“Je trinque à la mort de la Bourse russe, je vais travailler comme “père Noël””. Sur la chaîne d’information russe en continu RBK, l’économiste et trader Alex Butmatov a fait sensation. L’expert des marchés a en direct sorti une bouteille d’alcool pour en boire une rasade au goulot laissant la présentatrice un instant sans voix.
Cette intervention traduit le désarroi des investisseurs et plus globalement des milieux financiers qui voit leur système s’effondrer depuis quelques jours.
“Provoquer l’effondrement de l’économie russe”. La formule de Bruno Le Maire prononcée ce mardi sur France Info a fait le tour de la planète. Alors que les sanctions continuent de pleuvoir sur le pays de Vladimir Poutine et de ses alliés, l’économie russe commence à être très sérieusement secouée.
Première victime de la guerre économique menée par les puissances occidentales mais aussi par le Japon ou la Corée du Sud, le rouble continue sa descente aux enfers avec une chute de plus de 10% ce jeudi. La monnaie russe est tombée à un plus bas historique face au dollar et à l’euro, après la décision des agences de notation Fitch et Moody’s de déclasser la note souveraine de la Russie en catégorie spéculative.
A 11h30 ce jeudi, il fallait plus de 117 roubles pour faire un dollar contre 75 au 1er janvier. Une chute moins forte par rapport à l’euro mais un taux de change équivalent à celui du dollar ce jeudi matin (1 euro pour 117 roubles).
Pour tenter de soutenir sa monnaie, la Banque centrale russe a imposé une commission de 30% sur les achats de devises étrangères par des individus et sur les opérations de change, ce qui n’a pas empêché pour le moment le rouble de poursuivre sa dépréciation. Plus tôt dans la semaine, l’institution avait brutalement relevé son taux directeur de 10,5 points à 20%. Ce qui n’a freiné que temporairement la chute du rouble et handicapé les capacités à moyen terme d’emprunts des entreprises pour investir dans l’économie du pays.
Quelles vont être les conséquences de cette chute historique de la monnaie nationale? D’abord évidemment une forte poussée inflationniste. Les entreprises russes vont devoir aligner plus de roubles pour acheter des produits étrangers dont elles dépendent ce qu’elles vont répercuter sur les prix. Ainsi la banque Godlman Sachs a relevé ses prévisions d’inflation à 17% en glissement annuel pour la fin d’année 2022 contre 5% initialement attendu. Une estimation qui ne tient cependant pas compte d’une éventuelle nouvelle hausse du taux directeur par la banque centrale.
L’économiste fait référence à la crise financière russe de 1998 qui avait vu l’économie du pays se contracter de 6,8% cette année-là avec une inflation de 84%. Une crise qui avait fortement entamé le pouvoir d’achat des Russes et qui avait entrainé un sursaut du gouvernement qui avait engagé des réformes économiques pour rendre l’appareil productif du pays plus compétitif en promettant la stabilité à la population. C’était notamment un certain Vladimir Poutine, à l’époque Premier ministre qui avait mené les réformes.
Mais cette année, la chute de l’activité pourrait être encore plus violente. Goldman Sachs qui estimait auparavant que le PIB progresserait de 2% voit maintenant une contraction de 7% de l’économie russe en 2022.
L’oligarque russe Oleg Deripaska, fondateur du géant de l’aluminium Rusal, estime que les conséquences pourraient être encore pire.
Le milliardaire qui en un an a vu sa fortune fondre de près de 2 milliards de dollars selon Forbes appelle à la fin du capitalisme d’Etat russe. Et s’il exagère peut-être les conséquences des sanctions actuelles, la crise financière devrait rapidement s’étendre au reste de l’économie.
Des prévisions un peu moins pessimistes du côté de la société de recherche Capital Economics qui table toutefois sur un décrochage de 5% (contre une croissance de 2,5% initialement estimée) et une inflation de l’ordre de 15%.
Selon les économistes, la sanction qui entrave le plus le système financier russe c’est l’impossibilité d’utiliser ses réserves de changes qui ont atteint 500 milliards de dollars en 2021 pour soutenir sa monnaie.
Si le système financier russe est au bord du précipice, d’autres sanctions pourraient être envisagées pour accélérer l’effondrement de l’économie. A commencer par des restrictions sur les exportations russes. Les flux de pétrole et de gaz représentent près de la moitié des exportations russes et plus de 30% de ceux du gouvernement. Si certains établissements bancaires ont été exclus du système Swift, la plupart des autres entreprises ne sont pas contraintes dans leurs flux financiers.
L’obstination du gouvernement russe en Ukraine pourrait lever les derniers tabous des puissances occidentales en d’en assumer le coût pour leurs populations avec une flambée des prix.
Interdite d’accès aux marchés financiers occidentaux, privée de devises étrangères et restreinte dans ses exportations, la Russie ne pourrait plus alors compter que sur la Chine pour lui venir en aide. Le pays a déjà commencé à transférer ses réserves de changes dans la devise chinoise et transfère ses systèmes de paiement aux banques chinoises avec l’intégration de l’équivalent chinois de Swift.
Si la Russie compte sur la Chine, la diplomatie chinoise paraît elle prendre ses distances avec Vladimir Poutine. Pékin appelle depuis quelques heures au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et au départ des troupes russes. La Russie semble de plus en plus isolée.
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