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Les grands argentiers 2/6 La famille des Médicis prospéra dès le XVe siècle à Florence, en Toscane. Ce ne sont pourtant pas ses talents de financier qui établirent la réputation de Laurent le Magnifique, le plus célèbre d’entre eux, mais son amour des arts. Il fut l’ami de Botticelli.
Le Monde
Temps de Lecture 6 min.
Série “Les grands argentiers” (2/6).
Les cités italiennes du Haut Moyen Age, et Florence en particulier, sont le théâtre d'affrontements sauvages entre les Gibelins, partisans de l'empereur germanique, et les Guelfes, qui sont les alliés du pape. Les deux clans s'affrontent avec acharnement, les vainqueurs n'hésitant pas à raser, jusqu'aux fondations, les palais, les maisons ou les échoppes de leurs ennemis.
C'est dans ce climat délétère qu'est née l'une des plus belles aventures financières et artistiques de tous les temps. Elle est liée à la destinée d'une prestigieuse famille de Toscane : les Médicis.
SIMPLES USURIERS
Les premiers sont de simples usuriers qui ont table ouverte sur la place du marché. Les sommes prêtées sont certes relativement faibles. Mais en ces temps troubles du XIIIe siècle, les familles aux abois deviennent la cible privilégiée de ces prêteurs sur gage. Quand un emprunteur éprouve des difficultés à rembourser sa créance, le prêteur se retrouve propriétaire à peu de frais de terres, de fermes, voire de châteaux. Souvent il suffit que le débiteur soit banni de la ville, mesure alors fort courante, pour que les biens gagés passent en d'autres mains, en toute légalité.
Nicolas Machiavel (1469-1527), qui ne les portait pas dans son cœur, qualifie le clan des Médicis de “race d'usuriers”.
L'usure, c'est-à-dire le prêt à intérêt, est alors frappée d'anathème par l'Eglise. Mais des subterfuges permettent de contourner cet interdit. L'un des plus courants consiste à prêter de l'argent en une monnaie, et à se faire rembourser en une autre. Le gain pour le prêteur se dissimule alors dans le poids en or ou dans le titre (l'alliage) de la monnaie de remboursement. On peut aussi faire payer des indemnités en cas de retard de paiement.
En fait, l'Eglise se montre souvent bienveillante. Il est vrai que l'argent des usuriers sert aussi à financer les croisades.
Parfois, elle ferme les yeux, dans certaines cités, sur des pratiques interdites, comme le prêt ou l'assurance maritime, qu'elle prohibe strictement dans d'autres. C'est ainsi que les Médicis, originaires de Florence, ville de l'intérieur, assurent des bateaux génois, alors même qu'une telle activité est proscrite à Gênes.
Le fondateur de la dynastie, Jean de Médicis (1360-1429), appelé aussi Giovanni di Bicci, est peut-être le moins connu de la famille. C'est pourtant lui qui a contribué à la prospérité de la maison.
COUP DE GÉNIE
Après avoir travaillé à Rome dans la banque d'un cousin, il crée son propre établissement en 1393, puis déménage à Florence quatre ans plus tard. Son coup de génie repose sur l'organisation de l'établissement. Etonnamment moderne, sa structure ressemble à celle d'une holding.
Cette forme d'organisation avait déjà été expérimentée peu de temps avant par Francesco di Marco Datini (1335-1410). Les filiales sont partiellement détenues par leur gérant, qui possède autour d'un sixième du capital ; le reste est entre les mains de la maison mère. De nombreuses mesures sont prises pour éviter toute fraude.
Ces comptoirs sont gérés par des membres de la famille, ou des amis proches, qui reçoivent, en contrepartie, un intéressement – la plupart du temps égal au double de leur part dans l'entreprise.
Ces “agences”, en fait des tables de prêts, sont relativement autonomes. Mais cette indépendance est toutefois bornée par des règles qu'il faut scrupuleusement respecter. Giovanni interdit par exemple les prêts aux princes, trop enclins à faire banqueroute. Les gérants doivent également envoyer leur bilan une fois par an, afin de vérifier le bon emploi des fonds et leur rentabilité. L'argent provient de l'apport des actionnaires, mais aussi des dépôts. Les comptes rémunérés permettent ainsi de démultiplier la puissance financière des Médicis.
Après la mort de Giovanni, son fils Côme de Médicis (1389-1464) prend le relais. Mais il commence à faire de l'ombre à Rinaldo degli Albizzi, qui dirige alors Florence. Banni de sa ville, Côme fait un retour triomphal le 5 octobre 1434.
UNE CENTAINE DE NOTABLES EXCLUS DE LA CITÉ
A peine arrivé au pouvoir, il fait place nette. Il provoque l'exil et la ruine de ses ennemis. Une centaine de notables sont alors exclus de la cité, à la grande joie de leurs débiteurs. Les partisans des Médicis se partagent les avoirs de ces proscrits qui sont par ailleurs représentés sur les murs des bâtiments publics dans des positions infamantes, provoquant aussi leur ruine morale. Les agents du fisc se chargent aussi de faire taire toute opposition au moyen de redressements fiscaux et amendes en tout genre. Certains opposants finissent même assassinés. Les Médicis ne sont pas des enfants de chœur.
Sous Côme, les affaires de la maison restent florissantes, à l'image de son comptoir de Rome, chargé de la gestion de la trésorerie de la chambre apostolique. La banque Médicis place les recettes sur des comptes rémunérés (entre 6 % et 10 %) et utilise cet argent pour couvrir les dépenses du pape, prêter et réaliser de lucratives opérations de change. Ce comptoir est de loin le plus rentable de la banque, il représente un tiers des bénéfices dégagés de 1435 à 1451, soit 88 150 florins.
Mais si Côme est resté dans les mémoires, il le doit surtout à son mécénat. Il soutient en effet les arts certainement par goût des belles choses et des nouveautés, mais aussi pour affermir son autorité. L'argent amassé sert à embellir Florence, la dotant d'édifices religieux, et finançant des ateliers de peintres et de sculpteurs ou la fondation de bibliothèques. Rien n'est trop beau pour servir le tyran.
Côme n'hésite pas à se mettre en scène en protecteur de la cité et de l'Eglise. En soutenant des artistes comme le sculpteur Donatello, les peintres Fra Angelico et Filippo Lippi ou l'architecte Filippo Brunelleschi, il participe à sa façon à la Renaissance italienne. Des fêtes somptueuses et une grande prodigalité remportent l'adhésion du peuple. Une paix, toute relative, règne sur Florence.
CONSERVER LE POUVOIR
L'apport de Côme à la banque Médicis reste, lui, limité. Deux comptoirs sont créés, à Bruges (Flandres) et à Londres, sous l'impulsion du directeur de la banque, Giovanni Benci. L'historien Jacques Heers (Le Clan des Médicis, Perrin, 2008) montre que l'essentiel de la richesse de Côme provient de l'exercice du pouvoir. Les charges publiques, et certainement les fruits de la confiscation des biens de ses ennemis, notamment, ont considérablement grossi sa fortune.
Pierre (1416-1469), puis son fils Laurent (1449-1492), dit “le Magnifique”, cherchent bien à conserver le pouvoir dont ils ont hérité. Piètres hommes d'affaires, ils détricotent toutefois ce que leurs aïeux avaient construit. Il est vrai que les vues politiques prévalent alors sur la gestion de la banque. Il s'agit désormais de s'attirer les bonnes grâces des puissants.
Sous Pierre, le comptoir de Paris avance des fonds au roi Louis XI (1423-1483) quand celui de Bruges fournit de l'argent à son ennemi juré, le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire (1433-1477).
Laurent prête aussi au-delà du raisonnable, dérogeant au principe fixé par son arrière-grand-père, Giovanni. La filiale de Londres doit fermer ses portes en 1478, devant le refus du roi Edouard IV (1442-1483) d'honorer ses dettes. Les créances envers le monarque et sa cour s'élèvent alors à 70 000 florins. Trois ans plus tard, c'est le comptoir de Bruges qui ferme à son tour. Laurent ne fait rien, toutefois, pour arrêter l'hémorragie, il est vrai accentuée par une conjoncture difficile.
Laurent est en revanche un remarquable mécène. Il soutient des artistes comme Le Verrocchio, Léonard de Vinci, Botticelli ou Michel-Ange. Le peintre Benozzo Gozzoli le représente sous les traits de Gaspard dans son fameux tableau Le Cortège des rois mages.
Pierre II “l'Infortuné” (1472-1503) succède à Laurent en 1492. Il ne reste que deux ans au pouvoir. Assez pour provoquer l'ire du peuple et se voir bannir de Florence.
Des Médicis, l'histoire laisse la part belle à Laurent, autocrate éclairé mais dispendieux, qui a su donner à la ville toscane la beauté qui fait l'admiration de tous.
Jacques-Marie Vaslin (maître de conférences à l'IAE d'Amien)
Prochain article : “Jacob Fugger “le Riche”, premier banquier européen au XVIe siècle.”
Le Monde
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