Après presque sept mois de guerre, partons à la recherche de petites pépites d’informations pour savoir où la situation se dirige réellement…
Puisque nous nous intéressons à ce qu’il se passe en dehors de nos frontières cette semaine, observons l’évolution de la situation en Russie durant l’été.
ABCNews nous parlait par exemple du problème du gaz naturel :
« La Russie a interrompu l’approvisionnement en gaz naturel bon marché dont le continent européen dépendait depuis des années pour faire tourner les usines, produire de l’électricité et chauffer les maisons. Cette situation a poussé les gouvernements du continent à se lancer dans une course désespérée pour trouver de nouveaux approvisionnements et des moyens d’atténuer l’impact du ralentissement de la croissance économique et de l’augmentation des factures des ménages.
La crise s’est aggravée lorsque l’exportateur russe Gazprom a déclaré que le principal gazoduc acheminant le gaz vers l’Allemagne resterait fermé, accusant une fuite de pétrole et affirmant que les problèmes ne pouvaient être résolus en raison des sanctions interdisant de nombreuses transactions avec la Russie. »
Cela fait bientôt sept mois que la première balle de la guerre russo-ukrainienne a été tirée, et les nouvelles du front proviennent presque toujours des communiqués de presse ukrainiens. Regardons ce que rapporte l’International Business Times, avec des « nouvelles » qui auraient pu être écrites il y a six mois.
Peut-être le journaliste aurait-il dû demander à un officiel russe ? Mais ils ne le font jamais. Les reportages sont entièrement unilatéraux, et flattent toujours la cause ukrainienne.
Ici, à la Chronique Agora, nous n’avons pas notre place dans cette bataille. Mais nous essayons de relier les points entre eux. Et presque tous sont connectés.
Bien sûr, nos informations sont issues des médias, comme tout le monde. Mais nous avons appris que si vous voulez vraiment savoir ce qui se passe, vous devez regarder un peu plus loin. Comme pour chercher de l’or, il faut creuser, séparer le gravier invraisemblable… et espérer trouver quelques pépites.
Nous nous donnons la peine de le faire parce que la guerre pèse lourdement sur le prix de l’énergie… qui elle-même pèse sur d’autres prix… et joue finalement un rôle majeur dans ce qui sera probablement la plus grande erreur et la plus coûteuse jamais commise par une élite instruite… mais nous reviendrons sur le sujet plus tard.
En examinant le bilan des sept derniers mois, la première chose qui ressort est ce mythe créé par les médias occidentaux : « La guerre est uniquement le résultat de l’invasion brutale de Moscou ; l’Ukraine est aussi innocente que Heidi. »
Ce n’est pas pour rien que les steppes du sud-ouest, qui bordent la Russie, sont appelées « l’Ukraine » ; cela signifie « zone frontalière » en russe. Ses frontières actuelles sont récentes, dictées par trois dirigeants de l’Union soviétique – Lénine, Staline et Khrouchtchev. Et ses provinces les plus à l’est sont habitées en majorité par des russophones qui pourraient préférer faire partie de la Fédération de Russie, plutôt que d’avoir un gouvernement dominé par les Ukrainiens. Le gouvernement de Kiev tente depuis 2014 de les mettre au pas.
Une fois que les autorités ukrainiennes ont été fermement soumis à l’Otan et aux États-Unis, ils ont constitué la plus grande armée d’Europe, avec 500 000 soldats, soit plus grande que celles de la France et de l’Angleterre réunies. C’était un challenge direct à la version russe de la doctrine Monroe, et a mis M. Poutine très mal à l’aise. Une armée énorme et hostile se développait comme un cancer sur son flanc sud. Il a dû sentir qu’il était temps de sortir l’artillerie.
Et puis, la presse occidentale a serré les rangs pour protéger l’Ukraine. Zelensky est un acteur. (Parmi ses performances les plus notables, il a un jour fait semblant de jouer du piano avec son pénis.) Il est bien plus doué pour séduire les médias que Poutine. Et les médias occidentaux – qui ne sont guère plus que le bras propagandiste de l’élite – se sont mis au travail pour désinformer le public. Chaque reportage nous disait que les Russes étaient en train de perdre la guerre.
Tout cela était si familier. Comme en Afghanistan, au Vietnam et même pendant la Première Guerre mondiale, les rapports destinés au public – et au président américain – étaient toujours les mêmes. « Nous », qui que nous soyons, étions en train de gagner… et plus d’argent et d’armes apporteraient une victoire finale et complète. Dans presque tous les cas, les mises à jour étaient des mensonges.
Comme dans toutes les aventures militaires des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, plus les Etats-Unis s’enfoncent quelque part, plus les résultats sont désastreux. Et déjà, la guerre dans les steppes ressemble de plus en plus à une querelle sicilienne, avec des cercueils nécessaires pour tous les participants.
Alors que l’aide militaire et financière est allée en partie dans les poches des corrompus, les sanctions se sont avérées soit inefficaces… soit se sont retournées contre ceux qui les ont décidées. The Economist :
« Le problème est que le coup de grâce ne s’est pas matérialisé. Le FMI estime que le PIB de la Russie diminuera de 6% en 2022, ce qui est bien moins que la baisse de 15% à laquelle beaucoup s’attendaient en mars, ou que l’effondrement au Venezuela. Les ventes d’énergie généreront un excédent de la balance courante de 265 Mds$ cette année, le deuxième plus important au monde après la Chine. Après la crise, le système financier russe s’est stabilisé et le pays trouve de nouveaux fournisseurs pour certaines importations, notamment la Chine. »
De plus en plus de pays réalisent que s’ils veulent être à l’abri des méfaits des États-Unis, ils doivent se libérer du système monétaire international basé sur le dollar. Ils cherchent des alternatives, et les trouvent. Almayadeen.net :
« La Russie passe de SWIFT à des mécanismes plus sûrs.
‘Le blocage déraisonnable de tous les clients russes par les plus grands systèmes internationaux de paiement par carte a rendu prioritaire l’extension de la géographie de l’utilisation des cartes Mir. Nous y travaillons activement’, a déclaré un haut diplomate russe.
‘Les négociations avec l’Azerbaïdjan, Bahreïn, l’Égypte, l’Inde, la Chine, Cuba, le Myanmar, le Nigeria, la Thaïlande et d’autres pays sont à différents stades.’
Il a rappelé que le système de paiement russe est désormais disponible en Abkhazie, en Arménie, au Belarus, au Vietnam, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, en Turquie, en Ouzbékistan, en Corée du Sud et en Ossétie du Sud. »
Où cela nous mène-t-il ? Le Financial Times tente de le deviner :
« Depuis le XVe siècle, les cinq derniers empires mondiaux ont émis la monnaie de réserve du monde – celle qui est le plus souvent utilisée par les autres pays – pendant 94 ans en moyenne. Le dollar a le statut de monnaie de réserve depuis plus de 100 ans, son règne est donc déjà plus ancien que la plupart des autres.
Les plus grandes économies d’Asie du Sud-Est règlent de plus en plus souvent leurs paiements entre elles directement, en évitant de passer par le dollar. La Malaisie et Singapour font partie des pays qui concluent des accords similaires avec la Chine, et qui propose également des offres de soutien en renminbi aux nations en détresse financière.
De l’Asie au Moyen-Orient, les banques centrales mettent en place des lignes bilatérales d’échange de devises, également dans l’intention de réduire la dépendance à l’égard du dollar… Ne vous laissez donc pas berner par la force du dollar. Le monde post-dollar est en marche. »
Un monde post-dollar ? Où cela laisse-t-il le pays dont la richesse est basée sur l’émission de toujours plus de dollars ?
Impossible de le savoir. Mais nous allons essayer de le découvrir…
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Bill Bonner est le co-auteur de plusieurs best-sellers comme L’inéluctable faillite de l’économie américaine, L’empire des dettes et Hormegeddon. Dans son dernier livre, Gagner ou Perdre, il explore l’avancée de nos sociétés modernes, leurs hauts et leurs bas – et révèle en chemin la règle unique qu’une société doit suivre si elle espère progresser… tout en montrant ce qui arrive à ceux qui ignorent cette règle. En 1978, Bill a fondé Agora – désormais le plus grand réseau de recherche indépendante au monde. Il a lancé des entreprises partout dans le monde – dont les Publications Agora en France… emploie des milliers de personnes… a investi sur cinq continents… a acquis plus de deux douzaines d’entreprises… possède des centaines de milliers d’acres de terrain… parcourt plus de 150 000 km chaque année… et a lancé plus de 1 000 produits. Ses notes quotidiennes, publiées notamment dans La Chronique Agora, sont lues par plus de 500 000 personnes dans le monde – dont près de 40 000 en France. Bill s’est donné pour mission d’identifier les meilleures opportunités d’investissement – et de montrer où les investisseurs particuliers commettent les erreurs les plus coûteuses. En deux mots, Bill offre un regard lucide sur le monde de l’économie et de l’investissement — un point de vue contrarien et sans concession, que vous ne retrouverez nulle part ailleurs.
Apparemment le dollar reste dans les réflexes de protection des occidentaux et en moindre mesure peut être du reste du monde surtout en période de guerre !
Très intéressant et utile pour avoir une vision plus globale du conflit et sortir du manichéisme dont on nous abreuve.
D’accord avec l’inutilité des sanctions et leur effet boomerang.
Merci pour cet éclairage
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