Sur la scène du Transbordeur, les talkies-walkies crépitent en anglais. Et pour cause, l’ingénieur du son est suisse, le régisseur canadien québécois, les techniciens américains, italiens, britanniques… Mais ce n’est pas un groupe anglo-saxon qui comble ce lundi de janvier la salle rock lyonnaise. C’est https://www.gojira-music.com/ Gojira, le fer de lance du métal tricolore. Ce soir, le groupe landais concourt aux Grammy Awards, les Oscars de la musique à Los Angeles, dans deux catégories : «meilleure performance métal» et «meilleur album rock».
Dans leur loge, les frères fondateurs et leadeurs de Gojira, Joe et Mario Duplantier, 40 et 35 ans, se pincent pour y croire : «Se retrouver en lice avec nos héros, comme Megadeth, c’est fou! sourit Mario, batteur. On va aux Grammys avec nos femmes. La mienne veut voir Rihanna.» «Rien que le fait d’y être est une chance incroyable, poursuit Joe, chanteur-guitariste. On est le seul groupe non américain dans nos catégories, ce qui fait parler de nous partout. En vingt ans, on n’avait jamais imaginé ça.»
Leur voyage a commencé en 1996 à Ondres. C’est dans cette commune de 4 600 âmes de la côte landaise que Joe et Mario montent Godzilla, un groupe de death metal. «Nous avons grandi entre mer et forêt, un peu en marge du village, dans une maison en ruine que notre père retapait, racontent-ils. Notre mère est californienne. Il y avait toujours de la musique à la maison. Chanter en anglais était naturel.» C’est une cassette de Metallica, rapportée du lycée par Joe, qui change leur vie. «On s’est tout de suite mis à jouer de manière extrêmement rigoureuse, presque obsessionnelle», explique-t-il.
Leur réputation scénique grandit vite, leurs concerts grossissent. Un fan nordiste publie leurs trois premiers albums sur son label et les fait jouer un peu partout en Europe. Godzilla, nom déjà utilisé par d’autres groupes, devient Gojira, sa traduction japonaise.
«En 2006, on a fait notre première tournée aux Etats-Unis, racontent-ils. Mais jouer à l’étranger, ce n’est pas le paradis. On doit abandonner nos droits d’intermittents du spectacle et nous produire dans des conditions exécrables, sans loge, ni eau, ni bouffe, ni balance (NDLR : répétitions pour peaufiner le son). C’est pour ça que beaucoup de musiciens préfèrent rester en France. Mais sortir de sa zone de confort, ça donne la niaque.» «Et des opportunités dingues, ajoute Mario. C’est comme ça que Metallica a entendu parler de nous et nous a pris dans sa tournée des stades.»
«Le soutien et l’amitié de Metallica nous ont aussi apporté la reconnaissance des grands pros», avoue Joe. Comme John Jackson, agent anglais qui gère justement Metallica, Iron Maiden, Guns’n’Roses et produit les concerts des Landais à l’étranger. Il signe Gojira en 2012. Le groupe ouvre pour Metallica devant 70 000 personnes au Stade de France — et y bat le record de décibels! —, puis devant 90 000 à Rio. «Depuis, nous avons joué dans une quarantaine de pays, se réjouit Mario. Quand nous envisageons un disque et une tournée, nous pensons international, mais notre identité reste française.»
Sombre mais plus abordable, marqué par le décès de leur mère, «Magma», leur 6e album, sorti en juin 2016 chez Roadrunner, le label métal de référence, leur a fait franchir un nouveau cap. «Pour l’enregistrer, je suis parti vivre à New York et j’y ai créé notre studio», précise Joe. «Je l’ai rejoint pour faire le meilleur album et le plus sincère, ajoute Mario. Car on ne fait plus du métal à 40 ans comme à 20. » Bingo ! «Magma» s’est vendu à plus de 400 000 exemplaires dans le monde.
Au Transbordeur de Villeurbanne, on est fasciné par la puissance de feu du groupe et la communion avec ses 1 700 fans. «Tout le monde a la banane, lâche Philippe, 62 ans, de Besançon. C’est une musique de fin du monde, mais qui fait du bien.» «C’est très profond et sensible», ajoute Nathan, 29 ans, qui attend les musiciens pour les remercier. «Vous m’avez aidé à pleurer, à sortir ma douleur. Votre dernier album a changé ma vie.»
VIDEO. Le groupe Gojira, du death metal français, nominé aux Grammy Awards
Dans le chaudron lyonnais, John Jackson, venu de Londres encourager ses poulains, savoure. «Ils méritent tout ce qui leur arrive. Ils ont énormément joué et bossé, sans jamais se prendre au sérieux. Je n’ai aucun doute qu’ils seront bientôt en tête d’affiche dans les stades. Je pense même qu’ils vont gagner un Grammy.»
400 000 exemplaires de « Magma » ont été vendus à travers le monde.
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