Dossier. Faire des voyages en moins grand nombre mais de plus longue durée, c’est là une option mise sur la table des solutions pour un tourisme plus responsable. C’est dans cette optique qu’Open Jaw Québec a accepté l’invitation de CroisiEurope, celle de monter à bord du Botticelli pour participer à une croisière fluviale sur la Seine, de Paris à Honfleur et retour à Paris.
Car ça discute sérieux en ce moment : faire un voyage à l’étranger, oui, mais restons-y plus longtemps et greffons plusieurs ambiances différentes. Dans le cadre d’un voyage en France, c’est là que CroisiEurope (compagnie de croisière qui démarche beaucoup le Québec) pourrait selon nous entrer en scène : insérer une croisière d’une semaine pour découvrir un de ses fleuves – la Seine – au départ d’une ville fort probablement inscrite durant le voyage – Paris.
Alors bienvenue à bord du Botticelli!
Maintenant que la table est mise, comment ça se passe cette croisière sur la Seine avec CroisiEurope? À quoi carbure ce périple de 7 jours? À qui s’adresse-t-il?
Penchons-nous sur ces sujets.
Jour 1
Le Botticelli a cette bonne idée d’attendre ses passagers sur la Seine à quelques pas de la Tour Eiffel. Si on n’a pas encore eu la chance d’admirer cette Grande Dame à l’arrivée en sol français, et bien elle est là, tout près.
L’admiration peut se poursuivre le soir venu du jour 1 de la croisière car le Botticelli débute son parcours… dans le sens opposé où il doit nous emmener! Plutôt que de s’éloigner de Paris, le Botticelli plonge dans la ville, pour un 2 à 3 heures de balade sur l’eau, en un aller puis retour intitulé sur papier « La traversée illuminée de Paris » (le personnel à bord le dit en français de France : « Paris by night »).
Ce U-Turn allongé permet de constater ce qu’on entend beaucoup dans l’actualité : on ordonne aux lumières de Paris de se tamiser par ici ou s’éteindre par là, par souci d’économiser et sauvegarder l’énergie. Moins lumineuse qu’à l’habitude, Paris se dévoile néanmoins tout aussi merveilleuse en formule nocturne.
Jours 2 et 3
Les navigations de nuit nous déposent le matin aux escales. Le jour 2 de notre itinéraire, on accoste à La Roche-Guyon et les participants à l’excursion du jour mettent le cap sur Giverny.
On est appelés dans un bus pour aller découvrir la propriété où a vécu, jardiné et peint Claude Monet à partir de l’âge de 50 ans – et jusqu’à sa mort.
Aucun guide ne nous escorte pour la visite des lieux mais la gentillesse du personnel de garde sur place permet de poser nos questions et trouver des réponses.
Ici, les tableaux Monet sur les murs ne sont pas des originaux mais on a tout de même ce plaisir de visiter les jardins et les ateliers et quartiers privés du maître (80 % du contenu de la maison et des ateliers représente comment c’était de son vivant).
La boutique d’un des ateliers se révèle un détour obligé : tout grand fan des toiles de Monet peut refaire son inventaire de porte-monnaie, tasse à café, calendrier, tablier, livres, mouchoirs et etc. à l’effigie de leur idole et son œuvre. Un fait inusité attire notre attention : dans toute cette grande boutique remplie à craquer, seul un minuscule présentoir propose des accessoires pour peindre. À comprendre que les fans d’aujourd’hui sont davantage portés sur l’objet-prêt-à-user d’acquisition que sur l’outil d’un projet de création…
Le jour 3 nous fait accoster à Caudebec-en-Caux et l’excursion du jour nous emmène notamment à Dieppe et Veules-les-Roses, un village délicieux de carte postale, à la sauce bucolique, où les maisons anciennes typiques riment avec colombages, paille et chaux et les toits avec roseaux ou paille de seigle.
Durant cette excursion, notre guide Anne-Marie se révèle une honorable encyclopédie historique pour qui l’origine des pierres est aussi notable que les faits et gestes de Napoléon 3 et la Duchesse de Berry, au bonheur de certains mais, malgré tout, à l’overdose d’autres.
Avant de quitter Veules-les-Roses, Open Jaw Québec s’extirpe du groupe, se laisse guider par les sons des vagues et parfums de la mer et découvre cette merveille…
Jours 4 et 5
Notre destination du bout de la Seine, Honfleur, est déjà au rendez-vous et nous rappelle que le tronçon Paris-Honfleur du fleuve est de moins de 400 km.
Deux dodos ici, c’est beaucoup pour un itinéraire de seulement 6 nuits.
Et c’est le bonheur!
Les 48 heures dans cette région sont synonymes de Cabourg et ses échos de Marcel Proust, de virée en autocar le long de la Côte fleurie et du duo Deauville & Trouville, deux illustres pied-à-terre balnéaires de Normandie où le cash des friqués a dessiné des adresses architecturales sur le principe du m’as-tu-vu hors de prix mais – bonne nouvelle! – fort distrayantes visuellement.
Cela dit, le clou du spectacle ici s’appelle Honfleur, une ville cousue de voiliers amarrés, de terrasses tissées de bougies et petites tables pour deux, de ruelles parsemées de bâtiments historiques et à colombages qui donnent l’impression d’être sur le point de s’écrouler… Mais ils ne s’écroulent pas : ils sont là, peut-être pas droits mais bien debout, depuis des siècles.
Notre passage ici nous dicte l’importance de souligner ceci : en ce moment, le bonheur est à Honfleur parce qu’actuellement, le timing est parfait pour éviter de se faire écraser les pieds : on est à la mi-octobre, hors saison donc, et sous la pluie. C’est le compromis qui permet d’éviter le calvaire, celui que vit Honfleur chaque été quand elle croule sous les millions de touristes en haute saison et au gros soleil.
Aimer voyager hors saison et aimer la pluie, ce sont là deux incroyables alliés du voyage. Et Honfleur nous le confirme.
Jours 6 et 7
Rouen nous accueille au jour 6 avec son animation urbaine du samedi. Durant notre visite à pied de deux heures, notre guide passe en revue les désastres de la peste, la fin tragique de Jeanne d’Arc, la robustesse de la cathédrale, les traces médiévales et pourquoi le Gros-Horloge est une si grosse horloge…
Au coup de midi, le Botticelli quitte Rouen et nous propose tout un après-midi de navigation, petit soleil en prime.
Nous découvrons les charmes des berges de la Seine qui nous ont beaucoup échappés à l’aller en raison des navigations de nuit. De la cabine, du pont avant extérieur ou de la terrasse supérieure, nous admirons enfin pleinement notre voyage sur l’eau.
-« Alors Isabelle, c’est comment la Seine au fil de l’eau? »
-« Des passages dans des écluses, des berges de verdure, des villages qui entourent leur église, quelques falaises. C’est la Normandie et les abords de Paris dans leur modestie. »
Le dernier matin du jour 7 se réveille côté parisien au Quai de Grenelle, où trafic routier nous annonce notre arrivée. Et nous retrouvons la plus belle des plus belles : la Tour Eiffel.
Photos : Isabelle Chagnon
Notre journaliste était l’invitée de CroisiEurope.