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En France, douze millions de bénévoles s’engagent chaque année dans 800 000 associations à but non lucratif. Des internautes du Monde.fr racontent leurs attentes, leurs joies mais parfois aussi leurs déceptions.
Temps de Lecture 12 min.
En France, douze millions de bénévoles s'engagent chaque année dans quelque 800 000 associations à but non lucratif. Des internautes du Monde.fr ont répondu à notre appel à témoignages, ils racontent leurs attentes, leurs joies mais parfois aussi leurs déceptions.
J'ai la soixantaine et je fais du bénévolat depuis l'âge de 35 ans (visiteuse de malades, accueil de nouveaux arrivants dans une ville, animation de groupes de lecture et actuellement écoutante à SOS Amitié). Quelle satisfaction lorsque l'on vous remercie pour avoir apporté du réconfort, un soutien, un peu de joie, ou des menus services.
Quelquefois, votre famille souffre peut-être un peu de vos engagements, mais n'est-ce pas plus utile que de faire du ménage ou une tarte (qui sera très vite “engloutie”)… ? Si ma santé me le permet encore quelques années, c'est toujours avec autant de plaisir et de motivation que je me consacrerai à des associations, et malgré cela, je trouve toujours de bons moments pour mon plaisir et les miens.
Je suis entré en tant que bénévole dans une association de quartier lyonnaise qui vient en aide aux personnes en difficulté sociale pour leur recherche d'emploi. Pour moi, ce bénévolat était avant tout un premier pas vers une reconversion professionnelle pour devenir éducateur spécialisé.
J'étais au chômage lorsque j'ai commencé le bénévolat, et cela m'a permis de garder une activité, et de me créer un réseau social et professionnel. J'ai rencontré des gens formidables au sein de l'association qui se donnent réellement pour les autres et j'ai pu rencontrer ce public en grande difficulté.
Au bout d'un an, j'ai dû déménager loin de Lyon. Je ne regrette absolument pas cette expérience, au contraire, cela m'a beaucoup apporté puisqu'en partie grâce à cela, je viens d'être embauché en CDD à la Croix-Rouge, et mes études d'éducateur spécialisé s'annoncent bien.
Scout de France depuis l'âge de 9 ans, j'ai rapidement pris conscience de la richesse d'un engagement associatif. Dès l'âge suffisant atteint, j'ai à mon tour encadré des plus jeunes.
Souhaitant voir autre chose que le scoutisme, je me suis tournée vers d'autres associations. Je partage aujourd'hui mon temps entre des études, un job de surveillante en lycée, du soutien scolaire bénévole et l'encadrement de la branche 15-17 ans chez les scouts de France.
J'y trouve un apport humain mais aussi professionnalisant que ne sauraient m'apporter mes études et mon travail. J'ai le sentiment de ne pas rester inactive face à l'individualisme parfois angoissant de cette société, et de me préparer à mon futur métier : professeur.
Etre bénévole, ce n'est pas “bien”, c'est une manière de vivre sa relation aux autres : considérer que tout n'est pas marchand et que le don et l'engagement sont des moyens d'épanouissement et de rencontre certains !
J'ai découvert Asmae (Association Soeur Emmanuelle, laïque) un peu par hasard, alors que je cherchais sur Internet une organisation avec laquelle partir en chantier de solidarité. Je souhaitais passer un mois auprès d'enfants défavorisés, me rendre utile, partager.
Je suis ainsi partie au Burkina Faso puis en Inde, et j'ai vécu deux expériences magnifiques. On va là-bas pour donner de son temps, jouer avec les enfants, leur apprendre des choses, mais au final, c'est eux qui nous donnent tellement ! Malgré leur situation souvent difficile, ils gardent le sourire, font face à l'adversité avec courage et simplicité, se contentent du peu qu'ils ont. Quelle leçon de vie !
De retour en France, j'ai eu envie de continuer à les soutenir malgré la distance. Je suis donc devenue membre du relais Ile-de-France d'Asmae. Ce relais rassemble des bénévoles qui sont tous partis au moins une fois en chantier et organise des événements ponctuels pour faire connaître l'association et récolter des fonds.
Chacun apporte ses idées, participe comme il peut, et quand il est disponible, à la vie du relais. Je suis heureuse d'apporter ma petite goutte d'eau à l'océan, de transmettre les valeurs qui étaient chères à Sœur Emmanuelle : le respect, l'écoute, le partage. Yalla, en avant !!
Compliqué, exigeant, mais, disons-le, ludique. Apprendre des rudiments de français à un groupe très hétérogène est, chaque semaine, un défi : les Chinois sont ici depuis quinze ans, ils maîtrisent l'écriture mais butent encore sur la prononciation, la Géorgienne bac+8, notions d'anglais, s'en sortira vite. Quant à l'Ethiopienne, réfugiée passée d'un coup du village à la banlieue sud de Paris, elle va galérer, c'est sûr.
Alphabétiser, c'est être soudain au contact de l'incroyable diversité de ceux qui peuplent la planète. Mercredi prochain, devrait se joindre au groupe un jeune Malien. Lui parle le français. Mais n'a jamais tenu un crayon, m'a-t-on prévenu. Babel…
Quel meilleur passeport pour l'intégration que de pouvoir parler à son voisin, remplir un formulaire administratif et trouver un premier emploi ? Ils sont ici ? Probable qu'ils resteront, aidons-les à s'intégrer. C'est ma seule et modeste motivation.
J'estime également contribuer au bénévolat que réalise une collègue de travail. En effet, elle est forcément moins investie dans son activité au sein de notre entreprise et plus souvent absente… Finalement, c'est nous qui réalisons les activités qu'elle ne peut traiter par manque de temps.
C'est difficile pour nous, car elle réalise de bonnes actions et des activités nécessaires à la société civile mais à quel prix pour nous qui ne pouvons nous exprimer sur le sujet au risque de passer pour des sans-coeurs… Je pense qu'une réflexion globale sur le bénévolat et les conséquences dans le monde du travail ne serait pas un mal.
J'ai travaillé dans le milieu associatif environ cinq ans. J'ai commencé en tant qu'emploi-jeune dans un domaine qui me passionnait. Au bout d'un an et demi, je décidais de changer d'employeur pour découvrir d'autres domaines. J'ai commencé par aider au montage de projets que des amis avaient en cours puis voyant la fin de mes allocations-chômage s'approcher dangereusement, je décrochais un stage dans une structure assez importante. Le stage était encadré par l'ANPE.
A la suite d'un renouvellement exceptionnel de ce contrat, j'ai travaillé six mois dans cette structure sans avoir de poste à la clé. J'ai toutefois pu décrocher un second stage à l'étranger financé par les bourses Leonardo dans une structure similaire, sans pour autant pouvoir décrocher de travail dans la branche.
J'ai finalement abandonné l'idée d'avoir un avenir professionnel dans le domaine de mes rêves car je ne me voyais proposer que des stages non rémunérés (parfois d'une durée d'un an) correspondant à une forme de bénévolat réservée à du personnel qualifié.
Je suis étudiante à Poitiers, et il y a deux ans, j'ai assisté à une réunion d'information organisée par l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville), qui fait du soutien scolaire, de l'apprentissage à la lecture, de l'aide aux devoirs et de l'aide à la réinsertion dans les milieux défavorisés. Ayant eu cette année-là beaucoup de temps libre, j'ai voulu l'utiliser pour être utile à quelqu'un. Je me suis donc inscrite pour faire de l'éveil à la lecture avec un enfant de 5 ans. Après deux stages de formation, j'ai rencontré Dylan et sa famille, et pendant un an, j'ai passé deux heures par semaine à faire la lecture à ce petit garçon très éveillé.
Même si, au début, il était dissipé, il a suffi que je trouve les sujets qui le passionnaient (en l'occurrence, les animaux et les robots), et il a commencé à s'intéresser. C'est très enrichissant de voir ce qu'un enfant de 5 ans peut imaginer en ayant juste quelques images et une base avec ce que je lui lisais.
Quand je l'emmenais à la médiathèque, il était surexcité : voir autant de livres, c'était magique pour lui, s'il avait pu, il les aurait tous lu. Ce que j'ai surtout apprécié, c'est qu'après quelques semaines, à chaque fois que je partais, il avait l'air triste et me faisait promettre de revenir. Et il m'accueillait toujours avec un grand sourire, c'était vraiment magique.
J'ai toujours vécu dans l'associatif, ma mère étant secrétaire générale d'une très grosse association sportive, dans le sud. Il faut dire qu'à cette époque, il était courant de voir des familles s'investir complètement dans le sport pratiqué par leurs enfants, c'était mon cas. Combien de coups de fil à la maison, combien de parents voulant ceci ou cela pour LEUR petit, combien de donneurs de leçons qui disaient :”il faudrait faire comme ça”… et pourtant, cela n'empêchait pas la bonne volonté, l'acte bénévole, désintéressé et constant.
Plus tard, à l'âge de choisir un sport “d'entretien”, j'ai remis le doigt dans l'associatif, pour finalement diriger une grosse association sportive sur Paris et en m'engageant dans d'autres associations à titre bénévole. J'y rencontre toujours les mêmes “caractères immuables”, les mêmes… “et pourtant”, mais là encore, l'envie de créer quelque chose est intacte, car le monde associatif bénévole, quand il est choisi, quand il n'y a pas de contraintes financières et que l'on peut se permettre de s'y engager sans que cela entraîne des conséquences sur sa vie professionnelle, par exemple, peut devenir une aventure humaine riche par ses découvertes, ses rencontres mais surtout pleine de vitalité, de partage.
L'engagement bénévole n'est pas facile à vivre tous les jours car il entraîne parfois un repli sur son activité mais si l'on reste vigilant, il est une source de bonheur.
Il y a trois ans, j'ai ouvert la porte de la délégation locale de la Croix-Rouge de ma ville. Voulant repasser l'attestation de formation au premier secours (AFPS, devenu PSC1, prévention et secours civiques de niveau 1), j'ai discuté avec le formateur et les aides-moniteurs présents et ils m'ont invité à la réunion hebdomadaire. J'ai pu ainsi découvrir les bénévoles de ma ville, de tous âges, de toutes origines, et de tous milieux sociaux. J'ai commencé à passer les formations pour devenir équipier-secouriste, et j'ai vraiment vécu des expériences exceptionnelles.
J'ai perdu très vite tous mes préjugés, j'ai appris à dépasser mes limites, à prendre en charge une victime dans une situation très stressante, à gérer la fatigue pendant un weekend de garde.
C'est une expérience qui peut vraiment changer une vie, qui permet de tisser des liens vraiment forts… et de voir l'envers du décor, de travailler avec les pompiers et le SAMU.
Aujourd'hui, je forme les gens au PSC1 et j'essaie de donner envie à tout le monde d'être bénévole à la Croix-Rouge, car même si c'est une activité prenante, c'est vraiment une aventure exceptionnelle.
Avec quelques amis dont la moyenne d'âge est de 30 ans, nous avons créé une association de consommateurs sur Internet (e-litige.com) qui aide les consommateurs à résoudre leur litige par la médiation et l'information. Mais ce n'est pas toujours facile parce que nous sommes tous bénévoles avec donc une activité professionnelle souvent prenante. De ce fait, les nuits peuvent être courtes, notamment en cas de gros dossiers (fermeture de la Camif, le volcan islandais…). Et notre association ne fait que se développer.
Bien qu'il soit valorisant d'être reconnu par ses pairs, surtout pour une association elle-même jeune, le développement n'est pas sans poser de problème. Déjà sur le plan financier (problème courant de toutes les associations) puisque les ressources proviennent en très grande partie des dons mais aussi parce qu'il faut consacrer de plus en plus de temps au traitement des litiges des consommateurs.
C'est sans compter les aléas propres à notre activité avec des consommateurs parfois très exigeants (c'est parfois démotivant) alors que tous nos services sont gratuits mais surtout des professionnels qui n'hésitent pas à nous menacer sans cesse pour que nous retirions les témoignages de consommateurs mécontents. Et malheureusement, le recrutement est parfois difficile puisqu'en fonction de la mission du bénévole, il peut être requis certaines compétences et dans tous les cas du temps. Bénévole, c'est un vrai métier.
J'ai baigné volontairement dans le scoutisme (scouts de France, puis scouts et guides de France) depuis qu'à l'âge de 7 ans, j'ai demandé à mes parents de rejoindre ces enfants que je voyais le dimanche et qui avaient l'air de bien s'amuser. Cela a bercé toute mon enfance et m'a permis d'évoluer là où l'école ne me le permettait pas (confiance en soi, responsabilités, travail en équipe… et les filles) .
Devenu adulte, c'est naturellement que je suis passé “de l'autre côté” pour pouvoir accompagner des jeunes dans leur développement. Plus de vingt ans après, je continue toujours aujourd'hui à avoir des responsabilités dans l'association. C'est ma façon de rendre la monnaie de la pièce… Et de m'amuser toujours autant !
J'ai 60 ans, et je vais à l'encontre des idées reçues, car je ne désire pas faire du bénévolat. En effet, je trouve que la société attend beaucoup des bénévoles, alors que toutes les portes de la vie des entreprises sont fermées aux séniors ou pré-séniors, donc, si l'on n'est plus considéré capable de travailler dans une entreprise, on n'est plus capable de travailler aussi gratuitement… on veut bien des seniors pour toutes activités gratuites. Je refuse d'être bénévole, ou alors comme Christine Boutin, avec un très gros salaire en plus de ma retraite.
Bénévole depuis plus de quinze ans dans une association sportive, il est de plus en plus difficile de répondre aux difficultés administratives que l'on nous demande.
Juridiquement également, un vide existe sur la responsabilité de chacun dans une association. Cela amène un désintérêt et un manque de renouvellement.
De plus, lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait promis une prise en charge pour le calcul de la retraite de son dévouement bénévole. A la veille d'une action sur les retraites, où en sont ces mesures ?
Une grand-mère me donnait des cours de piano. Le jour où elle n'a plus été en état de le faire, elle a perdu tous ses élèves. Comme si le fait qu'elle ne puisse plus travailler l'avait rendue invisible et inutile. Je suis restée. J'y suis allée chaque samedi pour discuter, boire le thé, écouter la radio.
Après son décès, et après avoir ravalé ma peine, j'ai intégré une association qui propose des visites aux personnes isolées, souvent âgées et sans famille. Une à deux heures par semaine, je vais papoter avec ma “petite mémé”. On ne fait rien de grandiose, mais parfois, je sais que je suis la seule personne qu'elle voit de la semaine… alors je me dis qu'au moins, je suis utile à quelqu'un. Je ne vis pas que pour moi et mes proches un petit bout de ma semaine.
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