Nintendo pourrait se retrouver devant la justice française. L’association de consommateurs UFC-Que choisir demande ce mardi à l’entreprise japonaise de réparer gratuitement des manettes de jeu défaillantes, faute de quoi elle portera l’affaire devant les tribunaux.
Depuis plusieurs mois, de nombreux joueurs font état d’un dysfonctionnement de leurs manettes utilisées sur Switch, la console de salon et portable de Nintendo. Les joysticks, aussi appelés joy-cons, situés sur chacune des manettes, souffrent d’une usure anormale des petites plaques de carbone situées à leur base. Le défaut, repéré surtout sur le joystick gauche de la console, provoque des mouvements involontaires particulièrement gênants lorsqu’on se trouve au plein milieu d’un jeu. Cette dérive, appelée « drift » en anglais, vaut à ce problème connu mondialement le nom de « Joy-Con Drift » et entraîne des « déplacements fantômes ».
Nintendo a d’abord exclu toute correction sans présentation d’un ticket de caisse ou d’une garantie. Mais, aux Etats-Unis, une action de groupe (class-action) a été constituée et a poussé Nintendo à légèrement assouplir les conditions de prise en charge et à remplacer gratuitement les joysticks défectueux. L’action en justice est cependant toujours en cours, notamment car le « Joy-Con Drift » concerne aussi la version uniquement portable de la Switch, la Switch lite, sortie le 20 septembre.
En France, l’UFC-Que choisir accuse implicitement ce mardi le géant japonais du jeu vidéo d’avoir sciemment fabriqué des manettes fragiles, afin que les consommateurs en rachètent, puisqu’elle parle d’« obsolescence programmée » visant à « réduire délibérément la durée de vie du produit ». « L’association met donc en demeure la marque de réparer gratuitement ses produits » et lui donne deux semaines avant de saisir les autorités judiciaires.
L’UFC rappelle que « ces pannes apparaissent quelques mois après l’achat, quel que soit le profil du joueur (âge, fréquence d’utilisation, etc.) ». Elle lance aussi un appel à témoignages pour appuyer sa mise en demeure.
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Contacté par Le Parisien/Aujourd’hui-en-France, le constructeur japonais se contente d’un message laconique : « Nous voulons que les joueurs s’amusent avec la Nintendo Switch, et si un élément ne remplit pas cet objectif, nous les encourageons toujours à visiter https://support.nintendo.com (leur site de support technique, NDLR) afin que nous puissions aider. » La manœuvre ne sert malheureusement à rien, puisqu’aucune aide réelle ni promesse de remplacement à titre gracieux, comme cela est le cas outre-Atlantique, ne sont proposées en ligne.
L’UFC dénonce la politique actuelle de Nintendo en France. « Lorsque le consommateur renvoie à Nintendo son joy-con défectueux, le fabricant lui propose son remplacement par une nouvelle manette moyennant 45 euros. Le joueur a alors le choix entre trois options : accepter, se faire renvoyer sa manette défectueuse moyennant 15 euros, laisser Nintendo détruire son produit ».
Insistant sur le fait que la marque connaît le problème, Que choisir estime qu’elle « ne semble pas vouloir mettre en œuvre de solution technique, car il apparaît que certains modèles de Switch Lite souffrent déjà de cette panne ».
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