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La baisse du déficit de liquidités bancaires, résultat de la hausse des avoirs extérieurs nets et du recul des besoins de financement du Trésor. Les crédits bancaires à l’équipement et à la consommation évoluent favorablement sur les quatre premiers mois de 2016.
Quand on observe les statistiques monétaires que publie chaque semaine Bank Al Maghrib (BAM), on se rend bien compte que d’un trimestre à l’autre, la création de monnaie est surtout d’origine externe. En langage technique, on dira que la contrepartie qui contribue plus fortement à la variation de la masse monétaire, depuis le début de 2015 à aujourd’hui, ce sont les avoirs extérieurs nets. A contrario, la création monétaire d’origine interne, à travers ses deux composantes que sont les créances sur l’économie et sur l’Etat, ralentit globalement. Les derniers chiffres disponibles à ce sujet et remontant au mois d’avril 2016 montrent en effet que si la masse monétaire avait augmenté de 5,2% (au lieu de 5,5% un an auparavant et 5,7% en 2015), cette hausse trouvait explication surtout dans la progression du stock des réserves internationales nettes (RIN) : +25,4% à 240,4 milliards de DH par rapport à avril 2015. Les créances nettes sur l’administration centrale, par contre, avaient sur la même période baissé de 11,2% à 135,8 milliards de DH, tandis que celles sur l’économie avaient progressé de 4% à 903 milliards de DH.
Assez intéressant à noter, cette configuration des contreparties de la masse monétaire reflète quasi parfaitement l’évolution de l’économie marocaine de ces quatre dernières années. Et quelle est-elle cette évolution? Grosso modo, il s’agit de l’assainissement opéré dans les finances internes et externes et dont les traductions ultimes apparaissent dans la monnaie et ce qui la constitue : ce sont en effet moins les facteurs internes qui, comme par le passé, tirent la création monétaire, mais les entrées de devises. Ça a l’air d’un changement de paradigme, et si c’est le cas pourquoi ne pas le souligner, voire le saluer ! Car, après tout, l’augmentation du niveau des réserves internationales nettes (+26% au 10 juin 2016 à 244,1 milliards de DH, en glissement annuel) résulte de l’amélioration des comptes extérieurs : rétrécissement du déficit du compte courant de la balance des paiements à un niveau presque marginal (environ 2% du PIB), suite notamment au recul du déficit commercial et au bon comportement des envois des MRE, mais aussi, dans le compte financier, entrées conséquentes des IDE (38,7 milliards de DH en 2015 et 36,6 milliards en 2014).
Il est évident que dans cette évolution, il y a un effet de conjoncture en forme de baisse du prix de l’énergie, un poste de dépenses qui représentait jusqu’en 2014 un quart des importations et qui retombe à 18% en 2015, à 12% sur les cinq premiers mois de 2016. Mais pas seulement à vrai dire: il y a aussi le bon comportement de quelques filières à l’export comme l’automobile, l’agriculture et l’agro-alimentaire ; si bien d’ailleurs que la structure des exportations a changé depuis 2014 avec l’arrivée en tête, pour la première fois, des expéditions de l’automobile. Et ça dure…
Les créances sur l’économie ont progressé à un rythme moyen de 3,5% entre avril 2012 et avril 2016.
Maintenant, la question est de savoir pourquoi les facteurs internes de création monétaire ont, en revanche, accusé globalement un ralentissement. Si on a encore en mémoire le souci qui, au début de l’année 2012 et surtout à la fin, semblait assez prégnant au moins dans les sphères médiatique et politique et qui s’appelait alors déséquilibre macroéconomique, ce ralentissement de la création monétaire interne est presque dans l’ordre des choses. La courbe des déficits, interne et externe, donc de l’endettement, était en effet sur une trajectoire ascendante depuis déjà quatre années ; il fallait donc sinon inverser cette courbe, à tout le moins stopper sa progression. Comment s’y prendre ? Un consensus s’était déjà formé sur la nécessité de réformer la compensation, il ne manquait plus qu’à passer à l’action. Pourquoi prioritairement la compensation ? Toutes les analyses et toutes les études de l’époque montraient que sans les charges de compensation, le déficit budgétaire, responsable de la dette, était insignifiant. Le solde pouvait même être excédentaire certaines années…
Réalisée partiellement (puisque l’Etat continue de subventionner le butane, le sucre et la farine), cette réforme de la compensation a donc mécaniquement réduit les besoins de financement du Trésor. Qui peut le regretter ? Les banques, qui trouvaient dans les bons du Trésor un placement sécurisé ? Peut-être. En tout cas, le déficit de liquidité des banques, qui était de 16,5 milliards de DH en 2015, retombe à 12,8 milliards en moyenne hebdomadaire au premier trimestre de 2016. Sur l’ensemble de 2016, BAM anticipe même un excédent de liquidité de l’ordre de 7,7 milliards de DH. On est loin, bien loin des besoins de liquidités qui pouvaient atteindre jusqu’à 68 milliards comme en 2013.
Mais si les créances sur l’Etat ont assez logiquement baissé, comme déjà indiqué, celles sur l’économie continuent de progresser à un rythme moyen de l’ordre de 3,5% entre avril 2012 et avril 2016. Dans ces créances sur l’économie, les crédits bancaires, par contre, décélèrent sensiblement : +2% à fin avril 2016 en glissement annuel, au lieu de +2,5% à fin avril 2015, +4,4% à fin avril 2014, +4% à fin avril 2013,
+ 6,8% à fin avril 2012…
Sur les quatre premiers mois de 2016, la ventilation des crédits bancaires par objet économique montre toutefois une évolution favorable des crédits à l’équipement (+4% en glissement annuel) et à la consommation (+4,6% en glissement annuel). Même si l’on sait que 2016, en termes de croissance économique, serait médiocre avec une hausse du PIB de l’ordre de 1,3%, en raison notamment de la baisse de la valeur ajoutée agricole de quelque 9%, la hausse des crédits à l’équipement, qui se reflète d’ailleurs dans les importations des biens d’équipement (+19,8% sur les 5 premiers mois de 2016), paraît une bonne orientation. L’investissement, privé notamment, est la variable à renforcer tant celle-ci est source d’accroissement à la fois de la demande et des capacités d’offre.
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