Euro: quand les pays d'Europe de l'Est vont-ils adopter la monnaie unique? – –
L’euro aurait probablement mérité un meilleur anniversaire. En pleine pandémie, la monnaie européenne a fêté ses 20 ans le 1er janvier dernier. Souvent accusée (à tort) d’avoir malmené le portefeuille des Français, elle reste une des réussites européennes sur le plan de la stabilité monétaire.
Et l’euro devrait continuer son extension. En théorie. Car en pratique, les pays candidats (de gré, ou plutôt de force) peinent encore à se décider ou à réunir les conditions nécessaires pour son adoption.
Actuellement, 19 pays sur les 27 de l’Union européenne utilisent l’euro soit 341 millions de personnes. Parmi les “historiques”, deux pays ont refusé l’euro malgré l’obligation inscrite dans le traité de Maastricht: le Danemark qui bénéficie d’une exception particulière et la Suède qui a choisi délibérément de ne pas participer au mécanisme de taux de change européen (MCE II) lui interdisant de facto d’adopter l’euro.
Reste encore six pays présents sur la ligne de départ de la zone euro: la Tchéquie, la Pologne, la Roumanie, la Croatie, la Hongrie et la Bulgarie, tous arrivés au sein de l’Union européenne après la mise en circulation de la monnaie unique.
Tous ces pays ont l’obligation de rejoindre la zone euro et cette obligation n’est pas pour autant automatique. Pour cela, quatre critères doivent être réunis:
Ce dernier critère consiste à lier la monnaie nationale à l’euro via un cours pivot pour vérifier sa solidité. Elle ne doit alors pas fluctuer au-delà ou en-deçà de 15% du cours pivot. Actuellement, deux pays participent au MCE II: la Bulgarie et la Croatie, tous les deux depuis le 13 juillet 2020. Si tout va bien, ce critère sera donc rempli d’ici juillet prochain.
Pour autant, aucun des deux ne remplit encore tous les critères même s’ils s’en approchent. La Croatie vise désormais une entrée dans la zone euro en 2023 et la Bulgarie en 2024. Mais il faudra encore le feu vert des pays membres, ce qui pourrait bien faire patienter la Bulgarie, qui peine encore à trouver une stabilité politique et à endiguer la corruption. La Croatie, dernière venue en UE, est finalement la mieux placée pour entrer dans la zone euro.
Pour la Roumanie, l’horizon s’éloigne. Le pays espérait sauter le pas rapidement depuis son adhésion à l’UE en 2007 mais le pays ne fait que reporter cette éventualité. En décembre dernier, le gouverneur de la Banque de Roumanie a fixé la cible à 2029 faute de pouvoir répondre aux critères.
De son côté, la Tchéquie est loin d’en faire une priorité. Début décembre, la banque centrale du pays a de nouveau recommandé de ne fixer aucune date (quand bien même l’adhésion est obligatoire) alors que le pays est gouverné par un Premier ministre conservateur plutôt eurosceptique.
La situation est encore plus complexe avec la Hongrie de Viktor Orban et la Pologne de Mateusz Morawiecki, deux pays en conflit ouvert avec Bruxelles.
Jusqu’à présent, l’inflation dans la zone euro a été faible et la banque centrale européenne a démontré sa capacité à faire traverser les crises financières à la zone euro. Pour autant, la décennie s’avère périlleuse tant pour la monnaie unique qui fait face à une pression sur les prix inédite mais aussi pour les voisins européens qui pourraient souffrir plus que les autres d’une inflation durable avec leur monnaie locale. De quoi faire bouger les lignes politiques
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