Toutes les informations du Mali
L’encre de l’érudit est plus forte que l’arme du guerrier.
Prophète Mohamed, Paix Sur Lui (PSL)
L’écriture est une bonne chose et le savoir en est une autre.

L’écriture est la photographie du savoir mais elle n’est pas le savoir lui-même.
Le savoir est une lumière qui est en l’Homme!
Il est l’héritage de tout ce que les ancêtres ont pu connaitre et qu’ils nous  ont transmis en germe tout comme le baobab est contenu en puissance dans son germe.
Amadou Hampaté Bâ, cité par Drissa Diakité (2009 27 in Diallo 2013)
Au commencement était le verbe. Ki-Zerbo (1973 17 in Diallo 2013)
[La Constitution est] un ensemble de textes fondamentaux qui régissent la forme d’un gouvernement, règlent les rapports entre gouvernants et gouvernés, et déterminent l’organisation des pouvoirs publics. (LAROUSSE 2010 240 in Diallo 2013)
Contexte: Nous ne sommes ni politicien, ni juriste, ni constitutionaliste, encore moins érudit. Comme le partage est une des nombreuses valeurs islamiques, à l’occasion, nous partageons nos points de vue sur certains sujets d’intérêt public. Malgré moult pressions, dont un embargo illégal et illégitime du couple CEDEAO/UEMOA (voir Lettres ouvertes Nos.13 et 14 dans le journal LE RÉPUBLICAIN), parmi les mesures de redressement général du pays, le gouvernement de la Transition rectifée malienne a mis en place une Commission de rédaction de la nouvelle constitution (CRNC) comme préalable indispensable à la tenue de toute élection apaisée et transparente..
Composée de manière très inclusive, cette commission a adopté une approche demandant les apports de tout le Peuple malien et Alliés/es, y compris les tungarankew (comme déjà expliqué dans nos précédantes Lettres ouvertes, nous évitons cet emprunt gratuit, diaspora). Tous les canaux de communication actuellement disponibles ont été mis à disposition, notamment, et cela est une nouvauté fort louable, des contributions en ligne pour ceux et celles qui en ont la possibilité.
Ci-après et ce brièvement, nous partageons quelques idées dont, essentiellement, la nécessité de valoriser ce que bien d’autres pays, à travers le monde entier, n’ont pas, un outil unique et si précieux que les Nations unies l’ont classé parmi le patrimoine immatériel mondial le 19 mars 2009 avec, entres autres, ces mots: “Cette Charte est l’une des plus anciennes constitutions au monde même si elle n’existe que sous forme orale. (UNESCO Candidature 00290 in Diallo 2013). Ceci, en soi, est un message assez éloquent pour les sceptiques, ceux et celles qui doutent de la valeur d’un document oral à travers les profondeurs des siècles. Aussi impressionnés/es que nous sommes par la taille du baobab géant sahélien et, comme nous le conseille Amadou Hampaté Bâ ci-dessus, rappelons-nous, “il n’est que la photocopie du savoir mais […] pas le savoir lui-même”.  Le savoir est bien plus grand que tous les baobabs géants réunis car couvrant des immensités dont, peut-être, certaines sont encore insondées.  En effet, de temps en temps, sont annoncées des découvertes de tribus vivant dans les profondeurs amazoniennes. En outre, chaque année, pour leurs découvertes, des sommités scientiques sont décorées du Prix Nobel, pour ne citer que ces deux exemples parmi tant d’autres.
En outre, contrairement aux vues parfois respectables des sceptiques, dans le cas malien, n’importe qui n’est pas dépositaire du savoir communautaire. Avant d’y parvenir, le dépositaire suit tout une formation des maîtres de la parole avec un curriculum bien conçu, bien organisé et bien enseigné par des experts/es de la communauté. Gaoussou Diawara (2010 53 in Diallo 2013) nous donne une liste détaillée de 30 “instituts de rhétorique” disséminés en Gambie, Guinée-Bissao, Guinée-Conakry et Sénégal, tous des démembrements de l’Empire du Mali. et en République du Mali pour la formation des maîtres de la parole, les Nyamakalaw. Joseph Ki-Zerbo (1973 704 in Diallo 2013) décrit la fierté et l’honneur familiaux de mériter cette confiance en transmettant ce qu’il appelle “l’héritage des  oreilles”.  Pour cela, pousuit-il, “certains griots  et griotes étaient: des fonctionnaires spéciaux très honorés mais responsables pendant toute leur vie de l’intégrité de ces documents récités régulièrement, parfois chaque matin, au cours d’une cérémonie spéciale depuis des siècles. D’ailleurs, .la tradition est souvent autocontrôlée par de nombreux témoins qui veillent à sa conservation.” Et cela est selon l’Article 2 de la Charte de Kurukanfuga.
Entre autres, la légèreté, l’improvisation et le manque de sérieux n’avaient aucune place dans cette formation plutôt caractérisée par la rigueur et l’honneur, honneur d’être choisi/e parmi tant d’autres pour une telle tâche, honneur de représnter sa famille, honneur pour sa communauté. Surtout, les heureux/ses candidats/es retenus/es comprennaient la lourdeur, l’immensité de la tâche, celle de connaître, de comprendre et de transmettre la vérité vraie et non des imaginations sans fondements aux générations actuelles et futures, et non des “fake news” selon la terminologie actuelle.
Contrairement aux temps présents, dans leur contexte, le code de conduite était exigeant, très exigeant, et si exigeant que “le ridicule [tuait]”. Alors, le mensonge était synonyme de déshonneur, déshonneur pour son auteur, sa famille et toute sa communauté.
Mᴐgᴐ bε fili k’a da I k ᴐ n ᴐ ko de kan”, on se trompe sur la base des informations dont on dispose, dit la sagesse bamanan. Conditionnés/es par l’environnement multidimensionnel, les sceptiques de nos temps jugent avec les variables à leur disposition. Et, pire, certaines gens ne peuvent aller au-delà de leurs réactions primaires, prêtes qu’elles sont à faire siennes tout ce que l’on leur raconte. Sinon, tout de même, rappelons-nous, tout ce qui est écrit n’est pas, forcément, vrai.  Pour preuve, le monde actuel est si infesté de faux billets de banque aussi luxuriants que croquants que, continuellement, des mécanismes de plus en plus sophistiqués sont élaborés et utilisés pour les détecter, parfois vainement.
Comme pour prouver le sérieux et la hauteur de la tâche de conservation et dissémination du legs commun, en personne, lors du ladεba en 1236, la grande rencontre de Kurukanfuga, le Fondateur de l’Empire du Mali, l’Empereur Soundiata Kéita a, lui même, nommé Balla Fasséké pour sauvegarder et disséminer l’information impériale à travers tout l’Empire du Mali (voir plus bas). Complètement imbus des réalités multidimensionnelles d’alors, aucun/e participant/te au ladεba ne doutait de la pertinence d’une telle décision et de sa mise en oeuvre correcte par l’heureux choisi pour ce faire.
Aussi gênant que cela puisse paraître pour certaines gens, la triste réalité des causes historiques est que chacun/e d’entre nous a sa dose d’acculturation, la seule question valable étant jusqu’à quel degré?  Conscient des multiples dangers de l’acculturation, S.E. Président Modibo Kéita, premier président du Mali (1960-1968), affectueusement appelé Modibo par son Peuple (et nous ne ferons pas autrement dans ce texte) la définit comme “cette attitude de préférer les choses qui nous viennent d’ailleurs alors qu’elles ont été élaborées dans un contexte différent du nôtre”. Inutile d’aller chercher loin un exemple d’acculturé en dehors de l’auteur de cette Lettre ouverte. Tout de même, en être conscient est, déjà, un pas dans la bonne direction, celle d’une réduction progressive de cet embarras culturel jusqu’à son extinction définitive telle que souhaité, de nos jours, par plus d’un.
Rappel: Après ce raccourci sur le contexte, ci après, nous passerons en revue, par ordre chronologique, quelques Constitutions et Déclarations à travers le temps avant de proposer des idées relatives à l’élaboration de la nouvelle Constitution malienne. Ce sont : le Cylindre de Cyrus, la Constitution de Médine, la Magna Carta, la Charte de Kurukanfuga, la Déclaration de l’Homme et du citoyen, la Déclaration de la Femme et de la citoyenne et, très brièvement, la Déclaration des Droits de l’Homme des Nations unies de décembre 1948.
Le Cylindre de Cyrus (539 avant Jésus Christ – av. JC)
Selon Khashayar Joneidi (britannica.com/biography/Cyrus-the-Great consulté 09/05/22), après avoir renversé son grand-père maternel, Cyrus Le Grand aussi appelé Cyrus II (né entre 590–580 av. JC – mort en 529 ou 530 av. JC., selon d’autres sources) procède à l’unification du royaume de ce dernier avec la Perse (actuellement Iran) dont il a héritée, ainsi fondant l’Empire Perse. Affectueusement appelé le Père du peuple par son peuple, Cyrus était reconnu par ces derniers comme un monarche tolérant et idéal. Après la conquête de Babylone en 539 av, J.C., il a libéré les nations alors esclaves de Babylone et leur a donné la liberté religieuse. La Bible (par exemple Ezra 1:1–4) le reconnait comme le libérateur des Juifs.
Toujours d’après Joneidi et telle que perçue par les Grecs, sa personalité les a influencés.  Il en est de même pour Alexandre Le Grand (356 av. J.C – June 13, 323 av. J.C.), les Romains et cela continue de nos jours. D’après Neil MacGregor, Directeur du British Museum cité par Britanica, “La plus grande découverte de plusieurs personnes est l’importance de Cyrus pour les auteurs de la Constitution des États unis…L’histoire de la Perse, l’Iran fait partie des États unis modernes.”  En 1971, l’Iran a célébré le 2 500e anniversaire de la création de la monarchie de Cyrus.
Selon “The Cyrus Cylinder,” Ancient History Encyclopedia, https: www.ancient.
eu/article/166/the-cyrus-cylinder et Cyrus Cylinder (Ali Moayedian/Pay-vand.com), le fondateur de l’Empire perse a publié le document en forme cylindrique en argile en 539 av. J.C. Il été utilisé comme instrument de propagande après la conquête de Babylone contre le roi ainsi défait tout en faisant l’éloge du vainqueur, Cyrus lui-même.  En 45 articles, ce document décrit comment il a libéré plusieurs peuples alors esclaves à Babylone. Beaucoup d’érudits considèrent le Cylindre de Cyrus comme la première Déclaration des droits humains puisque, comme mentioné par Joneidi, il a libéré des esclaves et établi les libertés raciale, religieuse et linguistique sous le règne de Cyrus.
La Constitution de Médine, Médina, ou Madina, 622
1161 ans, soit un millénaire, un siècle et 61 ans après l’élaboraion du Cylindre de Cyrus, à son arrivée à Médine, le Prophète Mohamed (d’autres orthographes sont utilisées), Paix Sur Lui (PSL), a trouvé une population non homogène sur les plans ethnique et religieux avec les unes discutant leurs prérogatives aux autres. Cela va de soi, le Messager de l’inclusion, de l’entente et de la paix, entre autres, ne pouvait s’accomoder d’une telle situation. Pour ce faire, le Messager d’Alah, SWT élabore un document appelé la Constitution de Médine ou la Charte de Médine ou, encore le Pacte de Médine. Ce texte vise à organiser la cohabitation paisible des communautés Quraish musulmanes, celles juives de Yatrib et bien d’autres encore. Parmi les multiples versions, pour faute d’espace ici, retenons celles des Musulmans de Calgary, Canada in muslimsincalgary.ca intitulée “Constitution of Medina”, telle que rapportée par WovenTeaching.org (consultée le 9/09/22),  selon les deux traductions de Muhammad, un auteur au nom incomplet (ce qui amène sa dose d’incertitude chez certaines gens), celle de Shahid Mursaleen intitulée “The Constitution of Medina in 63 constitutional articles” (academia.edu/18365196  Minhaj-ul-Quran Publications 2012) et celle utilisée par Mounira Bouziane (voir plus bas).
Toutes ces versions mentionnent le rôle régulateur de la Constitution de Médine entre tous/tes les habitants/tes de Médine. Certaines vont plus loin avec davantage de précisions.
Longue de 64 articles, celle des musulmans de Calgary fait la distinction sur des bases religieurses, et non ethniques et tribales. Ainsi sont concernés les Juifs et les Musulmans, chaque groupe ayant le droit de pratiquer librement la religion de son choix, entre autres libertés. Pour cela, beaucoup d’historiens retiennent la Constitution de Médine comme la première du genre même si le Cylindre de Cyrus accorde aussi la liberté religieuse. Enre autres articles, mentionnons:
Dans “The “Constitution” of Medina: Translation, Commentary, and Meaning Today”, Dr.Oyamir Anjum, (2021 et 2022) offre une analyse profonde de ce qu’il appelle le  Ṣaḥīfah ou Kitāb de Médine [The Pact of the Believers] (le Pacte des Croyants), tel que rapporté par le “célèbre historien de la Sīrah … Ibn Ishāq et celui du célèbre érudit de la langue et de l’écriture Abū ʿUbayd al-Qāsim ibn Sallām.”
Selon Dr. Anjum, “le grand érudit du 20e siècle, l’érudit Indien de la Sirah, Dr. Muhammad Hamidullah, a déclaré que ce texte est la toute première constitution jamais écrite de l’histoire de l’humanité, et l’étiquette [y] est restée collée.”
Dans le Pacte des croyants, Anjum identifie 47 clauses dont quelques unes sont citées ci-après:
Les premières clauses du Pacte des Croyants font de la ummah une communauté politique mais il est évident que cet ordre politique comporte aussi la lutte active comme partie intégrale de la communauté.
Toujours d’après Anjum, cette première mention des Juifs ouvre la porte aux Juifs mais aussi les les mushriks (les polythéistes, mushirikuw en bamanan) font partie de ce traité.  Ceci suggeste que, au moins, certaines parties de ce document ont été abrogées plus tard car ces derniers ont été explicitement exclus de la déclaration contenue dans Sūrat al-Tawbah (9:1).
[La trêve avec les Juifs]
37. Les Juifs ont leurs dépenses et les Musulmans les leurs. Les [parties dans ce traité] s’entraideront contre toute entité qui est en guerre contre les peuples faisant partie de ce traité. Entre eux existent la bonne volonté et la sincèreté.
Les femmes sont mentionées dans l’analyse faite par Anjum sur cette Constitution, mention relative à ‘l’Engagement des femmes’ car il ne comprend aucun combat, alors resssemblant à celui du Qur’an 60:12 [Al-Mumtahanah] contenant une déclaration de foi et d’interdit de certains actes de dépravation bien connues telles que le vol, la fornication, la tuerie des enfants et la calomnie des femmes chastes.
Dans son analyse de ce qu’il appelle le Sahifah ou Kitāb de Médine, Anjum tente de montrer son influence sur la vie actuelle avec l’exemple du parti Tunisien Ennahda, Rachid al-Ghannouchi. Rachid al-Ghannouchi suggère que cette Constitution comprend des conceptions politique et confessionnelle avec la ummah et utilise cette conception pour prouver “que les non-Mususmans ont toujurs joui des ’droits de citoyenneté’ en Islam [car] Médine ‘était une cité avec des communautés multi-religieuses dans laquelle la cytoyenneté était basée sur un partgage territorial, et non un partage selon les ethnies. 
Encore selon Anjum, en Tunisie post-révolutionnaire, l’enseignement à tirer du Kitāb est que la gouvernance d’origine était basée sur des circonstances de pluralisme radical, précisément où il était impossible d’avoir  une volonté ou un but partagé parmi les “citoyens.”  al Ghamouchi écrit que la première constitution en Islam (si non dans le monde) a codifié une formation politique essentiellement pluralistique, et que “nous [les Musulmans] sont chanceux du fait que notre premier État était pluraliste.” Plus tard, il répète que la fondation de Médine fournit aux Musulmans un exemple qui fait autorité quant à la fondation d’un ordre politique basé sur la citoyenneté (non la religion) comme le principe fondamantal des droits et devoirs.
Dans sa comparaison entre la Constitution de Médine et celle des États unis d’ Amérique, BOUZIANE Mounira (2013-2013) signale la présence d’une copie du Qur’an (avec plusieurs orthographes) au Congrès des États unis, copie achetée en 1765 par Thomas Jefferson, lors de sa visite à Londres, Royaume uni.  On se rappelle que Jefferson est l’un des auteurs de la Constitution américaine et 3e Président des États unis. Non sans controverse, cette copie a été utilisée par le premier musulman au Congrès américain, l’Honorable Keith Ellison pour sa prestation de serment en 2007. (voir Diallo 2013) Et cela sans surprise, s’élèvent des voix pour nier toute influence du Qur’an dans l’élaboration de la Constitution américaine, voix auquelles Bouziane répond en indiquant que “la plupart des principes, en 52 mots, sont les mêmes que ceux du Qur’an.” Plus loin, toujours à propos de ceux que nous appelons les détracteurs de l’Islam, elle souligne que “La Cour Suprème américaine a retenu l’évidence de l’existence de similitudes claires entre les deux documents [constitutions]”.
Elle ajoute cette brêve déclaration de la même Cour Suprème: “En 1935, la Cour Suprème a honoré le Prophète Muhammad [PSL] comme étant l’un des plus grands législateurs du monde.” Le milieu académique américain confirme cette position avec, notamment, l’une des trois plus grandes universités des États unis, l’Université de Havard.  À l’entrée sa Faculté de Droit est une enseigne de la Sourate An-Nisa 4: 135 comme étant la plus importante déclaration de justice du monde, (Bouziane)
Pour le débat sur l’ancienneté de telle ou telle constitution, Bouziane tranche:
La Constitution de Médine est la plus ancienne de l’histoire mondiale parce qu’elle date de 1165 ans avant la Constitution américaine… Les Américains eux-mêmes n’ont pas nié en son temps qu’ils ont bénéficié des civilsations antérieures et les pères fondateurs parlaient de l’Islam et du prophète Muhammad (paix sur lui) avec respect.
Catégoriquement, Bouziane ajoute:
… la civilisation occidentale a bénéficié des Principes Islamiques et elle emprumté de l’Islam le meilleur contenu de ses constititutions, surtout la Constitution Américaine. Par conséquent, toutes les constitutions qui ont emprunté de la Constitution Américaine y compris la Constitution Française doivent être reconnaissantes des Sources Légales Islamiques.
Certes, de nos jours, avec l’eurocentrisme rampant, sciemment ou pas, l’on a tendance à attribuer tout ce qui est positif à l’Europe ou, par extension, aux États unis. Et Bouziane trouve ironique:
l’importation des idées occidentales avec leur semblant d’innovations qui, au fait, proviennent du monde islamique et ont atteint l’Europe et ensuite l’Amérique en passant par l’Andalousie. Beaucoup de constitutions modernes sont des adaptations des constitutions américaine ou française…
En réponse à ceux/celles qui rejettent l’usage du mot “constitution” pour celle de Médine, elle
ajoute: “En utilisant les définitions occidentales de charte, proclamation, traité et constitution au Sahifat de Médine, nous avons prouvé qu’il était plus que juste un traité, et il fonctionne comme toute autre constitution.”
Le texte de la Constitutiton de Médine utilisé par Bouziane comporte 63 articles comme celle de Dr. Muhammad Hamidullah, tandis que d’autres en ont 64, 47, etc. Dans son analyse, elle note le manque de précision sur le contenu du texte, plus présement son nombre d’articles comme on peut le constater ci-dessus. Pour y rémédier, elle suggère une action collective, et non individuelle, des érudits musulmans pour adopter un seul texte.
Magna Carta, The Great Charter, ou La Grande Charte, 15 juin 1215 à Runnymede, Londres
Née d’une révolte de certains barons contre les pratiques financières jugées inacceptables du Roi John I, la Grande Charte n’est pas, dans sa conception, une Constitution, surtout dans un contexte britannique sans Constitution, y compris de nos jours.
Dans notre ouvrage intitulé “Où est la société civile” (2013), nous procédons à une analyse comparative approfondie de la Grande Charte et celle de Kurukanfuga. En quelques lignes:
… Suite à l’instauration d’une taxe excessive, les barons en colère se sont révoltés, avec le soutien de la plupart des citoyens anglais. Quand le Roi a osé les rencontrer dans un champ près de Londres [à Runnymede], ils le forçèrent à signer un document limitant ses pouvoirs… document dès lors connu [sous le nom de] Magna Carta. (Time 2010  25 in Diallo 2013)
Toujours selon TIME, la Magna Carta a “énoncé beaucoup des premiers principes de la démocratie occidentale [dont] la limitation des pouvoirs du gouvernement et les autres lois et libertés”…Toutefois, cela n’a pas mis fin aux hostilités car, par exemple, le 22 mai 1216, le Prince Louis de France a fait son entrée à Sandwich (nom du seigneur qui a préparé ce repas de circonstance pour ne pas arrêter son jeu, wikianswers consulté le 13 novembre 2010).  En fait, Mike Ibeji (BBC.com consulté le 12/11/22) précise que la Grande Charte n’a vécu que pendant trois mois. Contrairement au TIME, Ibeji pense qu’elle était “un simple gâteau de négociation, [donc] sans grande signification. ” L’histoire nous en a dit autre chose.
Par exemple, le Pape Innocent III l’a annulée aussitôt après car, selon Sa Sainteté, la Grande Charte n’était qu’un : “accord honteux  et  déshonorant,  imposé  au  roi  par  la  force  et  la violence … [et qui] nuisait à la dignité du Roi John”. Au fil du  temps  et  selon  les  intérêts  et  les  forces  des  parties  en présence (le roi, l’église et le baronnage), il y eut  des retraits de certains  articles  et  des  rajouts  d’autres.  Par  exemple, toujours selon la BBC, en collaboration avec le New York Times, 17 versions ont survécu après le 13e     siècle, dont quatre (4) renégociations dans la première décennie.  Comme le TIME, ces deux médias mentionnent que la Grande Charte a “garanti les libertés fondamentales des hommes”.
Remarque importante, toutes ces rigueurs de part et d’autre: “Dans la charte elle-même, les clauses ne sont pas numérotées, et le texte est  en continu … les deux clauses les plus citées par les défenseurs de la liberté sont  les 39 et 40, surtout la dernière expression de la clause 39: “…la loi du pays”
La Constitution américaine contient de nombreuses similarités avec la Magna Carta et “Peut-être la plus grande influence [de cette dernière] sur les Pères Fondateurs était leur compréhension collective qu’en élaborant la [première] ils étaient en train de créer une Magna Carta pour une nouvelle ère. Une telle idée est clairement présente dans la Déclaration d’Indépendance [car elle] a utilisé la Magna Carta comme un modèle d’hommes libres faisant une pétition contre un gouvernement pour leurs droits divins à la vie, la liberté, et la poursuite du bonheur. ”
Remarque importante : “Dans la charte elle-même, les clauses ne sont pas numérotées, et le texte est  en continu … les deux clauses les plus citées par les défenseurs de la liberté sont  les 39 et 40, surtout la dernière expression de la clause 39: “…la loi du pays”. Citées par Dave Roos, ces deux clauses sont:
Cependant, de leur côté, dans un ouvrage collectif, Ervin N. Griswold (vii) et Philip B. Kurland (page 49)  relativisent la portée de la Grande Charte.  Pour le premier, elle est “un évènement intéressant, mais il n’a pas de signification permanente…” et le second pense que “Churchillien – plus grande que la réalité – est le qualificatif approprié pour décrire la Grande Charte parce que son utilité au domaine constitutionnel a été dépendante de son exaltation au-delà du factuel… ” (voir détails dans Diallo, 2013)
Á l’occasion des cérémonies commémoratives du 800e   anniversaire du15 juin 2015, nous avons publié une Lettre ouverte invitant le gouvernement malien à y participer pour mieux faire connaître la Charte de Kurukanfuga et en partager les enseignements. Cette participation aurait contribué à renforcer le message du Général Président Amadou Toumani Touré (appelé affectueusement ATT par son peuple et nous ferons de même dans ce texte), message mentioné dans son discours à la Séance Plénière du Parlement européen réuni à Strasbourg (7/089/2010).  Entre autres, ATT a dit : “Adoptée il y a 776 ans à la fondation de l’Empire du Mali par Soundjata Kéita en 1236, la Charte de Kouroukan Fouga avait tous les Attributs d’une Constitution.”
“L’administration est une continuité”, dit-on, pas dans ce cas, fort malheureusement. Rappelons, en passant, le même cas auparavant mentioné entre la première et la deuxième républiques et espérons que de telles situations ne sont pas causées uniqument par des égos surdimensionnés car le pays y perd tant. Au-delà du Mali, une analyse critique séance tenante aurait été une autre contribution à l’universel. Tout en notant deux orthographes différentes de Kurukanfuga dans le discours prononcé par ATT, retenons que, sur 63 clauses, la Grande Charte en a consacré  deux à la femme,  tous  relatifs  à ses droits d’héritage, aux conditions de séjour au domicile conjugal et de son remariage à la mort de son mari
Dunya Makalikan ou La Charte du Mandé, Youssouf Tata Cissé et al (2008) 
Selon plusieurs sources concordantes dont celles de Youssouf Tata Cissé et al (2008) et du couple présidentiel Konaré et Konaré (1983), entre les années 1154 -1161, des marchands arabes se livraient à des razzias dans les contrées maliennes ainsi réduisant leurs victimes à l’esclavage. Certes, cette pratique ignoble n’avait aucun rapport avec l’Islam, même si elle était faite par des “musulmans”. Sans doute aucun, cela déplaisait aux populations laborieuses qui décidèrent d’y mettre fin en élaborant, en 1222 (car coïncidant, selon Cissé et al, avec le passage de la comète Haley) un code de conduite à portée universelle, code dénommé Donsolu Kalikan et, ensuite, Dunya Makalikan, respectivement, en langue française, Serment des chasseurs et Injonction au  monde (Cissé et al 2008 in Diallo 2013). Volontairement réunis au sein de leurs associations, les chasseurs, donsolu, faisaient partie de la société civile malienne précoloniale. Ainsi, véritable arme de protection de l’intégrité de la personne humaine, le Dunya Makalikan stipule, notamment:
Toute vie étant une vie,
Tout tort causé à une vie exige réparation. Par conséquent,
Quel nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin,
Que nul ne cause du tort à son voisin.
Que nul ne martyrise son prochain.
 
Le message de cette charte est clair, du moins pour celui/celle qui veut l’entendre, notamment:
un message d’équité entre tous les êtres humains;
un message d’égalité devant la loi, nul n’est au-dessus de la loi;
un message d’interdiction de toute violence sans raison;
un message de bien vivre ensemble, de cohésion sociale.
 
Et, contrairement à ses devancières, elle ne fait pas de distinction entre personne libre ou non; entre homme ou femme; entre personne âgée ou enfant. Ce faisant,  cette charte “a  su  défendre les  êtres  faibles, la femme et l’enfant”, ajoute Makhily Gassama (2008 32). Avant lui et allant plus loin dans son analyse, Dialo Diop (2008) dit :
Quand on pense que la Charte du Mandé date de 1222 et que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui a fait de la France la “ patrie des droits de l’homme ”, ne date que du 26 août 1789, on est écœuré devant cette extraordinaire faculté de l’Europe à ramener tout bien à elle, à s’approprier la paternité, sans partage, de tout progrès matériel, intellectuel et moral accompli par l’homme dans le temps et l’espace.
Fruit du génie malien, le Dunya Makalikan est, en d’autres termes, la grande soeur de Kurukanfuga même si elle est moins connue du grand public.
La Charte de Kurukanfuga (plusieurs orthographes) dont Kankanyanfuga 1236
Selon Raymond Weber (2009 6 in Diallo2013), “Elle est le résultat d’un processus amorcé avec le Mandé Kalikan” (Serment du Mandé). Ayant eu la victoire humble après la bataille gagnée contre Soumangourou Kanté, roi du Sosso en 1235, l’Empereur Soundjata (plusieurs orthographes) Kéita a décidé de partager son pouvoir avec toutes les forces vives des 12 clans de son empire. Ensemble, ils ont élaboré un système de gouvernance inclusive.  Avec, entres autres, les cas du royaume bamanan de Ségou et des Kel Adrar, on constate que, l’inclusion était une pratique politique précoloniale. Kurukanfuga est le site de cette constituante près de Kangaba, Mali. Toutefois, notons que le lieu de l’assemblée, ladεba, est contesté par, notamment les résultats des recherches de Drissa Diakité (2009).
Contrairement à Yalta en 1945 où seuls les vainqueurs étaient présents (Royaume Uni, États-Unis et Union Soviétique), à Kurukanfuga étaient présents vainqueurs et vaincus et, tour à tour, ces derniers ont eu la parole. Et toujours contrairement à Yalta où seuls les hommes étaient présents, à Kurukanfuga, quatre (4) femmes (21 selon d’autres sources) ont représenté leurs sœurs, à savoir, Toumbou Mayan, Kènda Kala, Nyouma Damba et Woribo Nyagalén (IMC 1998 5), le chiffre quatre (4) étant celui des femmes et trois (3) celui des hommes dans la culture malienne, chiffres basés sur des attributs biologiques respectifs. N’est-ce pas là, encore, un cas d’école exceptionnel et universel, en ces temps ?
Cela n’est pas surprenant car, comme le dit Joseph Ki-Zerbo (2003 115-121 in Diallo 2013) : “Dans l’Afrique traditionnelle déjà, elles ne souffraient d’aucune discrimination.”. Adam Bah Konaré (1999 17), à la manière de Olympe de Gouges (voir plus bas), n’en fait pas moins avec son combat voué, notamment, à l’amélioration de la condition féminine, elle qui, entre autres, cite l’exemple “des ondines du khasso, anti- sorciers elles aussi, avaient un culte lié à l’eau…c’est le temps où les femmes rivalisaient avec les hommes pour la science”.
Pour l’hmanité, la portée à la fois historique et universelle de ce geste concret malien de respect pour le genre n’est-elle pas confirmée, 759 ans plus tard, par ces mots de Hilary R. Clinton en 1995 à Béjing, Chine, par ces mots in Diallo 2013: “Les droits des femmes sont des droits humains” et, auparavant, par le Capitaine Président Thomas Sankara (1987 7 in Diallo 2013) : “La condition de la femme est par conséquent le nœud de toute la question humaine, ici, là-bas, ailleurs. Elle a donc un caractère universel.”
Toujours attirant l’attention sur les mérites exceptionnels de Kurukanfuga, citons, notamment, le (CELHTO 2008) :
Cheick Hamidou Kane a établi un parallèle entre la Grande charte des droits de 1215 qui est à la base de l’évolution constitutionnelle et politique de l’Europe anglo-saxonne et le processus normatif de Kurukanfuga et du Mandé. Le professeur Djibril Tamsir Niane (DTN) a également relevé que la diversité culturelle qui semble une découverte pour l’Europe du XXe siècle était consacrée dès le XIIIe par la Charte de Kurukanfuga.
Selon Madiba Kéita (2010 in Diallo 2013) “Il s’agit d’une déclaration  des  droits  de  l’homme  élaborée  avant  la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1789. ” En véritable connaisseur et confiant en la qualité de Kurukanfuga, et ce selon Magone Niang, “un professeur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a inscrit la Charte dans son cours de philosophie politique. ” (CELTHO 2008). À cela rien d’étonnant de la part d’un descendant de citoyens de l’Empire du Mali, tout comme Ki-Zerbo et DTN ci-dessus cités.
Malgré tout cet élairage par Amadou Hampaté Bâ, Ki-Zerbo, DTN et l’UNESCO entre autres, certaines gens refutent toute crédibilité en Kurukanfuga à cause de sa voie de transmission orale. Nous ne pensons pas que cela soit tout simplement dû on caractère oral. Sans ambiguité aucune, nous disons que cela n’est pas simplement du scepticisme. En plus de l’eurocentrisme déjà évoqué, il y a des gens qui se plaisent à douter de tout sauf la faim et, parfois, même de leur propre existence, un doute différent de celui cartésien. Pour ces personnes, seul l’écrit compte.
Contrairement à elles, nous disons que tout ce qui est oral n’est pas faux comme tout ce qui est écrit n’est pas vrai. Que de faux billets de banque pillulent dans le monde et ce à tel point que les technologies mises en place pour les détecter sont obligées d’évoluer pour ce faire. Que dire des passeports dont certains sont de vrais faux passeports, de vrais passeports dans de fausses mains? Par exemple, en 1996, la vigilence de la police a arrêté un voyageur en possession de notre  passeport en un lieu connu de nous seulement sur une carte géographique.
Avec elle, la Charte de Kurukanfuga nous amène ce paradigme unique de prévention et de transformation de conflits. En réalité et comme le précise Raphael Ndiaye (CELHTO 2008 6), elle ne l’a pas créé mais l’a tout simplement intitutionnalisé. Bien compris et utilisé bien à propos, le sanankunya, puisqu’il faut le nommer, est un outil efficace du bien vivre ensemble officialisé par l’Empereur Soundjata Kéita. Basé sur les patronymes, interdiction est faite pour certaines personnes ou ethnies d’avoir des différends, encore moins des querelles ou pire, avec d‘autres personnes. Si elles existent, de telles situations sont gérées à l’amiable, avec sa dose de taquineries arrosées de sourires des deux côtés. Tel est le cas, par exemple, entre les Touré et les Coulibaly (avec diffétentes orthographes) qu’ATT a inclus dans sa gestion de certaines affaires du pays. Pour les groupes ethniques, les Bozo et les Dogon ne se font pas de cadeaux pour savoir qui taquinera l’autre le plus. Et cette plaisanterie est étendue à d’autres relations familiales telles que celles entre grands-parents et petits-enfants, beaux frères et belles sœurs, etc. Nous savons que nos petits-enfants Bah (ou Bâ), Baldé, Diakité, Kaba se sentiront offusqués si nous ne leur faisons pas l’honneur de mentionner notre sanankynya avec eux/elles. Vous voilà servis, n’est-ce pas ?
Brièvrement, il s’agit de rendre le vivre ensemble plaisant, très plaisant mais dans le respect le plus absolu. En leur qualité de grands pédagogues, les ancêtres maliens ont chosi la corotte, au lieu du bâton, pour parvenir à leurs fins. Et cela est si efficace que l’approche semble prendre le pas sur le but recherché, d’où le terme de parenté à plaisanterie, ou parenté plaisante comme le dit le CELHTO (2008).  Nombre de gens utilisant ce terme ignorent le vrai nom, sanankunya. Avec une telle terminologie, tout se passe comme si on ne cherche qu’à plasainter. Si, par exemple, on voit un autobus rempli de gens en tenue sportive avec, écrits dessus, ces mots : Les “Aigles du Mali”, est-ce à dire que, arrivé à destination, c’est l’autobus qui va monter sur le terrain et jouer contre, un autre autobus, ou un hélicopter ? La plaisanterie n’est que le moyen de transport, de communication, le véhicule de cet outil unique de création et de maintien des rapports plaisants, et non antagoinistes, quelle que soit la situation.
Pour revenir à la Charte de Kouroukan Fuga (orthographe utilisée par Inter Média Consultants – IMC 1982 2) elle a été découverte “par un heureux hasard à la faveur d’une soirée culturelle [offerte par] l’Association des griots de Kankan, le Djéli Tomba…” Le texte initial était en continu, comme le confirme Drissa Diakité (2009 in Diallo 2013) et, l’on se rappelle, il en était de même pour la Grande Charte.  Il a été structuré sans altérer l’essentiel sous la supervision de Siriman Kouyaté, magistrat et traditionaliste de son État (CELHTO 2008 6) et cela a amené les 44 Articles (aussi appelés Énoncés par Mangoné Niang dans CELHTO 2008, une terminologie réductrice). Toutefois, les recherches de Drissa Diaktié (2009 in Diallo 2013), l’amènent à se demander si, avec sa longueur, l’on pourra retrouver le texte original dans son intégralité.
Au fait, que dit la Charte de Kurukanfuga? Elaborée de façon inclusive, elle a organisé la vie socio-politique et économique de l’Empire du Mali tout en précisant les droits et devoirs, les rôles et responsabilités des citoyens et des citoyennes et des gouvernants/tes.
Article 5 : Chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique. En conséquence, toute tentation d’enlever  la vie à son prochain est punie de la peine de mort.
Article 6 : Pour gagner la bataille de la prospérité, il est institué le Kön gbèn Wölö (un mode de surveillance) pour lutter contre la paresse et l’oisiveté.
Article 7 : Il est institué entre les Mandenkas, le Sanankuya (cousinage à plaisanterie) et le tanamanyoya (forme de totémisme). En conséquence, aucun différend né entre ces groupes ne doit dégénérer, le respect de l’autre étant la règle. Entre beaux-frères et belles-sœurs, entre grands-parents et petits-enfants, la tolérance et le chahut doivent être le principe. 
Article 9 : L’éducation des enfants incombe à l’ensemble de la société. La puissance paternelle appartient en conséquence à tous.
Article 14 : N’offensez jamais les femmes, nos mères.
Article 15 : Ne portez jamais la main sur une femme mariée avant d’avoir fait intervenir sans succès son mari.
Article 16 : Les femmes, en plus de leurs occupations quotidiennes, doivent être associées à tous nos gouvernements.
Article 21 : Ne poursuivez pas de vos assiduités les épouses du chef, du voisin, du marabout, du féticheur, de l’ami et de l’associé.
Article 23 : Ne vous trahissez jamais entre vous. Respectez la parole d’honneur.
Article 24 : Ne faites jamais de tort aux étrangers.
Article 25 : Le chargé de mission ne risque rien au Mandé.
Article 37 : Fakombé est désigné chef des chasseurs. Il est chargé de préserver la brousse et ses habitants pour le bonheur de tous.
Article 38 : Avant de mettre le feu à la brousse ne regardez pas à terre, levez la tête en direction de la cime des arbres.
Article 44 [le dernier selon IMC] : Tous ceux qui enfreindront à ces règles seront  punis.  Chacun est chargé de l’application stricte de ces articles.
Élaborée pour la protection des droits de toute personne, elle n’est pas uniquement une Charte de droits de l’homme. Elle est la Charte des droits humains. Faute d’espace ici, avec l’embarras du choix, nous sélectionons seulement ceux ci-dessus cités qui, comme on le voit, avec tous les autres, sont assez explicites en soi. Ils vont de la protection de l’intégrité physique de tout être humain, la lutte pour le progès de la nation par l’interdiction de toutes formes de fainéantise,  l’institutionalisation du sanankunya, la responsbilité collective dans l’éducation des enfants car, en ces temps, tout enfant est l’enfant de la communauté. À cet effet, toute personne qui voit un enfant enfreignant le code de conduite communautaire a la responsabilité de lui infliger sur le champ la sanction appropriée sans en référer à quiconque. Aussi, gare à cet enfant de s’en plaindre auprès de ses parents biologiques car ces derniers risquent de lui infliger une punition encore plus sévère.
En plus de l’obligation collective pour la protection de l’environnement, les chasseurs et leur chef, en sont directement sont directement responsables, eux qui, à tort ou à raison, sont généralement accusés de prédateurs environnementaux dans leur quête quotidienne du gibier, surtout les espèces rares.
Ensuite, en plus des autres articles communs à tous/tes les citoyens/nes de l’Empire du Mali, viennent cinq (5) Articles (selon nous, contre deux dans la Grande Charte) spécifiquement réservés à la protection des “mamans”, les femmes, l’obligation de respecter toute femme comme sa propre mère, quel que soit l’âge de  la femme en présence. De nos jours, on peut observer quelques survivances têtues de cette conduite mais, surtout dans les grandes villes, elle s’émousse comme grains de sable sahélien emportés par l’harmattan. Que d’excuses trouve-t-on, de par le monde en général, et au Mali en particulier, pour justifier le manque structurel de participation féminine aux gouvernements et autres institutions étatiques. Parfois sous forme de lois, des quotas de participation féminine voltigent allégrément pour montrer que le genre est un souci réel des gouvernants. Mais, de la théorie à la pratique se dessinent, souvent, des océans ignorant, peut-être, cette sagesse malienne à nous rappelée par le CELTHO (2008): “un homme, c’est sa parole.”.
La parole donnée est si importante, voire si sacrée, que l’on la compare à des beaux-parents, personnes qui, au Mali, sont l’objet d’un très grand, sinon du plus grand respect. À tort ou à raison, les jupettes de Alain Jupé (ou pétasses selon www.persee.fr) sont citées pour illustrer les difficultés que rencontrent les femmes dans l’accession au pouvoir, un pouvoir jugé mysogyne par Roselyne Koskas et Guy Schwartz  (2006 in Diallo) (voir Olympe de Gouges plus bas).
Depuis 1236, le Mali a résolu le sort des émigrés/es en leur dévouant en particulier l’Article 24 auquel le 25 peut être ajouté et c’est ce dernier qui, notamment, a sauvé la vie de l’envoyé colonial venu proposer des relations “amicales” à Babemba Traoré, Roi du Kénédougou (voir notre Lettre ouverte No 14 dans le journal LE RÉPUBLICAIN) et c’et là, encore, un enseignement dont on pourrait s’inspirer. :
L’énoncé 25 accorde une immunité au chargé de mission lequel ne fait que trasmettre un message dont il n’est pas l’auteur. Il ne doit pas faire l’objet de réprésailles. C’est cette notion que l’on retrouve dans l’article 29 de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 qui protège les diplomates contre les poursuites pénales dans les États pays accréditaires. Par extension, les locaux diplomatiques bénéficient de la notion d’exraterritorialité, donc inviolables. (CELHTO 2008 21)
Article 44, le dernier, du moins selon IMC : C’est la responsabilité collective, donc une gouvernance des plus partagées car gouvernants/tes et gouvernés/es sont comptables de la mise en œuvre de la Constitution élaborée, rappelons le, lors du ladεba, en séance plènière, en plein air si vous préférez.
Pour améliorer la connaissance et l’utilisation de Kurukanfuga, le document du CELHTO a une liste intitulée  “Projets et recommendations” dont nous retenons les deuxième et troisième relatives à “l’élargissement de la journée de plaisanterie à la sous-région ouest-africaine [et] l’institution des journées de Kurukan Fouga sous forme de biennale avec comme contenu l’organisation d’une  journée des chasseurs, d’une journée de la parenté plaisante et d’une veillée des griots”. Les deux recommandations du CELHTO ont le mérite de propposer des actions concrètes pour chacune d’elles. Notre Lettre ouverte No. 10 (voir le journal LE RÉPUBLICAIN) mentionne la semaine et la journée présentement réservées, respectivement au Niger et au Ghana, à la Charte de Kurukafuga. Auparavant, notre ouvrage intitulé “ Où est ma société civile?” (2013) cite Kurukanfuga comme l’un des nombreux exemples de pratique démocratique de l’Afrique pré-coloniale. Le fait que d’autres voix s’élèvent dans le même sens ne fait que conforter l’utilité et la nécessité de faire mieux pour valoriser ce paradigme unique (voir plus bas).
Déclarations : Viennent, ensuite, deux Déclarations qui ne sont pas, en réalité, des Constitutions stricto sensus  mais qui sont souvent citées dans les écrits relatifs aux Constitutions avec, par exemple, le cas de Kurukanfuga. Á cet égard, nous citons les deux Déclarations ci-après, la deuxième répondant à la première.
Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, 26 août 1789  qui a fait de la France la “ patrie des droits de l’homme ” et la Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne de septembre 1791
Surtout en ces temps-ci, le titre de la première Déclaration attire beaucoup de critiques. Pour les tenants de cette position, cette Déclaration est faite seulement pour les hommes car aucun de ses 17 Articles ne mentione, nommément, les femmes comme, par exemple Kurukanfuga qui leur en dédie cinq (5) distincts (voir ci-dessus). Cependant, l’Article 6, surtout en sa dernière phrase, semble montrer que les différences perçues entre l’homme et la femme se trouvent seulement au niveau de “leurs vertus et …leurs talents”. Et c’est cela qui a motivé le combat de Olympe de Gouges, combat qui a notamment produit la Déclaration de la Femme et de la Citoyenne, deux ans après la Déclaration universelle de l’Homme et du Citoyen. Ci après nous en citons quelques articles chronologiquent, c’est à dire par ceux de l’Homme et du citoyen.
Art. 6 : La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Et cela est confirmé par l’Article du même numéro dans la deuxième Déclaration:
Article 6 : La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ; toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents
À cela, la deuxième apparaît comme une féminisation de la première tant les libelés se ressemblent, pour dire le moins, en bien d’endroits, ce qui n’est pas surprenant car, pour Olympe de Gouges de son vrai nom de Marie Gouze (ldh-france.org consulté le 18-10-22), la deuxième est une réponse à première car il s’agit de redresser une erreur commise par la première contre la femme.
Art. 8 : La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.
Article 8 : La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nulle ne peut être punie qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée aux femmes.
Dans ce cas, pour la première partie de cet Article, seule la marque du féminin fait la différence : “puni” et “punie” et, pour la deuxième partie, nous avons “légalement appliquée” et “légalement appliquée aux femmes”.
Généralement, l’Article de la Déclaraton de la Femme et de la citoyenne qui a fait couler beaucoup d’eau, d’encre et, malheureusement de sang, est le dixième :
Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales ; la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune, pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la loi.
Puisqu’elle est punie comme l’homme selon la loi, la femme doit aussi avoir un égal accès aux mêmes avantages que ce dernier, y compris dans les fonctions gouvernementales.
Très convaincue de ses idées d’égalité entre l’homme et la femme, idées jugées trop féministes à l’époque de la France révolutionnaire, activiste très engagée, Olympe de Gouges allait jusqu’à poster elle-même ses affiches sur les murs ici et là. Justement, c’est au cours de l’une de ses sorties d’affichage qu’elle a été répérée, reconnue et arrêtée. La prison n’a pas altéré son engagement pour l’égalité entre la femme et l’homme car elle y a fait des écrits qu’elle arrivait à faire publier par ses amies. Jugée en octobre 1793, elle est condamnée à mort et guillotinée le même jour, ainsi donnant sa vie au combat pour l’égalité entre la femme et l’homme.
En somme, La déclaration d’Olympe de Gouges part, comme eux (ceux et celles ayant fait des prises de positions similaires), de l’idée que les femmes, qui possèdent toutes les facultés intellectuelles, ont par nature les mêmes droits que les hommes. La Nation étant définie comme “la réunion de la femme et de l’homme (article 3), elle en déduit que “ la Constitution est nulle si la majorité des individus qui composent la nation n’a pas coopéré à sa rédaction”. (ldh-france.org consulté le 18-10-22).
Avec une telle définition de la Nation, celle-ci n’existe nulle part si les femmes ont été exluses dans la rédaction d’une Constitution. Au Mali, la CRNC  comprend bien de femmes.
La Déclaration universelle des droits de l’Homme 10 décembre 1948
Nous en prenons acte mais décidons que nous avons dejà assez d’arguments pour étayer notre position. Cependant, faisons-nous remarquer que cette Déclaration et le Mandé Makalikan débutent par la même idée avec, toutefois, comme le disent Dial Diop et autres, une différence de 712 années entre eux.
Commentaires et Recommandations
Il faudra des livres entiers pour les commentaires et les recommandations sur les Constitutions sus-visés.  Faute d’espace ici, nous en couvrirons seulement quelques aspects. En cas d’intérêt, d’autres chercheurs pourraient en exploiter car, pour nous, comme ses devancières, cette Lettre ouverte au Peuple malien et Alliés/es est d’usage public, l’essentiel étant de suivre la déontologie en la matière, c’est-à-dire citer les sources des emprunts.
Des Constitutions : Depuis qu’il est sur terre, l’être humain a cherché à organiser son vivre ensemble et ce selon les cultures et autres réalités de tout genre. Á cet effet, pour ce qui nous concerne ici, des Constitutions et Déclarations ont été élaborées en un temps où les moyens de communications étaient bien loin de ceux dont jouit l’humanité entière présentement. Ainsi, pour certaines gens, élaborée en 1215, la Magna Carta en est la première tandis que celle de Médine datant de 622 l’est pour d’autres. Et que dire de Kurukafugan élaborée en 1236, soit onze ans après la Grande Charte même si, pour de nombreux/ses Maliens/nes, Kurukanfuga est la première, avec Madiba Kéita (2010 in Diallo 2013) qui pense que Kurukanfuga l’est avant la lettre.  Nous nous demandons quelle lettre, il l’est ou il ne l’est pas.  Puisqu’il s’agit, aussi, de la protection des droits humains, clamée par bien de personnes morales et physiques comme un haut fait sans précédant est la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen élaborée en France en 1789.  Trouvant cette Déclaration universelle incomplète, voire restrictive car ne mentionnant, nommément, que l’Homme et le citoyen, et ne pouvant souffrir que “le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles” (ldh-france.org ci-dessus) soit ainsi classée. Deux (2) ans après celle de l’Homme, Olympe de Gouges élabore celle intitulée “Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne” plus précisément en septembre 1791. Avant toutes celles-ci est le Cylindre de Cyrus datant de 539 après JC.
On le voit, l’égocentrisme semble le fil conducteur, chacun/ne tirant à soi, et ce à qui mieux mieux,  la couverture de la paternité de la plus ancienne Constitution de l’histoire humaine. Il est vrai, pour nous et beaucoup d’autres personnes, en ces temps et comme ci-dessus indiqué, le faible niveau de développement des moyens de communication peut être une des raisons d’une telle méconnaissance des réalités sous d’autres cieux. Ainsi coexistent plusieurs “premières” Constitutions. Chacune d’elle réflétant le niveau de développement humain (pensées, moralité, religion, niveau technologique, etc.) de son temps etde son milieu, personnellement, nous nous référons aux dates établies pour organiser la chronologie de leur élaboration. “Rendant à César ce qui est à César“, notre niveau limité en cette manière nous amène à considérer l’ordre chronologique comme critère le plus important et choisir le Cylindre de Cyrus comme la première Déclaration des droits humains, de même que les historiens/nes qui classent le classe ainsi, suivi de la Charte de Médine, qui, à son tour, a devancé suivie la Magna Carta de 83 ans. Sept ans après, lui succède le Mande Makalikan, la Charte du Mandé, devancière 14 ans de la Charte de Kurukanfuga, elle aussi venue 553 années avant la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen suivie, comme une charte rectificative, par sa consœur la Charte de des droits de la femme et de la citoyenne, la toute dernière, pour l’instant, étant la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Que diront, alors, Dialo Diop et autres, d’une Déclaration datant de 712 annnées après Kurukanfuga?  STOP
De nos jours, les discussions vont bon train au sujet de la Déclarations des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration unverselle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Englobent-elles l’Homme et la Femme ou seulement l’Homme, certaines gens arguant qu’elles englobent les deux à la fois et d’autres tout le contraire.  Le soutien à la première réponse est motivé par le fait, dit-on, du sens peu élevé de la notion genre en ces temps. Toujours est-il que, comme le disent les anglo-saxons, ces deux Déclaration sont gender blind (blind pour aveugle).
Une telle réplique de leur part donne, peut-être sans s’en rendre compte, une très grande longueur de vision, de pragmatisme, en un mot, de savoir au Mali qui, depuis 1236, a donné à la femme la place qui est la sienne dans la famille, dans la société, dans la Nation. Olympe de Gouges a le mérite de ne pas pas être gender blind à un degré alors unique en clamant haut et fort qu’une Constittution élaborée sans la Femme n’en est pas une. Dans ce cas, même de nos jours, combien de Constitutions en sont une?  Au moment où nous finissons ces lignes, des Maliennes ont activement participé comme membres à part entière à la CRNC du pays, une CRNC qui a remis au Colonel Président Assimi (affectueusement appelé Assimi par son Peuple, et nous ferons de même tout au long de ce exte)  l’Avant Projet de la Nouvelle Constitution malienne le 31 août 2022.  Se rend-on compte de la plénitude de cette supériorité malienne relative au genre même dans le concert des nations actuelles?
S’il en faut une, cette évidence factuelle suit: une femme, Olympe de Gouges, a été guillotinnée en France en 1793 (ldh ldh-france.org) pour avoir lutté pour l’égalité du genre et revendiqué le partage du pouvoir entre hommes et femmes. À des milliers de lieues de là, en 1236, soit 557 ans avant, dans l’Empire du Mali, ses consœurs ont participé au ladεba, au partage du monde selon la terminologie de DTN. Et, qui plus est, elles ont non seulement eu le droit mais sont, physiquement, “[montées] à la tribune [et non] sur l’échafaud”.  Qui plus est, elles ont eu leur place dans les gouvernements maliens.  Cela est-il suffisant pour déduire que, depuis 1236, encore soit plus de 557 ans avant la guillotine d’Olympe de Gouges, et contrairement au triste constat fait par  Roselyne  Koskas et Guy Schwartz (2006 in Diallo 2013)  dans le cas français, le pouvoir n’était pas misogyne dans l’Empire du Mali.
Depuis 1236, le Mali a résolu le sort des émigrés/es en leur dévouant, en particulier, l’Article 24 auquel le 25 peut être ajouté et c’est ce dernier, notamment, qui a sauvé la vie l’envoyé colonial venu proposer des relations “amicales” à Babemba Traoré, Roi du Kénédougou (voir notre Lettre ouverte No 14 dans le même journal) et c’est là, encore, un enseignement dont on pourrait s’inspirer :
L’énoncé 25 accorde une immunité au chagé de mission lequel ne fait que trasmettre un message dont il n’est pas l’auteur. Il ne doit pas faire l’objet de réprésailles. C’est cette notion que l’on retrouve dans l’article 29 de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 qui protège les diplomates contre les poursuites pénales dans les États pays accréditaires. Par extension, les locaux diplomatiques bénéficient de la notion d’exraterritorialité, donc inviolables. (CELHTO 2008 21)
Encore une nouvelle longueur d’avance du Mali. Depuis 1236, il a pris des dispositions pour protéger l’envoyé/e, le/la missionnaire, l’immigré/e,  comme nous en avons parlé dans notre livraison intitulée Qui a peur de Assimi ?(voir le journal susmentionné), soit 725 ans avant la très respectable Convention de Vienne selon le CELHTO.
La valeur de cette disposition de Kurukanfuga est si forte qu’elle est devenue une tradition malienne comme le sont la plupart de ses dispositions, voire toutes ses dispositions. Lors de nos recherches, le Chef de Village de Téma (Bancoumana, Mali), nous a dit : “Diallo, Manden kᴐnᴐ, ni sigi ma min ɲanabᴐ, taama bᴐ ɲanabᴐ.” (au Mandé, on peut aller chercher ailleurs les réponses aux défis locaux). On le sait, cette recherche de réponses exogènes a abouti à la création de l’Empire du Mali par Soundiata Kéita revenu de son exil pour vaincre l’Empereur du Sosso, Soumangourou Kanté en 1235 à Kirina. Que dire, notamment, des Prophètes, Paix sur eux, Jésus Christ et Mohamed?  Que serait la France sans l’exil du Général Charles de Gaule à Londres pour mieux préparer la résistance à Adolf Hitler ?  Dans certains milieux, coule encore eau et salive sur cet évènement historque. Pour nous, une seule question : Est-il permis de reculer pour mieux sauter ?
Apparemment, oubliant tous ces exemples, on s’évertue à diaboliser l’émigré/e à travers le monde, un monde si sélectif en la matière que nous avons des émigrés/es économiques, politiques, ceux et celles motivés/es par la dégradation environnementale causée par le changement climatique, et que savons-nous encore ? Une terminologie égocentrique car, à présent, nous cherchons quelqu’un pour nous expliquer pourquoi, en dehors de leurs pays, certains/nes sont assistants/tes techniques, hommes/femmes d’affaires, consutltans/tes, etc. alors que, une fois hors des  leurs, d’autres sont émigrés/es taillables et expulsables à tout moment selon les humeurs politiques? Malgré de telles situations, encore aujourd’hui, au Mali, vestige du temps passé, la tradition est et reste, dans le discours et dans la pratique : “Ici, l’étranger/ère, l’émigré/e est chez soi.”, tout comme le “Misa es su casa.” Et ceci, au même moment, dans certains pays, on s’évertue à chanter le refrain de l’expulsion des émigrés/es maliens/nes, car déclarés/es responsables de tous les maux.    
Kurukanfuga : Le 12 mai 2015, nous avons fait publier une Lettre ouverte à toute personne intéressée  pour, d’une part, attirer l’attention nationale sur la tenue des activités célébrant, au Royaume Uni, le 800e anniversaire de la publication de la Magna Carta et, d’autre part, pour inviter le Mali à y aller, le 15 juin 2015, à Runnymede, porter très haut, Kurukanfuga, cette contribution malienne à l’universel à l’attention du monde entier.  Ceci ne serait que faire une suite logique à la présentation faite par ATT à l’Union européenne. Notamment, en cette occasion séculaire, nous avons suggéré des dispositions à considérer pour ce faire.(voi plus bas)
Fort malheureusement, contrairement à l’idée de continuité de l’administration, notre appel est resté sans réponse, ainsi manquant une occasion très rare de mieux faire connaître la grandeur du Mali par une plus grande visibilité de son génie multi-séculaire, pour dire le moins, à travers, ici, Kurukanfuga.
La même lettre suggérait quelques idées pour rendre Kurukanfuga plus accessible à une audience mondiale, à savoir, notamment, une orthographe fixe, un texte unique avec un nombre précis d’Articles pour arriver, finalement, à une copie officialisée par le cachet du Président de la Treansition, Chef de l’État. Nous recommandons l’orthographe utilisée dans ce texte car fidèle à celle de l’ancienne Direction nationale de l’alphabétisation fonctionnelle et de  la linguistique appliquée  (DNAFLA).
Pour l’officialisation de tous les paramètres de Kurukanfuga, nous esperons que cela se fera dès que les conditions gouvernementales le permettront, préferablement avant que ne brûlent toutes les bibliothèques de Amadou Hampaté Bâ. En cas d’approbation gouvernementale, cette officialisation nécessitera, au préalable, quelques vérifications sur le terrain. Dans le souci de se conformer aux réalités actuelles du pays en faisant le maximum avec le minimum, une réduction budgétaire bien pensée s’impose.  À cet effet, nous suggerons, par exemple, une durée de sept (7) jours calendaires par une équipe de quatre (4) personnes dont : un Représentant de l’État, Bourama Soumaoro (généralement toujours disponible pour la cause malienne), un/e traditionniste versé/e dans la cutlture mandingue (si possible une femme pour continuer la participation féminine au ladεba) et nous-même, volontaire à nos frais, sauf pour le véhicule de transport.
Déjà, on note des cas de présentations sur Kurukanfuga en dehors d’Afrique par des nationaux d’autres pays.  Elle est, aussi, utilsée par un professeur de philosophie politique à Dakar (Magone, CELHTO 2008).  Ce professeur mérite des encouragements pour sa bonne initiative qui démontre la qualité et l’importance de l’acquisition d’un savoir plus universel. Après tout, quel tort y a-t-il de se servir, dans le respect des règles de l’art, d’un outil mondial, surtout par des descendants/tes de citoyens/nes de l’Empire du Mali?
Ce tonitruant exemple sénégalais milite pour l’enseignement de Kurukanfuga dans les écoles et universités maliennes, de la première année du cycle fundamental à l’université, avec, pour charge pédagogique de l’adapter au niveau de leurs classes respectives. N’est-ce pas là, en effet, de la matière de haute qualité à traiter, notamment, lors de séances de Morale et instruction civique (MIC). Nous serons surpris de ne pas voir Kurukanfuga sur la liste des recommandations de la Commission récemment mise en place pour le rappel et le recours aux valeurs fondamentales maliennes.
Les commandes de l’État maintenant assurées par une administration éclairée et dotée d’un leadership patriotique, clairvoyant et déterminé pour le respect et la promotion du danbe malien (voir notre Lettre ouverte No. 10 intitulée Le Mali est-il plus grand que le Mali? …et aime-t-il se faire respecter? dans le journal LE RÉPUBLICAINnous  amène à espérer que notre nouvel appel pourrait être entendu. Réellement, c’est là un cri de cœur que nous lançons aux autorités gouvernementales. Nous savons que, par définition, une Transition est, surtout, un travail de Sapeurs-Pompiers, préoccupée qu’elle à éteindre tant de foyers d’incendies ayant causé, ici, le renversement du régime précédent. Ceci est encore plus vrai avec une Transition rectifiée, un tir rectifié pour faire beaucoup, et mieux, avec peu de moyens de tous genre, et ce, plus vite.
Le réveil par Assimi de la fibre patriotique éteinte chez certaines gens depuis belle lurette nous rend encore plus optimiste pour la réponse qui, éventuellement, sera accordée à ce modeste cri de cœur. Pour les quelques sceptiques qui pensent que ceci n’est qu’un acte culturel et que la Mali a beaucoup d’urgences à gérer avec un budget incontestablement limité par l’effort de guerre, et ce sans appui budgétaire extérieur, qu’il nous soit permis de rappeler Modibo (voir nos Lettres ouvertes précédentes dans le journal LE RÉPUBLICAIN) et bien d’autres disant: “La culture est au début et à la fin de tout.”  Demandez aux braves FAMA si la culture ne conditionne pas la préparation et la mise en œuvre des plans de la guerre défensive contre l’ennemi, en face ou chaché dans une guerre assymétrique. Par exemple, la notion du permissible et son contraire n’est-elle pas influencée par la religion, le yεrεdᴐn, le yεrεbonya, les droits humains, etc., tous des valeurs incluses dans le danbe malien?
En passant, nous nous interrogeons sur la question de savoir si les FAMA ont besoin de tant de discours relatifs au respect des droits humains? Pour illustration et en rappel, imbu, notamment, des valeurs de Kurukanfuga (voir Articles 24 et 25), l’un de leurs nombreux et valeureux ancêtres, Babemba Traoré, le Roi du Kénédougou n’a-t-il pas gardé la vie sauve à l’émissaire français venu lui apporter le pire message de son existence, surtout en de telles circonstrances?
L’Avant Projet de la nouvelle constitution: Tout d’abord, il convient de féliciter les membres du CRNC pour leur dur labeur leur permettant de livrer à Assimi le résultat attendu dans le délai imparti. Faut-il le signaler, essentiellement, il s’agissait, pour ses membres, de marcher sur un plancher couvert d’œufs d’autruche car plus visibles que ceux de poule, œufs à ne pas casser, bien sûr, car autant d’œufs que de groupes ethniques (un terme qui ne nous plaît pas dans le contexte malien), de régions administratives et économiques avec le nouveau démembrement, de confessions religieuses, d’organisations de la société civile, dont les partis politiques et les groupes de pression, etc. Leur tâche était encore plus ardue avec la rédaction en un style à la portée du maximum de lettré/es en langue étrangère, aussi officielle et respectable soit-elle. En d’autres mots, rédiger un document si légal en un style populaire, c’est à dire à la portée de nous autres.
Ce projet étant remis au moment où nous finissons notre Lettre ouverte, nos observations porteront, pour l’instant, sur, notamment, le Préambule, les Articles 31 et 17 et quelques observations sur ce qui était entendu ici et là après la publication de cet Avant projet, notamment, la taille du gouvernement.  Avant, nous faisons remarquer la sagesse et le professionalisme du Président de la CRNC en avertissant que la Constitution ne peut faire tout.
Le Préambule: sauf erreur de notre part, l’ Avant Projet de Révision constitutionnelle initiée par ATT pendant les dernières années de son deuxième mandat avait inclus KURUKANFUGA dans son Préambule, ce qui a causé des levers de boucliers disant, notamment, que ce dernier, répondant aux besoins d’une époque révolue, ne pouvait être inclus dans une Constitution contemporaine. Cependant, comme ci-dessus cités, notamment, le Cylindre de Cyrus, la Charte de Médine et la Magna Carta  sont plus anciens et sont exploités actuellement en Tunisie et aux États-Unis (Diallo 2013) d’Amérique, respectivement. Le doigté de la CRNC lui a permi d’éviter cet éceuil tout en faisant la place à Kurukanfuga et, richesse du génie malien aidant, et bien d’autres tels que l’Hymne du Wassoulou, les enseignements de l’Aljamaghat, etc. Le libelé allant de “Fier de son histoire millénaire… les générations présentes et futures ” semble satisfaire, en principe], “tout le monde et son père”, voire son grand père, si nous osons ajouter.
De nos jours, on remarque, ici et là, que la démocratie malienne fait plus que tanguer. Elle est à vau-l’eau. Et, apparemment, de part le monde, c’est la mode des candidats malheureux qui refusent de céder le fauteuil aux vainqueurs. Au moment où mettons la dernière main à ce cette Lettre ouverte, un pays de l’hémisphère sud retient son souffle en attendant de voir le candidat présidentiel en exercice accepter sa défaite aux élections et céder le fauteuil à qui de droit, le gagnant.  Si elle l’avait, l’Afrique n’a plus l’apange des situations des moins démocratiques. Toutefois, nous partageons l’idée selon laquelle, et nous citons : “Tout peuple mérite ses dirigeants.
Les astuces des candidats (car nous n’avons pas entendu, encore moins vu, de candidates se livrer à un tel feuilleuton) étant de plus en plus sophistiquées, malgré sa vigilence, le peuple peut faire un  choix erroné et donner le fauteuil au moins méritant. Toutefois, nous dit Président Abraham Lincoln (1809-1865 et 16 ème Présidentdes États-Unis selon Google.com) : “On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps.”
Parfois, le temps de s’en apercevoir et en attendant les prochaines élections, le tenant du pouvoir pourrait causer d’énormes dégats dont la correction peut prendre le temps de plusieurs générations.  Pour cette raison, l’inclusion d’une dispositon prèventive dans l’Avant Projet de Constitution pourrait être un rempart contre de telles dérives. Le dernier Alinéa de l’Article 192 de l’Avant Projet ne vise que cela.
Article 37 Les langues nationales: l’une des priorités du Président Modibo (appelé affectueusement Modibo par son Peuple et nous ferons de même ici) était le changement de mentalité des citoyens/nes au début de l’indépendance du pays afin qu’ils’elles comprennent et s’attèlent à la réalisation des objectifs stratégiques du pays, acculturés/es qu’ils/elles étaient après quelques 80 années de colonisation. Modibo (1967 in Diallo 2013) définit l’acculturation comme :
…cette disposition de l’esprit qui tend à nous faire ignorer nous-mêmes et à ne considérer pour valable que ce qui nous vient de l’Extérieur, oubliant volontiers qu’il s’agit là de valeurs qui ont germé dans des contextes sociologiques et physiques qui se placent à cent lieues des conditions objectives qui sont les nôtres.
À son tour, explique Joseph Ki-Zerbo (2004 24 in Diallo 2013) : ‟ Nous avons été aliénés, c’est-à-dire remplacés par d’autres, y compris même dans notre passé.” Pour d’autres définitions de ce mot, notamment Amadou Seydou Traoré, affectueusement appelé ‟Amadou Djicoroni” (2008 172) et Samuel Kodjo (1979 in Diallo 2013).
Á cet effet, l’éducation était son cheval de bataille, surtout à cause du très faible niveau d’instruction hérité de la colonisation, particulièrement dans les zones rurales et celles des plus reculées. Avec des slogans tels que ‟une éducation de masse et de qualité ” et ‟à chaque village son école ”, l’éducation est devenue disponible au plus grand nombre de Maliens/nes en peu de temps et, ce, en accomplissant en neuf (9) ans ce que d’autres continuent d’étudier en 10 ans comme dans le sytème éducatif hérité de la période coloniale. (voir Amadou Djicoroni 2008 comparant les prouesses du système éducatif de Modibo à l’état dans lequel il était en 2008).
Malgré les ratés encaissés pendant des décennies après le 19 Novembre 1968, loisible est de constater, aujourd’hui, les résultats de cette politique avec, notamment, des responsables en ayant bénéficié et tenant les rennes au plus haut niveau de l’administration. Quelle n’était pas notre surprise d’entendre une personne si gentille et aimable attribuer la paternité du slogan ‟à chaque village son école” à un Président de la IIIe République et ce, avec force railleries. Pour une fois, avec ce Président, l’administration est devenue une continuité et ne faut-il pas s’en réjouir et l’en féliciter, surtout qu’il y a ajouté, nous dit-on ‟ ou un CED (Centre d’éducation pour le développement, une formule qui a benéficié du partenariat avec l’USAID comme en témoigne son lancement en zone de l’OHVN”.
À la décharge de l’auteur de cette critique, on voit qu’il n’était des nôtres lors de la Première République mais, en tant que journaliste, il aurait pu aller aux nouvelles pour chercher à mieux comprendre certains faits l’ayant précédé ici bas afin d’en donner des informations mieux éclairées. Aussi, peut-on se demander où il était quand, selon Boubacar Monzon Traoré, le Premier ministre de son pays, Dr. Choguel K. Maïga (affectueusement appelé Choguel et nous ferons de même dans ce texte), a dit, dans un discours radio-télévisé, toute sa reconnaissance envers Modibo pour l’efficacité de son système éducatif, chose dont nous pouvons témoigner pour avoir eu l’honneur, d’une part, d’avoir été parmi les enseignants/tes ayant aminé ce système à travers le pays et, d’autre part, enseigné dans l’école mentionnée par Choguel à cet effet, dans le Cercle d’Ansongo, ou Afoudou pour les autochtomes.
Pour aider notre gentille gpersonne à avoir une idée plus claire sur notre familiarité relative avec le slogan ‟à chaque village son école”, pouvons-nous ajouter que pour nous, notre’enseignement dans cette école qui doit être illustre maitenant si elle ne l’était pas avant) est venu après Ouatagouna (Wo ka ka guna), encore Ansongo et Gao II et avant Gabéro Zinda (Gao), etc. Le système décrié par notre gentille personne sur antennes a si réussi à atteindre l’un des buts recherchés, c’est-à-dire susciter l’enthousiasme et la saine émulation entre les villages que, à un moment donné, il a fallu leur demander d’arrêter les constructions d’écoles car cela allait beaucoup plus vite que la formation d’enseignants/tes qualifiés/es. Faut-il préciser que ces constructions étaient entièrement financées par les villageois/ses mêmes ?  Ci après un autre exemple de réussite de la formule ‟à chaque village son école” car ils font légion :
Nous sommes dans les années 1970, à l’Académie d’agriculture de l’Université de Biélorussie, ancienne Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) où nous assistons à une autre étoile académique malienne fruit du ‟à chaque village son école”. En ces temps, les étudiants/tes maliens/nes étaient si prisés/es que les universités se les arrachaient, surtout dans les matières scientifiques, nous confie l’un d’entre eux.  Les Béninois/ses y jouisaient des mêmes sentiments de préférence académique. Dans le cas suivant, plus précisément à la Faculté d’agriculture rurale, dans une salle de classe avec 21 étudiants de différentes nationalités (Russes, trois Maliens, des Béninois et d’autres Africains), le Professeur russe écrit une équation scientifique et demande un étudiant volontaire pour aller la résoudre au tableau. Un silence de mort s’en suit pendant de longues minutes, temps dont la durée est multipliée par le lourd silence alors installé car il n’a aucun volontaire, pour l’instant. Le professeur s’interroge pendant ce silence qui le surprend. Il se demande ce qui en est la cause malgré les cours donnés auparavant. Dans certains milieux, le vol et survol des mouches auraient perturbé ce silence aussi embarrassant que tonitruant.
Entre temps, le trio malien se consulte du regard. L’échange des coups d’œil aussi furtifs qu’étincellants conforte ses membres. Ils connaissent la réponse. Aussitôt, à la satisfaction du professeur, il voit, enfin, un doigt pointer dans la salle. Il bondit sur cette occasion tant attendue et invite l’audacieux volontaire sans être convaincu que la bonne réponse va suivre pour, enfin, mettre fin au silence fort incommodant.  Aussi, se demandait-il si, vraiment, la solution allait venir de ce doigt particulier.
Avec l’aisance de la confiance absolue en soi, l’étudiant malien s’avance et aborde l’équation au tableau sans hésitation. À la grande surprise du professeur, une tête malienne, en un court lapse de temps, résoud l’équation et, avec trois têtes hautes, rejoint sa place allègrement. Allez savoir ce qui s’est passé, en ce moment, dans les 19 autres têtes de la salle. Ce qui est sûr, très sur, c’est la joie indescriptible née de la fierté d’avoir été de très bons ambassadeurs du Mali car, faut-il l’ajouter, quand plusieurs nationalités sont en présence, même dans un cocktail célébrant la date d’anniversaire de l’indépendance d’un autre pays, toute personne fait preuve de diplomatie (qui est, parfois, l’art de taire ce qu’on pense pour dire ce que l’on ne pense pas). Encore dans certains mileux, des rossignols auraient chanté le janjo pour ce trio d’ambassadeurs, trio de ciwara académiques maliens.
De tels cas d’étincelles académiques maliennes sont légion à travers le monde comme, un autre exemple, celui de cet homme qui, à son arrivée en Allemagne pour des études en économie, nous dit que, dès son premier entretien avec les autorités universitaires, après avoir décliné sa nationalité suite à leur demande, s’entend dire : ‟Mali ? Ils sont bons les étudiants de ce pays. Ils son toujours parmi les  premiers.”  Ainsi, avec tous nos respects dûs aux valeureux/ses diplomates de fonction, les meilleurs ambassadeurs d’un pays ne se trouvent pas uniquement, voire nécessairement, dans les chancelleries.
En outre, tout comme Choguel et autres étudiants/tes envoyés/es étudier au tunga (à l’extérieur, voir dans le journal LE RÉPUBLICAIN nos Lettres ouvertes précédentes à propos de notre rejet du mot diaspora), ils/elles n’ont pas été refoulés/es pour niveau insuffisant comme on le constate ces temps ci, fort malheureusement, pour dire le moins. Toujours Choguel et au risque de l’embarrasser, il a reçu, à Bamako, des autorités compétentes russes, il y a quelques mois, une haute reconnaissance pour son mérite scienfitique. Sont encore vivants/tes certains/nes premiers/ères titulaires du Baccalauréat malien envoyés/es, en France, par exemple et non refoulés pour insuffisance de niveau, soit dit en passant. Encore fruits du ‟ à chaque village son école”, dans les universités et grandes écoles de formation militaires extérieures, certains/es étudiants/tes maliens/nes ont été Majeures de promotion.
Il faudra des livres entiers pour décrire les mérites du système éducatif de Modibo, lui-même enseignant de formaion après avoir été Majeur de sa promotion à William Ponty, Sénégal, une école alors fréquentée par les meilleurs de l’Afrique occidentale française d’antan (voir nos précédents Lettres ouvertes dans le même journal).  Encore autre détail, plus tard, après Modibo, le Mali exportait, de leurs propres initiatives, des enseignants vers des pays ouest africains et centrafricains, enseignants issus de cette école malienne (nous ne connaissons pas de cas d’enseignantes émigrées volontaires vers ces pays).
Contrairement à que pensent certaines gens, Modibo n’a négligé aucune variable qui peut permettre le développement inclusif du Mali, notamment la quesion des langues nationales (voir plus bas). Étant donné que l’on ne peut tout faire à la fois, il fallait procéder par étapes bien réfléchies, de là ses Plans de développement quinquennaux. Pour les adultes, le service de l’Éducation de base (basé au Badalan III Immeuble TOURÉ, ensuite occupé par la DNAFLA) est créé avec un balikukalan (éducation des adultes) mieux organisé et utilisant le bamananka(voir plus bas) comme médium d’instruction en remplacement de l’École à la radio en français du temps colonial. Avec le concours de l’UNESCO et d’autres partenaires, le Mali a, depuis 1967, procédé à la transcription de quatre (4) langues nationales (bamanankan, fulfuldesongycinitamasheq)  Elles sont 13 à l’être depuis quelques années. Pour une très large diffusion de la Constitution au bénéfice du Peuple, Modibo a demandé sa transcription dans ces langues nationales et cela avait effectivement démarré sous sa mandature.  Le coup d’État du 19 novembre 1968 a sonné le coup d’arrêt de la traduction dans ces quatre langues nationales.  Nous savons que, au moins, un membre du Groupe de traduction de la Constitution en bamanan est encore vivant et, bien que retraité, est prêt à continuer cette œuvre si importante pour le développement inclusif du pays à travers, ici, celui de la démocratie.
Selon nos sources, elle attend toujours de l’être, 54 ans plus tard. Par coïncidence, au moment où nous mettons la dernière main à cette Lettre ouverte, nous entendons la sortie de Adam Ben Diarra (de son appellation affectueuse Ben Le Cerveau ; peut-on suggérer, le plus humblement possible, le remplacement des deux derniers mots par des alternatives)), Président du mouvement de jeunes patriotes maliens/nes dénommé Debout sur les remparts, par rapport à ce sujet avec, arrêté avec, au-dessus de sa tête, cette enseigne :‟Article 31”. Il y a répondu, semble-t-il, à une autre personne disant, en substance : ‟Si Modibo n’a pas fait quelque chose pour les langues nationales, pourquoi faut-il s’en préoccuper maintenant ?”, une question qui, à l’évidence, illustre un manque d’informations, pour dire le moins, de son auteur.
Avec la DNAFLA, le professionalisme du Mali d’alors en matière de langues nationales lui a valu d’être parmi les 11 pays choisis (Diallo 2019) pour la mise en œuvre du Programme expérimental mondial d’alphabétisation (PEMA). Entre autres, sa réussite exemplaire lui a apporté de nombreuses médailles sur le plan mondial. En notre qualité de Gestionnaire de l’appui du Gouvernement des États unis à la DNAFLA, à travers l’USAID, plusieures fois, on nous y a présenté des stagiaires venant d’un peu partout, y compris de l’Ile Maurice et des Sheycelles. Le manque de continuité de l’Administration dans cet autre domaine a conduit certains hauts cadres de la défunte DNAFLA à aller faire partager la réussite malienne dans des organismes internationaux basés en Europe, notamment.
Malgré cela et ce grâce à la résilience multidimensionnelle malienne, la promotion des langues nationales a continué avec plus ou moins de bonheur à travers le Centre National des Ressources de l’Education non-formelle (CNR-ENF) depuis 2001 et, ensuite, l’AMALAM. Et, selon l’un de ses responsables, cette dernière avait fini le travail technique nécessaire à l’officialisation de 13 langues nationales telles que demandée par un ATT conduit à quitter le pouvoir avant l’échéance, et ce involontairement. Alors, encore une fois, on remet dans les tiroirs les résultats d’une œuvre maintenant réclamée haut et fort par le Peuple malien à divers niveaux dont les Assisses nationales (2022), encore, 54 années après.
Précision importante, Modibo voulait, graduellement, intégrer les langues nationales dans l’enseignement formel. Il est vrai, et ce faut-il en être surpris/e, en ces temps, des voix se sont opposées à cette idée prétextant que les langues nationales sont impropres à un tel usage, surtout les matières scientifiques. Pour leur répondre, et ce avec un cas concret à l’appui et selon Boubacar M. Traoré et Kaba Diakité, un professeur de lycée a entrepris d’enseigner la chimie et les sciences physiques en bamanankan. De son propre chef et ce sans tamtam, ni balafon, ni ηᴐni, Mamadou Doucouré (affecteusement appélé V0, Vzéro), car il s’agit de lui, a fait ce démenti éclatant sans demander la moindre récompense matérielle.
Cela se passait à l’époque où le Mali vibrait de patriotisme à tous les niveaux, où les travailleurs de tous les secteurs du pays sacrifiaient, volontiers, leurs salaires mensuels, voire annuels, pour le développement de leur pays bien aimé. L’on se rappelle ces images récemment diffusées par l’ORTM donnant la voix à quelques personnes ayant accompli ce geste sublime, y compris des travailleurs retraités (secteurs étatique et privé), des artistes dont Mogontafé Sacko, etc. pour, par exemple, la création de Radio Mali en remplacement de Radio Soudan. Modibo n’a eu qu’à dire :”Nous devons avoir notre propre Station de radodiffusion mais l’État n’en a pas les moyens pour l’instant.”
Personnellement, nous avons nos propres expériences dans l’utilisation des langues nationales pour le développement du pays avec, par exemple, le Projet Alphabétisation fonctionnelle en 5e Région du Mali à l’Opération Mils Mopti (OMM) et dans la zone de l’Office de la Haute Vallée du Niger (OHVN), tous deux avec le financement du Peuple américain à travers l’USAID. Les langues utilisées étaien le fulfulde et le dᴐgᴐsᴐ (précisément le tᴐrᴐsᴐ) à Mopti et le bamanan à l’OHVN, Tous deux ont largement dépassé les objects prévus avec parfois, à l’OMM, des taux de réalisation de 200% de participation féminine. Une telle réussite est surtout due, entre autres, à la joie, l’enthousisme et la fierté des ruraux/alles de pouvoir accomplir, dans leurs langues maternelles, des activités jadis menées par les agents de vulgarisation agricole, ou d’élevage notamment. Des dizaines d’années après, ces ruraux/alles, sont dans les mairies communales, malgré le manque de matériels de post-alphabétisation pour maintenir, voire améliorer, leurs niveaux. L’on sait que, sans ces documents, le risque de retour à l’analphabétisme est presque inévitable à la longue car, comme le disent les amis/es anglo-saxons/nes, ‟Use it or lose it” (perds le pour manque d’utilisation). Personnellement, nous connaissons le cas d’un kalandenjolen (un néo-alphabète) qui, pendant plusieurs années, a été un Honorable au Blonba, à l’Assemblée nationale.
Notre conviction profonde pour l’utilité des langues nationales est aussi confortée par une autre expérience personnelle, l’animation d’ateliers pour une ONG de la place en bamanankan, y compris dans des travaux en groupesHonnêtement, nous en avons eu des frissons, frissons alimentées par les sourires et autres expressions de joie des participants/tes dont certains/nes ont le niveau universitaire. Ils/elles ne m’ont plus permis de revenir à la langue officielle. Notre ouvrage intitulé Participation paysanne et développement rural Quel rôle pour l’alphabétisation fonctionnelle? EDIS 2019 fournit d’autres aspects de notre très modeste expérience en la matière.
Un effet peut-être collatéral est cet enthousiasme apparemment grandissant pour la question des langues nationales après avoir eu connaissance de l’Artcicle 31 de l’Avant projet de Constitution. De jour en jour s’expriment, seul/e ou en ateliers, des personnes généralement bien intentionnées pour la cause des langues nationales. Des experts/tes surgissent d’un peu partout et cela est de bonne augure. Toutefois, ne faut-il pas se méfier d’un/e expert/e disant langue bambara au lieu de bamanankan/bamaman?
Dans la gestion de cet enthousiasme, peut-être prendrons nous soin de ne pas réinventer la roue des langues nationales. Comme susmentioné, le Mali dispose d’une expérience confirmée sur ce sujet, expérience couronnée d’une renommée internationale. Maintenant à la retraite V0 sauterait sur toute occasion de partager son expérience, pour le moment unique, d’enseignement des matières scientifiques en bamanan. Et nombreux/ses sont-ils/elles dans ce cas. Dans cette euphorie pour les langues nationales, pourra-t-on se rappeler qu’il exsite, déjà, une masse critique significative de kalandenjolenw, cεw ni musow, (néo-alphabètes, hommes et femmes) dans les campagnes et qui ne demandent qu’à partager leurs expériences en la matière. En outre, même s’ils sont terminés, les projets OACV (Opération arachides et cultures vivirères) et son remplaçant (ODIPAC?) à Kita, celui du Kaarta basé à Nioro, notamment, si nos souvenirs sont bons ont atteint des résultats spectaculaires en la matière.
Nous avons été reconforté d’entendre, lors du 20 heures de l’ORTM du  29 novembre 2022, l’Ancien ministre Samassékou, Président de la Commission mobilisée pour l’utilisation et l’officialisation des langues maliennes. En bon connaisseur du sujet, il annonce la nécessité de capitaliser les résultats des expériences accumulées sur 50 ans. Pour mieux contextualiser le sujet et magnifier la prouesse malienne, peut-être ira-t-on au delà de cette période? L’importance et la délicatesse de l’entreprise n’en vallent-elle pas la chandelle?
Aussi, il nous semble avoir aperçu dans la commission le Doyen Adama Berthé qui a donné à la DNAFLA sa notoriété internationale (son seul nom nous a ouvert toutes les portes nécessaires à la réussite de notre mission de l’USAID en Tanzanie en 1982). Si confirmée, toujours prêt pour le Mali malgré sa retraite, le Doyen Berthé sera, au sein de cette commission, un fil conducteur aussi fiable que long pour assurer que les contributions de tous les projets d’alphabétisation, petits ou grands, sont prises en compte.
Pour revenir à la CRNC et comme susmentionné, engagée par leur promesse faite au Chef de l’État, donc au Peuple malien et Alliés/es, ses membres se devaient de tenir leur promesse, quitte à courir contre toutes les montres du Mali pour être au rendez vous de l’honneur et de la dignité. Qui peut leur en vouloir pour cela? Peut-être que, en leur sein, certains membres avaient une opinion minoritaire opposée à celle de la majorité et voudraient bien voir l’officialisation des langues nationales dès maintenant?
Encore une fois, nous comprenons la délicatesse de ce sujet particulier dans la mission de la CRNC.  Loin d’être un sujet tabou, il a été, selon nous, en grande partie élucidé auparavant et certains/nes acteurs/trices, bien qu’étant à la retraite, se seraient fait, comme V0, un devoir patriotique de mettre à jour le fruit de leurs efforts.  Si Modibo et ATT ont commencé à résoudre cette question, nous ne voyons pas pourquoi Assimi ne ferait pas de même, lui dont la mission essentielle est de faire plaisir au Peuple malien et à ses Alliés/es et, si nécessaire, contre vents et marées. Est-il nécessaire de rappeler, pour illustration, sa prestance, à Koutiala, au milieu de jubilants/tes Kᴐᴐrisεnεlaw (cotonculteurs/trices) de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), en fin de campagne 2020/2021?
Pour la réussite de cette campagne couronnée par le rang de Premier producteur de coton de la sous-région, un rang auparavant perdu, Assimi n’a pas lésiné sur les moyens en rendant possible ce qui, auparavant, était dit impossible, notamment en satisfaisant toutes les requêtes paysannes en matière d’intrants agricoles et de prix au producteur. Et ce, faut-il le rappeler, dans un contexte où le gentil appui budgétaire extérieur a cessé d’exister. Puisque, dit-on, ‟À quelque chose malheur est bon”, avec les mains libres, avec Assimi, le Mali a pu faire davantage de réalisations dans tous ses domaines de développement.
La taille du gouvernement : nous ne savons pas si la CRNC avait obligation d’aller jusqu’à cet aspect en donnant un nombre précis de fauteuils ministériels, 29 plus précisément. Toutefois, selon notre humble compréhension, n’étant pas aux affaires, et ne cherchant point à y être pour en déterminer leur ampleur par expérience, nous pensons qu’un gouvernement est constitué pour la gestion efficace et efficiente des affaires de l’État.
L’importance de cette mission régalienne, la confiance et l’honneur d’en avoir la responsabilité parmi environ 20 millions de Maliens/nes exige, au-delà du verbiage, pas simplement un certain niveau mais un niveau certain de patriotisme. Il s’agit de se partager une charge, un fardeau, un fardeau des plus illustres et non un gateau, aussi succulent peut-il paraître. Certes, la série de gouvernements faibles a donné l’habitude des gouvernements pléthoriques aux nombres directement proportonnels avec l’appétit de certaines gens, responsables ou pas. Comparaison n’est pas raison, dit-on mais, nous pensons que, tout de même, parfois, elle peut mettre sur rails un autre train de pensée permettant de contextualiser et, éventuellement, relativiser certaines données. Un voisin du Mali trouve que, avec l’effort de guerre, un Cabinet ministériel de 25 membres est excessif. Comme tout le monde le sait , les États-Unis d’Amérique ont un seul ministre de l’éducation.
L’effort de guerre et le regain progressif du partiotisme d’antan nous amène à penser que l’on  pourrait considérer travailler avec un gouvernement composé de patriotes au service du partage du fardeau et non celui du partage de gateau, comme les 5 Colonels et Choguel, des va-t-en guerre, comme le dirait l’autre. Au fait, le Mali n’est-il pas en guerre ?. Nous n’avons aucun doute que  le Peuple malien regorge de plus de patriotes qu’il n’en faut pour composer, par exemple, un gouvernement de 23 à 25 membres (dont les ministres délégués/es) très qualifiés/es et décidés/es à aider Assimi dans ses tâches régaliennes et, répétons le, faire ce qu’il aime le plus, le plaisir du Peuple malien et Alliés/es, vaille que vaille, quitte à réduirer les limites de l’impossible comme une peau de chagrin.
Par exemple, le refus de quelques personnes d’aider Albert Einstein quand il leur en a fait la demande au moment opportun lui a permis d’accomplir plus qu’il ne le pensait. Il les en a remerciés et ceci nous rappelle ce dicton bamanan : ‟Karisa, ALA ka n’i kε juguntan ye ” (Untel/Unetelle, que Dieu te donne des ennemis). De même, les grandes réalisations d’Assimi et de son équipe en si peu de temps et ce dans des contextes des moins amicaux, pour dire le moins, (voir nos précédentes Lettres ouvertes au Peuple malien et Alliés/es dans le même journal), ont permis au monde de se faire une idée de son potentiel multidimensionnel (militaire, politique, géostratégitégique, etc.) qui reste encore à découvrir.
Comme illustration, toutes ces rigueurs de part et d’autres dont, notamment, les aggressions de groupes de malfaiteurs dont le véritable nom reste encore à définir  précisément et la quadruple sanction du couple CEDEAO/UEMOA (voir nos précédentes Lettres ouvertes au Peuple malien et Alliés/es, dont les Nos. 13 et 14 dans le même journal) ont donné à Assimi l’occasion de prouver une partie de ce que l’on peut attendre de lui dans les moments les plus hostiles pour dire le moins. Et Martin Luther King de nous rappeler que la grandeur d’un homme se mesure surtout dans les moments les plus difficiles, et n’est-ce pas la situation dans laquelle Assimi évolue depuis qu’il est aux commandes de l’État, lui qui est porté si haut par la majorité de son Peuple, les panafricanistes et les Alliés/es de tout bord?
Sans hésitation, au vu de ces grandes réalisations en si peu de temps, nous sommes convaincu que si cela était son intention, il peut bien maintenir à flot et faire avancer le Bateau Mali avec le nombre de ministres ci-dessus souhaité. Mais, une lapalissade, la décision est la sienne car, entre autres, il sait mieux que quiconque ce qu’il lui faut pour atteindre les objectifs qu’il se fixe pour le développement inclusif du pays.
Article 17 et ethnocentrisme au Mali :  Vivement, nous souhaitons, nous esperons que le temps nous donnera tort de craindre ce qui suit car Errar es humano, to err is human, l’erreur est humaine, mᴐgᴐ fili bali tε.  Sans pour autant la classer comme un droit, nous partageons entièrement l’idée ci-dessus citée de différentes cultures pour en faire renforcer et partager sa dimension humaine. Pour quelqu’un qui, comme Ousmane Sy 2009 et Sada Samaké 2008 in Diallo 2013), a vécu l’époque malienne durant laquelle Modibo a tant fait pour forger une nation malienne et non un groupe d’ethnies, une nation dont l’ensemble est plus fort que le total des ethnies.
Peut-être sans se connaître, Sy et Samaké ont tout deux choisi les Semaines annuelles (régionales et nationales) de la jeunesse comme l’un des moteurs de construction du Mali. Notamment, Sy nous dit:
… Ce brassage créait une camaraderie et la reconnaissance de l’autre en dehors de la famille. À l’époque, nous ne sentions aucune différence entre les Dogons…, les autres ethnies et les Foutankés … Le brassage était total, dans les groupes de jeunes et entre les familles, dans le respect de la croyance et de l’identité de chacun.
De son côté, le second partage, en deux (2) Tomes, son expérience d’ancien Inspecteur de la jeunesse, y compris, entre autres, l’organisation et la mise en œuvre réussie des Semaines. Selon nos sources, Samaké n’a pu publier que le Tome I avant de nous quitter. Ici, un autre cri de coœur est de voir si, à défaut de pouvoir le faire eux/elles mêmes, ses héritiers/ères peuvent contacter l’éditeur du Tome I, ou d’autres éditeurs de la place, pour mettre la suite de cette contribution de Samaké à l’essor du Mali, pour dire le moins, à travers son Tome II, à la disposition du Peuple malien et Allées/es.
Que voit-on, maintenant, à travers le pays? Des associations de ceci et de cela pour tant de raisons. Encore nous espérons avoir tort mais, parfois, on a l’impression que certains, peut-être, inconsciemment, semblent réclamer une territorialité pour la leur. Certes, l’Article 17 de l’Avant Projet de la Nouvelle Constitution  prévoit la liberté d’association, entre autres. Cette liberté est-elle illimitée?
Aussi, rappelons-nous cette sagesse malienne: Ni bntuba bε bin, bε b’i bolo bir’i  kun kan. (quand tombe le toit de la case, chacun/ne protège sa tête de ses mains). Avec tant de décennies de malgouvernance, l’Ètat n’arrivait plus à assurer ses fonctions régaliennes les plus basiques. Comme le diraient la cousine et le cousin ruraux: ‟Dunkafafaso lakanali, kalan ni kεnεya, o n’a yᴐ ya .” (l’alimentation à satiété, la sécurité territoriale, l’éducation, la santé, etc.). Faut-il le rappeler, ses nombreuses défaillances se traduisèrent par des coups d’État successifs alors que le pays a plus que les ressorts pour son développement harmonieux. (voir Diallo 2013)
Si l’État est absent, qu’est-ce qui reste à faire pour le Peuple ? Il ne peut que concevoir et mettre en œuvre des stratégies de survie, primaires ou pas. Qui peut leur en vouloir malgré les textes officiels interdisant l’ethnocentrisme? Aimable lectorat, conscient de nos limites, aidez nous à répondre à cette question: ‟Où sont les oreilles d’un ventre affamé”, pour oser une paraphrase? Alors commence le fourmillement, notamment, d’ONG, OCB (Organisation communautaire de base), d’associations des ressortissants/tes de telle ou telle localité, si petite soit-elle. Et faut-il le taire, de telle ou telle ethnie ? Pour un pays à 90 ou 95% musulman, et comme indiqué plus haut, pour le mieux vivre ensemble à Médine, le Prophète Mahamadou, PSL a évité l’organisation socio-politique sur des bases ethniques, des ethnies qui existaient avec leur structuration politique et socio-économique bien avant son arrivée.
Conclusion
Il y a plusieurs “premières Constitutions” dont Kurukanfuga qui est une fierté nationale bien légitime.  En réalité, elle est la quatrième mondiale connue de nous à ce jour, et non la première. Elle est, sans équivoque aucune, une Charte des drots humains englobant hommes, femmes, enfants, animaux domestiques et sauvages, environnement, etc., le tout dans des organisations territoriale, politique, socio-économique et environnementale exemplaires. Rappelons-nous DTN dire: ‟ À Kurukanfuga, on n’a pas parlé de décentralisation car il n’y as eu de centralisation.” Combien d’entre nous regarde, aujourd’hui, la cime d’un arbre avant de l’abattre pour, notamment, le bois de chauffe ? En soi, Kurukanfuga est toute une prouesse pour un si grand empire au 13e siècle. Notre rêve est de voir Assimi considérer suivre les pas de Soundiata Kéita en finalisant Kurkanfuga de son cachet présidentiel aussi rutilant que flamboyant.
En outre, le Mali doit donner l’exemple en aidant les autres à comprendre, et à respecter, le fait que le sanankunya n’est pas une simple plaisanterie opposant des bouffons/nes. Fruit d’un paradigme unique multiséculaire, il est un outil très efficace de prévention et de transformation de conflits. Kurukanfuga doit être enseignée à tous les niveaux du système éducatif malien et postée à côté de la Consitution partout où celle-là l’est. Et, sur le bureau de chaque responsable, une copie de l’Hymne du Wassoulou. Cette liste n’est pas exclusive.
L’officialisation des langues nationales risque de continuer à faire couler beaucoup de salive et d’encre. Toutefois, ne l’oublions pas, les membres de la CRNC sont des missionnaires de Assimi et, à ce titre, ne faut-il pas se rappeler l’Article 25 de Kurukanfuga? Ils/elles ont fait de leur mieux pour faire la meilleure mayonnaise possible avec leurs propres expériences multidimensionnelles et les propos receuillis auprès des Maliens/nes dont les tungarankew (ceux/celles résidant à l’extérieur). La CRNC étant entièrement composée de Maliens/nes, tout ce que ce document majeur contient les affecte avec leurs familles respectives autant que leurs concitoyens/nes et, faut-il l’ajouter, ils/elles en sont pleinement conscients/tes.  Vont-ils/elles se tirer des balles volontairement dans leurs pieds? En tant que personnes si bien avisées, absolument pas. Peut-être oublie-t-on que l’Avant Projet est une version provisoire, un brouillon en d’autres termes, raison pour laquelle, lors de sa remise au Chef de l’État, le président de leur Commission a précisé que :‟C’est au Chef de l’État de décider des étapes suivantes. ” .
La décision finale ne leur revient pas, raison pour laquelle un référandum aura bien lieu. Entre temps, tout au plus, s’il le faut, on peut se poser les questions suivantes : Les conditions techniques sont-elles réunies pour la décision politique ou, comme le disent les Anglo-saxons, va-t-on continuer ‟to push the can under the bed, à pousser la boîte [vide de conserves] sous le lit”? Pour rappel, un autre exemple donné, en son temps, par le sage international Amadou Hampaté Bâ qui avait commencé à alphabétiser sa communauté en fulfulde,  un autre cas prouvant, si besoin en était encore, que la question des langues nationales est une préoccupation ancienne.
Tous/tes les Maliens/nes et leurs Alliés/es sont concernés/es, donc potentiellement acteurs/trices de la recherche de la réponse adéquate. Et Modibo de nous avertir, encore : ‟Quand les acteurs deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands.” Il est clair que, aussi surprenant que cela puisse paraître, pour dire le moins, tout le monde n’est pas intéressé par l’officialisation de sa langue maternelle. Une autre chose est sûre : en plus de l’extraordinaire expérience menée par V0, l’alphabétisation réussie en tᴐrᴐsᴐ  prouve, d’un autre côté, que la dialectisation avancée d’une langue, notamment le dᴐgᴐsᴐ, ne constitue pas un obstacle à son officialisation.
Les hésitations, voire les oppositions, ne feront qu’aggraver les tanguis et roulis du Bateau Mali, plombé qu’il est des deux côtés avec l’un handicapé par l’usage d’une monnaie étrangère et l’autre par une langue tout aussi étrangère. Dans ces conditions, dans le cas des plus aléatoires, à quelle rive va-t-il accoster,  pour ne pas dire échouer, celle de l’incertitude ou celle du désespoir? Cher lectorat, sans oublier la réalité crue susmentionnée de Ki-Zerbo,  et ce, avec la triste qualité de personnes remplacées par d’autres, vivement la course contre la montre pour la recherche de la réponse car, implacables comme les aiguilles du temps, les bibliothèques de Amadou Hampaté Bâ brûlent toujours. Pour illustration, où est Tonton Amadou ‟Djicoroni” aujourd’hui? Fort heureusement, il a laissé un résumé écrit de l’immensité de tout ce qu’il pouvait léguer à la prosperité, et ce, par souci de ce qu’il a qualifié de ‟Devoir de mémoire.” Ainsi, comme pour réduire les effets inévitables de la brûlure des bibliothèques d’Amadou Hampaté Bâ, Tonton Amadou ‟Djicoroni” nous conseille (2013 45 in Diallo 2013) :
Les leçons du passé peuvent et doivent nourrir la réflexion contemporaine et mieux nous permettre un avenir heureux. Ne crachons donc pas sur notre passé y compris dans un domaine comme le droit constitutionnel, Nous Maliens qui sommes héritiers de « Kurukanfuga », une des premières sinon la première Constitution connue de l’Histoire.
Cela, bien entendu, s’applique à la nécessité, pour chaque génération, de continuer, notamment, le plaidoyer sur Kurukanfuga.
Dr Abdoul Diallo
Source: Le Républicain

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