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Une porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a déclaré, mardi, que les équipes de l’organisation internationale n’ont pas eu le droit d’accéder à la zone frontalière polono-biélorusse. Des milliers de migrants y sont toujours bloqués dans des conditions dramatiques.
C’est un non. L’ONU ne pourra pas accéder aux zones frontalières entre la Pologne et la Biélorussie. Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme entendait y mener une enquête à l’heure où des milliers de migrants sont bloqués à la frontière, entre les deux pays.
Mais l’organisation internationale s’est heurtée au refus de Minsk : pas question de laisser les enquêteurs accéder à son territoire. La Pologne est, elle, plus mesurée : elle a accepté la présence des personnels de l’ONU dans le pays mais refusé qu’ils accèdent à la zone frontalière.
Practices and policy choices are being made by both #Belarus & #Poland that violate refugees’ & migrants’ rights, incl. pushing people up to, or across, the border. We urge the two countries to address the appalling situation and #StandUp4Migrants‘ rights: https://t.co/EbGpyB9sOD pic.twitter.com/7DI8upACOb
“Nous demandons instamment aux autorités des deux pays d’autoriser l’accès aux zones frontalières aux représentants humanitaires et des droits de l’Homme, aux journalistes, aux avocats, ainsi qu’aux représentants de la société civile”, a déclaré, mardi 21 décembre, Liz Throssell, une porte-parole du Haut-commissariat, lors d’un point de presse.
Depuis le début de la crise cet été, les ONG n’ont pas le droit de porter secours aux exilés bloqués dans la zone frontalière, appelée “zone rouge”. La situation humanitaire y est pourtant jugée “alarmante” et “désespérée” depuis plusieurs mois.
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Une équipe du Haut-commissariat s’était déjà rendue en Pologne du 29 novembre au 3 décembre. Ils avaient rencontré des représentants du gouvernement et de la société civile, et avaient eu des entretiens avec 31 migrants arrivés entre août et novembre.
“Les personnes interrogées ont décrit des conditions désastreuses des deux côtés de la frontière, sans accès ou limité à la nourriture, à l’eau potable et à des abris”, a affirmé Liz Throssell. “La majorité d’entre elles ont déclaré avoir été battues ou menacées par les forces de sécurité lorsqu’elles se trouvaient en Biélorussie. Elles ont également affirmé que les forces de sécurité biélorusses les avaient forcées à traverser la frontière, en leur disant quand et où traverser, et les avaient empêchées de revenir à Minsk”, a-t-elle ajouté.
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En novembre dernier, InfoMigrants avait recueilli en Pologne le témoignage de plusieurs exilés qui avaient été violentés par des soldats biélorusses au moment de franchir la frontière. C’est le cas de Youssef qui a reçu de nombreux coups de pieds au visage alors que des soldats l’avait fait s’agenouiller et mettre ses mains derrière sa tête.
La Haut-commissariat demande donc à la Biélorussie d’enquêter sur ces allégations de violence et de mettre “immédiatement un terme à ces pratiques”. Il appelle par ailleurs la Pologne à cesser de renvoyer les migrants sans une étude individuelle de leur cas et de ne pas placer systématiquement en détention ceux qui ne sont pas renvoyés.
“La détention doit être une mesure exceptionnelle de dernier recours, et ne doit être utilisée que pour une période limitée, voire pas du tout”, a indiqué la porte-parole. “Nous rappelons également à l’UE et à ses États membres leur obligation de faire respecter les droits humains aux frontières extérieures de l’UE”, a-t-elle ajouté.
Les renvois de migrants depuis la Pologne vers la Biélorussie sont monnaie courante et aboutissent parfois à des drames. Une fillette kurde de 4 ans a été portée disparue en forêt début décembre. Elle a été séparée de ses parents après que ces derniers ont été arrêtés et renvoyés en Biélorussie. Depuis le début de la crise, au moins 14 personnes ont perdu la vie des deux côtés de la frontière.