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Les chevaux de Przewalski, considérés jusque-là comme les derniers chevaux sauvages non domestiqués, ne seraient en réalité que des descendants de chevaux qui auraient fui leur enclos il y a 5 500 ans de cela au Kazakhstan.
DIAPORAMA – Le cheval de Przewalski n’est pas un cheval sauvage
Des chevaux de Przewalski réintroduits en Mongolie. Éteints à l’état sauvage, ces chevaux ont pu être sauvés d’une disparition totale grâce à des efforts de conservations menés notamment par la France.
Boldgiv Bazartseren
Reconstitution du cheval de Botaï à partir des informations génétiques collectées. Cette robe léopard, présente chez les élevages botaï, aurait disparu lors du retour à la vie sauvage, probablement en raison de la sélection naturelle.
Photographie de Ludovic Orlando, montage par Sean Goddard et Alan Outram.
Les ossements et les dents de 42 chevaux ont été extrait de deux sites de fouilles archéologiques dans le nord du Kazakhstan, à Botaï et Krasnyi Yar. Des traces de lait de jument ont été retrouvées dans des pots, prouvant une traite.
Alan Outram
Le chercheur français Ludovic Orlando (Université de Toulouse III/CNRS), ici en train de préparer les échantillons, a participé à cette étude internationale, qui a réunit près d’une cinquantaine d’archéozoologistes.
Daron Donahue & Niobe Thompson
La découverte est surprenante, reconnaît le chercheur français Ludovic Orlando. Et surtout, elle signifie que l’origine des chevaux domestiques modernes doit être cherchée ailleurs, car aucun des 22 chevaux eurasiatiques analysés par l’équipe n’est apparenté à ceux de Botai.
Daron Donahue & Niobe Thompson
De fait, retracer l’origine de la domestication des chevaux moderne est impossible car l’espèce a été fortement influencée par les sélections des éleveurs et les croisements pour répondre à certains besoins.
Ludovic Orlando
La déception est de taille pour les biologistes, même si elle ne devrait pas bouleverser le travail des écologues : le cheval de Przewalski n’est pas un cheval sauvage. Selon les fouilles archéologiques menées sur des sites du nord du Kazakhstan en collaboration avec le CNRS, ce cheval est issu de la domestication de chevaux il y a environ 5 500 ans.
Éteint dans la nature depuis la fin des années 1960, le cheval de Przewalski était jusque-là considéré comme la dernière espèce de chevaux sauvages. Il avait été sauvé de l’extinction totale par des actions de préservation de zoos et de fondations. On compte aujourd’hui un peu moins de 2 000 individus, à partir d’une population d’une douzaine de chevaux en captivité. Certains ont été réintroduits dans la nature, en Mongolie mais aussi en France dans les Alpes-Maritimes.
Mais voilà : alors que les écologues pensaient réintroduire une espèce sauvage, des archéologues ont annoncé jeudi 22 février qu’il s’agissait en réalité de chevaux féraux, c’est-à-dire domestiqués par l’homme puis retourner à l’état sauvage, comme peuvent l’être les chats ou les chiens.
« Ce n’est pas une perte réelle pour la biodiversité, mais nous pensions qu’il y avait encore une ultime espèce de chevaux sauvages, et maintenant nous savons qu’ils sont en fait tous éteints », déplore Sandra Olsen de l’institut biodiversité à l’université du Kansas et coauteur de l’étude parue dans Sciences, qui a impliqué 47 chercheurs dont des Français (Université Toulouse III/CNRS).
Le génome issu des ossements de 42 chevaux retrouvés sur deux sites de culture botaï, Botaï et Krasnyi Yar, a été comparé au génome de 46 chevaux, éteints et toujours existants. Résultat : les chevaux de Przewalski sont les descendants de ces chevaux de Botaï.
Et les chevaux de Botaï étaient eux-mêmes des chevaux domestiqués et élevés pour leur viande, selon les indications archéologiques. Les ossements ont été retrouvés à proximité d’habitations humaines, avec des outils ayant pu servir à fabriquer des brides et des lassos, et dans des sol contenant de forts taux d’urine et de purin. De plus, des traces de lait de jument ont été relevées dans un pot, indiquant une traite par les peuples Botaï.
« S’ils devaient chasser des chevaux sauvages à pied et non les élever, ils auraient vite décimé les troupeaux à proximité des villages et auraient dû se déplacer sur de grandes distances pour en retrouver, suggère Sandra Olsen dans le communiqué de l’université du Kansas. Dans ce cas, la population botaï n’aurait pas pu être aussi importante. » Les villages botaï comprenaient en effet au moins 150 maisons.
Cette question est largement débattue. Pour l’instant, la seule affirmation possible est que les chevaux de Przewalski descendent de chevaux botaï qui se seraient échappés de leurs enclos et seraient retournés à l’état sauvage. Mais l’ADN des chevaux botaï ne correspond pas à celui des chevaux actuels, qui ne descendent pas non plus de chevaux de Przewalski.
Résultat : nul ne sait qui sont les ancêtres sauvages des chevaux de Botaï et de Przewalski, et impossible de trancher dans le débat houleux sur l’origine des chevaux actuels, dont l’origine est impossible à retracer compte tenu de la sélection effectuée par les éleveurs, explique le CNRS. « La reconstruction phylogénétique confirme que les chevaux domestiques ne forment pas un seul groupe monophylétique », conclut savamment l’étude, sans apporter de solution.
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