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En Europe de l’Est, de nombreux ménages peinent à rembourser leur emprunt en francs suisses. A l’approche des élections, les partis populistes transfèrent le fardeau aux banques étrangères.
Temps de Lecture 4 min.
Rien ne se perd, tout se transforme. Vendredi 18 septembre, la Croatie a voté un ensemble de lois permettant de convertir en euros les emprunts libellés en francs suisses, détenus par 53 000 citoyens. Dans le pays, 38 % des prêts immobiliers sont libellés dans cette monnaie. Ils représentent en tout 23,1 milliards de kunas croates en valeur nominale, soit 3 milliards d’euros. Ces nouvelles dispositions constituent un choix politique fort : cela revient à faire payer aux banques le coût de l’envolée de la monnaie helvétique, qui s’échange actuellement autour d’1,10 franc suisse par euro, 10 % plus cher qu’en début d’année. La devise a bondi en janvier, lorsque la Banque nationale suisse (BNS) a abandonné son taux plancher d’1,20 franc suisse par euro.
Le gouvernement croate, une coalition de centre gauche, a poussé cette loi critiquée par les acteurs financiers privés et publics, alors qu’en novembre doivent avoir lieu des élections législatives, où les conservateurs de droite sont donnés favoris. Le Premier ministre Zoran Milanovic fait donc d’une pierre deux coups : il aide les ménages endettés et tient sa promesse de trouver une solution durable aux difficultés engendrées par la flambée du franc suisse. « De telles législations sont discutées surtout dans les pays qui traversent une période d’instabilité politique », soulignait Piotr Palenik, analyste à la filiale polonaise d’ING auprès de Bloomberg.
Les banques payent donc l’addition : entre 800 millions et 1 milliard d’euros (6 à 8 milliards de kunas croates). Elles ont jusqu’à mi-novembre pour convertir les prêts et communiquer aux emprunteurs leurs nouvelles mensualités. Le taux de change pour le paiement des prêts est fixé à 6,39 kunas par franc suisse depuis janvier contre 6,99 kunas par franc suisse pour le taux actuel.
Embarrassée par cette décision, la banque centrale croate devra pourtant assurer le service après-vente. D’un côté, elle a averti que la loi pénaliserait le système bancaire, creuserait les réserves de change et fragiliserait la monnaie croate. De l’autre, elle a tenté de rassurer les investisseurs en disant avoir assez d’instruments monétaires pour limiter les dégâts. Mais c’est un effet boule de neige que prévoit la Banque centrale européenne, inquiète pour « la stabilité macroéconomique du pays ».
Les banques étrangères représentent 90 % du marché croate. Cinq d’entre elles (Erste Group Bank, UniCredit, Sberbank, Raiffeisen Bank International et Hypo Group Alpe Adria) veulent attaquer le gouvernement en justice. Dans un communiqué, elles estiment qu’« une conversion forcée qui ne prend en compte ni les revenus ni la capacité à rembourser du client est une grave ingérence rétroactive sur les contrats existants ». Acerbe, le ministre des finances, Boris Lalovac, a répliqué devant un parterre de journalistes : « Ce n’est pas très malin de poursuivre le gouvernement du pays où l’on fait des affaires. J’espère que les banques veulent continuer à exercer en Croatie, et que, pour la première fois de l’Histoire, elles écouteront la voix du peuple. » Dans la foulée du vote au Parlement, la plupart des banques présentes en Croatie ont reculé en Bourse.
Croatie, Pologne, Hongrie, Autriche, Slovénie… dans les années 2000, les taux d’emprunt en franc suisse étaient beaucoup plus intéressants qu’en monnaie locale. Beaucoup en ont profité pour financer leur achat immobilier. Sur 4,2 millions de Croates, 100 000 y ont ainsi souscrit, dont plus de la moitié remboursent encore des traites. En Pologne, les prêts hypothécaires en franc suisse représentent 40 % des crédits immobiliers et 7,5 % du PIB.
Dès 2004, le président de la BNS avait souligné lors d’un voyage en Autriche les « risques non négligeables » encourus par « les emprunteurs, dont de nombreux particuliers, cherchant à bénéficier de taux d’intérêt moins élevés ». Pendant dix ans, l’institution a multiplié ses mises en garde, en vain. En 2008, le piège s’est refermé une première fois. Lors de la crise financière, le franc suisse, considéré comme une valeur refuge, s’est envolé. La Hongrie et l’Autriche ont été frappées de plein fouet. Un million d’emprunteurs hongrois ont vu exploser leur crédit immobilier.
Coïncidence ou providence, la Hongrie a anticipé, juste à temps, le big bang suisse de janvier 2015 sur le marché des devises. En novembre 2014, à l’instigation du premier ministre conservateur et populiste Viktor Orban, le Parlement hongrois a adopté une loi prévoyant un taux de conversion fixe protégeant les débiteurs en devises étrangères. Ailleurs, le piège s’est de nouveau refermé.
« Quand quelque chose fonctionne, vous avez certaines personnes qui posent des questions, mais du moment que ça fonctionne… », explique Claudia Bernasconi, économiste spécialiste des marchés émergents chez Swiss Life AM. Selon elle, « tout le monde est responsable : les banques centrales, les gouvernements, les banques privées ». Car « c’était un gros risque aussi pour le secteur bancaire » : si les ménages ne peuvent plus rembourser, les banques se retrouvent avec des actifs en défaut de paiement sur les bras. D’ailleurs, en France, certains emprunteurs malheureux du franc suisse ont porté plainte contre BNP Paribas, le Crédit mutuel ou le Crédit agricole pour leur avoir vendu un produit financier sans en exposer les risques. La justice française doit trancher d’ici début 2016.
Prochaine sur la liste : la Pologne, où des élections législatives sont prévues à l’automne. Les responsables politiques de tous bords promettent qu’ils feront convertir les emprunts adossés au franc suisse. Mais leur point de vue diffère sur le poids à faire porter aux banques. Le parti au pouvoir (PO, centre droit), affaibli par une affaire d’écoutes illégales, a proposé en juillet que banques et particuliers fassent moitié-moitié. Le nouveau président Andrzej Duda, qui appartient au parti d’opposition (PiS) social-conservateur, voudrait faire passer une loi plus radicale, selon le quotidien polonais Dziennik Gazeta Prawna. Les emprunteurs pourraient convertir leurs prêts au taux de change en vigueur lors de la souscription. Ce serait « beaucoup plus difficile pour les banques », commente Claudia Bernasconi. Elles supporteraient un coût estimé à plus de 5 milliards d’euros. Certaines menacent également d’attaquer en justice.
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