Encore anonyme il y a quelques mois, Anastasia Ivahenko, jeune Ukrainienne établie en Pologne, fait une percée fulgurante dans le monde de la musique polonaise. Sous le pseudonyme de “Cette Ukrainienne” (Ta Ukrainka), elle chante les déconvenues qui ont marqué son parcours d’immigrée.
En quelques mois, elle est passée du statut de parfaite anonyme à celui d’étoile montante de la scène musicale polonaise. Celle qui, il y a peu, n’osait penser à une carrière de chanteuse peut, après trois singles à succès, annoncer la sortie de son premier album au printemps et sa programmation au Festival Soundrive de Gdansk, qui se tient chaque été sur les bords de la mer Baltique.
Derrière cette ascension fulgurante, Anastasia Ivahenko, jeune Ukrainienne installée depuis six ans en Pologne. Son nom de scène, Ta Ukrainka (“Cette Ukrainienne”), comme son titre phare, sorti en novembre, intitulé Rêve polonais – Dolores, s’inspire des déconvenues qui ont marqué son parcours d’immigrée.
Née dans un village d’Ukraine centrale, à 200 kilomètres à l’est de Kiev, elle pense refaire sa vie à l’Ouest, dans un pays qu’elle voit comme une nouvelle Californie. “J’imaginais la Pologne comme un pays tolérant, oui, comme aux États-Unis, où on peut se promener dans les rues avec les cheveux teints en vert sans s’attirer de remarques”, raconte-t-elle au quotidien libéral Gazeta Wyborcza, qui lui consacre un portrait.
Une fois arrivée, elle doit vite déchanter. Contrainte de travailler au noir dans une chaîne de supermarchés, elle connaît l’exploitation économique. Elle subit le rejet de ceux qui, déduisant son origine de son accent chantant, lui enjoignent de rentrer dans son pays. “C’était devenu quotidien, se souvient-elle. Plus d’une fois, j’ai voulu tout laisser tomber. Je sentais que rien de bon ne m’attendait en Pologne.”
De ces stigmates, elle a fait le principal carburant de sa création artistique, comme le montrent les paroles de sa chanson phare :
Partie à l’Ouest pour une poignée de dollars/On m’a dit que j’y trouverai un peuple libre/J’y ai cru aveuglément […] Mais crois-moi ce n’est pas un pays pour les étrangers/Ne te fais pas d’illusions/Voilà à quoi ressemble le rêve polonais […] Ce n’est pas un eldorado.”
Un témoignage touchant dans lequel se retrouve certainement une bonne partie du gros million de citoyens ukrainiens installés en Pologne, pour qui ces vexations sont monnaie courante. Malgré l’irrévérence du titre à l’égard de “la légendaire hospitalité polonaise”, comme le relève ironiquement Gazeta Wyborcza, son succès suggère qu’il résonne au-delà de ce public restreint.
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“La Gazette électorale”, fondée par Adam Michnik en mai 1989, est en matière de tirage le plus grand quotidien de Pologne, hors tabloïds. Ouverte à différentes sensibilités sur les questions économiques, elle promeut pour les grands choix de société une Pologne libérale, tolérante et européenne. Son supplément du lundi, Duzy Format, cultive la tradition du reportage littéraire à la polonaise.

Initiée par Ryszard Kapuscinski, cette tradition a été reprise dans les colonnes de Gazeta Wyborcza par des reporters de renom comme Hanna Krall et Mariusz Szczygiel. L’équipe du supplément Grand Format est actuellement dirigée par Mariusz Burchart. Elle propose un journalisme intelligent, original et ambitieux, qui combine sensibilité sociale et grande qualité littéraire. Les reportages se démarquent aussi par la touche personnelle qu’y apportent leurs auteurs.
Gazeta Wyborcza est enfin le seul grand quotidien national à disposer de vingt rédactions régionales qui complètent l’édition nationale par un supplément local.
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