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La première salve de sanctions financières de l’Occident contre la Russie n’a pas réussi à dissuader le président Vladimir Poutine de lancer une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Aujourd’hui, les États-Unis adoptent une approche punitive et annoncent une nouvelle série de sanctions visant à serrer la vis aux banques russes et aux « milliardaires corrompus ».
Mais certains experts affirment que ces mesures, qui jusqu’à présent ne visent pas Poutine lui-même, sont de plus en plus faciles à contourner, grâce notamment à une poussée de l’adoption des crypto-monnaies en Russie.
Les sanctions américaines et européennes s’appuient largement sur les banques pour faire respecter les règles. Si une entreprise ou un individu sanctionné souhaite effectuer une transaction libellée en devises traditionnelles telles que le dollar ou l’euro, il incombe à la banque de signaler et de bloquer ces transactions.
Mais les monnaies numériques fonctionnent en dehors du domaine bancaire mondial standard, les transactions étant enregistrées sur un grand livre public connu sous le nom de blockchain.
« Si les Russes décident – et ils le font déjà, j’en suis sûr – d’éviter d’utiliser toute autre monnaie que les crypto-monnaies, ils peuvent effectivement éviter pratiquement toutes les sanctions », a déclaré Ross S. Delston, expert en conformité anti-blanchiment.
Le Trésor américain est bien conscient de ce problème. Dans un rapport d’octobre, les fonctionnaires ont averti que les monnaies numériques « réduisent potentiellement l’efficacité des sanctions américaines » en permettant aux mauvais acteurs de détenir et de transférer des fonds en dehors du système financier traditionnel. « Nous sommes conscients du risque que, s’ils ne sont pas contrôlés, ces actifs numériques et ces systèmes de paiement puissent nuire à l’efficacité de nos sanctions. »
Comme pièce à conviction, ne cherchez pas plus loin que l’Europe de l’Est, qui présente l’un des taux les plus élevés de volume de transactions en crypto-monnaies associées à des activités criminelles, selon une recherche de Chainalysis. Les sites Web utilisés pour les échanges illicites, connus sous le nom de marchés darknet, ont rapporté un montant record de 1,7 milliard de dollars de crypto-monnaies en 2020, la plupart en bitcoin.
Et la quasi-totalité de la croissance du marché du darknet cette année-là peut être attribuée à un marché spécifique, uniquement en langue russe, appelé Hydra. Hydra est « de loin le plus grand marché du darknet au monde, représentant plus de 75 % des revenus du marché du darknet dans le monde en 2020 », écrivait Chainalysis dans un rapport au début du mois.
Bien sûr, pour échapper aux sanctions, il ne suffit pas de transférer tous ses fonds en dollars en bitcoins. Il est difficile d’acheter quoi que ce soit avec des crypto-monnaies, en particulier des biens importants, explique M. Delston.
Prenons l’exemple de la nourriture, que la Russie a historiquement importée.
« Est-ce qu’un exportateur de denrées alimentaires quelque part dans le monde va accepter une crypto-monnaie qui fluctue chaque jour – à chaque instant – ou va-t-il vouloir la monnaie de réserve mondiale, le dollar américain ? »
Autre complication : le commerce du pétrole, qui constitue une énorme partie de l’économie russe, est libellé en dollars américains. Pour utiliser les crypto-monnaies pour acheter quoi que ce soit, il faut avoir une rampe de sortie vers une monnaie émise par un gouvernement, comme le dollar, explique M. Delston.
« Ce n’est pas une solution complète pour les oligarques russes », dit-il, car le bitcoin et les autres cryptos peuvent être tracés sur la blockchain. Il est plus difficile, mais pas impossible, de blanchir ces fonds grâce à la blockchain.
Il existe d’autres moyens par lesquels la Russie pourrait, du moins en théorie, atténuer la douleur des sanctions en s’inspirant de l’exemple de l’Iran.
À l’instar de la Russie, l’Iran est un pays exportateur de pétrole et reste soumis à un embargo économique quasi total imposé depuis des décennies par les États-Unis, qui interdit notamment toutes les importations et impose des sanctions aux institutions financières iraniennes.
Mais même en tant qu’État paria, l’Iran a trouvé le moyen d’atténuer les sanctions en se tournant vers le minage de bitcoins, selon un rapport de la société d’analyse Elliptic.
L’Iran dispose d’un excédent d’énergie qu’il ne peut pas exporter. Il l’utilise donc pour alimenter le minage de bitcoins, qui consomme d’énormes quantités d’électricité mais récompense les mineurs par un paiement en bitcoins.
« Le processus de minage convertit effectivement l’énergie en crypto-monnaie », écrit Tom Robinson, cofondateur d’Elliptic. « Les mineurs basés en Iran sont payés directement en bitcoins, qui peuvent ensuite être utilisés pour payer les importations » – ce qui, selon Elliptic, est devenu pratiquement une politique officielle au sein du gouvernement iranien.
Elliptic estime que les mineurs basés en Iran représentent environ 4,5 % de tous les minages de bitcoins, ce qui se traduirait par un revenu annualisé de près d’un milliard de dollars.
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Alm Maye est trader et analyste depuis 2013. Il est expert dans les marchés actions, le Forex et les cryptomonnaies. Il est le créateur d’Almvest.com et d’Imveste.com, deux sites dédiés à la finance personnelle. Il participe à l’élaboration d’articles de fond sur des sites spécialisés comme Actions-boursieres.fr, ainsi que le réseau international de Finixio.com.
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