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Source : TF1 Info
Sur le papier, c’est un peu l’anti-Fast and Furious. Dans Drive My Car, un acteur de théâtre répète en boucle les dialogues d’Oncle Vania, la pièce tragicomique de Tchekhov, depuis le siège arrière d’un Saab 900, pilotée par une jeune femme presque aussi dépressive que lui. Subtil et envoûtant, ce film de 3 heures du Japonais Ryūsuke Hamaguchi, inspiré d’une nouvelle de son compatriote Haruki Murakami, avait séduit la Croisette en juillet dernier, avec à la clé le prix du scénario. Huit mois plus tard, le voilà en lice aux Oscars dimanche soir où il fait figure de magnifique outsider…
Depuis le triomphe du Sud-coréen Bong-joon ho avec Parasite en 2019, Hollywood en pince pour les cinéastes asiatiques comme jamais. L’an dernier, c’est la Chinoise installée aux Etats-Unis Chloé Zhao qui a raflé la mise avec Nomadland, devenant au passage la deuxième femme seulement à décrocher l’Oscar de la réalisation. Ryūsuke Hamaguchi, lui, est à 43 ans le premier Japonais à décrocher quatre nominations depuis Akira Kurosawa avec Ran en 1985.
Si son illustre prédécesseur avait dû se contenter de l’Oscar des costumes, le natif de Kanagawa a toutes les chances de décrocher le trophée du meilleur film international, après le Golden Globe en janvier dernier. Et si la presse spécialisée prédit un match CODA vs. The Power of The Dog dans la catégorie meilleur film où il est également présent, Drive My Car fait figure de choix du cœur pour nombreux votants, séduits par la liberté de ton de cet auteur discret qui revendique des influences aussi variées que Quentin Tarantino, Wong-Kar Waï, John Cassavetes et la Nouvelle Vague française.
Diplômé en lettres, Ryūsuke Hamaguchi a travaillé dans la publicité avant d’étudier le cinéma à l’Université des arts de Tokyo où son aîné Kiyoshi Kurosawa, bien connu des cinéphiles français, était l’un de ses professeurs. Il s’est ensuite fait repérer avec The Sound of Waves, une trilogie documentaire qui donnait la parole aux rescapés du séisme de 2011. Quatre ans plus tard, la fiction Senses surprend par son ampleur puisqu’elle dresse le portrait croisé de quatre femmes à Kobe, découpé en cinq parties de plus de 3 heures.
En 2018, le prodige confirme avec AsakoI & II, un triangle amoureux dont la critique salue la délicatesse et la sensibilité. Son public, lui, reste plutôt confidentiel. "La plupart des films d’auteur japonais ne sont diffusés ni en salles ni à la télé", expliquait-il à l’époque à Télérama. "Ils circulent uniquement dans les festivals et finissent leur vie comme ça. Du coup, si l’on veut vivre du cinéma au Japon, mieux vaut opter pour les films commerciaux."
Quatre ans plus tard, Ryūsuke Hamaguchi n’a pas vendu son âme aux blockbusters pour réussir. Et c’est peut-être justement parce qu’il représente tout ce que le cinéma américain n’est pas qu’il séduit aujourd’hui Hollywood. La France aussi puisqu'en dépit de sa longueur, Drive My Car a attiré près de 200.000 spectateurs. Pour une séance de rattrapage, sachez qu'il vient de paraître Blu-Ray et DVD chez Diaphana. Et qu'un autre film de ce cinéaste prolixe, Contes du hasard et autres fantaisies, sort chez nous mercredi prochain au cinéma.
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