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Un homme passe devant la bourse de Moscou lundi 28 février, après que les pays d’Occident ont annoncé une série de sanctions suite à l’invasion de l’Ukraine. © NATALIA KOLESNIKOVA / AFP
Les nuages s’amoncellent sur l’économie russe. Après l’exclusion de 70 % des banques russes du réseau de messagerie interbancaire Swift, une nouvelle sanction semble davantage ébranler la Russie : le bannissement par l’Occident de toutes transactions avec la Banque centrale russe dans le but de geler ses avoirs.
Concrètement, le pays n’a plus accès à une partie de son épargne détenue par des banques centrales ou des États en monnaies étrangères ou en or. « La Russie est assise sur deux trésors financiers. Sa réserve auprès de sa banque centrale de 631 milliards de dollars. Et son fonds souverain, qui s’élève à 185 milliards de dollars », explique Eric Dor, directeur des études économiques et professeur à l’IESEG School of Management de Paris.
Invité de « France Info » ce mardi 1er mars 2022, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie français, l’a annoncé sans détour : « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe » à travers les sanctions économiques occidentales imposées en réponse à l’invasion russe en Ukraine.
Privée de deux tiers de ses réserves financières
L’Occident a tapé au portefeuille de son premier trésor. « Dans ses réserves de changes, elle compte 131 milliards en or physique. Et 500 milliards en réserves étrangères (en dollar, en euro, en yuan…). 13 % sont sous forme de yuan (monnaie chinoise, NDLR) », détaille l’économiste.
En comptant ses réserves en yuan (la Chine n’a pas pris de mesures punitives) et en or, la Russie a encore la main sur un tiers de ses réserves. « La Russie peut vendre son or mais encore faut-il que quelqu’un lui achète », relève Catherine Karyotis, professeure de finance à Neoma Business School et spécialiste en sécurisation des systèmes financiers. Mais surtout, les deux tiers de ses avoirs sont gelés. « Or, Poutine comptait sur ces avoirs pour soutenir sa monnaie ».
Le rouble s’est fortement dévalué ces derniers jours. © ALEXEY MALGAVKO / REUTERS
1 euro pour 112 roubles
En effet, le rouble s’effondre à des niveaux historiques face au dollar et à l’euro. Un euro vaut ce lundi 28 février en fin de journée, 112 roubles. Quand il en valait 93,5 la veille de l’invasion. Autrement dit, la monnaie se déprécie. « Il y a une perte de confiance totale dans la monnaie russe par rapport à la situation économique et géopolitique », confirme Catherine Karyotis. Tout ce que les Russes importent coûte plus cher, donc le coût de la vie augmente et participe à l’inflation qui s’élevait déjà à 8,4 % en novembre.
« Face à toutes ces interdictions, les déposants ont eu peur et ont retiré de l’argent en masse, c’est ce qu’on appelle un bank run. Une banque s’est révélée en défaut de liquidité entraînant la faillite d’une de ses filiales », explique Catherine Karyotis.
Devant la dépréciation du rouble, la banque centrale russe a relevé son taux directeur de 9,5 % à 20 %. « C’est le taux auquel se financent les banques auprès de la banque centrale. 20 % c’est énorme ». Cela signifie que l’emprunt devient plus coûteux et les taux des prêts immobiliers augmentent. En 2021, la Russie a déjà relevé sept fois ses taux directeurs, selon le Trésor.
Lire aussi : Comment l’invasion russe en Ukraine pourrait déstabiliser l’économie mondiale
L’arrêt des cotations en signe de court-circuit boursier
Face à une économie russe qui disjoncte, la Bourse de Moscou n’a pas ouvert, lundi 28 février au matin. « Les cours des valeurs russes se sont effondrés, donc l’arrêt des cotations est comparable à un court-circuit pour éviter la débâcle. C’est-à-dire que tout le monde vende ».
Pour contenir cette dégringolade, le Kremlin a sorti le parapluie, lundi en fin de journée. Les résidents en Russie ne pourront désormais plus transférer de devises à l’étranger. Les exportateurs russes sont également sommés de convertir en roubles 80 % de leurs recettes en devises étrangères engrangées depuis le 1er janvier et de continuer de maintenir un ratio de 80 % de leurs avoirs monétaires en roubles à l’avenir.
La Russie est un colosse géographique, mais sur la carte économique, il ne pèse pas si lourd. En 2020, le taux de richesse produit à l’intérieur de ses frontières le plaçait au 11e rang mondial. « Les trois petits pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) ont un PIB plus élevé que celui de la Russie », compare Eric Dor.
Lire aussi : Les hackers d’Anonymous revendiquent une cyberattaque contre des médias russes
Les investisseurs étrangers refroidis
Depuis dix ans, le pays souffre aussi « d’un affaissement probable de son taux de croissance potentiel (estimé à 1,6 % par le FMI), dont les causes sont multiples : déclin démographique, faible productivité du travail, manque de disponibilité de main-d’œuvre employable, manque d’investissement chronique, retard technologique », explique la direction générale du Trésor.
Ajouté à cela, de faibles investisseurs étrangers refroidis par des faits de corruptions et une société dominée par des oligarques. D’ailleurs, dans cette crise, « il y a sûrement des avoirs aujourd’hui bloqués dans des paradis fiscaux mais qui pourraient être mobilisés par les oligarques en soutien à l’économie russe », glisse Catherine Karyotis.
La force économique de la Russie demeure sa forte exportation d’hydrocarbure. Mais c’est aussi sa faiblesse. « Le secteur extractif au sens large représentant 20 % du PIB, autour de 40 % des recettes du budget fédéral et plus de 60 % des exportations », indique le Trésor.
Autrement dit, la source de revenus n’est pas très diversifiée. Mais cette manne financière est dépendante des fluctuations du cours des énergies.
Et de la demande. À l’heure où le Giec exhorte le monde à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, l’hydrocarbure soviétique pourrait passer de mode. Encore plus quand ses clients occidentaux ont perdu confiance dans son fournisseur.
La Russie n’a pas gagné la guerre mais a déjà perdu la confiance des citoyens dans son économie.
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