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Ces pierres sont commercialisées chez plusieurs joailliers à partir de 5 000 DH le carat n Le trafic est facilité par un contrôle déficient à l’importation et le manque d’expertise des commerçants.
Le diamant aurait-il perdu son statut de pierre précieuse ? Depuis près d’une décennie, l’offre est devenue abondante. Tous les joailliers du Royaume, qu’ils soient installés dans les anciennes Médinas, les Kissariates ou les quartiers populaires, exposent des bijoux sertis en diamants, alors qu’une poignée de spécialistes exerçait auparavant sur le marché. Le prix de vente chez les grands diamantaires se situe entre 20 000 et 200000 DH le carat (qui vaut 0,2 g) selon la couleur, la taille et d’autres paramètres, alors qu’il démarre à 5 000 DH chez certains joailliers. Pour une pierre de qualité, ce prix semble très suspect. «Le marché du diamant au Maroc est loin d’être fiable», déclare un expert. A l’en croire, les faux diamants sont devenus monnaie courante, qu’ils soient mis sur le marché de bonne ou de mauvaise foi.
Les commerçants véreux profitent en fait de la forte demande et de la crédulité des clients pour placer leurs produits. «Les femmes marocaines cherchent de plus en plus des bijoux simples et raffinés, mais de valeur», explique Serge Azuelos, directeur général de la maison de joaillerie Azuelos. Et d’ajouter : «Cette évolution du goût a créé une forte demande sur les bijoux sertis en diamants». Dès lors, tous les joailliers s’adonnent à cette activité. Reste que «les bijoutiers ne sont pas toujours aptes à distinguer les imitations ou pierres pédagogiques des vrais diamants. Les acheteurs, pour leur part, ne font pas expertiser la pierre puisque pour ce type d’achat, on se confie à la relation de confiance qui les lie aux commerçant», regrette un expert.
Les certificats d’origine font très souvent défaut
La majorité des diamants commercialisés sur le marché local provient des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne. Et dans la plupart des cas, ils sont introduits légalement au Maroc. «Nous avons les grands joailliers marocains ou internationaux installés dans le pays qui importent pour leur propre compte, mais aussi des importateurs spécialisés qui ramènent les diamants et les redistribuent sur le marché», explique M. Azuelos. Toutefois, bien que ces pierres soient importées légalement, «il n’existe au niveau des services de la douane aucun moyen pour vérifier l’authenticité». Aussi, contrairement à l’or qui est poinçonné par les services compétents moyennant un impôt, «dès qu’ils dépassent les services de la douane, les diamants sont directement mis en vente», regrette l’expert. Sur ce sujet, une source douanière confirme que «les volumes importés sont très importants». Le problème est que «mis à part les joailliers qui importent eux-mêmes leur pierre, les grossistes n’accompagnent pas leurs marchandises d’un certificat d’origine, alors que chaque pierre doit en disposer», constate-t-elle.
Selon des professionnels, plus de 70% des pierres précieuses commercialisées dans le pays sont des fausses. Il s’agit dans la plupart des cas «de la moissanite qui lui ressemble étrangement. Contrairement au zircon, elle a une densité quasi égale à celle du diamant et une très bonne conductibilité», développe une ancienne propriétaire d’une marque de joaillerie internationale installée au Maroc. Et d’ajouter : «C’est pourquoi de nombreux bijoutiers, par manque d’expertise, achètent de faux diamants». Ce problème est accentué par la rareté des laboratoires qui font les tests et par le coût jugé élevé de la prestation. Pourtant, «analyser une pierre ne revient pas excessivement cher quand on prend en considération le prix de la pierre elle-même : il faut compter environ 500 DH pour qu’un laboratoire puisse établir la nature et la valeur de la pierre», explique notre experte. «Le Maroc demeure un marché propice au trafic de pierres précieuses. Il est donc plus qu’urgent de renforcer le système de contrôle des importations pour préserver les clients qui payent le prix fort pour un faux produit», dit-elle.
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