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La monnaie nationale ne cesse de s’apprécier à cause de la chute continue du dollar. Un dirham fort est-il bon en cette période de crise ? Ou faut-il agir pour le pousser à la baisse et valoriser le peu de recettes en devises qui rentrent en ces temps de disette ? Les avis des spécialistes divergent. Décryptage.
Le 13 octobre 2020 à 19h27
La monnaie nationale ne cesse de s’apprécier à cause de la chute continue du dollar. Un dirham fort est-il bon en cette période de crise ? Ou faut-il agir pour le pousser à la baisse et valoriser le peu de recettes en devises qui rentrent en ces temps de disette ? Les avis des spécialistes divergent. Décryptage.
S’échangeant à 9,66 dirhams il y a un an, le dollar vaut aujourd’hui 9,20 dirhams. Une dépréciation de 4,7% qui pèse également sur la valeur du dirham face à l’euro, qui ne cesse, lui, de s’apprécier à cause de la chute libre entamée par le billet vert depuis l’éclatement de la crise du Covid.
Au Maroc, l’euro vaut aujourd’hui 10,85 dirhams, contre 10,67 dirhams il y a un an.
En résumé, notre monnaie nationale se déprécie par rapport à l’euro et s’apprécie face au dollar américain. Une tendance qui se poursuivra si l’on se fie aux analyses faites au niveau international qui prédisent une chute encore plus prononcée du dollar sur le reste de l’année. En raison de la crise économique que vit les Etats-Unis, sa politique monétaire de taux bas, ses déficits (budgétaires et commerciaux) qui se creusent et les incertitudes qui accompagnent l’élection présidentielle.
La cause de cette augmentation de la valeur du dirham tient en un seul mot, selon un banquier : « l’effet de panier ».
La valeur du dirham est en effet arrimée à un panier constitué à hauteur de 60% en euros et à 40% en dollars. Le mouvement de l’une des devises impacte directement la valeur du dirham.
« On pourrait croire que cette tendance d’appréciation du dirham est due à un effet de marché, vu que la bande de fluctuation a été élargie début mars. Mais la vérité, c’est que le marché est très stable. L’offre et la demande sont quasi à l’équilibre. Ces évolutions du dirham sont dues au simple effet de panier et à la chute du dollar », explique notre banquier.
Les autorités monétaires du pays ont décidé justement d’adopter un régime de change plus flexible, pour permettre au dirham de se réajuster en fonction de la conjoncture internationale et de surtout de pouvoir se déprécier en cas de choc externe. Ce choc, on y est en plein dedans, mais le comportement du dirham n’est pas celui que l’on attendait.
Face à des recettes en devises qui fondent en raison de l’arrêt du secteur touristique, de la baisse des recettes des MRE et de ceux des IDE et des exportations en chute libre, une dépréciation du dirham serait théoriquement la bienvenue. A la fois pour rendre le produit marocain plus compétitif et limiter les importations qui deviendront de facto plus chères. Un objectif qui cadre avec la nouvelle réorientation de politique industrielle annoncée par Moulay Hafid Elalamy.
D’où l’appel de plusieurs industriels et opérateurs du marché à « provoquer » une dépréciation du dirham.
Par quel moyen ? En réajustant le panier de devises sur lequel est accroché le dirham et contrebalancer les mouvements baissiers du dollar, avec une parité mieux équilibrée (50/50 au lieu du 60/40 actuel). Ou en élargissant davantage la bande de fluctuation du dirham. Un élargissement qui risque toutefois de ne rien changer, au vu de l’expérience de flottement de ces deux dernières années.
Après un premier élargissement début 2019 de ± 2,5%, puis d’un second en mars 2020 de ± 2,5% supplémentaires, le dirham ne s’est pas pour autant déprécié. Bien au contraire. D’où l’appel de certaines sources bancaires et industrielles sondées de « procéder à une dévaluation » pure et dure et « provoquer » ainsi cette dépréciation de la valeur de la monnaie nationale.
Mais les choses ne sont pas aussi simples qu’on peut le croire, car chaque décision a ses avantages et ses inconvénients, et peut parfois même induire l’effet inverse de l’objectif recherché.
C’est ce que pense en tout cas l’économiste Omar Bakkou, un des meilleurs spécialistes de la politique des changes au Maroc, et auteur du livre « Pour mieux comprendre la flexibilité du Dirham ».
Selon lui, en l’état actuel des choses, agir sur la valeur du dirham serait contre-productif, voire porteur d’effets négatifs sur l’économie.
« Il est vrai que le dirham s’est apprécié ces derniers mois. Mais ça reste dans des proportions assez limitées qui ne peuvent avoir des conséquences économiques importantes. Si on provoque une dépréciation, on donnera certes une prime pour les exportateurs qui engrangeront plus de recettes en dirhams. Mais on va en même temps payer plus cher nos importations », explique-t-il.
Le contexte de crise rend, selon lui, l’appréciation du dirham plus bénéfique d’un point de vue macroéconomique.
« Nous vivons dans un contexte un peu particulier, où les exportations sont faibles. Et cette faiblesse n’est pas due à un effet prix mais au contexte mondial qui n’est pas favorable au commerce extérieur. Il y a aussi un tassement de l’activité économique et du revenu national. On est dans un contexte d’appauvrissement. Un dirham fort aide à amortir ces effets d’appauvrissement car on évitera au moins une augmentation des prix importés, et donc une augmentation des prix nationaux », estime-t-il.
Cette analyse prend sa pertinence dans la structure des importations marocaines qui, selon notre économiste, sont incompressibles. En effet, elles ne sont pas simplement destinées à la consommation, elles alimentent également les circuits de production.
« Nous importons des produits essentiels et dont on ne peut se passer, comme l’énergie, le blé, les biens d’équipement… En plus, 40% de la production nationale est liée aux importations. Dans ce contexte, en cas de dépréciation du dirham, on risque de tomber dans un piège de hausse des prix à toutes les échelles. Et ce que peuvent gagner les exportateurs grâce à la baisse du dirham, sera perdu par le renchérissement des importations qu’ils font pour produire », argumente-t-il.
La politique de change ne doit-elle pas justement accompagner les nouvelles aspirations industrielles du pays et la politique déclarée de l’import substitution ? Pour M. Bakkou, « si on veut limier les importations, il faut agir sur la quantité, pas sur le prix. Car quel que soit le prix des produits à l’international, on est bien obligé pour l’instant de les acheter », répond-il.
Reste une question : pourquoi le dirham, au-delà de cet effet de panier, continue-t-il de s’apprécier au moment où pratiquement toutes les ressources en devises du pays se tarissent ?
La réponse à cette question tient en la particularité de cette crise du Covid-19 et à la manière avec laquelle les autorités financières du pays l’ont gérée.
En théorie, la flexibilité du dirham est censée agir comme contre-poids en cas de choc externe. C’est l’objet même de sa mise en place. Mais les chocs qu’on scénarisait auparavant sont totalement différents de celui que l’on vit aujourd’hui.
L’élargissement de la bande de fluctuation du dirham a été décidé pour limiter les effets d’une flambée des prix des matières premières, par exemple (le pétrole notamment). Ou en cas de crise économique mondiale qui agirait sur les exportations du pays, les IDE et le tourisme et assécherait ses réserves de devises. Dans ces cas, le déséquilibre du compte courant peut être allégé en agissant sur la valeur de la monnaie, qui rendrait nos exportations plus attractives, limiterait les sorties de devises et rendrait la destination Maroc plus intéressante pour les investisseurs et les touristes.
Avec la Covid, les choses sont un peu différentes. Le Maroc vit ce même choc d’assèchement des ressources en devises. Mais en face, ce tarissement est contrebalancé par la chute des prix du pétrole et des matières premières, par le blocage des chaînes logistiques qui a freiné les importations, mais aussi par la politique du Trésor de recourir massivement aux financements extérieurs.
« Le Maroc n’a pas aujourd’hui un problème de compte courant. La baisse des exportations, des recettes de voyages et des IDE a été équilibrée par la baisse des importations et des prix du pétrole. On partait déjà d’une base assez bonne avec un bon matelas de devises et les choses se sont ajustées automatiquement. Sans compter l’activation de la LPL et des financements extérieurs mobilisés par le pays pour maintenir ses réserves de devises à un niveau confortable », explique l’économiste Omar Bakkou.
C’est ce réajustement automatique entre les entrées et sorties de devises qui explique selon lui le comportement du dirham sur le marché. Un comportement que l’économiste avait déjà anticipé dans une interview accordée au Boursier au lendemain de la seconde opération d’élargissement de la bande de fluctuation du dirham.
Avec des réserves de devises couvrant plus de 7 mois d’importations, le Maroc est loin (pour l’instant) du scénario catastrophe qui justifierait un relâchement de la monnaie, comme ce fut le cas en Egypte par exemple.
Pour Omar Bakkou, le Maroc n’est pas dans une situation où une dépréciation forte du dirham ou une dévaluation seraient justifiées économiquement.
« Le Maroc a choisi l’option du flottement. Et il va continuer sur cette voie. S’il a fait ce choix, c’est justement pour ne pas avoir à dévaluer. Car la dévaluation est une décision politique, qui est prise des fois sous la pression des acteurs économiques, ou pour de simples calculs politiciens. Je ne pense donc pas que le Maroc va dévaluer sa monnaie », estime-t-il.
Dans un article scientifique bien fouillé, publié récemment dans « Libre Entreprise », Omar Bakkou expliquait son opposition au choix de la dévaluation par les deux arguments suivants :
– « Elle sera politiquement difficile à mettre en œuvre, du fait qu’elle sera perçue comme une décision d’augmentation des prix par le gouvernement, augmentation qui serait jugée comme socialement inappropriée dans un contexte de baisse généralisée du pouvoir d’achat de la population » ;
– « Elle sera stratégiquement interprétée comme incohérente avec la vision du Maroc en matière de politique du taux de change, vision révélée par le gouvernement en avril 2015 dans un communiqué officiel, lequel communiqué avait annoncé le lancement d’un processus de flexibilisation graduelle du taux de change du dirham qui sera mené à travers la mise en place d’un régime fixe au sein d’une bande horizontale, bande qui fera l’objet d’un élargissement graduel jusqu’à sa suppression ».
Un papier où il concluait que même un élargissement de la bande de fluctuation en ces temps de crise serait inopportun.
« L’opportunité de franchir un nouveau palier dans le processus de flexibilisation du dirham revient à une question d’arbitrage entre, les légers effets négatifs présumés de cette mesure sur le pouvoir d’achat, et les impacts positifs également faibles de ladite mesure sur les avoirs de réserve. Cet arbitrage éventuel devra logiquement être tranché en défaveur de l’élargissement de la bande de fluctuation du taux de change du dirham. Et ce, compte tenu du coût politique d’une telle mesure, à connotation antisociale, particulièrement dans le contexte actuel marqué par une baisse généralisée du pouvoir d’achat de la population marocaine », écrit l’économiste. 
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