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Michel Lelart, directeur de recherche au CNRS Laboratoire d’Economie d’Orléans
Le 15 août 1971… il y a 40 ans, le président Nixon décide de fermer le guichet de l’or
Publié le 29 août 2011 à 09h41, mis à jour le 29 août 2011 à 09h46 Temps de Lecture 5 min.
La décision prise par le président Nixon le 15 août 1971 a marqué la fin du système imaginé à Bretton Woods à la fin de la guerre. A vrai dire ce système n'était pas un système monétaire puisqu'il était un système sans monnaie. Il fallait bien qu'une fois la paix revenue, les pays reprennent leurs transactions, il leur fallait donc une monnaie internationale. Mais le plan Keynes qui visait à en créer une de toutes pièces (le bancor) n'avait pas été retenu en 1944. Il ne restait qu'à utiliser des monnaies nationales, et seul le dollar, à l'époque, pouvait ainsi être accepté, détenu, utilisé par tous les pays dans le monde.
Cela allait se passer très simplement : pas d'institution nouvelle, pas de procédure particulière, pas de règles à élaborer. Chaque fois que les Etats-Unis faisaient une transaction avec un autre pays, c'était le dollar qui – naturellement – était utilisé. On dit parfois que les dollars “sortaient” des Etats-Unis. En fait ils ne sortaient que dans les poches des touristes, le plus souvent ils passaient du compte d'un résident dans une banque américaine au compte d'un non-résident. De monnaie nationale, le dollar devenait ainsi monnaie internationale.
Et cela n'avait pas vraiment d'inconvénients… parce que les Etats-Unis avaient décidé, dès le mois de décembre 1946, d'appliquer une disposition des accords de Bretton Woods et de convertir en or les dollars détenus par les banques centrales étrangères quand elles le souhaiteraient. La Banque de France – et beaucoup d'autres – l'ont fait dans les années 60. Elles ne couraient donc aucun risque à détenir ces dollars qu'elles pouvaient transformer en or à tout instant. Encore fallait-il qu'un certain équilibre se maintienne entre les avoirs en or des Etats-Unis et les avoirs en or des banques centrales étrangères. Comme la production d'or est sévèrement limitée, il fallait que les avoirs en dollars des banque centrales n'augmentent pas, ou presque pas. Il fallait que les dollars ne “sortent” des Etats-Unis qu'au compte-gouttes.
C'est ce qui s'est passé autour des années 50, quand il en sortait 1 à 2 milliards par an… et qu'il en manquait dans le monde. Cela a commencé à changer à l'approche des années 60 quand les Etats-Unis ont développé leurs investissements à l'étranger, en particulier en Europe. Les dollars “sortaient” alors pour être investis, au rythme de 2 à 3 milliards par an, puis de 10-12 à la fin des années 60. Les Etats-Unis ont essayé de freiner ces sorties de capitaux, en plafonnant la progression de leurs investissements, en imposant une taxe à l'émission de titres chez eux par des non-résidents. Ils ont même signé des accords bilatéraux avec les pays dont les avoirs en dollars étaient importants pour qu'ils n'en demandent pas la conversion… Toutes ces mesures – il y en a eu d'autres – n'étaient que des palliatifs. C'est la création de dollars aux Etats-Unis et leur transformation en monnaie internationale qu'il aurait fallu maîtriser… Ce que les Britanniques ont fait, avant la guerre, quand la livre était utilisée partout dans le monde.
Une telle situation ne pouvait durer. A mesure qu'ils étaient convertis, et que le stock d'or américain diminuait, les dollars détenus par les banques centrales devenaient en fait de moins en moins convertibles. Le 15 août 1971, le président Nixon décide – provisoirement a-t-il répété deux fois dans sa conférence de presse – de fermer le guichet de l'or. D'autres mesures sont annoncées : une dévaluation prochaine de cette monnaie – il faut que le Congrès l'approuve – une surtaxe de 10% sur les importations, un plan pour stabiliser l'inflation… et une rencontre prochaine du Groupe des Dix qui décidera de modifier la parité de quelques monnaies et d'élargir les marges de 1% à 2,25% : ce sera le début des changes flottants auxquels l'Europe a répondu par le Serpent.
Ce sera surtout le début d'une accumulation vertigineuse de dollars dans le monde. Ce ne sont plus quelques milliards de dollars par an, mais quelques dizaines de milliards pendant les années 70, quelques centaines à partir de 1984, 1 000 milliards en 2000, plus du double en 2006 et 2007. Ces dollars ne “sortent” plus seulement désormais quand ils sont investis, ils “sortent” aussi quand les banques américaines prêtent à l'étranger et – surtout – parce que les Etats-Unis importent plus qu'ils n'exportent. Cette accumulation s'est fortement ralentie avec la crise, elle dépasse à nouveau 1 000 milliards en 2010. Il s'agit là de flux, recensés chaque année à la balance des paiements américaine. Mais au total, au gré de toutes ces variations, à combien s'élève, à un moment donné, la quantité de dollars “sortis” des Etats-Unis et transférés un jour ou l'autre au reste du monde ?
Les chiffres sont ici encore bien connus. Ils sont publiés par le département du commerce. Ils sont stupéfiants : 102 milliards au 31 décembre 1970… plus de 20 000 au 31 décembre 2010. Cela fait un taux moyen de 14% par an. Un tel rythme, pendant 40 ans, est tout simplement extravagant. Qu'est-ce qui progresse aussi vite, et aussi longtemps, dans l'économie mondiale ?
Naturellement une fois “sortis” des Etats-Unis les dollars ne restent pas déposés dans des banques américaines. Les détenteurs étrangers souscrivent des bons du Trésor, achètent des actions d'entreprises américaines ou des obligations fédérales, ils peuvent aussi investir directement dans des entreprises américaines. Ces dollars ne restent pas de la monnaie proprement dite, ils sont remplacés par une grande variété d'avoirs ou de créances, plus ou moins liquides. Mais tous ces dollars ne peuvent être investis ou placés aux Etats-Unis que s'ils en sont d'abord “sortis” par un transfert entre comptes dans des banques américaines. C'est cette “sortie” qui permet l'accumulation d'avoirs en dollars dans le monde : c'est elle qui mesure la création de dollars en tant que monnaie internationale.
Une fois “sortis” des Etats-Unis, ces dollars peuvent aussi aller se loger dans des banques étrangères qui, recevant des dollars en dépôt, les reprêtent aussitôt. L'accumulation se poursuit, elle s'amplifie même par ce phénomène des euro-dollars. Mais cela est une autre histoire…
Michel Lelart, directeur de recherche au CNRS Laboratoire d’Economie d’Orléans
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