Des années que le maire de Saint-Gervais-les-Bains (DVD), Jean-Marc Peillex, dénonce la surfréquentation des voies d’accès au Mont-Blanc. Cet été encore, c’est sous la pression de l’élu de Haute-Savoie que la préfecture a ainsi restreint l’accès au sommet par l’itinéraire de l’aiguille du Goûter « compte tenu des risques graves d’atteinte à l’ordre public induits par la surfréquentation » du refuge situé en contrebas du toit de l’Europe.
Entre 20 000 et 30 000 personnes tentent chaque année l’ascension. « Mais aujourd’hui, il y a trop de monde et la voie d’accès au Mont-Blanc est devenue une autoroute », déplore le maire. Son idée : l’instauration d’une sorte de « permis » pour les candidats au sommet : « Il s’agirait au moins de vérifier, détaille-t-il, que les gens aient bien une réservation pour dormir dans un refuge et qu’ils soient dotés de l’équipement adéquat pour la haute montagne. »
Dans un message rageur posté sur votre compte twitter, vous dites que « les bouffons sont toujours sur le Mont-Blanc ». De qui parlez-vous ?
JEAN-MARC PEILLEX. Cela fait quinze ans que je demande de réguler l’accès au Mont-Blanc qui est devenu aujourd’hui une ascension d’urbains, de touristes qui ne comprennent pas qu’en haute montagne, il y a des règles à respecter. Quand je vois qu’un guide s’est fait bousculer volontairement sur l’arrête des Bosses par des Espagnols qui étaient mal encordés et qui étaient mécontents de s’être fait doubler de façon régulière, je me dis qu’ils n’ont rien à faire là. Et qu’il faut restituer cette ascension mythique aux vrais alpinistes.
#saintgervais Les bouffons sont toujours sur le #montblanc pic.twitter.com/sxgFCwLwaZ
Vous évoquez certaines attitudes ahurissantes et intolérables.
Le 15 août, un guide a reçu un coup de poing en croisant une cordée de huit personnes venant d’Europe de l’Est au motif qu’il ne s’est pas arrêté pour les laisser passer alors que la cordée montante a toujours la priorité. Un autre guide s’est, lui, fait insulter dans les couloirs du refuge du Goûter, alors qu’il faisait remarquer, à juste titre, et sans agressivité, qu’un piolet doit être remisé dans le local crampons. L’abri de détresse Vallot est quant à lui devenu inaccessible à cause d’une bonne vingtaine de personnes qui l’ont privatisé et qui y vivent et dorment de façon organisée.
Vous dénoncez aussi des comportements irresponsables en haute montagne.
Oui, comme ce maître qui veut traîner son pauvre chien au sommet. Ou ces trois personnes qui, dans la montée du dôme du Goûter, faisaient la sieste allongées côte à côte sur un pont de neige. Sur l’arête des Bosses, on a croisé une personne seule en baskets sans crampons ou encore trois personnes en chaussures de randonnée sans crampons et non encordées. Parmi ceux qui tentent le sommet, certains sont non seulement inexpérimentés mais mal équipés.
Vous dites que « là-haut », c’est la « foire du trône ».
C’est devenu un parc d’attractions où l’ascension du Mont-Blanc fait figure de Space Mountain. 300 à 400 personnes tentent de monter au sommet chaque jour et beaucoup ne sont là que pour faire des exploits. Comme ces Lettons qui, le 11 août, ont tenté de monter un mât de 10 m de haut pour y hisser leur drapeau national, ou ce touriste qui y a planté sa tente. Quand je vois que la chanteuse Zaz y est montée pour interpréter une chanson, ou que l’ultra-trailer Kilian Jornet a posté sur Twitter une photo de lui complètement nu au sommet, je me demande comment on peut encore accepter l’image que nous donnons de l’ascension du Mont-Blanc, car, avec ces pratiques, on n’est plus dans l’effort ou le dépassement de soi. Je pense que le Mont-Blanc doit d’urgence retrouver sa dignité perdue.
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