FAKE OFF Le projet d’euro numérique défendu par la présidente de la Banque centrale européenne ne prévoit pas la disparition du liquide, contrairement à ce qu’annonce une vidéo virale
La Banque centrale européenne veut-elle mettre fin aux espèces ? C’est ce qu’affirme, à tort, une vidéo très relayée sur TikTok et Facebook. « Christine Lagarde annonce pour 2027 la fin de l’euro monnaie papier ! », s’exclame l’auteur de ce montage, partagé près de 12.000 fois sur TikTok depuis le 30 novembre. La vidéo débute par un extrait d’une interview de la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) sur BFMTV, où celle-ci part d’un euro numérique.
« Qu’est-ce que cela veut dire concrètement, pour ceux qui nous regardent, un euro numérique ? », demande le journaliste à Christine Lagarde. « C’est la même valeur qu’un billet de banque, répond la présidente de la BCE, dans cette interview de février 2021. Vous avez un billet de 20 euros, vous pouvez très bien avoir 20 euros sous forme numérique, que vous pouvez faire circuler entre votre banque, les commerçants etc. »
Cet euro numérique, qui n’en est pour l’instant qu’à l’état de projet, n’a pas vocation à remplacer définitivement les pièces et les billets : « il viendrait en complément des espèces, sans les remplacer », ont assuré à plusieurs reprises Christine Lagarde et la BCE.
L’idée est de pouvoir régler avec des achats dans les commerces, sans pour autant restreindre la possibilité de payer en espèces.
Cet euro numérique vise à répondre à l’essor des paiements dématérialisés, explique la Banque centrale. L’enjeu est aussi de « soutenir la souveraineté monétaire et l’autonomie stratégique [de la zone euro], avait expliqué en septembre François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, en empêchant que des actifs numériques externes – comme les crypto-actifs privés et les monnaies numériques de banques centrales non européennes – ne soient utilisés comme des actifs de règlement ».
En clair, il faut répondre au Bitcoin et à la Chine, qui est train de lancer sa propre monnaie numérique. La BCE se défend de créer là son Bitcoin : la valeur de cet euro dématérialisé « serait garanti par une banque centrale », là où les cryptomonnaies ne sont pas adossées à des systèmes étatiques. La BCE assure que cet euro devrait « respecter la vie privée et la confidentialité des données ».
Un point qui alerte : la CNIL souhaite un « débat public » sur cette dématérialisation et demande « des solutions préservant la vie privée ». Elle recommande, avec d’autres autorités de protection des données européennes, la préservation d’un « espace d’anonymat », « par exemple en dessous d’un certain seuil pour les transactions du quotidien », à l’image des transactions en espèces. Elle recommande également que des sociétés privées ne puissent pas tracer ces transactions.
A la différence des espèces, qui servent de paiement et de placement financier, cet euro numérique ne devrait pas pouvoir être utilisé comme placement, afin de préserver le rôle des banques de détail.
Dans une enquête publiée en 2019 par la BCE, 59 % des achats en magasin en France étaient réglés avec du liquide, contre 73 % dans l’ensemble de la zone euro. 35 % des transactions en boutiques étaient payées avec une carte bancaire en France. Même s’ils dégainent leur carte bancaire pour régler des sommes importantes, les Français restent attachés aux espèces et continuent à leur faire plus confiance qu’à leur carte bancaire, selon un sondage réalisé par l’Ifop en 2021. C’est un des défis que devra relever la BCE si elle veut faire aboutir son projet d’euro numérique.
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