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PHOTO RENAUD LABELLE, COLLABORATION SPÉCIALE
Les billets d’euskos ressemblent à des euros, mais de plus près, on y aperçoit des photos inhabituelles : une txalaparta (instrument de percussion basque), un tableau noir avec les pronoms Nor-Nori-Nork (qui, quoi, à qui), ou encore un vignoble cerné de montagnes.
(Bayonne) Trois millions d’euskos circulent au Pays basque français, territoire deux fois grand comme le parc du Mont-Tremblant et peuplé de seulement 300 000 habitants. Créée en 2013, cette monnaie locale est la plus importante d’Europe. L’eusko a pour objectif de faire croître l’économie du territoire en favorisant le commerce et la production de proximité. Mais il a aussi un objectif culturel : promouvoir la langue basque.
À première vue, les billets alignés sur le comptoir du Café des Pyrénées à Bayonne, plus grande ville du Pays basque français, situé dans le sud-ouest de l’Hexagone, ressemblent à des euros. Mais de plus près, les coupures de 1, 2, 5, 10 et 20 euskos affichent des photos inhabituelles : une txalaparta (instrument de percussion basque), un tableau noir avec les pronoms Nor-Nori-Nork (qui, quoi, à qui), ou encore un vignoble cerné de montagnes. « Quand tu as des euskos en main, ça t’incite toujours un peu plus à parler basque », explique Sandrine Dulong, propriétaire du café bayonnais, dans un accent typique du sud de la France qui accentue les n et roule les r.
Pour adhérer à l’eusko, les commerçants doivent s’impliquer activement dans la promotion de la langue basque, l’euskera. S’ils ne sont pas bascophones, ils doivent choisir entre l’affichage bilingue (heures d’ouverture, menu, etc.) ou 20 heures de cours de basque. Objectif : assurer un accueil minimum en langue basque. « Cette langue mérite d’être sauvegardée, mais pour ça, il faut la faire vivre », plaide le cofondateur de la monnaie, Dante Edme-Sanjurjo, un ancien journaliste en économie sociale et solidaire.
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Dante Edme-Sanjurjo, cofondateur de l’eusko
Selon l’Office public de la langue basque, environ 20 % de la population locale comprend et parle cette langue considérée comme l’une des plus anciennes d’Europe. Le basque est également classé « langue vulnérable » par l’UNESCO.
Au Café des Pyrénées, Iza se prélasse sur la terrasse et paiera son café allongé en euskos. La femme de 48 ans fait partie des 4000 particuliers adhérents, qui peuvent s’approvisionner dans la monnaie locale chez 1200 commerçants et producteurs. Elle affirme dépenser en moyenne 50 euskos (soit 50 euros) par semaine. Si le principe de soutenir l’économie locale l’a convaincue, celui de sauvegarde de l’euskera l’a séduite.
Quand j’entre dans un commerce qui accepte l’eusko, j’ai toujours le réflexe de parler en basque.
Iza, rencontrée dans un café de Bayonne
À La Crêperie d’Aurélie, située sur le bord du fleuve Adour à Bayonne, la propriétaire Aurélie Pitois propose son menu en langue basque depuis septembre 2021. « J’ai laissé ma carte à l’équipe de l’eusko et ils me l’ont renvoyée toute traduite deux mois plus tard », relate l’entrepreneure d’origine bretonne. « Je ne suis pas d’ici, donc pour moi, c’était important de m’adapter à la région », affirme celle qui n’a obtenu que trois paiements en euskos depuis son adhésion, en septembre 2020.
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Selon l’équipe de l’eusko, 61 % des utilisateurs déclarent dépenser davantage dans les petits commerces depuis leur adhésion.
Depuis 2013, 750 commerces et entreprises adhérents se sont engagés à offrir l’affichage bilingue. De ce nombre, 280 l’ont déjà fait, 250 sont en train de le faire. Et les autres ? « Il faut encore aller les voir, explique M. Edme-Sanjurjo. On fait entrer de 25 à 30 nouvelles entreprises dans le réseau chaque mois. On n’est pas assez nombreux pour tout suivre. »
La librairie Bookstore à Biarritz est d’ailleurs passée entre les mailles du filet. « On ne nous a rien demandé », affirme Kristel Bourg, la gérante. Même si elle habite au Pays basque depuis 25 ans, la native de Bordeaux ne parle pas l’euskera et ne compte ni afficher en basque ni suivre des cours. « Je serais bien embêtée de me plier à ces règles-là », admet celle qui estime à 5 % ses ventes payées en monnaie locale.
Dante Edme-Sanjurjo ne le cache pas, il y a des commerçants qui sont réticents à l’idée de rejoindre le réseau. « Trop basque », « trop indépendantiste », « trop fermé ». Les étiquettes qu’on colle à l’eusko, son cofondateur les a toutes entendues. « Ces perceptions fausses nous ferment des portes, regrette le natif de Bayonne. On est des militants, mais on peut vouloir sauvegarder le basque sans être indépendantiste. »
Une monnaie complémentaire, c’est toujours militant. Derrière chacune d’elles, il y a un projet politique qui repose sur des objectifs souvent solidaires ou environnementaux. La particularité de l’eusko, c’est que les fondateurs ont ajouté l’objectif de la langue basque.
Julien Milanesi, maître de conférences en économie à l’Université Paul-Sabatier de Toulouse
Entre 300 et 400 monnaies locales circuleraient dans le monde, selon Jérôme Blanc, économiste spécialiste des monnaies locales à Sciences Po Lyon, ville où a été créée la Gonette. En Europe, il y a aussi le Chiemgauer en Bavière ou le Bristol Pound en Angleterre. Au Québec, on trouve entre autres La Chouenne dans Charlevoix ou L’îlot à Montréal, qui restent peu connues.
Et que réserve l’avenir pour l’eusko ? Étendre le projet au Pays basque espagnol ? « C’est une possibilité », indique M. Edme-Sanjurjo. Mais la priorité, insiste-t-il, c’est d’encourager davantage de particuliers, de commerçants et même de touristes à utiliser l’eusko et à intégrer la langue basque dans leurs communications. « C’est une bataille culturelle à gagner, défend-il. Le basque doit vivre à égalité avec le français. »
(Athènes) Au moins 15 personnes sont mortes dans le naufrage d’une embarcation de migrants au large de l’île de Lesbos, en Grèce, ont annoncé jeudi les garde-côtes grecs.
(Kyiv) Le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que la situation militaire se « stabilisera » dans les territoires ukrainiens dont il revendique l’annexion, mais où ses forces subissent une série de revers face à l’armée ukrainienne.
(Moscou) La Russie s’est formellement approprié la centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l’Ukraine, qu’elle occupe militairement depuis début mars, selon un décret signé mercredi par son président Vladimir Poutine.
(Moscou) L’accumulation des défaites en Ukraine a donné naissance à d’étonnants accès de colère au sein de l’élite russe, toujours favorable à l’assaut, mais exaspérée par les non-dits de l’armée, certains allant jusqu’à souhaiter l’exécution de responsables militaires.
(Moscou) Le vice-premier ministre russe responsable de l’Énergie, Alexandre Novak, a fustigé mercredi tout plafonnement du prix du pétrole russe qui « violerait les mécanismes du marché » et qui pourrait avoir « un effet très néfaste » sur l’industrie mondiale.
(Sarajevo) Les chefs de l’opposition de l’entité serbe de Bosnie ont réclamé formellement mercredi un nouveau comptage des bulletins de vote en affirmant que l’élection dimanche de Milorad Dodik à la présidence de la Republika Srpska était « frauduleuse ».
(Kyiv) Une personne a été blessée dans des attaques aux drones kamikazes de production iranienne contre la ville de Bila Tserkva, à une centaine de kilomètres au sud de Kyiv, a indiqué mercredi le gouverneur régional, une première du genre dans cette zone.  
(Birmingham) Déjà affaiblie après un petit mois au pouvoir, la première ministre britannique Liz Truss a cherché à reprendre l’ascendant mercredi, promettant de sortir le Royaume-Uni de « la tempête » grâce à la croissance, à l’issue d’un congrès conservateur marqué par les doutes et les dissensions.
(Copenhague) Un fils en colère règle ses comptes par voie de presse avant que sa mère ne tente de recoller les morceaux : la si placide maison royale du Danemark fait face à un scandale inédit.
(Kyiv) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a revendiqué mardi soir des avancées « puissantes » de son armée dans le sud de l’Ukraine, évoquant des « dizaines » de localités reprises et remerciant Joe Biden pour le « soutien militaire continu » des États-Unis, déterminante dans cette grande contre-offensive de Kyiv.
(Birmingham) Le gouvernement britannique veut empêcher les migrants qui ont traversé la Manche d’effectuer une demande d’asile au Royaume-Uni, a déclaré la ministre de l’Intérieur Suella Braverman mardi, une annonce immédiatement dénoncée par les associations de réfugiés comme une violation des conventions internationales.
(Washington) « Nous sommes au courant de l’annonce par la Russie d’un autre simulacre de justice qui sera imposé à Brittney Griner », vedette du basket féminin condamnée à une lourde peine de prison par la justice russe, a dit mardi la porte-parole de la Maison-Blanche.
(Vienne) Le directeur général de l’AIEA « se rendra à Kyiv puis à Moscou cette semaine » afin de discuter de la mise en place d’une zone de protection autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, selon un communiqué publié mardi soir.
(Kotka) La dernière statue publique de Lénine en Finlande a été déboulonnée mardi dans une ville du sud-est du pays, où les retraits de monuments liés à l’URSS se sont multipliés depuis l’invasion russe de l’Ukraine et la demande d’adhésion à l’OTAN.
(Zelenodolsk) Ils sont verts, rouges, noirs, bleus… tous abandonnés. À Zelenodolsk, petite ville ukrainienne proche du front Sud, encore bombardée jeudi par l’armée russe, des centaines de vélos racontent le sauve-qui-peut face à l’ennemi.
(Zakitne) Pour Ludmila Omelchenko, une retraitée de 62 ans habitant un petit village dévasté par les bombes, la reconquête par l’armée ukrainienne de la ville proche de Lyman signifie qu’elle pourra dormir hors de sa cave pour la première fois en sept mois.
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