La Monnaie de Paris met fin à six ans de travaux. Réouverture samedi d’un nouvel écrin dédié aux techniques et à l’histoire des monnayeurs. Le JDD l’avait visité en avant-première.
Dans ce lieu situé au cœur de Paris, quai de Conti (6e), les paradoxes s’empilent comme un tas de louis d’or. La Monnaie de Paris se trouve dans l’épicentre touristique de la capitale, à deux pas du Pont-Neuf et de la place Dauphine célèbres dans le monde entier. Mais l’institution, malgré son emplacement prestigieux, reste méconnue du grand public. La Monnaie se dresse en un fier palais du XVIIIe siècle aux salons somptueux tout en abritant une usine encore en activité! Cent cinquante ouvriers (dont un tiers de femmes) gravent, cisèlent et éditent des pièces d’or et d’argent (la production de monnaie courante en grande quantité se fait à Pessac en Gironde depuis 1973). À Paris, l’entreprise publique perpétue le savoir-faire multiséculaire des “monnayeurs” et invite dans le même temps des artistes contemporains tel Jean Paul Gaultier à collaborer à l’édition de médailles exceptionnelles ou à exposer tel le plasticien facétieux Maurizio Cattelan (en 2016). Traversée par des passages donnant dans sa cour d’honneur, la Monnaie tient cependant du coffre-fort aux portes grillagées…
À partir de samedi, celui-ci va s’ouvrir largement et dévoiler ses coulisses, dont certains de ses trésors (170.000 objets dont 20 % de pièces de monnaie). “Nous voulons montrer notre patrimoine, un ensemble immobilier exceptionnel préservé dans son intégrité. Les gens pourront venir se promener et prendre un brunch à la terrasse d’un nouveau café, décrit Aurélien Rousseau, le président de la Monnaie. Nous avons aussi l’objectif de défendre un patrimoine immatériel, l’excellence de nos métiers.”
Le grand chantier de rénovation a été lancé en 2011. D’un montant de 75 millions d’euros – entièrement financés sur fonds propres – ces travaux sont quasiment achevés. L’ensemble des bâtiments à la sobre magnificence néoclassique dessiné par Jacques-Denis Antoine en 1775 sur un hectare de terrain ont été entièrement réhabilités et repensés par l’architecte Philippe Prost. Une première partie a été terminée en 2015 avec l’ouverture de l’espace d’exposition pour l’art contemporain et le restaurant gastronomique de Guy Savoy installé dans les anciens appartements du président de la Monnaie. Dans une des cours, un nouvel atelier central d’outillage et de gravure a été érigé : le bâtiment est moderne, habillé d’une résille percée de trous ronds, évoquant les feuilles de métal dont les flancs – les pièces non frappées – sont extraits.
Nous donnerons à voir des gestes ancestraux pour que le visiteur comprenne mieux ensuite la pièce de monnaie qu’il tient tous les jours dans le creux de sa main
Cela a permis de dégager de la place dans la manufacture du XVIIIe siècle pour un nouveau musée dédié à la fabrique de la monnaie, aux techniques mais aussi à l’histoire de l’art, abordés de façon transversale et ludique. Écrans vidéo, manipulations ouvertes au public, démonstration de gravure, sons immersifs racontant une histoire de chasseur de trésor… Le parcours est ponctué de haltes interactives. “Nous donnerons à voir des gestes ancestraux pour que le visiteur comprenne mieux ensuite la pièce de monnaie qu’il tient tous les jours dans le creux de sa main”, décrit Victor Hundsbuckler, conservateur du patrimoine, en charge des collections de la Monnaie. Plus de 1.800 objets sont exposés tout au long d’une visite qui ouvre grandes des fenêtres – au sens propre – sur l’activité industrielle du lieu. Des pièces, bien sûr (comme ce statère de Crésus, la plus vieille monnaie présentée), mais aussi des tableaux dont un portrait peint par Hyacinthe Rigaud ou de nombreux outils. En semaine, les visiteurs pourront successivement voir les ateliers de fonderie en action, puis les ateliers de ciselure et de patine, et enfin les presses de pièce de 2 euros en argent installées dans le hall du Grand Monnayage. C’est dans cette salle aux allures de temple de la monnaie que veille la statue de la déesse de la Fortune.
On découvre les métaux utilisés dans les alliages, l’or, par exemple, décliné en pépites puis retravaillé en couronne d’or datant de 1640 – une rareté –, puis les techniques avec une collection de poinçons datant de François Ier à Louis XVI. Les graveurs taillaient directement des portraits sur un morceau de métal. “C’est éblouissant à voir, estime Aurélien Rousseau, le contraste entre le côté brut du métal et le bout du poinçon finement ouvragé.”
La visite se termine sur des trésors retrouvés, comme ces louis d’or découverts en 1938 dans un mur de la rue Mouffetard. Deux vitrines fascinantes renferment des lingots d’argent repêchés dans une épave espagnole du XVIIIe siècle au large de Madère, et des lingots d’or ouvragés pris dans la citadelle de Huê, au Vietnam, au XIXe siècle.
“Nous ne voulions pas rouvrir un musée classique, racontant l’histoire de France via les pièces de monnaie”, précise Victor Hundsbuckler. Auparavant, les salles patrimoniales de la Monnaie de Paris enregistraient 10.000 à 12.000 visites par an. Aurélien Rousseau espère que le lieu rénové attirera près de 150.000 personnes chaque année. Le palais-usine du quai de Conti compte faire de sa singularité un atout.
Les élus de la capitale se prononceront cette semaine sur un « plan parisien » pour l’animation et la diversité commerciale. L’idée est de s’inspirer de la politique du logement social, en préemptant des locaux pour les louer moins cher.
INTERVIEW. La ville de Saint-Denis en Seine-Saint-Denis dépose cette semaine son dossier pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. Son maire, Mathieu Hanotin, détaille au JDD les points forts de la candidature de sa commune.
Le ministère de la Culture a validé comme attendu l’inscription du Sacré-Cœur, la basilique de Montmartre à Paris, aux monuments historiques, tout comme le square voisin, Louise Michel.
Ce samedi, le préfet de police Laurent Nuñez a accordé une interview au Parisien. Ce qui lui a permis de faire un point concernant la lutte contre la consommation du crack, objectif premier donné par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Pour lui, sa feuille de route est respectée.
Les derniers matchs des quarts de finale auront lieu ce samedi. Le Maroc affrontera le Portugal à 16 heures. Puis à 20 heures, la France jouera contre l’Angleterre. Face à l’enjeu de ces matchs, un large dispositif policier pour contenir la joie des supporters de football a été mis en place à Paris.
Une coupure massive d’électricité a affecté jeudi soir jusqu’à 125 000 clients dans plusieurs arrondissements centraux de Paris, plongeant des quartiers entiers dans le noir, en raison d’un « incident technique » sur un transformateur, selon les gestionnaires de réseaux Enedis et RTE.