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Le 12 mai prochain, une monnaie locale originaire de Montreuil sera mise en circulation dans plusieurs arrondissements de l’Est parisien. Explications.
La “pêche”, monnaie complémentaire solidaire et citoyenne encourage, selon ses promoteurs, l’économie réelle en stimulant les échanges locaux et en renforçant ainsi l’économie et l’emploi local.
« La pêche », monnaie locale « complémentaire et citoyenne » créée à Montreuil en 2014, sera lancée dans huit arrondissements de la capitale, samedi prochain. Cette monnaie, qui tire son nom des murs à pêches qui ont fait la réputation de cette ville de Seine-Saint-Denis, vise à promouvoir une nouvelle « économie ». Rencontre avec Sarah Tartarin et Lucas Rochette-Berlon, respectivement 27 et 20 ans, qui co-président l’association « Une monnaie pour Paris », fondée en 2016…
Le Point : Comment est née l’idée d’une monnaie locale à Paris ?
Lucas Rochette-Berlon : Ce projet a émergé au sein d’un collectif associatif fondé fin 2012 : « Montreuil en Transition ». En septembre 2013, l’association La Pêche, monnaie locale a été créée dans le but de mettre en circulation une monnaie locale complémentaire et citoyenne (MLCC) à l’échelon de la municipalité de Montreuil. Il existe aujourd’hui entre 13 000 et 15 000 monnaies locales dans le monde, dont une soixantaine en France. Et plus de 80 sont en préparation à travers l’Hexagone. C’est un vrai phénomène…
À l’heure de l’euro, quel est l’intérêt d’une monnaie locale, dont le cours est précisément d’une pêche pour un euro ?
Sarah Tartarin : Une monnaie locale est, par définition, créée pour une zone géographique limitée. Elle intervient en complément de l’euro. Légalement, elle est reconnue par la loi Hamon sur l’Économie sociale et solidaire du 31 Juillet 2014 ; dans la pratique, elle a un fonctionnement similaire à un ticket-restaurant pour les commerçants, sauf qu’elle peut être réutilisée un nombre illimité de fois sans avoir besoin d’être reconvertie : c’est un bon d’achat qui circule au sein d’un réseau de personnes et d’entreprises qui l’acceptent. Selon le Code monétaire et financier, article L521, chapitre 3 alinéa 1 : « Une entreprise peut fournir des services de paiement fondés sur des moyens de paiement qui ne sont acceptés, pour l’acquisition de biens ou de services, que […] dans un réseau limité de personnes acceptant ces moyens de paiement. » Son intérêt réside dans le fait qu’elle encourage des échanges locaux : une économie circulaire de proximité, une consommation responsable.
Comment ?
Lucas Rochette-Berlon : Les participants aux réseaux des monnaies développent, en général, une charte qui prévoit que cette devise doit favoriser la commercialisation de biens et services produits dans l’écosystème local. Ce qui comporte des bienfaits sur le plan environnemental, car il n’est plus question d’acheminer ces objets de consommation sur plusieurs milliers de kilomètres.
La pêche existe aujourd’hui à Montreuil, dites-vous. Combien de personnes l’utilisent ?
Sarah Tartarin : Une petite centaine de commerces, mais plus de 800 adhérents. L’idée est, bien évidemment, de multiplier ce chiffre.
La pêche n’est pas une monnaie numérique. Des billets ont été imprimés. Combien de « pêches » ont été émises à ce jour ?
Lucas Rochette-Berlon : 30 000 pêches sont en circulation. Mais 120 000 autres « dorment » sur un compte bancaire.
La première monnaie locale a été créée en Allemagne dans les années 30. Est-ce à dire que les monnaies locales sont des monnaies de temps de crise ?
Sarah Tartarin : Ce sont des monnaies particulièrement résilientes, dont la vitesse de circulation est dix à quinze fois plus rapide que celle de l’euro. En période de crise, ses résultats sont très vite tangibles. La monnaie autrichienne que vous citez a servi de catalyseur à l’économie locale. Ne s’étant pas dévaluée comme le mark, au lendemain de la Grande Dépression, elle a empêché que l’inflation ne s’installe dans la petite ville de Wörgl, qui l’avait expérimentée. De la même manière, les études réalisées sur l’eusko, créé dans le Pays basque en 2013, montrent que 400 entreprises ont pu être relocalisées grâce à elle.
Comment vous assurez-vous que de faux billets ne sont pas mis en circulation ?
Lucas Rochette-Berlon : Nous avons des dispositifs de sécurité. Mais soyons honnêtes, les risques de fausses monnaies sont faibles.
Sarah Tartarin : Qui voudrait spéculer sur la pêche ?
Quel est le portrait-robot de l’utilisateur des monnaies locales ?
Sarah Tartarin : Il s’agit essentiellement de militants (plutôt CSP +), conscients des enjeux politiques et environnementaux à régler. Notre objectif est néanmoins d’étendre la monnaie locale à toutes les classes sociales. C’est la raison pour laquelle, nous avons mis en place un mécanismes de solidarité qui redistribue le prélèvement de 3 % que nous réalisons au moment de la conversion des pêches en euros. À chaque conversion d’euros en pêches, nous proposons aux utilisateurs de verser 3 % supplémentaires pour, soit les donner à une association ou les verser au système des pêches solidaires (distribuées gratuitement aux personnes sans ressources), soit les garder comme bonus de pouvoir d’achat… Au choix de chaque usager. Si on n’y prend pas garde, les monnaies locales resteront un outil « bobo », or elles doivent allier tout le monde.
Votre projet est donc politique…
Lucas Rochette-Berlon : Évidemment. Nous conduisons une petite révolution. Notre projet s’inscrit dans le cadre du Réseau pour une économie volontaire, éthique et solidaire que nous construisons à l’échelle de l’Île-de-France (et dont l’acronyme « Rêves » traduit la philosophie utopique). Mais même si notre idée est initialement portée par des hommes et des femmes de gauche ou de sensibilité écologiste, nous sommes heureux de voir que des élus de droite et du centre se mettent aux monnaies locales. C’est ainsi qu’Hervé Morin, président de la région Normandie, s’apprête à lancer sa propre monnaie locale. C’est une réponse concrète et citoyenne aux quatre crises qui grondent : crise économique, crise écologique, crise sociale et crise démocratique. Nous n’avons que dix ans pour répondre aux enjeux du dérèglement climatique, nous avertissent les scientifiques, après il sera trop tard. Nous sommes jeunes, mais nous prenons notre part à ce combat, pour devenir acteur de nos vies et de nos villes.
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Ou le troc, comme avec les Gaulois !… Tout simplement !.
Ce militant d’extrême gauche se garde bien de citer les monnaies locales, de Bavière surtout, émises en Allemagne en 1923, car ce sont ces monnaies locales qui furent une des origines de l’hyperinflation allemande de 1923 !
L’Allemagne était alors ruinée par sa dette intérieure, ses pertes territoriales après la défaite de 1918, et les énormes indemnités de guerre qu’elle devait payer, principalement à la France («l’Allemagne paiera», répétait Clemenceau).
Pour payer ses créanciers, son stock d’or étant épuisé, la Reichbank fit «marcher la planche à billets», ce qui declencha une inflation colossale.
En novembre 1923, il fallait 3 milliards de marks pour une livre de pain !
Les villes, les grandes entreprises, les régions, imprimerent aussi leurs propres billets, pour payer leurs salariés et créanciers.
Ces monnaies locales, fabriquées aussi par les grandes entreprises, avaient deux défauts causant l’inflation :
– elles étaient produites «à volonté», et donc perdaient rapidement toute valeur
– elles circulaient très vite, or la vitesse de circulation d’une monnaie à un effet inflationniste, tout autant que sa production.
Le nouveau ministre des finances Schacht arrêta cette inflation en 1924 en gelant le crédit, en mettant en place une nouvelle monnaie, le Rentenmark, garanti par la production économique allemande, et… En interdisant toutes les monnaies locales !
Rappelons que ces monnaies locales sont une idée de l’anarchiste Geller, le ministre de l’éphémère «république soviétique de Bavière», qui exista moins d’un mois en 1919…
1- Un quidam fabrique de la fausse monnaie qui ne lui coûte rien
2- Il la vend avec un baratin efficace à des gogos contre des vrais euros, puis prend la fuite
3- Des commerçants l’utilisent comme système “vertueux” pour frauder la TVA (Vous ne croyez quand même pas qu’ils vont les rentrer en comptabilité ?)
4- Contrôle fiscal : chez les commerçants, où on découvre que les comptes montrent plus d’achats que de ventes officielles. Le commerçant prend peur et l’accepte plus les pêches.
5- Les gogos qui ont encore de cette monnaie de singe ont perdu leur mise
Moralité : si on vous a refilé des pêches, ou d’autres monnaies de ce type, dépêchez (!) vous de les échanger contre de vrais objets.
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