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Source : TF1 Info
L'homme semble hagard, les cheveux ébouriffés, habillé d'un treillis militaire ukrainien. Il est menotté et assis sur une chaise, l'air résigné. C'est une prise de guerre majeure pour les hommes du SBU, les services de sécurité ukrainiens. Viktor Medvedtchouk, alors assigné à résidence après une inculpation pour "haute trahison", s'était enfui dès les premières heures de l'invasion russe, le 24 février dernier. Ce proche de Poutine, député et homme d'affaires, est une figure très connue en Ukraine, où il était la principale personnalité prorusse du pays depuis l'exil de l'ancien président Viktor Ianoukovitch en 2014. 
"Je propose à la Fédération de Russie d'échanger cet homme contre nos garçons et nos filles qui sont actuellement en captivité en Russie", a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans une vidéo publiée sur son compte Instagram. Une proposition d'échange réitérée quelques jours plus tard par l'intéressé lui-même dans une vidéo – non datée – diffusée lundi 18 mars par les services de sécurité ukrainiens.  
Né il y a 67 ans en Sibérie, où son père était exilé pour complicité avec l'occupant nazi, il rentre en Ukraine avec sa famille dans les années 1960. Avocat au barreau de Kiev à partir de 1979, la carrière de Medvetchouk sent le soufre dès ses débuts : selon des sources ukrainiennes, son entrée même à l'université de droit est douteuse, et probablement due à l'intervention du ministère de l'Intérieur de la République socialiste ukrainienne. 
L'ombre du KGB, dont le jeune avocat était probablement un agent, plane déjà. Sa carrière le démontrera plusieurs fois, jusqu'à l'absurde : lors de sa défense du poète dissident Vassyl Stous, il ira jusqu'à demander une peine plus élevée pour son client, que celle que réclamait l'accusation. Lors d'un autre procès, c'est lui qui signale au tribunal que l'homme qu'il défend n'a pas exécuté entièrement sa peine précédente.
Dans les années 1990, Medvedtchouk est devenu un jeune magnat de l'énergie et de l'agriculture. Il appartient au "clan de Kiev", un réseau qui unit les patrons industriels les plus influents du pays. Mais c'est lors des législatives de 1997 qu'il s'engage véritablement en politique. Député, brièvement vice-président du Parlement, il devient en 2002 le chef de cabinet du président Leonid Koutchma, sur lequel il aurait eu une influence importante. C'est à cette période qu'il aurait rencontré Vladimir Poutine, dont il se targue qu'il soit le parrain d'une de ses filles.
La révolution Orange, en 2004, le trouve du mauvais côté de l'Histoire, et il quitte la vie politique pour quelques années. Revenu en 2010, il fonde le mouvement politique Élections ukrainiennes, qui marque son engagement prorusse et son hostilité à un rapprochement avec l'Union européenne. En 2014, lors de la Révolution ukrainienne, ses sympathies prorusses lui permettent de servir d'intermédiaire entre Kiev et Moscou. 
Son rôle trouble lors de l'annexion de la Crimée par la Russie lui vaut d'être placé sur la liste noire des États-Unis. Les avoirs de celui qui est alors la 12ᵉ fortune d'Ukraine sont gelés, mais il semble en avoir transféré l'essentiel sur les comptes de sa femme, la journaliste et animatrice de télévision Oksana Marchenko. C'est ainsi que le couple s'offre, dès l'année suivante, un yacht de luxe gigantesque, pour 200 millions d'euros. 
L'arrivée de Zelensky à la présidence en 2019, et le regain de tensions avec Moscou, vont cependant obscurcir son horizon. Les trois chaînes de télévision qu'il détenait en sous-main sont interdites d'antenne en février 2021. Inculpé pour "haute trahison" et "tentative de pillage de ressources naturelles en Crimée", il était assigné à résidence depuis mai dernier, dans l'attente de son procès.
Le SBU n'a pas précisé les circonstances, ni le lieu de l'arrestation de Medvedtchouk. Sa capture démontre toutefois que l'homme n'avait pas été exfiltré par les militaires russes. On ignore aussi s'il a été arrêté dans le treillis militaire ukrainien que l'on voit sur les photographies des services ukrainiens, ou si celui-ci lui a été fourni par les militaires qui l'ont capturé. Le porte-parole du Kremlin a refusé de commenter l'arrestation de cet allié fidèle, affirmant qu'"il y a beaucoup de 'fake' venant d'Ukraine", et estimant que "cela doit d'abord être vérifié"
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