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La France compterait aujourd’hui une quarantaine de monnaies locales, destinées à encourager les circuits courts et à dynamiser les économies locales, mais pas seulement.
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Temps de Lecture 4 min.
L’abeille, la bou’sol, la soNantes, le sol violette, l’eusko… ce sont les noms de monnaies qui font partie du quotidien de milliers d’habitants dans plusieurs territoires français. Encore méconnues, les monnaies locales se sont développées en France à partir de 2010 et ont été encouragées par une loi de 2014 les reconnaissant comme moyen de paiement légal.
De la relance de l’économie locale à la critique du système capitaliste, le concept séduit de plus en plus : elles seraient aujourd’hui une quarantaine à circuler dans l’Hexagone, et autant seraient en projet.
C’est une monnaie complémentaire à l’euro, ou à autre monnaie nationale. Moyen de paiement, elle ne peut être utilisée que sur un territoire géographique restreint (une commune ou une communauté de communes, voire une région), et seulement pour des activités précises (le bitcoin par exemple n’en est pas une). Contrairement à une monnaie nationale, elle n’est pas gérée par une banque centrale mais par une association.
La France est le premier pays à avoir reconnu ces monnaies légalement comme moyen de paiement par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce texte reconnaît les monnaies locales complémentaires comme moyen de paiement, dès lors qu’elles sont à l’initiative de structures relevant de l’ESS. Ces monnaies locales servent ainsi des projets qui s’inscrivent dans le respect de l’environnement, l’équité, la lutte contre l’exclusion, ou encore le commerce équitable.
Tout le monde, particuliers comme professionnels. La seule condition est d’adhérer à l’association gérant la monnaie locale moyennant une cotisation, en acceptant sa « charte éthique ».
Certaines collectivités locales souhaitent également pouvoir percevoir des recettes ou effectuer des dépenses en monnaies locales : c’est le projet de la région Normandie, et la volonté de la mairie de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Mais cette étape est loin d’être évidente. A Bayonne, le préfet du département a attaqué la mairie en justice, arguant qu’une collectivité n’a pas le droit de payer des dépenses en monnaies locales. Le tribunal administratif n’a pas encore rendu de décision.
Mais d’autres pays connaissent déjà ce fonctionnement. C’est le cas à Bristol, au Royaume-Uni, où la Bristol pound (équivalent en circulation à 620 000 livres sterling) est accepté par la mairie pour le paiement des taxes locales.
Presque comme les monnaies classiques, si ce n’est que, contrairement à ces dernières, les monnaies locales ne conservent pas leur valeur. La plupart d’entre elles, conservées trop longtemps, perdent, par exemple, 2 % de leur valeur tous les trimestres, incitant les utilisateurs à dépenser rapidement leurs billets. On parle de « monnaies fondantes ». Certaines, comme l’eusko au Pays basque, la soNantes à Nantes ou encore la Doume, dans le Puy-de-Dôme, ne le sont toutefois pas.
Autre différence, elles n’existent souvent que sous forme de billets. Seules quelques expériences, comme au Pays basque, à Valence ou à Nantes, ont choisi la forme numérique.
Pour le taux de change, rien de compliqué : une unité de monnaie locale ne peut valoir qu’un euro. Pour s’en procurer, il suffit d’échanger, auprès de l’association ou d’un « bureau de change » (souvent des commerçants), un certain montant en euros contre le même montant en monnaie locale. La reconversion en euros est possible, parfois seulement pour les professionnels, mais toujours moyennant une commission allant jusqu’à 5 %.
Les euros récoltés par l’association alimentent un « fonds de réserve » qui doit permettre à chaque participant de récupérer ses euros si jamais l’expérience de la monnaie locale échouait. L’argent récolté peut aussi servir à financer des associations sur le territoire.
Leur principale vocation est de favoriser le commerce et la production locale, et de relocaliser l’activité économique. Les monnaies locales perdant de leur valeur, les utilisateurs sont incités à les utiliser rapidement, et la rapidité des transactions dynamise théoriquement les territoires. Pour veiller à ce que l’argent encourage l’économie locale, les chaînes de magasins présentes partout en France sont exclues des dispositifs.
Les monnaies locales incarnent aussi un projet d’alternative au système du capitalisme financier, dans lequel la spéculation représenterait 95 % des flux financiers quotidiens dans le monde. L’idée d’une monnaie locale est d’ailleurs née dans les années 1930, après la crise de 1929. En France, elles se sont développées à partir de 2010, après la crise économique.
Elles sont explicitement conçues pour empêcher l’épargne et la spéculation, puisque leur cours ne varie pas, et qu’elles perdent de la valeur en les conservant.
Certaines monnaies connaissent de véritables succès. En Suisse, le WIR, monnaie pour les professionnels créée en 1934, est utilisé par plus de 60 000 entreprises. En Bavière (Allemagne), le chiemgauer est la première monnaie locale européenne et a permis plus de 7 millions d’euros de transactions en 2013, dix ans après sa création.
Selon le Conseil économique social et environnemental, si les monnaies favorisent les circuits courts, elles encouragent aussi l’activité économique et contribuent à la préservation de l’environnement. Au Brésil, où des centaines de monnaies locales ont été créées depuis 2002, l’activité économique locale a été relancée, ce qui a permis de redynamiser certains quartiers des favelas.
Mais, selon Jérôme Blanc, économiste spécialiste des monnaies locales, dans plusieurs des pays qui les ont expérimentées depuis plusieurs décennies, la plupart des monnaies locales ont disparu ou se sont essoufflées.
En France, leur développement est récent et aucune évaluation n’en a été réalisée. La plus grande réussite est l’eusko, au Pays basque, avec plus de 750 000 unités en circulation. Mais toutes les autres peinent à atteindre 100 000 unités.
Selon M. Blanc, « leur développement n’est pas quantitativement significatif ». En revanche, elles sont une « réussite indéniable » dans le sens où elles « permettent aux personnes de mettre en place une éducation citoyenne et de faire évoluer leur manière de concevoir la monnaie ».
Eléa Pommiers
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Daté du samedi 21 janvier
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