Publié le 26/12/2020 à 20h00
Arnaud Vernet
Zéro euro, ça fait combien ? Une question un peu absurde, mais à laquelle Richard Faille avait déjà quelques éléments de réponse : pendant 18 ans, de 1996 à 2012, il a créé, et géré, en partenariat avec la prestigieuse Monnaie de Paris, l’institution monétaire qui fabrique les pièces de monnaie françaises, le produit le plus vendu en France devant la carte postale : la médaille souvenir. Plus de 400 sites touristiques français vendent des médailles souvenir. Et le succès est tel qu’en 2012, la Monnaie de Paris décide de racheter l’entreprise à Richard Faille.
Après un tel succès, l’Auvergnat reconnaît qu’il aurait pu s’arrêter là, mais une nouvelle idée germe aussitôt dans sa tête.
Richard Faille reconnaît qu’il n’est pas le seul, loin de là, à avoir de bonnes idées. Mais entre avoir une idée et la réaliser, il y a un écart considérable que peu de gens franchissent.
Encore plus qu’avec son aventure des médailles souvenir, il va en prendre conscience avec son projet de billet de zéro euro. Comme pour la fois précédente, Richard Faille est convaincu d’avoir eu une nouvelle bonne idée : un billet de zéro euro, à l’effigie de sites touristiques, musées, parcs d’attraction ; châteaux… qui seraient de véritables instruments publicitaires, originaux et vendus à très bas prix.
Mais comme pour ses médailles du souvenir, Richard imagine un billet d’une qualité inégalable : « J’aurai pu faire appel à un imprimeur lambda, les choses auraient été beaucoup plus simples, mais je voulais un vrai billet, répondant aux mêmes caractéristiques qu’un billet de banque, et donc imprimé par un fabricant de billets officiel ! » Bien évidemment, en tant que Chamaliérois, Richard Faille pense d’abord à l’imprimerie de la Banque de France à Chamalières (Puy-de-Dôme), mais la rencontre n’est pas concluante. Il se tourne alors vers Oberthur Fiduciaire, un des leaders mondiaux de l’impression de billets de banque, accrédité par la Banque centrale européenne.
Mais pourquoi la Banque de France a-t-elle choisi d’installer son imprimerie à Chamalières (Puy-de-Dôme) ?
Les discussions seront longues. On n’imprime pas un billet de banque comme un tract publicitaire et Richard Faille, outre les invraisemblables éléments de haute sécurité qui caractérisent ses billets, reste aujourd’hui encore impressionné par cette sécurité qui entoure un produit finalement un peu absurde : « Chaque fois que je me rends à Paris chez Oberthur, où je commence heureusement à avoir mes entrées, je reste scotché par la sécurité qui entoure mes visites ».

Finalement, Oberthur sera séduit par l’idée et l’aventure commence en 2015, avec des billets qui sont vendus 2 € en Europe, entre 2 et 3 € dans les pays utilisant d’autres monnaies.
Le succès est immédiat.
« La presse mondiale en a très vite parlé, j’ai fait la une de la principale chaîne chinoise, et franchement, je pense qu’on en a parlé dans le monde entier ».
Richard Faille (empty)
Pourquoi un tel succès ? Sans doute parce que le billet de zéro euro est un produit à la fois simple, très bon marché, sur un support respecté sur toute la planète : « c’est le souvenir le plus vendu sur tous les sites où l’on est installés ».
Richard Faille a même créé un distributeur de billets de zéro euro (une réplique de vrai distributeur de billets) qui fait fureur partout où il est installé.
Un projet qui fait le bonheur de Richard Faille, mais qui a un prix : « Je travaille 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 : avec le décalage horaire, on m’appelle du monde entier à n’importe quelle heure ». Il a pourtant une vraie consolation : « J’aime ça ! »
Et l’histoire n’est pas finie, avec même quelques rêves inassouvis : « Je rêverai de décrocher Disneyland, mais Disney est une entreprise où le sexe, la violence… et l’argent sont bannis. Je n’ai pas encore trouvé la clé ».
Et le billet de zéro dollar n’existe toujours pas : « Les USA sont un pays très judiciarisé. Que se passerait-il si en enfant s’étouffait en avalant un de mes billets ? »
Richard a heureusement le temps d’attendre de trouver la solution, et s’il ne la trouve pas, « ce n’est pas si grave ! »
Les billets de zéro euro de Richard Faille sont dotés des mêmes éléments de sécurité que les vrais euros : papier ; encres (La couleur violette a été choisie car elle se rapproche de celle des billets de 500 €, très peu utilisés, afin d’éviter toute confusion) ; numérotation ; fil de sécurité ; QR code ; microtexte ; transvision ; éclairage UV ; filigrane… Un billet de zéro euro qui offre les mêmes garanties qu’un vrai billet. Cette sécurité a un prix : la fabrication d’un billet revient beaucoup plus cher que la fabrication d’une médaille du souvenir !
C’est sans doute la rançon du succès : les douaniers ont déjà saisi des faux billets de zéro euro en provenance de Chine. Évidemment, ils n’offraient pas, loin de là, la même qualité que le “vrai” billet de zéro euro. Des billets verts qui ont bien évidemment été détruits.
Même si le premier exemplaire du billet de zéro euro n’a pas été commercialisé en Auvergne (Le premier billet a été vendu sur le site de N-D de la Garde à Marseille) le billet de zéro euro a trouvé sa place dans la région : il est vendu par une dizaine de sites parmi lesquels le puy de dôme ; le puy de Sancy ; le puy Mary ; la station de ski de Super-Besse ; le château de Murol ; l’église de Saint-Nectaire ; le sanctuaire de Vassivière, le parc de Vulcania et l’Aventure Michelin.

Certains billets ont connu un succès considérable : le billet Karl Mark (Implacable ennemi du capitalisme) imprimé par sa ville natale de Kiel, s’est vendu sur toute la planète à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires ! Karl Marx doit se retourner dans sa tombe !
D’autres profitent parfois de l’actualité comme le billet à l’effigie de Karel Gott, star tchèque de la chanson. Le billet, édité quelques jours avant sa mort, a ainsi atteint une côte impressionnante.
Un autre billet édité à l’occasion de la poignée de main entre Donald Trump et Kim Jong-Un est lui aussi devenu une pièce très recherchée.
Le billet représentant le stade de Duisbourg fait lui aussi partie des billets les mieux côtés.
Parmi ses clients, Richard Faille en compte de prestigieux… qui sont aussi ceux qui vendent le plus de billets : on peut citer, en France, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ; les Champs Élysées ; le château de Chambord ; Fort Boyard ; la dune du Pilat ; le mont Ventoux ; les arènes de Nîmes…
Les collectionneurs se sont évidemment emparés du billet de zéro euro. Des albums ont été édités par des marques spécialisées dans la collection pour ranger et classer les « précieux » billets de zéro euro. Des billets qui parfois, atteignent des côtes impressionnantes. Sur e-bay, on recensait, ces derniers jours, plus de 8.500 annonces de collectionneurs recherchant ou vendant des billets de zéro euro dont certains ont une côte qui atteint les 1.000 euros !
Le billet de zéro euro est devenu une star d’internet. Il a sa page wikipedia et près d’1,5 million de pages en français lui sont consacrées. Plus de 3 millions en anglais… 
Toutes nos belles histoires
Arnaud Vernet
Photos : Richard Brunel

5 commentaires
michel63 a posté le 27 décembre 2020 à 16h24
J’aime bien l’inutile, signe intime de liberté, qui donne aussi des couleurs au quotidien et à la vie. Reste à bien choisir et ne pas en abuser…
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raoul Volfoni a posté le 27 décembre 2020 à 13h11
Génial !!
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Marianne de France a posté le 27 décembre 2020 à 10h59
“Les hommes ne pouvant s’assurer le nécessaire se tourmentent pour l’inutile.” Il y a vraiment une faille !!! Le pire c’est qu’il y ait quand même des gens qui achètent ces faux billets quoi… Les pauvres… quand la culture de la bêtise et de l’inutile se font hommes !!!!
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Daniel Fender a posté le 26 décembre 2020 à 21h36
Qu’un zéro puisse valoir + que sa valeur malicieuse et fallacieusement indicative, que voilà encore une fois une preuve irréfutable du génie d’Albert et sa notion iconoclaste de la relativité des choses d’espace-temps encore largement infixable dans les esprits même les plus ouverts et chatouilleux de surréalisme. Sauf qu’ici, même poétiquement convaincu qu’un 0 + 0 ça peut faire + que la somme des 2 zéros, ça nous ramène presque à l’existentielle question de l’ultime et hypothétique nanoseconde d’avant le Big-Bang ?
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jack a posté le 26 décembre 2020 à 21h13
ridicule!!!!!!!
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