https://arab.news/z96yv
KIEV: Des combats intenses se poursuivaient mardi pour le contrôle de Severodonetsk, ville-clé de l’est de l’Ukraine dont Moscou a affirmé avoir « libéré » les zones résidentielles, tandis que la Russie est accusée de « chantage » sur les exportations de blé ukrainien.
« Les zones résidentielles de Severodonetsk ont été totalement libérées », a affirmé dans un rare briefing télévisé le ministre russe de la Défense Serguëi Choïgou, ajoutant que « la prise de contrôle de sa zone industrielle et des localités voisines se poursuit ».
« Ils ne contrôlent pas la ville », autrefois connue pour son industrie chimique et qui aujourd’hui « est complètement détruite », a rétorqué mardi soir dans un message vidéo sur Telegram le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.
« Toutes les forces, toutes les réserves ont été mobilisées par l’ennemi, l’armée russe, pour couper la grande route Lyssytchansk-Bakhmout afin de prendre Severodonetsk. Ils bombardent très violemment Lyssytchansk », a déclaré le gouverneur.
Severodonetsk est, avec sa ville voisine Lyssytchansk, la dernière agglomération encore sous contrôle ukrainien dans la région de Lougansk. Sa prise ouvrirait aux Russes la route de Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk.
« Il est très difficile de tenir Severodonetsk », a admis M. Gaïdaï, parlant de « mission impossible ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait affirmé lundi soir que les combattants ukrainiens « tenaient » leurs positions et étaient « engagés dans d’intenses combats de rue » à Severodonetsk. Des sources ukrainiennes ont cependant souligné que les Russes avaient un avantage écrasant en termes d’équipement d’artillerie.
« Nous avons un besoin vital d’armes lourdes qui peuvent contrer l’artillerie ennemie (…) Nos gars sont forts mentalement, et ils ne demandent qu’une chose: nous avons besoin d’artillerie occidentale », a renchéri mardi soir le gouverneur du Lougansk. « Et à ce moment-là, en affrontement direct, il ne fait aucun doute que les Russes perdront ».
Les régions de Donetsk et Lougansk forment le bassin du Donbass, partiellement sous contrôle de séparatistes prorusses depuis 2014, dont Moscou cherche désormais à prendre le contrôle total.
A Severodonetsk, « environ 800 civils » sont réfugiés dans une usine chimique, a affirmé mardi l’avocat américain du magnat ukrainien Dmytro Firtach, propriétaire du site. « Parmi ces 800 civils figurent environ 200 des 3 000 employés de l’usine et environ 600 habitants de Severodonetsk ».
Selon un communiqué, les 200 employés toujours présents dans l’usine « restent (…) pour assurer la protection des produits chimiques hautement explosifs ».
La situation rappelle celle de Marioupol, grand port du Sud-Est dévasté par près de trois mois de bombardements, où des centaines de personnes, combattants et civils ukrainiens, s’étaient abritées pendant des semaines dans les abris souterrains de l’immense complexe métallurgique Azovstal, assiégé par les Russes.
Mort d’un général russe
Témoin de l’intensité des combats dans le Donbass, le chef des séparatistes prorusses Denis Pouchiline a confirmé mardi sur Telegram la mort d’un général russe, Roman Koutouzov, rapportée dimanche par un correspondant de guerre russe.
Plusieurs généraux russes sont morts depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Leur nombre exact est invérifiable, les autorités russes communiquant rarement sur leurs pertes.
La bataille se poursuit aussi dans le Sud, où Kiev essaie de reprendre le terrain occupé par les Russes dans les régions de Kherson et Zaporijjia.
Les militaires ukrainiens ont affirmé avoir effectué des frappes contre des campements russes près de Kherson et des dépôts de munitions près de la ville de Mykolaïv.
L’Ukraine a également accusé mardi l’armée russe d’avoir emprisonné et de torturer près de 600 personnes, essentiellement des journalistes et des militants pro-Kiev, dans la région de Kherson.
« Selon nos informations, ils sont détenus dans des conditions inhumaines et sont victimes de tortures (…) dans des sous-sols spécialement aménagés », a accusé Tamila Tacheva, représentante du président ukrainien pour la Crimée, péninsule ukrainienne frontalière de Kherson et qui a été annexée par Moscou en 2014.
Dans la région de Zaporijjia, les Russes occupent notamment la grande centrale nucléaire éponyme, qui fournissait avant-guerre 20% de l’électricité ukrainienne.
Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a tweeté lundi que son organisation préparait une mission d’experts à la centrale, mais l’opérateur ukrainien Energoatom s’y est opposé mardi tant que Kiev n’en aurait pas le contrôle. Une visite sous contrôle russe viendrait à « légitimer la présence des occupants », a estimé Energoatom sur Telegram.
Plusieurs responsables russes ont indiqué ces dernières semaines vouloir occuper ces régions du Sud ukrainien de façon durable. Un proche du Kremlin a évoqué un référendum sur une annexion à la Russie qui pourrait avoir lieu dès juillet.
Chantage au blé
Une bataille économique se joue également, celle des ressources en blé de la superpuissance céréalière qu’est l’Ukraine.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est arrivé mardi soir en Turquie pour discuter de l’instauration de couloirs maritimes sécurisés pour l’exportation de céréales en mer Noire. Moscou rejette toute responsabilité dans cette crise, due selon elle aux seules sanctions occidentales.
M. Lavrov doit rencontrer mercredi son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, avec qui il discutera de la possibilité pour l’Ukraine d’exporter ses récoltes bloquées dans ses ports. Ce blocage fait flamber les prix et peser un grave risque de famine dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient.
A la demande des Nations unies, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées à proximité des côtes turques.
La presse ukrainienne a assuré que les discussions prévues mercredi à Ankara associeront, outre la Turquie et la Russie, « les Nations unies et l’Ukraine ». Mais l’ambassade d’Ukraine à Ankara a démenti tout contact entre l’ambassadeur Vasyl Bodnar et M. Lavrov.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a, lui, accusé Moscou de « chantage » à la levée des sanctions internationales par son blocage des exportations de blé de l’Ukraine, et jugé « crédibles » les informations de Kiev selon lesquelles la Russie « vole » des tonnes de céréales ukrainiennes, « pour les vendre à son propre profit ».
Selon le quotidien américain New York Times, Washington avait averti mi-mai 14 pays, principalement en Afrique, que des cargos russes transportaient des « céréales ukrainiennes volées ».
Mardi soir, le ministère russe de la Défense a accusé les « combattants des bataillons nationalistes » ukrainiens d’avoir « incendié à dessein un important dépôt de céréales » dans le port de Marioupol. « Plus de 50 000 tonnes de céréales ont ainsi été détruites », a assuré le général Mikhaïl Mizintsev, accusant Kiev de « terrorisme alimentaire à l’égard de son propre peuple ».
« La Russie raconte que la pénurie alimentaire incombe à l’Ukraine… C’est faux », avait martelé lundi le président Zelensky. La quantité de céréales destinées à l’exportation et bloquées en Ukraine par les Russes pourrait tripler d’« ici à l’automne » pour atteindre 75 millions de tonnes, selon lui.
« Nous avons besoin de couloirs maritimes et nous en discutons avec la Turquie et le Royaume-Uni » ainsi qu’avec l’ONU, avait poursuivi le président ukrainien.
M. Lavrov a en revanche été obligé d’annuler une visite à Belgrade, prévue lundi et mardi car trois pays européens avaient fermé leur espace aérien à son avion – une mesure dénoncée comme « scandaleuse » par le Kremlin.
De nombreux analystes y ont vu un moyen « élégant » de se sortir d’une situation délicate pour Belgrade, en équilibre difficile entre la Russie et l’UE, avec laquelle il négocie une adhésion.
En attendant, à Kiev, les Ukrainiens se pressent pour observer casques, rations alimentaires et missiles récupérés suite au retrait de l’armée russe des zones occupées et montrés dans une exposition nommée « Ukraine – Crucifixion ».
« Ici on peut voir et toucher la guerre du doigt », explique le commissaire Iouri Savtchouk. « C’est aussi le but: choquer les gens pour qu’ils se rendent comptent de ce qui se passe ».
https://arab.news/5uyed
JÉRUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a démis dimanche de ses fonctions le ministre de l’Intérieur et de la Santé et numéro deux du gouvernement Arié Dery après une décision de justice.
Mercredi, la Cour suprême a invalidé la nomination de M. Dery, reconnu coupable de fraude fiscale.
«C’est avec un coeur lourd et beaucoup de peine (…) que nous sommes contraints de vous relever de votre poste au gouvernement», a dit M. Netanyahu à la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem en présence de M. Dery.
Il a ajouté que le jugement «ignore la volonté du peuple» et qu’il s’efforcera de trouver tout moyen légal pour que M. Dery puisse «contribuer au service de l’Etat d’Israël».
Chef du parti ultra-orthodoxe Shass, Arié Dery a été nommé ministre de la Santé et de l’Intérieur dans le cadre d’un accord de coalition complexe conclu en décembre à la suite des élections législatives israéliennes du 1er novembre.
Sa mise à l’écart du gouvernement fait suite à la décision de la Cour suprême.
Cette plus haute instance juridique a annoncé dans un communiqué mercredi avoir décidé à une majorité de 10 juges sur onze «que la nomination du député Arié Dery au poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé ne peut pas être validée».
«Le Premier ministre doit le limoger», a-t-elle ajouté en rappelant que M. Dery avait annoncé début 2022 qu’il se retirait de la vie politique après sa condamnation pour fraude fiscale. Cette mise en retrait était même une condition fixée par la justice pour lui éviter la prison.
Mais M. Dery a été élu aux législatives de novembre puis nommé au gouvernement mis sur pied fin décembre par M. Netanyahu, avec ses alliés ultra-orthodoxes et d’extrême droite.
Fin décembre, les députés ont voté à la va-vite un texte, baptisé «loi Dery» par la presse, autorisant une personne reconnue coupable d’un crime, mais pas condamnée à la prison ferme, à obtenir un portefeuille ministériel.
L’objectif de ce texte était de permettre à M. Dery de siéger au sein de l’exécutif.
Dans leurs attendus, les juges de la Cour suprême ont critiqué la «loi Dery», sans pour autant l’invalider, et ont estimé que la nomination de M. Dery au gouvernement était «en grave contradiction avec les principes fondamentaux de l’Etat de droit».
Le parti ultra-orthodoxe sépharade Shass est la deuxième formation de la coalition gouvernementale.
Figure tutélaire de Shass, parti habitué à faire et défaire les coalitions depuis les années 1980, M. Dery a été ministre dans de nombreux gouvernements.
En 1993, la Cour suprême avait déjà exigé qu’il soit limogé alors qu’il était ministre de l’Intérieur, après avoir été mis en examen pour corruption.
En 2000, il avait été condamné à trois ans de prison et libéré après avoir purgé les deux tiers de sa peine.
https://arab.news/5vx4c
MONTEREY PARK, Californie : La police est intervenue après une fusillade qui a fait samedi soir plusieurs victimes, dont des morts, dans le sud de la Californie aux Etats-Unis près d’un lieu où venait d’être célébré le Nouvel an lunaire, ont rapporté dimanche des médias américains citant les forces de l’ordre.
Aucune confirmation n’était immédiatement disponible auprès de la police de Monterey Park, ville située à environ 13 km à l’est du centre de Los Angeles. Cette zone abrite une importante communauté asiatique.
Il y a eu «de nombreuses» victimes, a rapporté le quotidien The Los Angeles Times, citant une source policière. Une source des forces de l’ordre a fait état de plus d’une dizaine de victimes, selon le journal.
Des morts et des blessés sont à déplorer, selon City News Service –une agence de presse locale réputée– citant les autorités sans donner de bilan.
L’agence a ajouté que la fusillade s’était produite environ une heure après la fin d’une fête pour le Nouvel an lunaire.
«C’est un incident isolé», a déclaré une adjointe du sheriff à City News Service.
Selon le Los Angeles Times, des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées plus tôt samedi pour les festivités du Nouvel an chinois, prévues sur deux jours et qui comptent parmi les plus importantes du genre en Californie du Sud.
Le quotidien cite Seung Won Choi, le propriétaire d’un restaurant voisin, selon lequel trois personnes sont entrées en courant dans l’établissement et lui ont dit de fermer la porte à clef.
Ces trois personnes ont raconté qu’il y avait un homme avec un fusil semi-automatique et bardé de munitions qui rechargeait son arme régulièrement, a déclaré au journal le restaurateur.
Des journalistes de l’AFP sur place ont vu une forte présence policière et les lieux, survolés par des hélicoptères, étaient interdits d’accès.
https://arab.news/2tg9a
NEW DELHI: Le gouvernement indien a annoncé samedi avoir bloqué des vidéos et des tweets partageant un documentaire de la BBC sur le rôle du Premier ministre Narendra Modi dans les émeutes communautaires du Gujarat en 2002, le qualifiant de “propagande”.
Le documentaire intitulé “Inde: la question Modi” affirme que le Premier ministre, alors chef de l’Etat du Gujarat, a ordonné à la police de fermer les yeux sur les graves violences qui ont fait au moins 1.000 morts, la plupart parmi la minorité musulmane.
Les vidéos sur YouTube et les tweets partageant la “propagande hostile et les bêtises anti-Inde de @BBCWorld, déguisées en +documentaire+ (…) ont été bloqués”, a déclaré samedi sur Twitter Kanchan Gupta, conseiller au gouvernement.
Twitter a également reçu l’ordre de bloquer plus d’une cinquantaine de publications comportant des liens vers des vidéos du documentaire hébergées sur YouTube.
Les deux entreprises, qui n’ont pas fait de commentaire dimanche, ont respecté les instructions, a affirmé M. Gupta, pour qui ce programme peut potentiellement affecter les “relations amicales” de l’Inde avec l’étranger.
Selon lui, plusieurs ministres ont examiné le documentaire et estimé qu’il remettait en cause la crédibilité de la Cour suprême indienne, qui a blanchi M. Modi en 2012.
Certains tweets en faisaient encore apparaître dimanche des extraits. Le programme n’a pas été diffusé en Inde, démocratie la plus peuplée du monde.
Les émeutes de 2002 ont démarré au Gujarat après que 59 pèlerins hindous ont été tués dans un incendie, à bord d’un train. Par la suite, 31 musulmans ont été condamnés pour association de malfaiteurs et meurtre.
La documentaire de la BBC reprend notamment un rapport déclassifié du ministère des Affaires étrangères britannique, qui cite des sources anonymes selon lesquelles Narendra Modi aurait rencontré des officiers de police pour leur “ordonner de ne pas intervenir” lors des violences anti-musulmans qui ont suivi la mort des pèlerins.
Ces violences, commises par des groupes d’extrême droite hindous, étaient “politiquement motivées” avec l’objectif de “purger les musulmans des zones hindoues”, ajoute le rapport du ministère.
Cette “campagne de violence systématique a toutes les caractéristiques de la purge ethnique” et était impossible “sans le climat d’impunité créé par le gouvernement de l’Etat (…) Narendra Modi est directement responsable”, conclut le rapport.
M. Modi, qui a dirigé l’Etat du Gujarat de 2001 à son élection au poste de Premier ministre en 2014, avait brièvement été interdit de séjour aux Etats-Unis en raison de ces violences.