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BASSY: Une ferme laitière transmise depuis trois générations et deux frères, co-exploitants, qui approchent de l’âge de la retraite sans savoir ce qu’il adviendra de leur exploitation… C’est un cas de figure semblable à celui rencontré par un tiers des exploitants agricoles français de plus de 60 ans.
La route serpente entre 95 hectares de parcelles de céréales jusqu’au bâtiment des animaux où une soixantaine de vaches produisent chaque jour plus de 1.000 litres de lait. Dans le village de Bassy, en Haute-Savoie, les deux frères Chatelain, âgés de 60 et 61 ans, représentent la troisième génération d’éleveurs depuis 1928.
“Tout petits déjà, on aidait sur la ferme, il y a eu la transmission d’un savoir-faire qu’on est en train de perdre”, regrette l’aîné, Gilles Chatelain, président de la Coordination Rurale des Savoie, un syndicat agricole.
Si en 1970 la France comptait près de 1,6 million d’exploitants agricoles, ils n’étaient plus que 496.000 en 2020, selon le dernier recensement en date du ministère de l’Agriculture. D’ici 2030, quelque 100.000 fermes devraient changer d’exploitants.
Les deux frères, à la tête d’une “bonne installation, économiquement viable”, font “tout pour céder à leur tour quelque chose qui n’est pas endetté”, mais l’élevage bovin souffre d’un manque d’attractivité.
C’est dans les filière bovines – viande et lait – que le ministère a recensé le moins de nouvelles installations de 2010 à 2020, alors que dans les dix prochaines années 45% des éleveurs laitiers seront en âge de partir à la retraite.
«Casse-pipe»
Avec une seule semaine de vacances par an, des horaires quotidiens allant de 6 heures à 20 heures et un week-end travaillé sur deux, la charge de travail est conséquente.
“Quel salarié l’accepterait ?”, lance Gilles Chatelain, qui se paye un peu plus de 2.000 euros par mois, “une rémunération toujours assez faible et peu concordante une fois ramenée aux heures travaillées”, dit-il.
Pourtant, “on fait 150.000 litres de lait de plus qu’il y a vingt ans”, mais la rémunération ne suit pas l’augmentation de la production, explique-t-il.
Pour ne rien arranger, le coût de l’alimentation des animaux s’est considérablement accru depuis le début de la guerre en Ukraine, alors que cet été il a fait bien trop chaud et trop sec pour que l’herbe, qui nourrit les bovins en cette saison, pousse dans les prairies.
“On est en train de décapitaliser 10% du cheptel pour avoir moins de bouches à nourrir cet hiver”, poursuit Gilles Chatelain, pointant du doigt l’espace de stockage du foin, qui devrait déborder à cette période de l’année.
S’il est prêt à travailler “tant que la santé suit”, il ne voudrait pas dépasser 65 ans: la retraite serait “idéalement à la fin de l’année 2023, mais au plus tard en 2025”.
Faciliter la transmission
“Il y a un service installation/transmission pour des mises en relation entre cédants et repreneurs”, sur lequel les deux frères comptent pour faire perdurer la production de lait après leur départ.
Gilles Chatelain, qui estime la valeur de sa ferme – bâtiment, équipement, cheptel compris – à près d’un demi-million d’euros, pense rester propriétaire du bâtiment qui constitue l’essentiel de ce patrimoine. Il le louerait aux futurs accédants pour réduire le coût de leur installation tout en s’assurant un revenu pendant sa retraite.
Le défi de la transmission des exploitations, enjeu clé de la politique agricole, doit faire l’objet de vastes consultations par le ministère dans les mois à venir pour élaborer une loi d’orientation d’ici au premier semestre 2023.
Quatre axes se dégagent : l’orientation et la formation des jeunes agriculteurs, la transmission des exploitations, le renouvellement des générations et le foncier, et enfin, l’adaptation au changement climatique.
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BRUXELLES : Les prix élevés du gaz et de l’électricité font peser un “risque imminent” de “pertes de production” et “d’arrêts de milliers d’entreprises européennes”, a averti jeudi BusinessEurope, une organisation représentant le patronat européen.
Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’association patronale réclame notamment un assouplissement du cadre des aides d’Etat aux entreprises en difficulté, un découplage d’urgence des prix de l’électricité de ceux du gaz ainsi que la mobilisation de tous les moyens de production d’électricité disponibles.
“Il est urgent de trouver des moyens au niveau de l’UE d’atténuer l’impact des prix de l’énergie qui paralysent les entreprises européennes, c’est une question de survie”, affirme le lobby des entreprises qui regroupe des organisations comme le Medef en France ou le BDA en Allemagne, à la veille d’une réunion des Etats membres à Bruxelles sur la crise énergétique.
L’exécutif européen et les Vingt-Sept peinent jusqu’à présent à esquisser des solutions, tant les mix énergétiques et les intérêts des différents pays sont divergents.
Quelque “70% de la production européenne d’engrais a été arrêtée ou ralentie, tandis que 50% de la capacité totale de production d’aluminium a été perdue. Il existe un réel danger que les entreprises, et en particulier les industries à forte intensité énergétique, se délocalisent définitivement en dehors de l’Europe”, s’inquiète BusinessEurope.
“Pour éviter de nouvelles pertes de production, le cadre communautaire des aides d’État doit être encore ajusté afin de permettre temporairement aux États membres d’accorder les aides dont les entreprises touchées ont tant besoin”, a-t-elle réclamé.
“Les décideurs politiques devraient envisager d’urgence une mesure temporaire à l’échelle de l’UE pour découpler les prix de l’électricité des prix du gaz. Si elle est bien conçue (…), cette mesure pourrait effectivement faire baisser les factures d’énergie”, assure le lobby patronal.
“Chaque Mégawattheure (d’électricité) et chaque milliard de mètres cubes (de gaz) comptera cet hiver. Il est possible et nécessaire de faire davantage pour accroître l’offre d’énergie en Europe. Il est extrêmement important d’intensifier encore l’action extérieure auprès des fournisseurs et de déployer au plus vite des capacités supplémentaires en matière d’énergies renouvelables, d’énergie nucléaire, d’énergie à faible émission de carbone et de gaz naturel en Europe”, estime encore BusinessEurope.
“De nombreuses entreprises étant au bord de l’effondrement, il convient d’envisager toutes les options pour faciliter la production d’énergie, y compris des adaptations législatives temporaires ou des moratoires”, demande l’organisation, au moment où des réacteurs nucléaires sont mis à l’arrêt en Belgique et en Allemagne.
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STOCKHOLM: Le géant suédois de l’habillement H&M a enregistré jeudi une chute de 89% de son bénéfice net au troisième trimestre, plombé par une provision liée à son désengagement progressif de Russie après l’invasion de l’Ukraine.
Le numéro 2 mondial du secteur a également annoncé un nouveau plan visant à des économies annuelles de 2 milliards de couronnes, dont les effets doivent être visibles à partir du deuxième semestre 2023.
Pour son troisième trimestre décalé (juin-août), le bénéfice net de H&M a été divisé par neuf à 531 millions de couronnes (environ 49 millions d’euros) au troisième trimestre, nettement sous les attentes des analystes sondés par Bloomberg et Factset.
“Le troisième trimestre a largement été affecté par notre décision de mettre en pause nos activités en Russie puis de nous y désengager”, a commenté la PDG Helena Helmersson dans le rapport financier du groupe.
“Cela a eu un effet significatif sur nos ventes et notre rentabilité, ce qui explique la moitié de la baisse des bénéfices”, a-t-elle ajouté.
Le chiffre d’affaires d’H&M a lui atteint 57,5 milliards de couronnes soit une hausse de 3%, correspondant aux attentes des analystes, selon Factset.
Vers 11H00 (09H00 GMT), l’action d’H&M perdait près de 3% à la bourse de Stockholm, à environ 103 couronnes.
Le géant suédois n’a pas détaillé les mesures de son plan d’économies qui inclura des “réductions de coût et des améliorations de l’efficacité”.
Après avoir mis à l’arrêt l’ensemble de ses ventes en Russie en mars après l’invasion de l’Ukraine par Moscou, le groupe avait annoncé en juillet se désengager de Russie, pour un coût de 2,1 milliards de couronnes.
Le montant s’est avéré plus élevé que prévu à cause de la baisse de la valeur de la couronne suédoise sur le marché des changes, explique le groupe.
Sixième plus gros marché du groupe à la fin 2021, la Russie représentait plus de 2 milliards de couronnes de chiffre d’affaires au quatrième trimestre dernier.
A ce jour, le groupe compte “un peu plus de 30” magasins définitivement fermés sur les 172 enseignes de H&M en Russie.
H&M va également fermer ses trois magasins au Bélarus.
Le groupe comptait un total de 4.664 enseignes dans le monde à la fin du mois d’août.
Cette année, H&M prévoit désormais 165 fermetures nettes hors Russie, Bélarus et Ukraine, contre 178 jusqu’ici.
Le groupe va ouvrir 89 nouveaux magasins, essentiellement dans les marchés en croissance, et en fermer environ 254, précise-t-il.
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PARIS : Renault a indiqué jeudi qu’il présenterait le 8 novembre une “mise à jour” sur sa stratégie, qui prévoit une scission de ses activités thermiques et électriques.
Au cours d’un “Capital Market Day” à Paris, à savoir une journée dédiée aux investisseurs, son directeur général Luca de Meo et son directeur financier Thierry Piéton présenteront “une mise à jour de la stratégie du groupe et des objectifs financiers moyen-terme du plan Renaulution”, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le constructeur a enregistré un bon premier semestre, poussé par Dacia et avec des prix en hausse, en pleine pénurie de puces électroniques.
Mais sa santé financière reste fragile: ses comptes ont été plombés par son retrait de Russie et il doit, comme tous les constructeurs, financer une coûteuse transition vers l’électrique.
Le groupe automobile chinois Geely et le géant pétrolier saoudien Aramco sont sur les rangs pour entrer au capital d’une société, baptisée “Horse”, qui inclura les activités de moteurs thermiques et hybrides (essence-électricité) de Renault, selon des informations de presse.
Le groupe français resterait actionnaire “de référence”, mais minoritaire de son activité historique.
Il contrôlerait en revanche l’entité, dénommée “Ampère”, chapeautant la production de véhicules à propulsion électrique, promise à un fort développement en Europe, les 27 Etats membres de l’UE ayant approuvé fin juin l’interdiction des voitures neuves à moteur thermique en 2035 au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.
Après plusieurs vagues de suppressions de postes, cette séparation des activités inquiète les organisations syndicales. La CGT s’est notamment opposée début septembre au “démantèlement de l’entreprise”, demandant que Renault reste “une entreprise cohérente qui détient l’ensemble des métiers d’un constructeur automobile”.
D’autres constructeurs comme Ford ont entrepris de telles manœuvres stratégiques, alors que la transition vers l’électrique nécessite de très importants investissements et que la valorisation des groupes automobiles traditionnels fait pâle figure face à celle de nouveaux entrants spécialisés dans les automobiles zéro émission, comme l’américain Tesla.