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Les douanes françaises ont découvert, vendredi 19 août, 2 000 hippocampes morts dans des colis postaux. Même si les hippocampes sont une espèce menacée et protégée par une convention internationale, leur braconnage est cependant monnaie courante.
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Les dessous du trafic d’hippocampes
Des hippocampes saisis par la douane française.
AFP PHOTO / Douanes françaises
Cet été, les douanes françaises ont réalisé un triste coup de filet. Elles ont annoncé vendredi 19 août avoir saisi plusieurs colis postaux envoyés de Guinée à destination du Vietnam. À l’intérieur, 2 000 hippocampes « morts et déshydratés » dissimulés dans des sacs plastiques. Les colis, en provenance de Conakry, devaient être acheminés à Hanoï par voie aérienne. Leur voyage s’arrête cependant ici : les spécimens découverts vont être détruits.
L’hippocampe, un animal qui appartient à la famille des poissons et dont la particularité est que le mâle porte les bébés, est une espèce protégée car menacée de disparition. Elle est protégée par la convention internationale de Washington de 2004, relative au Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Celle-ci n’interdit pas le commerce de l’hippocampe mais le soumet à de nombreuses autorisations.
Cependant, le trafic illégal de ces « chevaux de mer » est une réalité. Des hippocampes sont « assez souvent » saisis dans le fret postal, a déclaré à l’AFP Olivier Gourdon, chef divisionnaire des douanes de Paris-ouest. En février 2015 déjà, quelque 19 000 hippocampes déshydratés avaient été saisis à l’aéroport de Roissy dans un envoi commercial en provenance de Madagascar et à destination de Hong Kong. Les douanes avaient alors estimé cette prise à 200 000 €.
« Souvent, les hippocampes capturés illégalement finissent séchés, vendus aux touristes comme souvenirs, ou réduits en poudre pour des finalités cosmétiques ou de croyances diverses », analyse Mathieu Coutant, biologiste et codirecteur de l’aquarium de La Rochelle. La médecine traditionnelle asiatique attribue en effet des vertus aphrodisiaques et curatives aux hippocampes.
L’aquarium de La Rochelle (1) en élève régulièrement depuis son ouverture il y a une quinzaine d’années. Deux pontes récentes ces dix derniers jours ont donné naissance à environ 200 jeunes hippocampes. « Dans la nature, leur taux de survie n’est que d’un pour mille. En captivité, on réduit largement leur taux de mortalité. Selon les cas, on oscille entre 10 % et 90 % de survie », se félicite Mathieu Coutant. Les nouveau-nés sont envoyés dans des sortes de nurseries, hors de l’aquarium d’exposition, pour multiplier leurs chances de survie.
« À terme, la réintroduction de quelques hippocampes dans leur milieu naturel est envisageable, mais il faut être très prudent, car lâcher des individus nés en captivité dans la nature est toujours délicat, et parfois voué à l’échec » explique Mathieu Coutant. L’aquarium de La Rochelle compte actuellement une trentaine d’hippocampes adultes en exposition.
Il existe plusieurs espèces d’hippocampes, présentes dans de nombreuses régions du monde… et même en France ! « Cet animal aime se reproduire notamment dans le bassin d’Arcachon, où il s’accroche aux herbes avec sa queue, et sur la côte charentaise », indique le biologiste.
(1) L’aquarium de La Rochelle
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