Dans un quartier périphérique de Kyoto, au Japon, une immense serre détonne dans le paysage. A l’intérieur, d’innombrables plants de salades, à différents stades de développement, poussent en toute saison dans des bacs, sous les lumières blanches de centaines de LED et lampes fluorescentes.
Au milieu des allées, un bras articulé circule automatiquement, plante ici de nouvelles laitues avant d’aller plus loin récolter celles arrivées à maturation. Dans cette exploitation hors sol, les robots ont remplacé les humains. A l’aide de capteurs et de sondes, des ordinateurs récoltent des données sur la santé des salades.
Une intelligence artificielle veille sur les cultures de la Techno Farm de l’entreprise japonaise Spread Co. (Spread Co)
Une intelligence artificielle analyse le taux d’humidité, de CO2, les températures, l’air et la luminosité. Trop de lumière ? Les lampes s’adaptent. Pas assez d’eau ? Le robot humidifie la salade. La Techno Farm de l’entreprise japonaise Spread Co, qui a vu le jour fin 2018, a automatisé son processus complet de production.
Les agriculteurs n’y ont pas disparu pour autant. Derrière leurs ordinateurs, des employés règlent les éventuels problèmes. Grâce aux informations récoltées, ils ont déterminé les conditions idéales pour faire pousser, sans pesticide, les salades, et ont réduit considérablement l’impact de l’exploitation sur l’environnement. « On utilise 0,11 litre d’eau par tête de salade, soit 100 fois moins qu’avec des méthodes conventionnelles », évalue le porte-parole de l’entreprise, Yurii Voronkov.
Aux Etats-Unis aussi, des entrepreneurs se sont lancés dans le même type d’aventure. En Californie, la société Iron Ox a développé un concept de ferme hors-sol automatisée, pouvant être implantée n’importe où. Ils ont installé leur première exploitation à San Carlos, dans un ancien entrepôt commercial.
Une machine roulante autonome de 450 kilos s’y déplace et transporte des modules de plantes, rangées selon leur stade de croissance. Elle est accompagnée d’un robot dont le bras automatisé peut reconnaître chaque laitue, analyser son état de santé grâce à quatre détecteurs laser et deux caméras 3D intégrées, et ajouter des nutriments si besoin.
Sa rivale, l’entreprise 80 Acres Farms, a déjà bâti quatre fermes urbaines dans des métropoles américaines, produisant salades, tomates et herbes aromatiques. L’une d’entre elles, à Hamilton (Ohio), est 100 % automatisée. A l’aide des données obtenues par des caméras intelligentes disposées dans la serre, la firme a pu reproduire les conditions idéales de croissance de la plante, en ajustant la température (qui doit être supérieure à 22 °C), le débit d’air, le taux de CO2 ou les cycles de lumière. Elle obtient ainsi un rendement bien supérieur.
« Au lieu de deux cycles de salades par an, nous en faisons dix-sept », précise Mike Zelkind, le co-créateur de l’entreprise. Cette ferme d’intérieur produit en toute saison. Son modèle peut être dupliqué dans n’importe quelle métropole, ce qui permet de réduire le temps de transport et de favoriser l’autonomie alimentaire des villes. La robotisation, exacerbée dans ces fermes urbaines, s’étend aussi à l’agriculture conventionnelle.
Une machine roulante déplace les modules de plantes et surveille la croissance et la santé de celles-ci. (Iron Ox)
En Angleterre, une équipe d’ingénieurs a créé Hands Free Hectare, une parcelle d’un hectare de blé entretenue automatiquement. « On utilise un tracteur qui laboure seul et sème les graines. Puis des drones surveillent la bonne santé des pousses, explique Jonathan Gill, à l’origine du projet. On utilise d’autres drones avant la récolte pour s’assurer du moment idéal où mettre en marche notre moissonneuse, robotisée elle aussi. »
Pour Yosr Kbairi, consultante en innovation de l’agriculture, robots, capteurs et autres sondes possèdent un autre avantage. « En réduisant le travail manuel, ils diminuent le stress lié au métier. » Dans cette agriculture du futur, l’exploitant laissera les tâches simples et rébarbatives aux robots, mais devra être de superviser leur action. « Cela lui laissera du temps pour se reconcentrer sur d’autres missions, comme renouer le lien avec les consommateurs ou préparer ses décisions d’investissement », imagine Yosr Kbairi.
En devenant plus technologique, le secteur primaire pourrait rendre plus attractifs ces métiers aux yeux de la nouvelle génération. « Aux Etats-Unis, la moyenne d’âge des fermiers est de 59 ans, souligne Mike Zelkind. Dans nos fermes, où une centaine d’employés travaillent, la moyenne d’âge atteint 29 ans. » Un sacré coup de jeune en perspective.
A Aizecourt-le-Haut, la Ferme 3.0, inaugurée par la chambre d’agriculture de la Somme en 2016, est un laboratoire d’innovation agricole en plein air. Une équipe de quatre personnes y essaie, dans de petites parcelles, différentes machines automatisées, dont un robot de désherbage mécanique qui circule dans les allées.
« Techniquement, il est au point, mais encore trop lent pour les grandes cultures », précise Philippe Touchais, le responsable. Dans quelques mois, l’équipe accueillera le robot SentiV, qui se déplace seul et scanne les cultures pour transmettre des informations à l’agriculteur sur les maladies et les insectes présents. « Un peu comme un chien de berger, mais sous forme de robot ! » résume Philippe Touchais.
Guide Shopping Le Parisien
Jeux Gratuits
Mots fléchés
Mots coupés
Mots croisés
Mots mêlés
Kakuro
Sudoku
Codes promo
Services
Profitez des avantages de l’offre numérique
© Le Parisien

source

Catégorisé: