Les paiements en espèces ont représenté 73 % de l'ensemble des transactions réalisé en 2019 dans la zone euro, contre 79 % en 2016, selon une étude de la BCE. En France, le recul du cash est plus marqué, passant de 68 % à 59 % en trois ans.
Par Gabriel Nedelec
Ce n'est toujours pas la chute brutale que ses détracteurs lui souhaitent, mais le déclin du cash est bel et bien là. C'est la conclusion d'une vaste étude de la Banque centrale européenne (BCE) sur l'usage des espèces au sein de la zone euro publiée mercredi, trois ans après les derniers chiffres sur le sujet.
En moyenne, 73 % des transactions de la zone euro ont été réalisées en espèces en 2019, contre 79 % trois ans plus tôt. Le cash ne représente en revanche plus que 48 % de la valeur totale des transactions, contre 54 % précédemment.
L'argent liquide reste donc loin devant les autres types de paiement, dont la carte, qui a représenté 24 % des transactions l'an passé et 41 % des montants. « Si l'on compare les transactions en espèces et en carte en termes de nombre et de valeur, on peut en déduire que les paiements en espèces sont généralement plus faibles en valeur », souligne l'étude.
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Le déclin du cash est cependant plus ou moins prononcé d'un Etat membre à l'autre . En France par exemple, où les espèces étaient déjà moins utilisées qu'ailleurs du fait de la popularité de la carte bancaire, la baisse est plus marquée. Les Français ont utilisé la monnaie sonnante et trébuchante pour régler 6 transactions sur 10 en 2019, contre 7 trois ans plus tôt. En valeur, le cash ne représente plus en 2019 qu'un quart du total des montants réglés, contre 28 % trois ans plus tôt.
En Europe, les plus gros utilisateurs d'espèce sont les Maltais (88 % des transactions), les Chypriotes et les Espagnols (83 %). A l'inverse, c'est en Finlande (35 %) et aux Pays-Bas (34 %) que le cash est le moins utilisé.
La BCE relève cependant que les usages réels contrastent avec les préférences affichées par les Européens. Ainsi, seuls 27 % d'entre eux disent préférer payer en espèces, contre 49 % qui préfèrent, pour des questions de confort, payer par carte ou avec un autre moyen de règlement. En France, les aficionados du cash ne sont plus que 9 %, alors qu'ils étaient 17 % il y a trois ans.
Depuis plusieurs années, les espèces laissent progressivement la place à d'autres moyens de paiement, notamment digitaux. Outre la carte bancaire, elles subissent la concurrence du commerce en ligne, du paiement sans contact ou encore, dans une moindre mesure, du paiement mobile.
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Mais, pour les acteurs de la filière fiduciaire, qui attendaient impatiemment les chiffres de la BCE, les conclusions de l'étude sont plutôt un soulagement. « Cette évolution était attendue, commente Marc Schwartz, le patron de la Monnaie de Paris, en charge de la frappe monétaire en France. Mais ce que l'on constate, c'est que les espèces restent le moyen de paiement le plus utilisé en Europe, et même en France. On est loin d'une disparition accélérée de la monnaie fiduciaire comme le clament certains. »
Des acteurs organisent même la résistance de ce moyen de paiement. Le transporteur de fonds Brinks, dont le dirigeant Patrick Lagarde se dit « rassuré » par les conclusions de l'étude de la BCE, a ainsi annoncé la semaine dernière avoir offert l'installation d'une cinquantaine de distributeurs automatiques de billets aux communes qui n'en possèdent plus, ainsi qu'un an de gratuité d'exploitation.
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Avec les fermetures d'agences bancaires, des centaines de villages perdent en effet leur DAB. « Nous avons reçu un grand nombre de demandes de la part des maires de ces communes, ajoute-t-il. Sans accès aux espèces, ce sont les commerçants qui sont impactés, notamment les commerçants nomades, mais également la ville. Les habitants sont souvent contraints de faire leurs courses dans la commune voisine ».
Gabriel Nedelec
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