Le PDG de Nintendo France, Philippe Lavoué, « ne s’y attendait pas ». La firme japonaise, créatrice de Mario, Zelda et Donkey Kong, a enchaîné les ruptures de stock ces derniers mois. Difficile, pour ne pas dire impossible, de se procurer la Switch, console de jeu dernière génération, mais aussi, et c’est cela le plus étonnant, la NES Classic Mini. Derrière ce nom barbare se cache la réédition, en petit format, de la NES (Nintendo Entertainment System), console mythique sortie en Europe en 1987. Ressusciter un pavé grisâtre vieux de trente ans ? Drôle d’idée au premier abord. Nintendo a fait un pari et ne s’est pas trompé. Depuis sa sortie en novembre 2016, la NES Classic Mini, qui permet de s’amuser avec une trentaine de jeux cultes dont le fameux Super Mario Bros, s’est écoulée à 2,3 millions d’exemplaires, dont 105 000 chez nous. Pas folle, la firme japonaise va tenter de renouveler l’exploit en sortant la SNES Classic Mini, le 29 septembre prochain. Même principe que pour la précédente, sauf qu’il s’agit d’une réédition de la SNES (Super Nintendo Entertainment System), sortie en France en 1992. La marque peut être confiante. Le nombre de pré-commandes explose déjà sur les sites de e-commerce. Dans quelques semaines, Atari, pionnier des les années 1970, s’apprête à sortir sa propre console rétro, l’Atari Box.
Mais il y a aussi les jeux. En juin dernier, Sony ressortait des placards Crash Bandicoot en rééditant, en haute définition, ces jeux qui ont marqué les années 1990. Dans Super Mario Odyssey, dont la sortie est prévue le 27 octobre prochain sur la Switch, Mario pourra prendre son ancienne forme en deux dimensions. Ce vent nostalgique qui souffle sur la planète geek s’appelle le rétro-gaming, soit la passion pour les jeux vidéo sortis avant 2000. Pourquoi cette année ? Parce que depuis, les titres sortent en trois dimensions. Or les « nostalgeeks » ne jurent que par les gros pixels de leur enfance…
Les jeux vidéo rétro n’ont pas attendu ces rééditions « officielles » pour réapparaître. Dès le milieu des années 2000, on trouve sur Internet des logiciels d’émulation. Pour faire simple : des programmes informatiques qui reproduisent le comportement d’un vieil ordinateur ou d’une console obsolète. Les internautes du monde entier se remettent alors à jouer à la NES ou à la Mega Drive (Sega) sur leur PC tout neuf. « L’air de rien, même si cela n’est pas tout à fait légal pour des questions de droits d’auteur, l’émulation a permis aux jeux de perdurer dans l’imaginaire des joueurs », analyse Alexis Blanchet, enseignant à l’université Paris III et auteur d’ouvrages sur les jeux vidéo. Ce procédé est largement utilisé aujourd’hui. Nintendo, par exemple, met à disposition, sur son site, une console virtuelle. Pour quelques euros, les gameurs peuvent télécharger les jeux mythiques de la firme et s’amuser avec sur leur console ultra-moderne.
Qui sont ces « nostalgeeks » ? Pour le découvrir, rendez-vous à l’Extra Life Café, établissement consacré au rétro-gaming dans le 5e arrondissement de Paris. Grégory Foulachon, la trentaine, cogérant du lieu qu’il a ouvert en 2015 avec son frère, nous fait visiter : « Ici, une fresque consacrée à Super Mario Bros (sorti en 1985), là, des téléviseurs cathodiques, ici encore, des bornes d’arcade… » On entend les ronrons sourds des vieilles consoles pas encore parties au rebut. Moyennant 4 euros, les visiteurs peuvent s’amuser pendant une heure avec tous les jeux du café. « Les gens adorent les vieux jeux parce qu’ils leur font retrouver un gameplay (« une façon de jouer », NDLR) qu’il n’y a plus aujourd’hui. Prenez Pong, par exemple, les graphismes sont sommaires mais le plaisir est immédiat. Vous avez une raquette, vous devez taper dans une balle. Voilà. Pas besoin de se creuser la tête pendant des heures. Est-ce que ce n’est pas ça, l’essence même du jeu vidéo ? » fait mine de s’interroger Grégory. Ses clients sont des quadras, mais aussi – plus surprenant – des adolescents. « Un jeune mélomane écoute des groupes d’aujourd’hui mais apprécie aussi les Beatles. C’est pareil dans le jeu vidéo. Les gosses ont de plus en plus envie de comprendre d’où viennent leurs jeux préférés », poursuit-il. Exemple avec Jeanne, 14 ans. Ce qui lui plaît dans le rétro-gaming ? « Cela me fait penser aux jeux simples et marrants qui sont sur mon iPhone. »
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C’est une loi universelle : plus un objet devient rare, plus sa cote augmente. Les jeux vidéo d’antan donc ont pris de la valeur. Certains sont même devenus aujourd’hui des objets de collection. Il suffit de faire un tour dans une brocante pour s’en rendre compte. Un revendeur ne vous lâchera pas une manette de NES (dans son emballage) à moins de 150 euros. Même chose sur Internet : les jeux de Neo-Geo, la Rolls des consoles dans les années 1990, peuvent monter jusqu’à 15 000 euros pièce. « C’est ce qui a attiré beaucoup de personnes vers le rétro-gaming, au début, analyse Raphaël Pezet, de la maison d’édition Pix’n Love, spécialisée dans le jeu vidéo. Un peu comme pour le vinyle, les gens ont eu envie de posséder des objets anciens. Pas forcément pour y jouer, juste parce que c’est chouette à poser dans son salon. »
Les jeux rétro s’affichent même dans les musées. Ouvert en février dernier en périphérie de Strasbourg, le Pixel Museum présente une collection permanente de 5 000 jeux, consoles et bornes d’arcade en état de marche. Il a déjà accueilli 17 000 visiteurs. « Les jeux d’antan se caractérisent par une esthétique sympathique, pleine de couleurs et de légèreté. Je sais que les gens qui viennent chez nous sont très attirés par ça », commente Mathieu Bernhardt, responsable communication de l’établissement, le premier du genre en France. Certains vont encore plus loin. L’artiste français Invader, qui fixe des personnages en mosaïque sur les murs des grandes villes depuis plus de vingt ans, s’inspire du rétro-gaming. Son pseudo, « Invader », fait d’ailleurs référence au jeu d’arcade de 1978, Space Invaders, dont le principe était de détruire des petits aliens à l’aide d’un rayon laser. Le street artist, dont le travail est exposé jusqu’au 7 janvier 2018 au Musée en herbe, à Paris (1er), est un des représentants du courant Pixel art. Né au milieu dans les années 2000, cet art du pixel regroupe des oeuvres composées de petits carrés colorés, rappelant les gros pixels de nos bons vieux écrans.
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