Consulter
le journal
Télévision : les ambitions de Xavier Niel bousculent M6
OpenAI : dans la tête des créateurs de ChatGPT
« En matière d’hydrogène, la collaboration franco-allemande est menacée dès sa naissance »
Inflation : « L’antidote de la hausse des taux ne fonctionnera pas »
« Moi, général de Gaulle » : l’appel du 18-Juin peut-il être reconstitué ?
Pourquoi les prix de l’électricité s’envolent (et ne devraient pas redescendre)
Enquête vidéo | Les manquements de la police lors de l’insurrection à Brasilia
Le résumé vidéo de 2022 en sept minutes
L’anniversaire du traité de l’Elysée entre Berlin et Paris aurait pu être propice à un geste fort en faveur de l’Ukraine
« Avec le timbre rouge qui disparaît, l’expression “comme une lettre à la poste” risque de tomber en désuétude »
« Pour beaucoup de personnes trans, la transphobie est si fréquente et si grave que son expérience est totale »
« Le Quai d’Orsay a choisi une stratégie d’accommodement avec les Comores au détriment de Mayotte »
Malaise chez les salariés d’Unifrance face à un management jugé brutal
« Irréfutable essai de successologie » : les bons conseils de Lydie Salvayre
Perrine Kervran et ses « LSD » sur France Culture
Xavier Dolan, réalisateur : « J’arrête parce que j’ai une lassitude du métier »
Paris Fashion Week : rendre à cet art ce qui lui appartient
Les drôles d’objets en cuir de Karine Arabian
La terrine de la Maison Verot, c’est « une fête de textures, de gras et de sucre que rien ne saurait perturber »
Pédocriminalité : « Il est urgent de développer un véritable système global de défense des enfants »
Services Le Monde
Services partenaires
Service Codes Promo
Suppléments partenaires
Dix questions pour comprendre si vraiment l’appauvrissement de l’Afrique et l’aggravation de la crise migratoire sont la faute du franc CFA
Le Monde avec AFP
Temps de Lecture 5 min.
La semaine a été brûlante entre la France et l’Italie. Les deux vice-présidents du Conseil italien, Matteo Salvini et Luigi di Maio, ont multiplié les critiques contre la France et Emmanuel Macron, accusant notamment Paris d’« appauvrir » l’Afrique et de se servir du franc CFA pour poursuivre leur œuvre colonisatrice en Afrique.
L’affaire est née le 20 janvier quand Luigi Di Maio a déclaré à propos des migrants : « A partir d’aujourd’hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les emmener à Marseille. Je vais demander des sanctions contre les pays qui colonisent l’Afrique. La France imprime le franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette : pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux », avait-il lâché sur RTL. Le lendemain, il a surenchéri. « Tout ce que j’ai dit est vrai, a-t-il insisté. La France imprime une monnaie pour 14 Etats africains et, par conséquent, elle en empêche le développement. Au contraire, elle contribue aux départs des migrants, qui vont ensuite mourir dans la Méditerranée ou débarquer sur nos côtes. Il est temps que l’Europe ait le courage d’aborder le thème de la décolonisation de l’Afrique. »
Ces déclarations ont été jugées « inacceptables » par le Quai d’Orsay qui a convoqué lundi l’ambassadrice d’Italie à Paris, Teresa Castaldo.
Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a tenté de calmer le jeu mardi en assurant que cela ne remettait « pas en question » l’amitié « historique avec la France, pas plus qu’avec le peuple français », évoquant une relation « forte et constante ». Les dix questions que pose cette polémique.
155 millions de personnes utilisent le franc CFA comme monnaie. Celle-ci est utilisée dans quatorze pays (dont douze anciennes colonies françaises). Huit sont en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et six en Afrique centrale (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad). Ces deux groupes de pays constituent deux unions monétaires distinctes.
Etablie en 1945, une quinzaine d’années avant l’indépendance des colonies françaises, cette monnaie est toujours en circulation. Sa valeur est aujourd’hui indexée sur l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA) ce qui maintient les économies africaines dans la dépendance de la politique monétaire européenne.
Cette monnaie est imprimée à Chamalières, fief de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing dans le centre de la France.
Matteo Salvini et Luigi di Maio, ont notamment accusé Paris de se servir du franc CFA pour financer la dette française. Ce n’est pas vrai pour une raison simple : les Etats africains doivent déposer 50 % de leurs réserves en France ; en contrepartie, leur convertibilité illimitée avec l’euro leur donne une crédibilité internationale. Ces dépôts sont cependant rémunérés à un niveau supérieur aux taux du marché monétaire. Un taux plancher de 0,7 % a été fixé, ce qui est « très favorable » compte tenu des taux actuels. Par ailleurs, ces fonds peuvent être retirés à tout moment et, par conséquent, ne sauraient être utilisés pour financer de la dette française.
Régulièrement critiqué dans les pays africains qui l’utilisent, le franc CFA compte des ennemis jusque sur le Vieux Continent, tant parmi la gauche radicale anti-impérialiste française que, récemment, chez le gouvernement populiste italien. Les partisans du franc CFA estiment, eux, que ce contrôle extérieur sur le CFA apporte une certaine stabilité et un bouclier contre la tentation de faire tourner la « planche à billets ». Il permettrait aussi de maintenir l’inflation sous les 3 % et de stabiliser la dette à un poids raisonnable. Les opposants au franc CFA pensent que l’Afrique devrait s’en affranchir rapidement, surtout pour casser ce lien historique avec la France.
Lors de sa visite au Burkina Faso en 2017, Emmanuel Macron, interpellé sur la question, s’était posé en défenseur de la devise : « C’est une bonne chose pour un aspect, ça donne de la stabilité à ceux qui l’ont », avait-il estimé. Mais des réunions régulières ont lieu pour réfléchir à une sortie en douceur de la monnaie. De leur côté, certains groupes africains aimeraient aussi en sortir car les accusations de néocolonialisme sont également récurrentes sur le continent et plusieurs manifestations contre le franc CFA ont eu lieu en 2017 au Bénin, au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Mali.
Pour l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembele, farouche adversaire du franc CFA, « c’est un frein au développement ». A ses yeux, « la priorité de la BCE (Banque centrale européenne) est de combattre l’inflation (et) la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest est obligée de suivre la même politique ». A cause de cette priorité, poursuit-il, la Banque africaine « accorde moins de crédits aux entreprises locales et aux Etats africains ». Or, on sait que les entreprises ont besoin d’argent pour se développer et que l’Afrique en manque. Pour lui, « cette politique monétaire empêche toute politique d’industrialisation », maintenant la plupart des pays de la région dans le bas du classement des pays les moins développés.
Du point de vue de la croissance, les pays de la zone franc affichent des réussites variables. Les pays d’Afrique de l’Ouest tirés par le Sénégal et la Côte d’Ivoire tournent autour de 6 % de hausse annuelle de leur PIB tandis que ceux d’Afrique centrale sont plus proches d’une croissance nulle.
Peut-on dire avec Luigi Di Maio que la devise serait responsable de l’immigration africaine vers l’Europe ? Selon plusieurs experts, la critique ne tient pas. « On ne peut pas dire que les pays africains de la zone franc soient surreprésentés dans les flux migratoires vers l’Europe même si on considère les choses sur le temps long », note Jacques Barou, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des migrations. Même si en 2018, les demandes d’asile d’Ivoiriens ont fortement progressé en France (+44 %), les principaux flux venant d’Afrique « partent surtout du Soudan, d’Erythrée et du Nigeria, trois pays qui n’ont jamais été dans la zone franc », souligne-t-il.
Le 23 janvier, la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau a estimé que les propos tenus depuis quatre jours par certains dirigeants italiens étaient « insignifiants » et « inamicaux », excluant toute mesure de rétorsion dans l’immédiat de la part de Paris dans les dossiers économiques. « Ces propos posent des questions : est-ce que ça rend service au peuple italien, est-ce que ça contribue au bien-être du peuple italien ? Je ne le pense pas », a-t-elle dit lors du compte rendu du conseil des ministres à l’Elysée.
Le Monde avec AFP
Voir les contributions
Édition du jour
Daté du mardi 24 janvier
Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.
Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
Comment ne plus voir ce message ?
En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.
Y a-t-il d’autres limites ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
Vous ignorez qui est l’autre personne ?
Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Lecture restreinte
Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article
Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.
Newsletters du monde
Applications Mobiles
Abonnement
Suivez Le Monde

source

Catégorisé:

Étiqueté dans :

,