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Vivant dans un pays étranger, il nous arrive fréquemment d’être confrontés à la barrière de la langue. Alors imaginons pouvoir communiquer grâce à une langue universelle. Tel fut l’objectif d’une vie, celle du docteur Zamenhof, père de l’espéranto, une langue artificielle, vivante qui en a séduit plus d’un, par sa simplicité et sa facilité d’apprentissage.

 

 
Passionné par les langues, Zamenhof  en parle déjà 4 à 10 ans : l’hébreu, le yiddish, le polonais et le russe. Son père lui enseigne par la suite l’allemand et le français alors qu’au lycée, il étudie les langues classiques : le latin, le grec et l’araméen. Il s’intéresse par la suite au lituanien, à l’italien et à l’espagnol. Ce n’est qu’assez tard qu’il apprend l’anglais.

Convaincu que les différends entre communautés sont le résultat d’une incapacité à communiquer, il décide d’inventer une langue susceptible de devenir une lingua franca qui permettrait de réconcilier les différentes ethnies. Il présente la première version de cette langue à ses camarades de classe à l’âge de 19 ans.

 
Toutefois il doit mettre son projet entre parenthèse sous la pression patriarcale. Son père, qui craint en effet que cette langue, inventée de toute pièce, ne soit prise pour un langage codé et attire des problèmes à son fils, l’envoie démarrer des études de médecine à Moscou.
Deux ans plus tard, il revient à Varsovie où il termine ses études, se spécialise en ophtalmologie dans le but d’aider les plus démunis. Travailleur infatigable, il reprend également son projet de création d’une nouvelle langue.
 
L’année 1887 est une année faste puisqu’elle est marquée par l’ouverture de son cabinet et par la publication de son premier manuel Lingvo Internacia de Doktoro Esperanto (Langue Internationale du Docteur Espéranto). Il a alors 28 ans.

Si cette langue voit le jour c’est grâce à la vision humaniste du monde que défend Zamenhof. L’Espéranto est en effet plus qu’une langue, c’est toute une philosophie.
 
«Si je n’étais pas un juif du ghetto, l’idée d’unir l’humanité ne m’aurait jamais effleuré l’esprit.» écrit-il dans une lettre datée de 1905

Pendant longtemps Zamenhof s’est présenté comme un Juif de Russie, or vers 25 ans il prend ses distances avec le judaïsme pour être en accord avec la vision plus globale qu’il a des hommes.
 
« (…)  j’ai pensé que la manifestation d’un patriotisme national, chez les Juifs, pourrait être néfaste à eux-mêmes et à l’unification de l’humanité ».

Zamenhof a bénéficié d’une reconnaissance internationale pour son travail et sa vision du monde. Il reçoit les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1905 et est distingué en 1959 par l’UNESCO en tant que Personnalité importante universellement reconnue dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture. Il meurt le 14 avril 1917 et repose au cimetière juif de Varsovie.

 

Le 26 juillet 1887, Zamenhof publie son premier recueil sous le pseudonyme de Doktoro Esperanto – Docteur Espéranto, « Docteur qui espère », qui donnera par la suite son nom à sa langue. La première édition est publiée en russe et sera suivie par des éditions en français, en allemand et en polonais. Elle connaîtra de nombreuses évolutions.

L’objectif de Zamenhof est de créer une langue simple, facile à apprendre.
 
Elle est marquée par les caractéristiques suivantes : le passage de l’écrit à l’oral est intuitif, elle tente d’éviter les prononciations compliquées et elle ne comporte pas d’irrégularités grammaticales.

70% de ses racines sont latines et c’est la fin des mots qui indique leur nature.

On commence à la parler au bout d’un mois d’apprentissage pour en acquérir une maîtrise quasi totale en 6 mois.

Zamenhof est convaincu que ce qui donnera sa valeur à sa langue c’est la traduction réussie des chefs d’œuvre littéraires. Il se lance donc dans cette tâche colossale et traduit bon nombre d’oeuvres à commencer par la Bible mais également Hamlet de Shakespeare, La bataille de la vie de Dickens. L’Espéranto donnera même naissance à sa propre littérature.
 
Bien plus qu’une langue, l’espéranto est une vision du monde et de la société véhiculant des valeurs de paix et de bienveillance en abolissant toutes les frontières ; c’est également un idéal de vie empreint d’ouverture aux autres et à la tolérance.

Le premier congrès universel d’Espéranto que Zamenhof va présider se tient à Boulogne-sur-Mer en 1905 et réunit 688 participants de 20 pays. Au cours de ce congrès, sont jetés les fondements de la langue et son développement futur. De nombreuses initiatives sont alors lancées : création d’associations, de cours et publication de revues.

Les congrès universels annuels se tiennent depuis lors, chaque année.

 

 Ludwik Zamenhof, 1909, au congrès d’espéranto de Barcelone
L’Espéranto, parlé sur les cinq continents, est la seule langue artificielle devenue langue vivante et elle évolue constamment. À l’ère de la mondialisation et des nouvelles technologies, le besoin d’une langue commune à l’échelle internationale se fait de plus en plus sentir et ce malgré la montée des mouvements identitaires. Cette langue est promue, diffusée et enseignée par de nombreuses associations mondiales, nationales, régionales et de plus en plus de groupes se créent sur les réseaux sociaux.  Il est difficile de recenser le nombre de locuteurs mais on l’estime entre 1 et 2 millions voire plus selon certaines sources.
En 2003 un parti politique européen, Europe Démocratie Espéranto (Eŭropo Demokratio Esperanto) voit le jour. Leur objectif, au-delà de faire connaître l’Espéranto au grand public, est de « de faire avancer la citoyenneté européenne, renforcer la démocratie dans l’Union européenne », en utilisant l’espéranto comme langue commune en complément des langues officielles.
 
Certains mots en espéranto sont dérivés du polonais :
 – pilko du polonais piłka pour signifier « balle »,
luti du polonais lutować pour signifier « souder »,
ŝelko du polonais szelki pour signifier « bretelles ».
– Zamenhof a également emprunté au système honorifique de la langue polonaise pour utiliser le mot moŝto comme adresse à un roi, dérivé du polonais mość.
– Tous les sons de voyelles et les signes diacritiques utilisés en espéranto se trouvent également en polonais.
 
Quelques années avant Zamenhof, le prêtre allemand, Johann Martin Schleyer avait créé le volapük : de vol  « monde » et pük, « langue » – mais la complexité de sa conjugaison, une grammaire pointue ainsi qu’une phonétique (trop) proches de l’allemand, rebutèrent le public.
Amikejo  ou « lieu d’amitié », c’est le nom de l’état espérantiste, rêvé en 1908, dans la région du Morsenet, à la frontière de l’Allemagne et de la Belgique. 
Esperantogeld ou Esperantowährung – Geld  signifie « argent » ; Währung signifie « monnaie ». Ces expressions à connotations négatives sont utilisées en Allemagne et en Autriche par les opposants à l’euro, sous entendant que la monnaie européenne est vouée à l’échec… comme la langue universelle créée par Lejzer Ludwig Zamenhof ! 
 
En Pologne, vous trouverez l’Association polonaise d’espéranto (PZE, Pola Esperanto-Asocio, PEA), une association socioculturelle fondée en 1908. En 1928, il y avait 4 690 espérantistes enregistrés en Pologne.
 
Toutes les informations ici :  Congrès d’espéranto polonais à łódź 
 
Si cette langue a connu de nombreux détracteurs, son esprit, sa simplicité et les idéaux qu’elle véhicule ont attiré depuis sa création de nombreux adeptes notamment quelques personnalités telles que Gandhi, Kennedy, Einstein ou Jean-Paul II, pour n’en citer que quelques-unes.
 
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Lepetitjournal.com Varsovie
Matthias Sauvergeat mer 25/04/2018 – 22:06
Il y a également le site d apprentissage de l’esperanto : lernu ! (Apprenez ! )
Didier mar 24/04/2018 – 11:34
Merci pour cet article de fond. Pour en savoir sur l’espéranto : www.esperanto-france.org
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Merci !
Bénédicte Mezeix
Rédactrice en chef de l'édition Varsovie.
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