difficile. » Au casting, aussi, Farhana Bodi, influenceuse d’origine indienne, le DJ émirati Bliss et sa femme Danya Mohammed (alias Diva Dee) ; l’homme d’affaires koweïtien Ebraheem al-Samadi, à la tête d’une entreprise florale ; l’influenceuse et pseudo-créatrice de mode irako-anglaise Safa Siddiqui ; l’animateur radio libano-australien Kris Fade et sa femme Brianna Fade qui cornaque avec lui son empire Fade Fit (une compagnie de produits alimentaires sains). Imaginez un instant ces personnages dans une sorte de bulle de luxe, rythmée par les vrombissements des jets et des voitures hors de prix, par les scintillements des diamants et des cuirs de Hermès, par les feux d’artifice de fêtes et de mariages à dizaines de millions. Ajoutez à cela une forte dose de drama, de disputes, de polémiques et de crêpages de chignons, et vous avez un échantillon de Dubai Bling.
L’animateur radio Kris Fade. Photo DR
Pourtant, quand ce vernis craquelle de temps en temps, certains sujets tabous sont évoqués comme celui des mères porteuses ou celui de voir un thérapeute (le scandale !), mais seulement à demi-mot, pour être mieux balayé. Zeina Khoury insiste justement sur cet aspect de la série : « Je me suis fait un devoir de parler et d’être ouverte sur les questions privées qui continuent d’être un tabou dans la région MENA. Il est temps que nous montrions au public notre succès mais aussi nos luttes en tant qu’êtres humains qui traversons des moments difficiles et des expériences difficiles. Je veux aussi que les spectateurs se souviennent de l’importance pour les femmes d’être financièrement indépendantes, car cela leur donne un pouvoir, une confiance et une liberté illimités. » Si on veut bien la croire et si on veut bien reconnaître l’intention de la série de toucher à des thèmes jusque-là brûlants, à évoquer les épreuves personnelles des protagonistes, on finit pourtant invariablement par se retrouver face à un show où le fric et la frime recouvrent tout, jusqu’à la nausée. Une série où la femme se voit automatiquement réduite à son physique et à son dressing, une série dont le terme Bling est sans doute le plus adéquat. À tel point qu’un spectateur qui ne connaît pas Dubaï peut finir par se demander si Dubaï et Bling ne sont pas synonymes. Et par-delà tout l’aspect superficiel, matérialiste de la série, le plus regrettable, c’est qu’elle finit par dépeindre Dubaï en deux dimensions, en omettant les véritables richesses de cette ville qu’une masse de gens, en dehors de ce cercle de haut vol, s’emploient à nourrir et développer…
‘Dubai Bling’: Are Dubai and Bling really synonymous?
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Plus crétin que cette série, il faut chercher … les libanaises donnent une image atroce et erronée de la majorité des femmes libanaises qui sont éduquées et empreintes de savoir vivre alors que les femmes de cette série sont vulgaires à vomir et donnent l’impression qu’elles sont devenues riches pas à la sueur de leur front
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Plus crétin que cette série, il faut chercher … les libanaises donnent une image atroce et erronée de la majorité des femmes libanaises qui sont éduquées et empreintes de savoir vivre alors que les femmes de cette série sont vulgaires à vomir et donnent l’impression qu’elles sont devenues riches pas à la sueur de leur front
J’ai regardé 2 épisodes de cette série, aussi minable que ses “soeurs” américaines….Oui, l’argent à gogo et la soi-disant “puissance” des femmes à condition qu’elles répondent aux critères esthétiques: jeunes, belles, botoxées, liftées et autre….Est-ce le modèle que nous voudrions léguer à nos filles et petites-filles? aucune conscience intellectuelle, aucune vraie introspection mais un nombrilisme carrément insoutenable…Ce ne sont pas des femmes qui changeront le monde! quelle tristesse!
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